La "petite reine" devrait un peu mieux mériter son nom. C'est un des messages délivrés par Aurélien Bigo, spécialiste des déplacements et chercheur à l'Institut Louis Bachelier, dans une interview aux Echos. Représentant seulement 3% à 4% des déplacements aujourd'hui, le vélo a le potentiel d'éviter 15% des émissions des transports de personne (l'essentiel des trajets courts). En effet, maintenant qu'il est électrique, et parfois cargo (ou avec une remorque), le vélo est utilisable pour de très nombreux trajets du quotidien, y compris pour amener des enfants à l'école ou pour aller faire des courses. On peut par ailleurs faire d'une pierre deux coups (sanitaires) avec cet engin à pédales : nous avons un problème avec les émissions de gaz à effet de serre, mais nous avons aussi un problème avec notre sédentarité, qui nous porte aussi préjudice. Le principal frein à l'utilisation du vélo, c'est de ne pas se sentir en sécurité, indique l'interviewé. Pour développer ce mode de transport, il faut donc des aménagements : pistes cyclables réellement séparées de la chaussée pour voitures (et camions !), carrefours aménagés, etc. Comme le résume très bien Aurélien Bigo, "Il faut se demander si des parents laisseraient leur enfant de 10 ans aller au collège ou voir des amis à vélo". Ces aménagements sont particulièrement simples à faire - et ont le cout marginal le plus faible - quand on doit refaire la chaussée de toute façon. Depuis 1995, il est en principe obligatoire pour les collectivités locales d'inclure ces aménagements cyclables dans les travaux de voirie. Reste à savoir si c'est effectivement respecté... Manque de chance, l'Etat a décidé de faire des économies budgétaires sur l'aide à la création d'aménagements cyclables, ainsi que sur l'aide à l'achat d'un vélo électrique. Or, souligne le chercheur, les politiques publiques sont déterminantes sur la pratique du vélo. Il réfute notamment l'idée qu'il y aurait un "fait culturel" poussant les Danois et les Hollandais à se déplacer plus souvent à bicyclette que les Français. Bon pour la santé, bon pour le climat, le vélo n'a qu'une chose contre lui : il n'est ni nouveau ni symbole de "haute technologie". Alors que son potentiel de décarbonation est bien plus élevé, il suscite moins d'engouement - et draine moins de milliards - que l'IA, l'hydrogène ou d'autres solutions high tech. Il s'agit pourtant d'un mode de déplacement individuel, bas carbone, silencieux, occupant peu d'espace au sol, et bon pour la santé. Peut-être que le pays du Tour de France pourrait être plus actif sur la question ! Interview d'Aurélien Bigo : https://lnkd.in/enCjk9MF
Dans un documentaire sur Arte, un spécialiste Danois de l'aménagement cyclable expliquait que le critère N°1 pour que les gens préfèrent le vélo (avec la sécurité bien sûr) n'est pas l'impact écologique, ni le bénéfice pour la santé, ni les économies, mais la rapidité : il faut qu'aller à vélo me prenne moins de temps qu'aller en voiture (ou à peine plus). C'est pour cela que je rêve que les mini-tunnels qui relient Roubaix et Tourcoing à Lille soient en partie transformés en piste cyclable. Cela permettrait d'aller à Lille à vélo sans s'arrêter à un feu tous les 500 m. Cela ferait gagner un temps fou, et inciterait donc beaucoup de monde à prendre son vélo. (A condition qu'il y ait une solution de parking sécurisée à l'arrivée)
Pour arpenter de nombreuses villes en France à vélo, je peux quand même témoigner que les infrastructures ont sensiblement progressé. Contrairement à ce qui peut être dit, le vélo peut être une alternative à la voiture. Il faut se donner le temps de trouver le bon matériel, le bon fonctionnement, s'équiper correctement pour être vu et se protéger des éléments et donner à son corps les quelques semaines d'adaptation nécessaire. Bref la première expérience à vélo n'est pas toujours la meilleure. Au bout de 5 années de déplacements professionnels (et en partie personnels) en train + vélo, je ne pourrais plus revenir à la voiture ou aux transports en commun. Outre le bien-être physique que cela procure, le vélo invite à être attentif et donc à observer son environnement et c'est un moment rare et privilégié de déconnexion ce que les transports en commun ne sont plus et ce que la voiture n'est plus vraiment à en juger au nombre de conducteurs sur leurs téléphones (car à vélo on voit tout 😉) Bien entendu il reste encore du travail si on se compare à Amsterdam ou Copenhague et il reste aux entreprises du chemin pour comprendre à quel point favoriser la pratique du vélo (vestiaire, douche, sécurité) est bénéfique.
De retour de pays d'Europe du nord, je confirme: le vélo est quand même le moyen de transport le plus efficace en milieu urbain (évidemment avec les infras, relativement bien moins couteuses que pour les autres modes). Je passe le couplet sur l'intermodalité permise par des transports publics prévus pour ça (parking/ascenseurs/rames dédiées ... ) Les hommes et femmes d'affaires, les parents transportant leurs enfants, des artisans avec leur matériel, etc. ne semblent pas avoir de problème avec ce moyen de transport . Et une rapide revue des indicateurs macro-économiques de ces pays semblent montrer que ça ne plombe en rien leur dynamisme économique, en ligne avec l'analyse des fondamentaux : une force de travail dynamique, qui ne craint pas l'adversité car préparé (la pluie, par exemple), au cerveau bien oxygéné, une utilisation plus rentable de cette ressource rare qu'est le foncier en ville: peut-être des choix drivés plus par le goût de la performance éco(nomique, logique) que par la culture (les vikings ne sont pas venus en vélo !)
L'affirmation que "le vélo a le potentiel de faire baisser de 15% les émissions des transports" est erronée : la voiture c'est 18%. des émissions de CO2, les boucles de déplacements en voiture inférieures à 10 km pèsent 6% des km parcourus en voiture (source EMP 2019) : Le vélo seul aura un impact négligeable sur les émissions parce qu'il ne remplace pas la voiture. Dans les grandes agglos, la part des usagers de la voiture réalisant des courtes distances est très faible : 4% par exemple sur Lyon (source EMD 2015). Les idées reçues sur ces sujets pénalisent la construction de solutions opérantes. C'est en combinaison avec les transports publics qu'il faut penser le vélo, avec des pistes vers les pôles de transports publics et des parcs relais sécurisés massifs. Les autoroutes à vélo dégradent l'accès à la ville pour peu de personnes, et coutent cher. Ajoutons que la part modale en km de la voiture, la seule pertinente pour le CO2 est quasi identique dans tous les pays de l'UE. Lire ceci pour comprendre comment réussir la décarbonation des mobilités https://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/reussir-la-decarbonation-des-mobilites-dans-le-territoires/ ! et voir notre série de publications sur le sujet avec Maël Bordas
Et quel plaisir de pouvoir discuter avec ses collègues sur la route à vélo ! ✌️🚲
Je me déplace à vélo dans Paris depuis plus de 30 ans. Quelques soucis, hors pistes cyclables : - Peu d’éducation à la route, notamment pour les plus jeunes. Sauf que… il y a un code de la route, le même pour tous, qui n’est malheureusement pas souvent respecté par les cyclistes (« non, mais y avait personne, je pouvais passer au rouge »). - Très (mais vraiment très) peu d’emplacements pour garer un vélo de façon sécurisée. Pour rappel : il est plus facile de scier les bornes d’attaches que le U ou la chaîne. - Aucun suivi des plaintes pour vol de vélo. Après m’en être fait piquer deux à un an d’intervalle (dont un attaché au mur dans mon parking), ça commence à saler l’addition et ça peut être rédhibitoire (qui a les moyens d’acheter un vélo neuf chaque année ?). Je n’abandonnerai pas le vélo, mais je comprends que beaucoup aient du mal à s’y mettre…
Quand on pense que l'objectif de la part modale #VÉLO en France est de 12% pour 2030....!! Les PAYS-BAS ont changé qu'à partir des années 1970 (avec des manifestations disant "arrêtez le meurtre des enfants"). C'est donc POSSIBLE ! Il nous FAUT AU MINIMUM : - des aménagements cyclables sécurisés, continus et fluides (et aussi séparés des piétons bien évidemment) - forfait vélo à généraliser pour tous les emplois (idem que remboursements des transports en commun) .. Quand c'est possible (selon distance, topologie du terrain, santé/handicap, transport.. ), il est essentiel de passer à la petite reine...mais c'est A CONDITION D'Y ÊTRE ENCOURAGÉ : avec des aménagements cyclables de qualité et continus. On pense notamment aux aménagements (des pistes pas seulement des bandes de peinture !!) où il faut en particulier SOIGNER les INTERSECTIONS, entrées et sorties. Ce sont souvent les failles importantes des projets actuels malheureusement.
Boulogne-Billancourt, immeuble de bureaux, 6h45. Comme tous les matins, je salue le monsieur qui passe l’aspirateur dans les couloirs. Je sais qu’il vient de Bagneux. Ce jour-là, je lui demande quel est son trajet : un bus, un RER, deux métros. Je lui pose une question dont j’ai eu honte rétrospectivement : « vous avez pensé au vélo ? ». Réponse (textuelle) : « vous savez, je suis fatigué ; tout ce que je demande, c’est une place assise dans les transports. »
Et c’est aussi et souvent un danger public qui ne respecte ni les piétons et autres marcheurs dont je suis (les plus vulnérables de tous), ni le code de la route, ni les limitations de vitesses (ils sont désormais verbalisés). Qui plus est, ils réclament des kilomètres de rubans asphaltés dans les campagnes qui coûtent des fortunes à réaliser et entretenir, en artificialisant (une hérésie) des chemins jusqu’à lors ouverts à tous ! Quand on parle d’un sujet, il faut savoir en évoquer toutes les facettes, d’où ces indispensables précisions. Oui au vélo, mais certainement pas au vélo "roi" !
Je participe au développement et à la mise en place de solutions numeriques pour l’Éducation
2 moisC'est plus compliqué que ça je pense... Dans une grande ville comme Paris ou Lyon le vélo remplace le métro, pas la voiture. Maintenant si on parle des zones de moindre densité urbaines où on utilise beaucoup la voiture... Perso : facile de monter dans ma caisse dans la cour, de mettre ma ceinture, appuyer sur le bouton et en voiture Simone ! Si je veux prendre le vélo ? Faut le sortir du garage, galérer avec le passage du guidon dans la porte, ensuite faut souvent regonfler les pneus (surtout si pas utilisé depuis longtemps)... Là ça y est j'ai sali la chemise, faut que je remonte me changer... Pour transporter un sac c'est galère... On peut pas faire un détour pour faire une course de manière improvisée... Et surtout !! Le stationnement ! Faut mettre 3 antivols sur le vélo, et ça n'empêche pas de se le faire voler. Alors que la voiture se ferme toute seule... Et c'est pas fini .. La pluie... Bref, paradoxalement, la voiture c'est simple, le vélo c'est compliqué