France Culture a republié ceci
Comment les journalistes internationaux peuvent-ils raconter Gaza depuis deux ans ? Dans l'ombre du blocus médiatique s'installe la guerre des mots et des récits, comment préserver la confiance du public au delà de la propagande et la désinformation ? J'ai été très heureux de pouvoir échanger pour ce nouvel épisode de "La Fabrique de l'information" sur France Culture avec Ola Al Zaanoun, correspondante de Reporters sans frontières (RSF) à Gaza, Frederic Metezeau de Forbidden Stories, Thomas Vescovi, de EHESS - École des hautes études en sciences sociales et luc bronner, correspondant du journal Le Monde à Jérusalem. Depuis deux ans, les journalistes étrangers dépendent alors quasi intégralement des journalistes palestiniens pour couvrir la guerre. Plus de 220 journalistes sont morts à Gaza depuis le 7 octobre 2023, dont une soixantaine dans l’exercice de leurs fonctions. Les défis étaient immenses dès les premiers moments de la guerre”, indique Ola Al Zaanoun, correspondante à Gaza de Reporters sans frontières (RSF). “Nous avons payé le prix très élevé du sang et de l'évacuation, et malgré cela, les journalistes palestiniens ont essayé de transmettre la réalité et la vérité [de la guerre]”. La journaliste, qui a dû quitter Gaza après avoir été gravement blessée, précise : “la couverture de la guerre était très difficile. Nous n’avions pas accès à Internet, pas de moyens de communication, nos bureaux ont été bombardés, ma maison a été bombardée. Les journalistes font partie de la guerre”, Frederic Metezeau revient sur le "Gaza Project" qui atteste du ciblage des journalistes palestiniens : Nous avons aussi interrogé des responsables de l'armée israélienne pour leur demander d’expliquer le ciblage de tel ou tel journaliste. Cela nous a permis de montrer qu'il ne s’agissait pas de balles perdues ou d'accidents, mais qu'il y avait bien là un schéma généralisé de ciblage des journalistes palestiniens, qui se doublait ensuite d’accusations les associant à des terroristes”. luc bronner remet en perspective la légitimité de l’information recueillie dans un contexte de Press tour (embedeb) : ”Quand l'armée israélienne bloque l’accès à tout un côté de l’enclave et autorise à une poignée de journalistes à venir, c'est bien qu'ils cherchent quelque chose”, indique-t-il. “En l'occurrence, ils voulaient nous montrer l'entrée d'un tunnel dans Gaza City, pour justifier que leurs actions étaient légitimes lorsqu'ils visaient certains hôpitaux [situés au-dessus des tunnels en question]”. Pour Thomas Vescovi “On assiste à un double standard dans les médias français”. Les intervenants palestiniens sont systématiquement questionnés sur les accusations qu’ils portent à l'encontre d'Israël et à l'inverse, les représentants d'Israël ou porte-paroles de l'armée bénéficient d’une présomption de crédibilité. Podcast en commentaire, un grand merci pour votre fidélité, une émission préparée avec Joséphine Reinartz.