4 Questions sur les Robots et l'Intelligence Artificielle (IA)

4 Questions sur les Robots et l'Intelligence Artificielle (IA)

Christophe Maillet: est-ce exagéré de prétendre que, demain les IA vont prendre le contrôle de nos vies, de notre environnement – sans que l’on puisse connaitre leurs intentions ?

Sébastien Ensenat: Personne n’a vraiment la réponse à cette question tellement il y a de dimensions à prendre en compte. 

Ce qui est certain, c’est que l’inquiétude relative à l’émergence d’une intelligence aux capacités surpassant celle des hommes se renforce tous les jours.

Comme disait Stephen Hawking : « La création d'une intelligence artificielle serait le plus grand événement de l'histoire de l'humanité. Mais il pourrait aussi être l'ultime. » - d’autres visionnaires comme Elon Musk s’inquiètent au plan théorique et alimentent une vision apocalyptique de l’IA.

Toutefois, les IA qui peuvent présenter un danger pour l’Homme n’existent aujourd’hui que dans la science-fiction : conscientes et ultra-puissantes, elles sont capables de prendre le contrôle des activités humaines et de se retourner contre leurs créateurs. Une thèse complexe qui, dans le monde scientifique, n’est pas partagée par tous les chercheurs, loin de là.

Aujourd’hui, il y a des preuves que des intelligences artificielles dépassent l’intelligence de l’homme. Cependant, il n’y a pas beaucoup de preuves qu’une IA dotée de la même polyvalence que les humains fasse son apparition prochainement.

Des évolutions significatives bousculent de nos repères: nous sommes passés d’un mode déterministe, où l’on pouvait programmer un robot pour exécuter des tâches simples, à un mode où il est doté de capacités d’apprentissage qui rendent son comportement imprévisible et ses intentions, illisibles.

CMAI: Puisque l’on est capable de créer des IA, eux-mêmes capables d’apprendre,   est-ce que cela voudrait dire que nous créons la vie?

SENS: Les avancées sur la vie artificielle, comme la création de cellules synthétiques et les réseaux neuronaux, donneraient en effet à le penser.

Ce qui est certain, c’est que l’on peut donner une existence à un robot avec une personnalité et une certaine autonomie de décision, donc par extension, une forme de libre arbitre.

Un parallèle est possible entre l’inné (chargement de l’IA avec un modèle pré-entrainé) et l’acquis (apprentissage issu de son vécu). La matérialisation de ces IA au cœur d’objets du monde physique conforte l’impression de réel mais n’en fait pas pour autant des sujets.

D’ailleurs, le débat de la reconnaissance des IA comme personnes morales a été ouvert cette année au niveau européen. Il est loin d’être clos.

CMAI: La puissance des robots fascine. Comme ils ne sont pas contraints par une limite biologique, ne sont-ils pas en mesure de nous anéantir, même par erreur ?

SENS: Oui les robots peuvent nous anéantir – et il est facile de dérouler une vision apocalyptique de la dérivée des robots et des IA.

Ceci dit, si l’on sort du cas particulier (non négligeable) du bug informatique, cela pose la question de l’introduction de principes éthiques dans l’IA et les robots, qui est déjà une question fondamentale.

Il faut bien avoir conscience que l’autorité morale et constitutionnelle d’un Robot est confiée aujourd’hui, sans grand contrôle, aux data scientists et aux programmeurs qui l’ont construit.

Par ailleurs, dans la mesure où le robot va vivre sa vie, on ne peut pas non plus préjuger de la moralité de son apprentissage. Rappelons-nous des mésaventures de l’IA de Microsoft qui, exposé au grand public, a fini par soutenir des thèses négationnistes. Imaginons que cela soit l’IA d’un robot armé…

CMAI: On a tous vu l’assistant Google réussir à se faire passer pour un être humain en imitant ses émotions. Le dernier rempart serait-il donc en train de sauter ?

SENS: Sur cette question, je suis très partagé et j’oppose une conviction personnelle à une démarche plus analytique et scientifique.

Ma conviction est que l’intelligence émotionnelle, l’intelligence physico-kinesthésique sont de vrais différenciateurs de l’être humain - et que l’on sera toujours différents des robots sur ce plan.

Maintenant, si on se penche scientifiquement sur le sujet, l’émotion est une réponse à un stimulus, inscrite dans un algorithme biologique. Certes, cet algorithme extrêmement complexe est construit sur des millions d’années – mais cela reste un algorithme, donc un programme à la portée de l’IA.

Ce constat contredit mes convictions, mais aujourd’hui, l’intelligence émotionnelle est très loin d’avoir livré ses secrets.

En synthèse, polyvalence, libre arbitre, éthique, émotion : l’intelligence artificielle a encore beaucoup de chemin à parcourir pour remplacer l’homme – mais représente dès aujourd’hui un atout décisif pour aider l’humanité dans son évolution ... à condition d’accepter de cohabiter.

Christophe Maillet  est en charge des offres Ressources Humaines. Sébastien Ensenat est en charge de l’innovation pour le Secteur Public. Ils travaillent tous les deux depuis plus de 10 ans chez CGI - et ensemble sur l'impact de l'innovation sur les administrations, les grandes entreprises et la société.

Ali E.

Solutions Consulting | Pre-Sales & Bid Manager | Sales Enablement | Avant-Vente 🇫🇷 | AI Demystifier | Growth | EMEA 🌍

6 ans

Vision à laquelle j’adhère 👍

Sébastien Ensenat

Vice-Président en charge de l’innovation pour Secteur Public, Transport, Manufacturing transport, industriel défense & Solutions RH

6 ans

Ce n’est qu’un bref extrait de l’echange ... :)

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