Stanislas Devoir Surveillé MPSI 1
DS n°6 4h 12 mars 2011
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L'usage des calculatrices est interdit.
Un grand soin devra être apporté à la clarté et à la précision de la rédaction.
Si vous constatez ce qui vous semble être une erreur d'énoncé, signalez-le et poursuivez votre composition
en expliquant les raisons des initiatives que vous serez amenés à prendre.
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Soit n ∈ N. Soit Un le sous-ensemble de Rn [X] formé des polynômes unitaires de degré n. Plus précisément,
n
un polynôme P de Un s'écrit sous la forme ak X k , avec a0 , . . . , an ∈ R et an = 1.
P
k=0
n
On dénit l'application ϕn : Rn (X − λk ).
Q
→ Un , λ = (λ1 , . . . , λn ) 7→ ϕn (λ) =
k=1
Pour tout k ∈ J0, nK, on dénit les fonctions symétriques élémentaires σn,k par
σn,0 : Rn → R, (λ1 , . . . , λn ) 7→ 1,
X
σn,k : Rn → R, (λ1 , . . . , λn ) 7→ λi1 · · · λik .
1≤i1 <···<ik ≤n
Partie I : Méthode de Newton pour les équations polynomiales
Dans cette partie, n est un entier supérieur ou égal à 2 et P est un polynôme appartenant à Un dont toutes
les racines sont réelles. On suppose que P a au moins deux racines réelles distinctes et on note λ1 > · · · > λp
les racines réelles de P avec p un entier compris entre 2 et n. Pour tout entier j compris entre 1 et p, la
p
racine λj est de multiplicité mj supérieure ou égale à 1 avec mj = n.
P
j=1
1 . a) Montrer que le polynôme dérivé P 0 admet les réels λ1 , . . . , λp pour racines de multiplicités m1 −
1, . . . , mp −1 (une multiplicité nulle signie que λj n'est pas racine de P 0 ) et des racines simples µi ∈]λj+1 , λj [
avec 1 ≤ j ≤ p − 1.
b) Montrer que pour tout réel x strictement supérieur à λ1 et tout entier k compris entre 0 et n, on a
P (x) > 0, où P (k) désigne la dérivée d'ordre k de P .
(k)
2. On dénit la fonction g : [λ1 , +∞[→ R par
si x > λ1 ,
(
x − PP0(x)
(x)
x 7→ g(x) =
λ1 si x = λ1 .
a) Montrer que la fonction g est indéniment dérivable sur [λ1 , +∞[.
b) Montrer que pour tout x > λ1 , λ1 < g(x) < x.
Pour toute la n de cette partie, b désigne un réel strictement supérieur à λ1 . On dénit alors la suite (xk )k∈N
par x0 = b et pour tout k ≥ 0, xk+1 = g(xk ).
c) Montrer que cette suite converge en décroissant vers λ1 .
d) Montrer que
p
P mj
(x−λj )2
0 j=1
∀ x > λ1 , 1 − g (x) = !2 .
p
P mj
x−λj
j=1
1/3 A. Camane
e) Montrer que
2
p p
X mj X mj
∀ x > λ1 , ≤n .
x − λj (x − λj )2
j=1 j=1
f) Déduire de ce qui précède que
1
∀ x > λ1 , 0 < g 0 (x) ≤ 1 − .
n
g) On suppose qu'on a trouvé un réel a inférieur ou égal à λ1 . Déduire de la question précédente une
majoration de |xk − λ1 | pour tout entier k strictement positif en fonction de a, b, n et k.
Partie II : Quelques propriétés des fonctions symétriques élémentaires
3 . a) Soient n un entier naturel supérieur ou égal à 2 et λ = (λ1 , . . . , λn ) un élément de Rn . On lui associe
λ0 = (λ1 , . . . , λn−1 ) dans Rn−1 . Exprimer, pour tout entier k compris entre 0 et n, σn,k (λ) en fonction de λn
et des σn−1,j (λ0 ) pour 0 ≤ j ≤ n − 1.
b) Montrer par récurrence que pour tout entier n strictement positif, on a
n
X
n
∀ λ ∈ R , ϕn (λ) = (−1)k σn,k (λ)X n−k .
k=0
4. Soient n un entier strictement positif, λ = (λ1 , . . . , λn ) un élément de Rn avec λk non nul pour tout entier
n
k compris entre 1 et n et P = ϕn (λ) avec P (X) = ak X k (an = 1).
P
k=0
a) Montrer que a0 est diérent de 0.
On désigne par Q le polynôme de degré n à coecients réels déni pour x réel non nul par x 7→ Q(x) =
xn P x1 .
n
b) En écrivant Q(X) = bk X k , exprimer les coecients bk (0 ≤ k ≤ n) en fonction des coecients aj
P
k=0
(0 ≤ j ≤ n).
c) Déterminer δ appartenant à Rn tel que 1
a0 Q = ϕn (δ).
d) Montrer que
1 1 σn,n−k (λ)
∀ k ∈ J0, nK, σn,k ,..., = .
λ1 λn σn,n (λ)
5. Soient n un entier supérieur ou égal à 2, λ = (λ1 , . . . , λn ) un élément de Rn et P = ϕn (λ).
a) Montrer qu'il existe µ0 appartenant à Rn−1 tel que n1 P 0 = ϕn−1 (µ0 ).
b) Montrer que
n
∀ k ∈ J0, n − 1K, σn,k (λ) = σn−1,k (µ0 ).
n−k
6. Soient n un entier supérieur ou égal à 2 et λ = (λ1 , . . . , λn ) un élément de Rn .
n
a) En étudiant le trinôme (X + λi )2 , montrer que
P
i=1
n
!2 n
X X
λi ≤n λ2i .
i=1 i=1
b) Montrer que (n − 1)(σn,1 (λ))2 − 2nσn,2 (λ) ≥ 0.
2/3 A. Camane
7. Soient n un entier supérieur ou égal à 2 et λ = (λ1 , . . . , λn ) un élement de Rn . Montrer que
(n − 1)(σn,n−1 (λ))2 − 2nσn,n−2 (λ)σn,n (λ) ≥ 0.
(on distinguera le cas où l'un des λi est nul du cas où tous les λi sont non nuls.)
8. Montrer que, pour tout entier n supérieur ou égal à 2 et tout λ = (λ1 , . . . , λn ) appartenant à Rn , on a
n−k+1 k+1
∀ k ∈ J1, n − 1K, (σn,k (λ))2 − · σn,k−1 (λ)σn,k+1 (λ) ≥ 0.
n−k k
Partie III : Un résultat de continuité des racines d’un polynôme comme fonction des coefficients
Pour cette partie, n est un entier strictement positif et P désigne un polynôme de Rn [X] ayant n racines
réelles distinctes : λ1 > · · · > λn .
9. Montrer qu'il existe un réel r > 0 tel que les intervalles Ik = [λk − r, λk + r] (1 ≤ k ≤ n) soient deux à
deux disjoints.
n
Pour T = αk X k ∈ Rn [X], on note kT k = sup{|αk |, k ∈ J0, nK}.
P
k=0
10. Montrer que pour tout entier k compris entre 1 et n, on peut trouver des réels ak et bk appartenant à Ik
tels que P (ak )P (bk ) < 0.
11. On note [a, b] = [λn − r, λn + r] et α = min{|P (a1 )|, . . . , |P (an )|, |P (b1 )|, . . . , |P (bn )|}.
a) Montrer qu'il existe un réel β strictement positif tel que pour tout Q ∈ Rn [X], sup |Q(x)| ≤ βkQk.
x∈[a,b]
b) Soit Q appartenant à Rn [X] tel que kQ−P k < αβ . Montrer que pour tout entier k ∈ J1, nK, Q(ak )Q(bk ) <
0 puis que le polynôme Q a n racines réelles.
Partie IV : Inégalités de Newton
n
12. Soit P (X) = ak X k un polynôme de Un admettant n racines réelles λ1 , . . . , λn . En utilisant les résultats
P
k=0
de la partie II, montrer les inégalités de Newton :
n−k+1k+1
∀ k ∈ J1, n − 1K, a2k − ak−1 ak+1 ≥ 0.
n−k k
13. Étude d'un exemple. Soient a un réel et P le polynôme P (X) = X 5 + 5aX 3 + a2 X + 1.
a) Montrer que si P a 5 racines réelles, alors a est négatif.
On suppose pour toute la n de cette question que a est strictement négatif.
b) Montrer que les inégalités de Newton sont vériées.
On pose a = − b12 avec b strictement positif et R(X) = X 5 − 5X 3 + X + b5 , S(X) = X 5 − 5X 3 + X .
c) Montrer que P a 5 racines réelles si et seulement si R a 5 racines réelles.
d) Montrer que le polynôme dérivé S 0 a 4 racines réelles −α1 < −α2 < α2 < α1 et que S(α2 ) < S(−α1 ).
e) En étudiant les variations sur R de la fonction x 7→ S(x), montrer que P a 5 racines réelles distinctes si
et seulement si a < − (S(α1))2/5 .
2
3/3 A. Camane