Non vos 1000€ investis en Private Equity ne feront pas les 12 à 17% comme annoncé dans les campagnes marketing du moment… Trade Republic propose du PE dès 1€, les fonds ELTIF 2.0 se multiplient, le narratif "investir comme l’élite" est partout sur LinkedIn et Youtube dans les sphères des CGP et finfluenceurs. Mais le dernier rapport de l'Autorité des marchés financiers (AMF) – France sur le private equity retail raconte une histoire un peu différente du marketing : les FCPR grand public atteignent péniblement 2,4% IRR médian contre environ 13,5% pour l'institutionnel pur. Un écart de 11,1 points annuels ! (AMF, février 2025) En réalité, trois contraintes structurelles expliquent cette sous-performance. D'abord, les fenêtres de liquidité imposent aux fonds Evergreen de maintenir 15 à 45% de trésorerie en permanence, là où l'institutionnel peut s'exposer à 70-95% aux actifs non-liquides. Autant de capital non investi qui pénalise la performance. Ensuite, les surcouches de frais pour les particuliers atteignent 2,4% à 6,6% contre seulement 1,5 à 2,2% côté institutionnel. Et rémunèrent très bien les intermédiaires. Enfin, l'accès différencié prive les fonds particuliers des meilleurs deals captés par les meilleurs fonds institutionnels. Franck Beon le dit de manière pragmatique dans le podcast de Paco Debonnaire 🪴 : « Pourquoi aller offrir une super opportunité à tout le monde, si je peux la garder pour moi ? » Pourtant, cette ouverture retail intervient précisément quand les institutionnels ont du mal à lever. Selon Bain & Company (2024), les durées de levée ont doublé à 20 mois, et seulement 85% des fonds atteignent leurs objectifs versus 90% historiquement. D’ailleurs, l’AMF a récemment autorisé une augmentation des périodes de blocage de 10 à 15 ans pour ces fonds. Aussi, les valorisations sont au plus haut (~x11 EBITDA), dans une période où le cash en attente d’investissement (qu’on appelle aussi le Dry Powder) n’a jamais été aussi élevé : plus de 2 500 Milliards de USD. Pour moi, cette ouverture aux particuliers ressemble plus à une substitution nécessaire pour assurer la survie des fonds en mal de collecte qu'à l’opportunité de la décennie pour le petit porteur. Ça fait d'ailleurs penser aux dernières crises financières majeures, qui ouvraient des produits financiers complexes aux particuliers pile quelques années avant l’explosion de la bulle : Les REITs (1960) démocratisent l'immobilier près du pic Eisenhower, les hedge funds s'ouvraient aux particuliers via ETFs pendant la période d'euphorie pré-2008. Cette classe d’actif peut avoir sa place dans une stratégie patrimoniale, mais en comprenant bien les limites et le contexte actuel. Attention aux sirènes… Sources en commentaire
Je vais poser une question idiote Pourquoi collecter des fonds si le dry powder n'a jamais été aussi élevé ?
Enfin un post qui apporte de la valeur et de la nuance sur le Private Equity. Effectivement les fonds grands publics sont a fuire de mon point de vue mais garder les fonds instits en regardant bien l’équipe de gestion, la stratégie du fond, éviter les fonds evergreen, et tenir compte de contexte macro économique, on peut continuer a faire des investissements judicieux
Merci pour cette synthèse. Aligné avec l'analyse.
Tant que les fonds seront essentiellement rémunérés en frais de gestion sur le montant levé, plutôt qu'à la performance, ils continueront à lever par tous moyens, y compris auprès de tous les publics crédules appatés par les belles campagnes marketing, et à investir sur des valorisations excessives. Dans le même registre, faute d'opportunités d'exit, ils organisent des sorties fictives en faisant tourner les participations au travers de fonds de continuation. C'est la principale différence avec les sociétés d'investissement skin in the game telles que Flore : une partie important de l'investissement est réalisé avec les fonds personnels des gestionnaires. Alignement d'intérêt TOTAL avec celui des investisseurs tiers.
Excellent synthèse et merci pour la citation ☺️
🥲
Très intéressant, à l'heure où certains influenceurs voire médias financiers en manque de revenus n'hésitent plus à présenter le PE comme la panacée...
Synthèse très pédagogique. Et il est toujours bon de rappeler le poids des frais sur la performance finale.
Climate Change & Sustainability Consulting Manager at Axionable | Facilitator of La Fresque du Climat and La Fresque de la Biodiversité
1 sem.Rapport de Bain : https://www.bain.com/insights/outlook-is-a-recovery-starting-to-take-shape-global-private-equity-report-2025/ Rapport de l'AMF : https://www.amf-france.org/en/news-publications/publications/reports-research-and-analysis/study-performance-unlisted-financial-asset-funds-marketed-retail-clients Rapport de McKinsey : https://www.mckinsey.com/industries/private-capital/our-insights/global-private-markets-report