Un Mal Qui Répand La Terreur
Un Mal Qui Répand La Terreur
Jean de La Fontaine
Recueil II, livre VII
Les animaux malades de la peste de Jean De La Fontaine
Intro :
• Fable distrayante, avec une description des circonstances, des pers, une richesse du dialogue. La Fontaine donne
autant d'importance au récit qu'à la morale mais garde une visée satirique. On assiste ici à une démonstration de la loi
sociale : la raison du plus fort.
• La fable amène une réflexion sur l'injustice à cause de la décision politique qui consiste à trouver un "bouc émissaire"
dont le sacrifice sauvera la société du fléau qui l'accable.
b. Variété, diversité :
• Versification (rimes embrassées et longueurs irrégulières), accélération
• Alternance récit / discours : discours direct aux personnages importants, indirects aux autres
• Différentes tonalités (ironie, tragédie)
a. La stratégie du Lion :
Persuader :
• Rappelle le côté tragique/dramatique : affirme son autorité, rappelle qu'il est le représentant de Dieu
• Ton solennel, grave : donne majesté ('Ciel, nos péchés cette infortune, se sacrifie, céleste courroux')
• Ton familier 'Mes chers amis' : se place au même niveau de ses sujets pour les amadouer (en décalage avec sa
noblesse de là on peut le suspecter d'hypocrisie).
• Jeu avec les pronoms : le 'je' le remet sa place royale : justifie ses propos qu'on ne peut le contredire car c'est le
roi ; le 'nous' lui donne un rôle de porte parole : il agit pour collectivité ; le 'on' donne une vérité générale
• Modalisateurs (° d'adhésion de l'énonciateur à l'énoncé) : 'je crois que, peut-être, je pense', donne sagesse, n'impose
rien pour faire croire que le débat est ouvert.
• Examen de conscience : il donne une image habile, manipulatrice : 'dévoré force mouton même parfois berger' : ses
péchés le rendent cruel, féroce, sans scrupules
• Exagération amusée. 'Appétit de glouton, force moutons'
• Manie ironie: 'me dévouerai donc/s'il le faut': sous-entend qu'il ne le fera pas et invite les courtisans à s'y opposer.
Convaincre :
• Discours construit logiquement : lg 15 (il expose la situation) lg 20 (il invite les autres) lg 24 (il fait propre
confession) lg 29 (il invite les autres) lg 33. Marqué par des connecteurs
• Avoue lui-même, donne l'exemple pour confession des autres (avec impératifs).
• Argument d'autorité (lg 21-22) : donne appui a son discours en prenant pour référence un fait historique
• Le dialogue interne à son discours (" Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense. " ).
Remarque : "et flatteurs d'applaudir" : infinitif de narration, marque l'empressement des courtisans à suivre la règle du
jeu : ils y ont intérêt !
==> Celui qui va gagne, c'est le plus fort : celui qui a tout calculé, analysé, 'celui qui a force d'esprit' et 'pouvoir de
parole'
a. La justice est évoquée mais c'est davantage une satire des 'jugements de cour' :
• Lexique de la justice et de la religion (« expier, péché »)
• Scène représentant le tribunal (défilé à la barre des animaux)
• Solennité de la scène : vocabulaire hyperbolique, scène grandiose
• Rôle du loup : sorte d'avocat général qui dévoue l'Âne
• Justice du conseil qui ne juge pas le crime mais le rang social
• Injustice est soulignée et contrastée entre l'accumulation des crimes de sang et le crime de l'âne
c. Bilan :
• La Fontaine est clairement contre les puissants et pour les faibles. Sa satyre attaque le fonctionnement de cette cour
à son époque où les puissants s'attribuent tous les droits et n'en reconnaissent aucun aux faibles.
• Il ironise aussi sur leur hypocrisie, leur fait de feindre de se conformer à la morale, de faire un examen de
conscience, mais qu'ils se dépêchent de s'exonérer ensuite de toute faute ;
• Raille aussi de la naïveté des petits, qui prennent au sérieux les discours du Roi, de la Cour et ne savent réagir contre
l'injustice.
• L'ironie et les détour par des animaux permettent une protection car seul un destinataire attentif comprend critiques.
Conclusion :
La Fontaine utilise tous ses talents de conteur. Interventions successives de différents animaux, Lion, Renard puis Âne,
tous représentant d'une classe sociale, constituent pour beaucoup à servir la morale. A la fin de la fable, il y a une
ellipse avant la chute de la moralité : on ne sait si peste va disparaître avec le sacrifice de l'innocent mais qu'est donc
la peste, sinon cette atmosphère empoisonnée de mensonges, de calculs, d'hypocrisies, de flatteries... où seule
l'honnêteté est punie ?