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《小王子》在中国的复译现象研究 汤思琪

Ce résumé décrit brièvement le contenu du document. Le document parle de la traduction en chinois du livre Le Petit Prince. Il divise les traductions chinoises en trois catégories et compare quatre traductions représentatives. Il analyse également une traduction indirecte et réfléchit au phénomène de la retraduction.

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《小王子》在中国的复译现象研究 汤思琪

Ce résumé décrit brièvement le contenu du document. Le document parle de la traduction en chinois du livre Le Petit Prince. Il divise les traductions chinoises en trois catégories et compare quatre traductions représentatives. Il analyse également une traduction indirecte et réfléchit au phénomène de la retraduction.

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学校代码 : 10172 研究类型 : 基础研究

学 号 : 156171203 中图分类号 :

大 连 外 国 语 大 学
硕 士 学 位 论 文

题 目: 《小王子》在中国的复译现象研究

培养学院(系、所): 法语系
学 科 专 业: 法语语言文学
研 究 生 姓 名: 汤思琪
指导教师姓名及职称: 王大智 教授

论 文 答 辩 时 间: 2018 年 5 月 18 日
Université des Langues étrangères de Dalian

Sur le phénomène de la retraduction


du Petit Prince en Chine

par Tang Siqi


Département de français

Mémoire de master

en vue de l’obtention du diplôme de master ès lettres

Mai 2018
Mai 2018
Résumé
Le Petit Prince est l’un des chefs-d’œuvre de Saint-Exupéry, célèbre auteur
français du XX siècle. Selon les informations disponibles, après la publication du
livre aux États-Unis en 1943, il a été traduit en plus de 100 langues. On dit qu’il est un
ouvrage qui possède le plus de lecteurs au monde à part la Bible. La première version
chinoise fut publiée à Hong Kong en 1959, dont le traducteur est Xu Biduan. En 1979,
publiée dans le magazine World Literature (No.3), la version de Xiao Man est
devenue la première traduction chinoise en Chine continentale. Pendant une
quarantaine d’années, Le Petit Prince a été bien accueilli par les lecteurs ainsi que les
éditeurs. Le nombre de ses retraductions est arrivé à environ 200, excepté les versions
adaptées et celles d’abregées. Le phénomène de retraduction du Petit Prince est
vraiment rare dans l'histoire de la publication de la littérature étrangère en Chine.
À travers une étude plus profonde, nous avons principalement divisé ces
traductions chinoises en trois catégories : la traduction faite à partir de la langue
française, la traduction indirecte (celle traduite de la langue tierce) et “han yi han”(la
traduction de plagiat). Parmi de nombreux traducteurs, il y a des traducteurs avec une
expérience riche de la traduction dans le domaine de français, tels que Liu Mingjiu,
Zhou Kexi et Huang Hong etc. Leurs traductions s’améliorent beaucoup par rapport à
la première traduction. Chacune possède ses propres particularités qui peuvent mieux
manifester aux lecteurs le charme de l’œuvre classique. En ayant analysé ces
traductions, nous pouvons approfondir notre compréhension sur la retraduction des
œuvres littéraires. Il est aussi intéressant de faire des comparaisons dans le but
d’obtenir une référence pour améliorer la qualité de la retraduction des œuvres.
Néanmoins, ces dernières années, Le Petit Prince a fait l'objet d’un moyen
d’obtenir des intérêts économiques pour certains éditeurs. Un grand nombre de
traductions indirectes (principalement des versions traduites de l’anglais) et de
traductions “han yi han” sont sorties sur le marché. Ce genre de versions affectent non
seulement la manifestation de l'esprit impliqué dans le texte original, mais aussi les
jugements des lecteurs sur le contenu original. Nons devons signaler ces problèmes

ii
faire des réflexions sur le phénomène de retraduction.
Le présent mémoire se divise en quatre chapitres. Dans le premier chapitre nous
examinerons d'abord l'influence du Petit Prince à l'échelle mondiale. Ensuite, nous
allons nous concentrons sur le processus de traduction du livre en Chine par la
méthode de recherche descriptive. Nous diviserons ces traductions en trois catégories
selon le texte original sur lequel elles sont basées. Nous choisirons dans le
deuxièmement chapitre quatre traductions chinoises faites d'après le texte original
(celle de Xiao Man, de Liu Mingjiu, de Zhou Kexi et de Huang Hong) et les
comparerons ensemble pour analyser les améliorations ainsi que les points créatifs
dans les traductions de Liu, Zhou et Huang. Dans le troisième chapitre, nous
analyserons la version du Petit Prince traduite par Li Jihong et discuterons des
problèmes de la traduction indirecte. Dans le dernier chapitre, nous aurons des
réflexions sur la nécessité de retraduire. Et puis à travers l'analyse du phénomène de la
traduction indirecte et de "han yi han", notre objectif sera de mener une réflexion sur
l'éthique du traducteur. Enfin, nous allons tenter de discuter s'il est nécessaire de
publier la nouvelle traduction du Petit Prince dans le cas où nous sommes déjà une
quantité de versions.

Mots-clés: Le Petit Prince; retraduction; comparaison; traduction indirecte; traduction


de plagiat

iii
摘要
论文题目:《小王子》在中国的复译现象研究
作者姓名:汤思琪

《小王子》(Le Petit Prince)是法国作家圣·埃克絮佩里( Saint-Exupéry)的


一部经典著作。据不完全统计,该书在 1943 年于美国出版后,已被译为一百余
种语言,全球阅读率仅次于《圣经》。1959 年,香港出版了第一个汉译本,译
者为许碧端。1979 年,《世界文学》杂志(第三期)刊登了肖曼的译本,这是
中国大陆的首个汉译本。《小王子》在被引进大陆的近四十年间,受到了广大读
者和出版社的青睐,不断被复译。如今市面上已出现了约两百个全译本。这种复
译现象在中国的外国文学出版史上实为罕见。
笔者通过仔细考察,将《小王子》的汉译本分为三类:法译汉译本,转译本
和汉译汉译本(拼凑、抄译而成的中文译本)。在众多译者中,有国内法语界翻
译经验十分丰富的译者,如柳鸣九、周克希、黄荭等。他们的译本不仅改善了首
译的不足,也各有创新之处,更好地向读者呈现了经典的魅力。通过分析这些译
本的优点,能进一步加强我们对文学作品复译的认识,并为提高作品的翻译质量
提供借鉴,通过复译拓展原文本生命的空间。
进入新世纪以来,由于经济利益的驱使,《小王子》出现了大量转译本(主
要为英译汉)、汉译汉译本。此类译本不仅影响原文本的真实内涵和原作精神的
传达,也容易误导读者,影响他们对原文内容的判断。因此笔者将对上述现象进
行剖析,指出问题并引发思考。
本文分为四章。第一章首先考察《小王子》作品在世界范围内的影响;其次,
采取描述性研究方法,对《小王子》汉译历程进行描述,并对该书汉译本进行分
类。第二章将选取具有代表性四个的法译汉译本(肖曼、柳鸣九、周克希、黄荭
译本),加以对比,分析柳、周、黄三个译本之于首译的改善和创新之处。第三
章考察选取李继宏《小王子》译本,分析并探讨当下转译是否必要。第四章:通
过上述研究对复译必要性进行进一步的思考;此外对转译和“汉译汉”现象进行
剖析,引发对译者道德的思考;最后探讨现阶段《小王子》是否有继续复译的必
要。

iv
关键词:《小王子》;复译;对比;转译;抄译

v
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tout particulièrement Madame Wang Dazhi, ma directrice
d’études, pour m’accompagner avec patience dans la conduite du sujet de mon
mémoire, pour m’avoir fourni des dossiers de référence qui ont enrichi mes chapitres
et paragraphes et pour me donner toujours des conseils dans mes études sur la
traductologie. Un grand merci à elle.
Ma gratitude chaleureuse va également aux professeurs du Département de
français qui me permettent d’acquérir des connaissances professionnelles pendant mes
trois ans d’études.
J’adresse mes remerciements à Alex, un ami français, qui a lu mon mémoire et
m’a donné ses conseils.
Qu’il me soit permis de remercier aussi mes parents qui m’ont fait confiance, qui
m’ont soutenu et qui m’ont encouragé pendant la rédaction du mémoire. Un immense
merci à eux.

vi
TABLE DES MATIÈRES

Introduction................................................................................................1

Chapitre I Traduction du Petit Prince en Chine.....................................4


1.1 Le Petit Prince et ses traductions dans le monde entier.................................... 4
1.2 La traduction du Petit Prince en Chine.............................................................. 6
1.3 Les catégories des versions chinoises du Petit Prince........................................ 7
1.3.1 Les versions traduites du texte original.............................................................8
1.3.2 Les versions traduites de la traduction en langue tierce....................................9
1.3.3 Les versions traduites du chinois vers le chinois............................................ 10

Chapitre II Étude comparative des traductions chinoises du Petit

Prince.........................................................................................................12
2.1 Les motivations des traducteurs....................................................................... 12
2.2 Les comparaisons profondes des traductions.................................................. 16
2.2.1 L’historicité de la traduction............................................................................16
2.2.2 La traduction du mot-clé : « sérieux ».............................................................22
2.2.3 La traduction des verbes : « montrer », « dire » et « répondre ».....................28
2.2.4 La traduction des propositions subordonnées................................................. 31

Chapitre III Analyse de la traduction du Petit Prince de Li Jihong...35


3.1 Le traducteur Li Jihong et sa traduction du Petit Prince............................... 35
3.2 L’analyse sur des traductions indirectes dans Le Petit Prince de Li Jihong. 37
3.3 Est-il la meilleure traduction du Petit Prince ?................................................ 41

Chapitre IV Réflexions sur le phénomène de la retraduction du Petit

Prince.........................................................................................................49
4.1 La nécessité de la retraduction..........................................................................50
4.2 La traduction indirecte et "han yi han" (la traduction de plagiat)............... 53
4.2.1 La traduction indirecte.....................................................................................53
4.2.2 "Han yi han" (la traduction de plagiat)............................................................55

vii
4.3 Faut-il continuer à retraduire Le Petit Prince ?...............................................57

Conclusion................................................................................................ 60

Bibliographie............................................................................................ 63

Annexe.......................................................................................................66

viii
Introduction
En tant qu’œuvre littéraire classique connue dans le monde entier, Le Petit
Prince d’Antoine de Saint-Exupéry a gagné une grande quantité de lecteurs en Chine.
Pendant les années où il a été introduit en Chine, ce livre a aussi obtenu la faveur des
traducteurs et des éditeurs. Des centaines de versions qui ont traduites par de
différents traducteurs sont apparues sur le marché au cours de ces dernières décennies.
Le conte est toujours retraduit à présent. Par rapport aux autres œuvres de l’auteur, le
phénomène de la retraduction du Petit Prince est la plus compliquée.
Tout d’abord, la complexité de la retraduction du livre se reflète dans ses
traducteurs. Parmi de nombreux traducteurs, nous pouvons trouver des traducteurs de
français qui possèdent une vaste expérience de traduction, par exemple Ma
Zhencheng (马振骋), Liu Mingjiu (柳鸣九), Zhou Kexi(周克希), Guo Hong’an (郭
宏安), Huang Hong (黄荭) etc. Mais nous trouvons aussi des traducteurs dont on n’a
jamais entendu parler, par exemple Xiaoyi (小意), Yang Yuniang (杨玉娘) et Zimo
(紫陌) etc. Nous ne pouvons même pas confirmer s’ils connaissent le français, alors
que d’autres œuvres de Saint-Exupéry ont traduites principalement par des traducteurs
de français1.
Ensuite une autre complexité est reflétée dans le texte original sur lequel le
traducteur est basé. Dans tant de traductions, certaines sont traduites selon le texte
français, c’est-à-dire elles sont traduites à partir de la langue originale; une partie est
traduite selon la traduction anglaise ou celles en d’autres langues étrangères. De plus,
avec l’augmentation du nombre des lecteurs, quelques éditeurs ont vu l’opportunité
d’affaires du Petit Prince. Par conséquent, des versions de plagiat sont apparues sur le
marché. On appelle ce genre de traduction “han yi han”, la version traduite du chinois
vers le chinois expliqué littéralement.
De ces phénomènes du Petit Prince ci-dessus, on peut voir que sa retraduction
non seulement montre que la popularité du livre parmi les lecteurs, mais aussi reflète
des problèmes, par exemple la traduction indirecte et le plagiat. Ce sont justement ces

1
Voir Xu Jun, Le destin du Petit Prince en Chine, China Book Review, 2007(10), p.99.

1
problèmes qui nous ont amenés à réfléchir plus profondément sur la retraduction au
lieu de se limiter au phénomène apparent.
Dans le milieu académique, la plupart des études de la retraduction ont porté sur
la nécessité, le processus et la signification. Les problèmes cachés derrière le marché
de traduction apparemment florissant qui ont émergé ces dernières années sont
rarement mentionnés, par exemple l'apparition nombreuse des traductions de
mauvaise qualité et du plagiat en vue des intérêts commerciaux. Dans les études
précédentes du Petit Prince en Chine, on a fait des recherches au niveau de la
littérature, de la stylistique ou du langage, tels que l'analyse de la rhétorique et du
discours positif dans le texte, l'interprétation des personnages ou de la signification
philosophique impliquée dans le texte. En outre, certaines chercheurs ayant fait des
études au niveau de la traduction se sont concentrés sur l'histoire de sa traduction et
sur son introduction en Chine en ignorant d'approfondir la traduction.
À cet égard, il est intéressant se pencher plus profondément sur le marché de
traduction en se basant sur le texte traduit à travers le phénomène apparemment
florissant . Dans ce mémoire, nous allons aborder le phénomène de la retraduction du
Petit Prince en Chine. En premier lieu, nous verrons comment Le Petit Prince a été
introduit et accepté par les lecteurs en Chine. Dans ce chapitre, nous allons voir le
processus de la traduction de ce conte et une diversité des versions retraduites.
Dans le deuxième chapitre, nous allons choisir quatre traductions qui sont faites
à partir de la langue française (la traduction de Xiao Man, de Liu Mingjiu, de Zhou
Kexi et de Huang Hong) pour les comparer entre elles. Ce chapitre sur l’analyse des
comparaisons entre la première traduction (celle de Xiao Man) et la retraduction nous
permettra de mieux connaître la nécessité de la retraduction. Même si dans les
retraductions, il existe des écarts ou de petites erreurs, elles ont amélioré la première
pour mieux présenter le charme de l’œuvre classique aux lecteurs.
Puis dans le chapitre III, nous passerons en revue de la traduction de Li Jihong
qui a été reconnue comme la seule version officielle par la famille de Saint-Exupéry.
Nous allons faire une analyse approfondie sur cette traduction indirecte qui a été
connue comme “la meilleure version”. Pourtant, dans cette “meilleure version”, nous
2
pouvons trouver des erreurs hérités de la traduction anglaise sur laquelle il s’est basé.
Nous allons discuter la traduction indirecte à travers des analyses détaillées de la
traduction de Li Jihong.
Ayant analysé dans le détail les traductions mentionnées dans le chapitre II et III,
nous terminerons ce mémoire en nous efforçant d'opérer un retour réflexif sur la
position que nous avons assumée dans les études de ces trois chapitres précédents.
Premièrement nous pouvons approfondir nos connaissances dans la retraduction,
surtout sur la nécessité de la retraduction. Deuxièmement nous allons nous concentrer
sur la traduction indirecte ainsi que "han yi han" dans le cadre de l'éthique du
traducteur. Finalement, nous retournerons dans la retraduction du Petit Prince et
discuterons la nécessité de poursuivre la retraduction.

3
Chapitre I Traduction du Petit Prince en Chine

Quand on fait une étude approfondie sur la traduction d’une œuvre étrangère, il
est indispensable de faire une recherche sur celle-ci, ce qui constitue une condition
préalable et une étude de base avant d’examiner le processus de traduction dans la
langue cible. Dans ce chapitre, nous faisons d’abord une présentation sur Le Petit
Prince et sur sa traduction et l’influence dans le monde entier. Ensuite, nous allons
faire une recherche spécialisée sur son processus de traduction en Chine.

1.1 Le Petit Prince et ses traductions dans le monde entier

Le Petit Prince est l’une des œuvres les plus connues d’Antoine de
Saint-Exupéry. En 1941, l’auteur s’exilait aux États-Unis à cause de la Seconde
Guerre mondiale. Pendant ses séjours aux États-Unis, il termina la rédaction du Petit
Prince sous l’invitation des Éditions Reynal & Hitchcock1. En 1943, ce livre a été
publié à New York pour la première fois simultanément avec sa traduction anglaise.
Au moment de la sortie du livre, l’auteur a été déjà parti pour l’Algérie et avait rejoint
les Forces Françaises libres en Algérie. Après peu de temps de publication du livre, le
patron des éditions lui écrivit une lettre de lui informer une bonne nouvelle. Son livre
était très populaire parmi les lecteurs et son volume de vente arrivait à 1000
exemplaires environ par semaine2. Le Petit Prince a vraiment eu un grand
retentissement à New York, voire dans tout le pays. Bien qu’il y ait aussi eu des
critiques négatives, à ce moment-là, Le Petit Prince a atteint son succès aux
États-Unis dans l’ensemble. Jusqu’en avril 1946, après la Libération de France et la
mort de Saint-Exupéry en 1944, les Éditions Gallimard3 publièrent la première
version en France. Près de 10 000 exemplaires du premier tirage sont vendus en juin

1
Reynal et Hitchcock était une maison d'édition à New York, fondée en 1933 par Eugene Reynal
et Curtice Hitchcock, en 1948 elle a été absorbée par Harcourt Brace.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Guo Hong’an, Beijing : Édition de littérature et d’art
octobre, 2013, p.168.
3
La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Considérée comme l'une des
plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature
du XXe siècle et contemporaine.

4
19461.
C’est un conte qui raconte les expériences d’un petit prince venu de l’astéroïde
B612 qui visite six petites planètes et une grande planète (la Terre). Pendant son
voyage, il s’est passé beaucoup d’histoires intéressantes. Les lecteurs peuvent se
rendre compte des réalités qu’ils n’avaient jamais remarquées dans la vie quotidienne
pendant le processus de lecture. Par exemple quand on lit l’histoire qui s’est passée
entre le petit prince et le renard, on a l’impression de la belle amitié entre eux. Et le
renard nous fait remarquer que l’on ne voit les choses invisibles qu’avec le cœur. C'est
non seulement un conte pour les enfants, mais aussi une œuvre philosophique et
poétique ainsi que pleine de valeur pour tout le monde.
Henri Meschonic, théoricien de traduction français, avait indiqué dans son livre
Pour la poétique : Épistémologie de l’écriture, Poétique de la traduction qu’une
bonne œuvre littéraire va sûrement être traduite2. En tant que tel, Le Petit Prince a été
traduit environ en 300 langues et dialectes jusqu’à présent. On dit qu’il est le
deuxième ouvrage le plus traduit au monde après la Bible3. En même temps, le livre
est adapté sous différentes formes dans divers pays du monde, par exemple en opéra,
en comédie musicale, en film et en bandes dessinées etc. En 1990, le Musée du Petit
Prince a été ouvert au Japon dans à l'occasion du 100ème anniversaire de Saint-Exupéry.
En 1993, les portraits de l’auteur et du petit prince ont été imprimés sur le billet de 50
francs. En 2006, la France a mis en place des activités pour fêter le soixantième
anniversaire de la publication du livre. En 2016 aussi, des activités commémoratives
prenaient place au Panthéon pour le soixante-dixième anniversaire de la publication.
En 2015, un film d’animation adapté du Petit Prince est réalisé par Mark Osborne, un
directeur américain. Sa sortie a attiré l’attention du monde entier. Le Petit Prince jouit
depuis sa parution d’une telle popularité internationale. L’une des raisons les plus

1
Voir http://www.antoinedesaintexupery.com/le-petit-prince-1943-0, consulté le 6 juillet 2017.
2
Voir XU Jun, Répétition ou progrès-l’analyse sur la phénomène de retraduction des grandes
œuvres, Traduction en Chine, 1994(3).
3
Le Petit Prince, deuxième livre le plus traduit au monde après la Bible, Le Figaro, le 7 avril
2017. http://www:lefigaro.fr/langue-française/actu-des-mots/2017/04/07/37002-20170407ARTFI
G00005--le-petit-prince-deuxième-livre-le-plus-traduit-au-monde-apres-la-bible.php, consulté le 6
juillet 2017.

5
importantes à la prolongation de la vie du Petit Prince, c’est sans doute grâce à ses
traductions et retraductions successives.

1.2 La traduction du Petit Prince en Chine

Dans la première partie de ce chapitre, nous avons montré la popularité du Petit


Prince dans le monde entier et avons vu l’importance de ses traductions, ce qui crée
une base solide pour sa traduction en Chine. Selon les informations disponibles, sa
première traduction chinoise que l’on peut trouver a été publiée à Hong Kong en 1959,
traduite par Xu Biduan1. Cette version n'a pas été traduite de la version française, mais
de la traduction anglaise. D’après ce que nous avons cherché, tous les livres originaux
qu’elle a traduits sont en anglais. De ce fait, nous arrivons à une conclusion que Xu
est une traductrice qui fait la traduction de l’anglais en chinois. En fait, la première
traduction qui a été traduite du texte original français a vu le jour dans la revue World
Literature en 1979, dont la traductrice est Xiao Man2. Par rapport à la publication de
la traduction de Xu, c’est un peu plus tard. Parce qu’avant de sa publication (en 1979),
la Chine était en train de vivre de la Grande Révolution culturelle (1966-1976).
Pendant cette période-là, les œuvres littéraires du capitalisme occidental étaient
absolument interdites en Chine. Le peuple chinois ne pouvait lire que des écrits
politiques qui n’avaient presque pas de valeur littéraire. La Révolution culturelle a
pris fin en 1976. La revue World Literature a été ré-éditée officiellement en 1978. La
publication de la traduction chinoise du Petit Prince était dans l’année suivante. Ce
n’était pas un hasard. Après une si longue entrave de pensée causée par la Grande
Révolution culturelle, pendant que le peuple poursuivait la liberté de pensée, ils
avaient besoin d’un guide du vrai, du bien et du beau. L’image du petit prince, le
héros de ce livre qui représentait ces trois bonnes qualités avaient complu justement
leurs besoins. Bien que la traduction de Xiao Man n’aie pas été très bien appréciée
parmi les lecteurs chinois à l’époque, nous pouvons dire qu’à partir de l’apparition de

1
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Guo Hong’an, Beijing : Édition de Littérature et
d’Art Octobre, 2013, p.182.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), pp.46-105.

6
cette version, le phénomène de la retraduction du Petit Prince a réellement
commencé.
La retraduction du Petit Prince en Chine peut être divisée en deux phases: l’une
est avant l’année 1995, l’autre est de 1995 (où les œuvres de Saint-Exupéry sont
entrées dans le domaine public) jusqu’à aujourd’hui. Nous trouvons qu’il y avait sept
versions chinoises publiées de 1959 à 1995, deux versions à Hong Kong, une à
Taïwan, 4 en Chine continentale1. Le nombre de versions traduites à cette époque est
inférieur à celui de la phase suivante.
D’après des actes dans l’Universal Copyright Convention2, Le Petit Prince est
entré dans le domaine public en Chine dès 1995. Cela signifie que le traducteur et
l’éditeur n'ont plus besoin de payer de droits d'auteur. En même temps, la retraduction
de ce livre est entrée dans une période de prospérité. D’après ce que nous avons
cherché sur le site officiel de la Bibliothèque Nationale de Chine, nous découvrons
que l’on a publié environ 200 traductions chinoises différentes du Petit Prince
pendant ces années, excepté des éditions abrégées et adaptées. Jusqu’à présent, il y a
encore de nouvelles versions qui sont apparues, par exemple la version publiée par
des Éditions de l’Université de Nanjing, traduite par Liu Yunhong3 et la version de
Shu Cai, publiée par la Maison d’Editions de la Littérature et l’Art du Zhejiang4. Ces
deux versions sont toutes publiées en 2017. Si nous suivons cette tendance, il
apparaitra encore plus de versions chinoises à l’avenir.
Traduit à plus de 200 versions chinoises, la traduction du Petit Prince en Chine
est vraiment un événement rare dans l’histoire chinoise d’éditions des littératures
étrangères.

1.3 Les catégories des versions chinoises du Petit Prince

Dans ces nombreuses versions chinoises, nous pouvons les diviser en trois

1
Nous faisons une liste de ces sept traductions dans l’Annexe du mémoire.
2
Universal Copyright Convention, adopté à Genève en 1952, est l’une des deux principales
conventions inernqtionales protégeant les droits d’auteur, l’autre est la Convention de Berne.
3
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Yun Hong, Édition de l’Université de Nanjing,
2017.
4
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Shu Cai, Hunan : Édition du Peuple, 2017.

7
catégories selon leurs textes de référence. Dans la première catégorie, il s’agit des
versions traduites à partir du texte original. Pour Le Petit Prince, le texte original est
certainement celui en français. La deuxième catégorie regroupe celles traduites à
partir du texte dans une autre langue étrangère, c’est-à-dire en langue tierce, par
exemple, provenant du texte anglais ou du texte allemand etc. Pour ce genre de
traduction, on l’appelle aussi “la traduction indirecte1” ou “la traduction au carré2”. La
troisième est celle des versions traduites du texte chinois. En chinois, nous l’appelons
“han yi han”. Nous allons expliquer les unes après les autres dans le texte suivant.

1.3.1 Les versions traduites du texte original

Saint-Exupéry, a écrit Le Petit Prince en langue française. Mais nous voyons


souvent sur des sites internets ou sur les couvertures de certains livres ces mots:
version originale anglaise. Bien que le texte français et celui anglais aient été publiées
la même année, la version anglaise n’est pas écrit par l’auteur lui-même. Elle était
traduite par Katherine Woods3, traductrice américaine. Le texte original est la version
française. Parmi de nombreuses versions chinoises, il y a pas mal de versions qui ont
été traduites à partir du texte original, par exemple la traduction de Xiao Man qui est
la première version chinoise en Chine continentale. Pendant les années de la première
phase (1959-1995), il est apparu encore trois versions traduites de l’original parmi les
sept traductions chinoises excepté celle de Xiao Man, elles sont les traductions de
Cheng Xuexin et Lian Yu qui ont fait le travail ensemble publiée par Commercial
Press en 1979, celle de Hu Yusu en 19814 et de Zhang Rongfu en 19855. Après
l’année 1995, de plus en plus de versions chinoises sont apparues sur le marché, il y
en avait environ une trentaine qui sont traduites de la langue française, dont beaucoup
de traducteurs sont expérimentés dans le domaine de traduction de français, comme

1
Michel Ballard, Histoire de la traduction, De Boeke, 2013, p.97.
2
Voir René Etiemble l’Ouverture sur un comparatisme planétaire, Paris : Christian Bourgois,
1988, p.168.
3
Saint-Exupéry, The Little Prince, traduit par Katherine Woods, Harcourt, Brace & World, 1943.
4
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Hu Yusu, Beijing : Édition pour Enfants de Chine,
1981.
5
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhang Rongfu, Zhejiang : Édition pour Enfants,
1985.

8
Lin Xiuqing, Liu Mingjiu, Zhou Kexi, Guo Hong’an, Huang Hong etc. Leurs
traductions sont appréciées par un grand nombre des lecteurs. Nous allons choisir
quelques traductions de qualité à analyser dans le chapitre II. Selon les informations
disponibles, jusqu’en 2017, les dernières versions traduites de français sont les
versions de Liu Yunhong1 et de Shu Cai2.

1.3.2 Les versions traduites de la traduction en langue tierce

Nous avons déjà appris que Le Petit Prince a été traduit presque en 300 langues
et dialectes. Pour les traducteurs chinois qui n’ont pas capacité de lire le français, cela
leur fournit plusieurs textes en langue tierce à traduire en chinois à part le texte
original français. Quelques-uns d’entre eux qui ne saisissent que l’anglais le traduisent
d’après le texte en anglais, certains qui sont forts en allemand le traduisent à partir de
la version allemande. Il y a aussi des traducteurs qui font la traduction d’après la
version coréenne, par exemple, la version publiée en 2007 à Taïwan qui a été traduite
par Li Yifang3, dont la traductrice l’a traduite du coréen.
Au cours de la recherche sur la traduction du Petit Prince en Chine, nous avons
constaté un phénomène bien intéressant : le nombre des versions chinoises traduites
de l’anglais occupe la majorité parmi les versions traduites en langue tierce, voire il
est plus important que les versions traduites de l’original. En fait, pendant les
premières années où ce livre est entré en Chine, les traducteurs qui étaient à l’aise
avec la langue française étaient beaucoup moins nombreux que ceux qui connaissaient
l’anglais. Ainsi nous pouvons comprendre que c’était plus facile de traduire de
l’anglais que de français et aussi plus expéditif à l’introduire aux lecteurs chinois. Au
fur et à mesure du développement de la Chine, de plus en plus de traducteurs de
français apparaissent. En même temps, les versions traduites à partir de l’anglaise se
produisent sans cesse. Face à un tel nombre de choix, pouvons-nous douter la
nécessité de ces traductions traduites de l’anglais, la traduction indirecte, aujourd’hui ?

1
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Yunhong, Édition de l’Université de Nanjing,
2017.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Shu Cai, Hunan : Édition du Peuple, 2017.
3
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Yifang, Core Publishing Group, 2007.

9
Nous allons aborder une analyse détaillée de cette question dans le chapitre III.

1.3.3 Les versions traduites du chinois vers le chinois

Au cours de ces dernières années, il apparaît une nouvelle locution dans le


domaine de traduction en Chine : “han yi han”. Ce que nous pouvons expliquer par la
traduction du texte du chinois vers le chinois. C’est un phénomène qui amènent les
soi-disant traducteurs à assembler des passages de versions d’autres personnes comme
une “nouvelle” traduction. Ils remplacent parfois partiellement des mots par des
synonymes où rajustent la structure des phases. En fait, les actions de ces traducteurs
ci-dessus sont considérées comme des plagiats dans le domaine de traduction. Nous
découvrons en même temps un autre phénomène généralisé : les plagiats dans la
traduction accompagnent souvent les œuvres favorablement accueillies par le public
et les lecteurs. Parce qu’un grand nombre de lecteurs signifie un marché plus vaste.
Les traductions du chinois vers le chinois peuvent être publiées plus vite et faire plus
de bénéfices que les versions traduites d'une langue étrangère. Elles l’emportent
souvent sur le marché par les prix bas et les reliures magnifiques.
En tant qu’œuvre tellement populaire dans le monde entier, Le Petit Prince, en
Chine, ne pouvait pas échapper au destin des traductions copiées. Parmi un tel nombre
d’éditions, nous pouvons trouver des versions qui sont suspectées d’être traduites du
chinois vers le chinois. Par exemple, l’Édition du Peuple de Jilin a publié une version
chinoise traduite par Zang A’ying en 20101. Par une recherche sur le traducteur, nous
avons trouvé que ses livres publiés sont tous rédigées en chinois comme Amour et
Grâce, Histoires animales touchantes2 et Collection Complète de Grandes Personnes
et leurs Histoires3. Sauf Le Petit Prince, ce soit-disant traducteur n’avait aucune
œuvre en rapport avec la traduction. De ce point de vue, nous avons raison de croire
que sa version est une copie d’autrui. Un autre exemple, l’Édition du Commerce de

1
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zang Aying, Jilin : Édition du Peuple, 2010.
2
Zang Aying, Sun Tianxei, Amour et Grâce, Histoires animales touchantes, Jilin : Édition du
Peuple, 2010.
3
Zang Aying, Sun Tianxei, Collection Complète de Grandes Personnes et leurs Histoires, Jilin :
Édition du Peuple, 2010.

10
Chine ont publié une version du Petit Prince en 2004, dont la traductrice est Long
Jing1. Après avoir fait une recherche sur la traductrice, nous avons appris que les 23
livres qu’elle a traduits pendant quatre ans dans divers domaines sont écrits en
diverses langues. Ses traductions ont attiré l’attention des traducteurs et des lecteurs
par la mauvaise qualité et le grand nombre de publications. Comment pourrait-elle
traduire tellement de livres de diverses langues pendant un laps de temps ? Il n’y a
qu’une raison, elle s’est référée à la traduction chinoise.
Après la recherche sur la traduction sur Le Petit Prince, nous pouvons
approfondir nos connaissances sur le phénomène de sa retraduction. Dans le chapitre
suivant, nous allons choisir des traductions représentatives traduites de l’original
parmi ses retraductions à analyser profondément.

1
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Long Jing, Édition du Commerce de Chine, 2004.

11
Chapitre II Étude comparative des traductions chinoises du Petit

Prince

Dans le premier chapitre, nous avons fait une recherche sur la traduction du Petit
Prince en Chine et avons classé les traductions chinoises en trois catérogies selon le
texte sur lequel les traducteurs ont basé. À travers une étude descriptive, il nous
amène à réfléchir une question : après la première traduction publiée, tant de
retraductions sont-elles nécessaires ?
Dans ce chapitre, nous allons choisir quatre versions traduites du texte original et
faire une étude comparative. L’une est la traduction de Xiao Man1, la première version
chinoise traduite de l’original. Les trois autres sont les versions de Liu Mingjiu2, de
Zhou Kexi3 et de Huang Hong4. Ces trois traductions jouissent d’une bonne
réputation parmi les lecteurs grâce à leur bonne qualité. Elles sont toujours ré-éditées
ces dernières années.
Nous allons d’abord développer une recherche sur les motivations de ces quatre
traducteurs. Après avoir analysé la motivation de chaque traducteur, nous pouvons
faire des analyses plus profondes des textes et comparer des traductions de leurs mots
et leurs phases.

2.1 Les motivations des traducteurs

Dans le livre Sur la traduction, Monsieur Xun Jun dit que la motivation d’un
traducteur joue un rôle décisif pour ses stratégies adoptées5. En ce qui concerne de
l’étude comparative, l’une des plus importantes est la motivation de traducteur. En
conséquence, avant de comparer les quatre versions, il faut d’abord connaître leurs
motivations de traduire. Et puis nous pouvons mieux comprendre ce qu’ils traduisent.

1
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), pp.46-105.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng, 2011.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Kexi, Shanghai : Édition Yiwen,
2010.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écrivain,
2015.
5
Voir Xu Jun, Sur la traduction, édition révésée, Nanjing : Édition Yilin, 2014, p.156.

12
Comme nous le savons, la version de Xiao Man a été publié en 1979, après la
Révolution culturelle. Faute d’informations sur cette version, nous n’avons trouvé
qu’une préface écrite devant la traduction du Petit Prince publiée dans la revue World
Litterature. À l’époque, les traductions des œuvres littéraires étaient souvent liées à la
politique. Pour Le Petit Prince, Xiao Man a écrit: « il a ironisé sur de mauvais
phénomènes dans la société capitaliste, et aussi il a révélé l’illusion et le rêve poétique
de l’auteur.»1 Elle présenta aussi Saint-Exupéry et ses œuvres dans la préface. En
faisant des recherches, nous avons trouvé qu’à part Vol de Nuit traduit par Chen
Zhanyuan en 1942 (qui n’avait pas eu de grandes influences sur la situation sociale à
l’époque)2, la traduction du Petit Prince de Xiao Man était la première œuvre de
Saint-Exupéry introduite en Chine après la Grande Révolution culturelle. Pendant les
premières années de la fin de la Révolution, la pensée du peuple a été encore
emprisonnée dans un cadre unique. On exigeait le guide du vrai, du bien et du beau
pour la liberté de pensée. Dans le conte, le petit prince devenait la personnification de
ces trois qualités. Pour cette raison, la traductrice a introduit l’auteur et son œuvre au
peuple chinois qui venait de se débarrasser de la Révolution culturelle.
Le deuxième texte que nous avons choisi est la traduction de Zhou Kexi qui a été
publiée en 2000 pour la première fois. Sa publication est plus ancienne que celle des
traductions de Liu Mingjiu et de Huang Hong. Dans un article intitulé « Le Petit
Prince, un livre toujours vivant », Monsieur Zhou a exprimé que comme une
littérature classique pour enfants, Le Petit Prince est écrit « non seulement pour les
enfants, mais aussi pour les adultes, ou plutôt pour les adultes qui gardent toujours
leurs âmes d’enfant3. » Il a considéré simplement comme un simple compte, mais ce
qu’il transmet est plutôt la pensée philosophique du conte. En lisant sa préface de
traduction ainsi que sa traduction, nous pouvons découvrir que cette idée qui l’a
accompagné tout le long de sa traduction. Zhou Kexi a modifié sa traduction plusieurs

1
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.46.
2
Xu Jun, La relation indivisible entre Le Petit Prince et les lecteurs chinois, People, le 2 août
2011. Voir http://comic.people.com.cn/GB/15311718.html, consulté le 2 août 2017.
3
Zhou Kexi, Le Petit Prince: un livre toujours jeunes, China Writer, le 13 juillet 2015. http://ww
w.chinawriter.com.cn/wgwy/2015/2015-07-13/248122.html, consulté le 2 août 2017.

13
fois afin d’exprimer le sens plus précis et plus proche de l’original.
Prenons l’exemple du mot « apprivoiser » apparu dans le chapitre XXI du livre.
Le premier endroit où ce concept apparaît est dans la parole du renard au petit prince :
« je ne suis pas apprivoisé1. » Dans la préface de la version de Zhou Kexi en 2000, il a
montré qu’au début, la traduction d’ « apprivoiser » était “驯养”, mais il l’a changé
plus tard en “ 养 服 ”2. Après la modification, il pensait encore que cette expression
philosophique ne semblait pas familière dans un conte, bien que le renard soit comme
un sage dans ce chapitre. Par conséquent, il était inspiré d’une discussion avec l'un de
ses amis. Finalement, il a décidé de prendre le sens de “跟……处熟”. Ce qui est plus
intéressant est dans la préface de la réédition de sa traduction, il a modifié la
traduction d’« apprivoiser » encore une fois. Cette fois-ci, il a choisi le mot “驯养”
comme traduction. Il expliqua : « malgré que “跟……处熟” soit plus simple et facile
à comprendre, cette expression manque de philosophie et de force. Au contraire, le
mot « apprivoiser » dans le texte original possède un sens philosophique. »3 Après
avoir réfléchi et avoir écouté les conseils de ses amis (y compris un petit garçon du
même âge que le petit prince qui a pu comprendre le sens de “ 驯 养 ”), il a adopté
l’expression “驯养”, il est retourné à la première traduction qu’il avait utilisée.
Quant à la traduction de Liu Mingjiu, elle a été publiée pour la première fois par
l’Édition pour Enfants de Chine en 20064. Au début, Monsieur Liu avait refusé de
retraduire Le Petit Prince. Cependant, l’Édition lui avait demandé de chercher un
autre traducteur pour eux. Au cours de la recherche de nouveau traducteur, une idée
lui est passée par la tête. Il pensait que c’était intéressant et significatif de traduire une
œuvre littéraire pour enfants à sa petite-fille Emma Liu5. Par conséquent il changea
d’avis et accepta de retraduire le livre pour Emma. Sa version a vu le jour en 2006

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.69.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.4.
3
Ibid., p.7.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Shanghai : Édition pour
Enfants de Chine, 2006.
5
Liu Mingjiu, Le Petit Prince: une traduction pour ma petite-fille, le 10 mai 2016. Voir
http://book.douban.com/reading/38446970/, consulté le 10 août 2017.

14
avec une ligne de dédicace sur la page de titre :« À ma petite-fille Emma1. » Dans la
version rééditée par l’Édition Haitian de Shenzhen en 20162, le grand-père et sa
petite-fille qui a peint toutes les nouvelles illustrations du livre ont réussi à écrire
ensemble la traduction.
Dans les yeux de Monsieur Liu, le petit prince est un enfant très adorable, naïf,
simple ainsi que sensible. « Si vous l’avez lu, vous trouverez qu’il est comme votre
propre enfant3 », écrit-il dans un article. En lisant la traduction de Liu, nous pouvons
découvrir qu’il utilise beaucoup de particules modales chinoises à la fin de la phrase,
surtout dans les phrases dites par le petit prince, par exemple “这可真是有趣啊”, “多
好呀”“当然啦”, “那我就高兴啦”, “您好哇”4 etc. Ces particules modales chinoises
qui sont dites souvent par les enfants comme “ 啊 ”, “ 呀 ”, “ 啦 ”, “ 哇 ” rendent les
phrases plus vivantes. Elles se conforment à l’image pure et aimable du petit prince et
rendent la traduction plus intéressante. Comme ce que le traducteur a écrit dans la
dédicace, c’est pour sa petite-fille, donc il a adopté des mots plus légers à traduire,
surtout pour les paroles du petit prince.
La publication de la version de Huang Hong est la plus tardive parmi ces quatre
traductions. Avant sa publication en 2007, plus de 50 versions sont déjà parues sur le
marché. Certaines personnes lui demandaient pourquoi elle insistait pour retraduire un
livre dont il existait tant de versions5. Elle répondit : « Je veux juste avoir ma propre
version en utilisant ma propre voix à répéter cette histoire pour moi-même. »6 Ce
qu’elle exprimait c’est qu’elle voulait raconter ainsi que traduire ce conte à sa propre
façon. Dans la traduction de Huang Hong, nous pouvons trouver qu’il y a beaucoup
d’endroits où sont traduits avec la particularité de l’auteur. Par exemple elle a utilisé

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Shanghai : Édition pour
Enfants de Chine, 2006, p.1.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Shenzhen : Édition Haitian,
2016.
3
Liu Mingjiu, Le Petit Prince: une traduction pour ma petite-fille, le 10 mai 2016. Voir
http://book.douban.com/reading/38446970/, consulté le 10 août 2017.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.20, p.22, p.29, p.59.
5
Huang Hong, Les Poussières passées,compris dans Le Petit Prince, Beijing : Édition d’Écivain,
2015.
6
Huang Hong, Les cinq mots-clés sur la traduction, Journal de Littérature et d’Art, 2013.

15
des expressions dans le dialecte chinois qui rendent le conte plus intéréssant et plus
lisible pour les lecteurs chinois, comme “压根儿”, “玩意儿”, “稀巴烂”, “折腾”1 etc.

2.2 Les comparaisons profondes des traductions

Dans cette partie, nous allons faire des analyses sur les quatre traductions du
Petit Prince mentionnées ci-dessus, parmi lesquelles il y a la première version traduite
de l’original et trois retraductions. D’abord, il s’agit de l’historicité de la traduction,
car ces quatre versions ont été publiées dans les années différentes, surtout il y a 22
ans entre la publication de la première version et les trois autres traductions.
En revenant au livre original, au début, un ami suggéra à Saint-Exupéry, de
rédiger un livre pour enfants2. Nous pouvons donc le considérer comme une littérature
pour enfants ou une littérature d’enfance. L’auteur nous donne un conte avec une
signification profonde en utilisant des mots et des phases simples. « La littérature
d’enfance et de jeunesse représente donc une forme de communication littéraire qui,
au-delà de toute vision simpliste, cache en réalité une remarquable complexité3 ». La
traduction de la littérature pour enfants (d’enfance) n’est pas aussi simple et facile que
sa signification littérale. Il y a des mots comme certains adjectifs ou verbes qui ont
plusieurs significations dans différents contextes ou de longues phrases avec des
propositions subordonnées etc. Tout cela n’est pas facile à traduire. Nous allons voir
comment les traducteurs résolvent ces problèmes.

2.2.1 L’historicité de la traduction

Les quatre traductions chinoises que nous avons choisies pour comparer sont
publiées dans les différentes années. Comme ce que nous savons, la version de Xiao
Man (en 1979) est la plus ancienne. Ensuite, c’est la traduction de Zhou Kexi publiée
en 2001, celle de Liu Mingjiu en 2006, la dernière dont la traductrice est la plus

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.9, p.10, p.23, p.29.
2
Ibid., p.112.
3
Roberta Pederzoli, La traduction de la littérature d’enfance et de jeunesse et le dilemme en
destinataire,, Éditions Scientifiques et Internationales, 2012, p.38.

16
récente est celle de Huang Hong en 2007. La traduction possède une historicité, « en
essayant à l’exercice de traduction, les vues et les capacités du traducteur sont
soumises à diverses restrictions à tout moment1 ». Dans ce cas-là, il est possible de
voir apparaître à certains endroits dans la traduction, des points qui ne sont pas très
précises ou expriment mal la pensée de l’auteur, même des erreurs. Citons quelques
exemples.
Exemple 1 :
Cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a bien besoin
d’être consolée.2
Traduction de Xiao (ci-après dénommé « Xiao ») : 这个大人住在饥寒交迫的
法国。法国很需要安慰。3
Traduction de Zhou (ci-après dénommé « Zhou ») : 这个大人生活在法国,正在
挨饿受冻。他很需要得到安慰。4
Traduction de Liu (ci-après dénommé « Liu ») : 这个人住在法国,过着饥寒交
迫的生活,需要得到安慰。5
Traduction de Huang (ci-après dénommé « Huang ») : 这个大人住在法国,他
在那里挨饿受冻,他很需要得到安慰。6
Cette phrase est écrite dans la dédicace du livre où l’auteur remercie une grande
personne qui lui est chère. Nous pouvons voir que la signification de la traduction de
Xiao Man est très différente que celles des trois autres. Parce qu’elle a considéré la
proposition circonstancielle « elle a fait et froid » introduite par l’adverbe de lieu « où
» comme une proposition qui qualifie le nom « la France » . Anisi la traductrice a pris
le sujet « elle » de la deuxième phrase pour “ 法 国 ”. Nous ne pouvons pas vérifier
pourquoi la traductrice a fait ce choix. Elle s’est peut-être trompée de grammaire lors

1
Xu Jun, Sur la traduction, édition révésée, Nanjing : Édition Yilin, 2014, p.78.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.9.
3
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.46.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.1.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.11.
6
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.13.

17
du processus de traduction. Pourtant, il y avait encore une autre possibilité. En tenant
compte du contexte d’écriture, la France souffrait de la Seconde Guerre mondiale. En
liaison avec la mobilité de traductrice analysée ci-dessus, elle comptait nous faire
comprendre la mauvaise situation de la société capitaliste à l’époque. De ce fait, cela a
été traduit par la traductrice comme ceci : “饥寒交迫的法国” et “法国很需要安慰”.
Dans les trois traductions suivantes, les traducteurs l’ont corrigé pour se rapprocher
du sens original. C’était la grande personne qui « a faim et froid » et « a bien besoin
d’être consolée », pas la France.
Exemple 2 :
Et la géographie, c’est exact, m’a beaucoup servi.1
Xiao : 确实,地理学为我很好的服务了。2
Zhou : 的确,地理学对我非常有用。3
Liu : 的确,地理知识对我有很大的帮助。4
Huang : 地理倒的确帮了我不少忙。5
Après avoir été découragé par ses dessins de boa fermé et de boa ouvert, le pilote
du conte s’est mis à s’intéresser à la géographe, au calcul et à la grammaire etc. Dans
cette phase, il veut exprimer que le fait que la géographie l’a beaucoup aidé. En
comparant la traduction de Xiao Man avec la phase originale, nous voyons qu’elle l’a
répétée littéralement en chinois. Elle a traduit « m’a beaucoup servi » comme “为我
很 好 的 服 务 了 ”. Pour les Chinois, bien que nous puissions comprendre ce que la
traductrice veut dire, en fait la structure de la traduction ne correspond pas à
l'expression chinoise. En chinois le sujet de “ 为 … … 服 务 ” dans une phrase est
généralement une personne au lieu de quelque chose. La traduction de Zhou Kexi “对
我非常有用” et celle de Liu Mingjiu “对我有很大的帮助” sont bien des expressions

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.12.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.48.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.5.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.14.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.5.

18
à la chinoise. Huang Hong a traduit non seulement le sens de la phase, mais aussi a
marqué le temps du verbe. L’auteur a utilisé le passé composé à décrire
l’accomplissement d’une action. Dans la traduction de Huang Hong “帮了我不少忙”,
elle a ajouté une particule dans le chinois “了”pour exprimer l’aspect accompli.
Exemple 3 :
Humilée de s’être laissé surprendre à préparer un mensonge aussi naïf, elle avait
toussé deux ou trois fois, pour mettre le petit prince dans son tort.1
Xiao : 她为了把小王子引入歧途而编造谎言,但又因自己谎话遍得这样幼稚
可笑感到羞愧,她咳嗽了两三次。2
Zhou : 让人发现她说的谎这么不高明,她又羞又恼,就咳两三声嗽,想让
小王子觉得理亏。3
Liu : 刚才那句谎话讲得实在幼稚可笑,她自己也感到羞愧,但为了骗得小
王子真相信她弱不禁风,她故意咳嗽了两三声。4
Huang : 她发现自己说漏了嘴。平白要去圆这么一个幼稚的谎言,这着实让
她又羞又恼。她咳嗽了三两声,要让小王子觉得错的是他。5
Analysons cette phase qui est plus compliquée que les deux exemples précédents.
Dans le texte original, la proposition principale est « elle avait toussé deux ou trois
fois ». La première partie de la phase (soit « Humiliée de s’être laissé surprendre à
préparer un mensonge aussi naïf ») est la cause de la proposition principale. La
relation entre ces deux parties montre que le sentiment d’humiliation a fait tousser la
rose intentionnellement. La dernière partie de la phase (soit « pour mettre le petit
prince dans son tort ») est l’objectif de tousser.
Après avoir analysé la structure de la phrase, regardons les traductions de ces
quatre traducteurs. Dans la traduction de Xiao Man, elle a changé l’ordre de la phase

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.35.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.64.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.39.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.46.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.27.

19
en considérant la partie « elle avait toussé deux ou trois fois » comme étant une cause
du mensonge. Donc elle l’a traduit comme “为了把小王子引入歧途而编造谎言”. en
réalité, dans le texte original, l’auteur indique précisément que la cause de tousser est
« pour mettre le petit prince dans son tort ». C’est parce que la rose voulait détourner
l’attention du petit prince à travers la toux pour satisfaire sa propre vanité. La
traduction de Xiao Man a confondu la relation logique de cette phase.
Dans la traduction de Zhou Kexi, il a utilisé “想让……” pour exprimer l’objectif
de la Rose. Sa traduction a montré clairement le lien de ces trois parties. Mais en ce
qui concerne l’expression “咳两 三声嗽” ( « elle avait toussé deux ou trois fois »),
elle est un peu bizarre en chinois. On ne sépare jamais le mot “咳嗽” et n’ajoute rien
entre “咳” et “嗽”.
Dans la traduction de Liu Mingjiu, il a ajouté “为了骗得小王子真相信她弱不
禁 风 ” qui n’existe pas dans la phase originale pour expliquer ce qui est « mettre le
petit prince dans son tort ». En faisant semblant de tousser, d’une part, elle a changé le
sujet de leur conversation pour que le petit prince ne découvre pas son mensonge,
d’autre part, comme la traduction de Monsieur Liu “为了骗得小王子真相信她弱不
禁风”, c’est peut-être pour le faire croire qu’elle avait peur du courant d’air. En lisant
le texte original, nous sentons que la rose voulait le faire croire que sa toux est causée
par le petit prince qui n’alla pas chercher le paravent. Donc, à mon avis, ce n’est pas
la peine d’ajouter d’explication qui rend la traduction plus longue. De plus, d’après le
contexte, les lecteurs peuvent bien comprendre la raison pour laquelle la rose avait
toussé. Au contraire, les traductions de Zhou Kexi et de Huang Hong sont plus
proches du sens du texte original.
Dans la traduction de Huang Hong, elle a aussi ajouté des mots qu’on ne trouve
pas dans l’original et a changé le sens de la phase. “她发现自己说漏了嘴, 平白要去
圆 这 么一 个幼 稚的 谎 言, 这着 实让她 又羞 又恼 。 ” Dans l’original, ce qui l’a
humiliée n’était pas le fait qu’elle doive excuser le mensonge naïf, mais c’était de «
s’être laissé surprendre ». La première partie de cette traduction s’écarte de l’original.
Pour la dernière partie de la phase, sa traduction “要让小王子觉得错的是他” est
plus concise que celle de Liu Mingjiu.
20
Exemple 4 :
« Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à l’exemplaire dans les millions
des millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit:
“ma fleur est là quelque part” ...»1
Xiao : “若是有谁爱的那朵花,是在千百万千百万颗星星中存在着的唯一的
样品,那当他看到花儿的时候,他自然感到无限幸福。他对自己讲:‘我的花在
那边的什么地方呢 ……’”2
Zhou : “如果有个人爱上一朵花儿,好几百万好几百万颗星星中间,只有一
颗上面长着这朵花,那他只要望着许许多多星星,就会感到很幸福。他对自己说;
‘我的花儿就在其中的一颗星星上……’”3
Liu : “如果有谁喜欢的那朵花儿,在千万颗星星中只此一朵,那么即使他看
着星星的时候,也会感到无比幸福。他会对自己说:‘我的那朵花儿在那边的什
么地方呢……’”4
Huang :“如果一个人爱上了宇宙繁星里独一无二的花,这足以让他在看这些
星星的时候感到幸福。他会对自己说:‘我的花就在那里,在某颗星上……’”5
Comparons d’abord la phrase originale et sa première traduction. Xiao Man a fait
deux petites erreurs dans la compréhension du texte original. Premièrement, elle a mal
compris le sens du mot « exemplaire » et l’a traduit comme “样品”. C’est vrai que
l’un des sens du mot « exemplaire »est “ 样 品 ”, mais dans ce contexte, ce que l’«
exemplaire » a représenté est l’une des milliers d’étoiles, pas la fleur. Deuxièmement,
la proposition « quand il les regarde » a été traduite en chinois comme “当他看到花
儿 的 时 候 ”. En réalité, le pronom complément d'objet direct « les » indique les
millions des millions d’étoiles. Il y a seulement une fleur dans l’une des étoiles où on
ne sait pas. Donc ce que la personne regarde est des étoiles au lieu de la fleur. Les

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.32.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.62.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.34.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.40.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.24.

21
trois traducteurs suivants l’ont tous traduit correctement comme “ 星 星 ”. Ce qui
mérite d'être noté de même est les quatre traductions de « les millions des millions
d’étoiles ». C’est une expression qui indique une grande quantité d’étoiles. Xiao Man
et Zhou Kexi ont adopté la même méthode de travail et traduisent littéralement
comme “ 千 百 万 千 百 万 颗 星 星 ” et “ 好 几 百 万 好 几 百 万 颗 星 星 ”. Ces deux
traductions rendent la phase un peu lourde et cela interrompt le rythme de toute la
phase. Les traductions de Liu Mingjiu “千万颗星星” ainsi que celle de Huang Hong
“繁星” sont plus légères, et en plus elles bien expriment la grande quantité d’étoiles.
D’ailleurs, ce qui mérite d’être noté est que certains mots qui sont rarement ou ne
sont plus utilisés au fils du temps dans la première version chinoise du Petit Prince
(en 1979). Prenons deux exemples. Premièrement, pour le mot « apparition » dans la
phrase « Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement1 »,
Xiao Man a mis “显像 2”, un mot qu’on remplace souvent par “现象” aujourd’hui. «
Cette apparition » indique certainement le petit prince. Zhou Kexi l’a traduit comme
“他 3”. Les traductions de Liu Mingjiu “显形的神童 4” et de Huang Hong “突然出现
在 眼 前 的 小 家 伙 5” qui sont plus précises ainsi que lisible indiquent l’arrivée
inattendue du petit prince. Deuxièmement, dans la traduction de Xiao Man, elle a
adopté “游星 6” pour expliquer le mot « astéroïde7 », alors que “行星” utilisé par les
trois autres traducteurs est plus usuel.

2.2.2 La traduction du mot-clé : « sérieux »

En tant que traducteur, avant de traduire le texte original, il faut le lire plusieurs
fois. La lecture de l’original fait partie du processus de compréhension. Et la

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.14.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.50.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.8.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.17.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.7.
6
Xiao Man, op.cit.,. p.54.
7
Saint-Exupéry, op.cit., p.22.

22
compréhension du traducteur sur l'original sera reflétée dans la traduction. Autrement
dit, le processus de traduction est un processus d’interprétation du traducteur sur le
texte original. Comme on le dit souvent: mille lecteurs, mille Hamlets1, ainsi nous
pouvons dire mille traducteurs, mille Hamlets. Pour un mot qui est apparu plusieurs
fois dans les différents paragraphes, surtout pour un mot polysémique, le contexte
joue sur les différentes méthodes de traduction.
En lisant le texte original du Petit Prince, nous découvrons un adjectif qui
apparaît à plusieurs fois dans tout le texte. C’est le mot « sérieux/sérieuse ». Les idées
sur ce mot sont totalement différentes dans les yeux des enfants et des adultes. En
citant des exemples dans le livre, pour les grandes personnes, il est sérieux de réparer
le moteur d’avion, de faire l’addition du nombre des étoiles sans cesse. Les chiffres
qu’elles aiment comme le prix d’une très belle maison, l’âge et le poids du corps d’un
nouvel ami sont aussi des choses sérieuses. Au contraire, les enfants pensent que
chercher à comprendre pourquoi les fleurs sont dotées d’épines inutiles est une quête
sérieuse. Et la guerre entre des moutons et des fleurs et les goûts d’un nouvel ami sont
plus sérieux et les choses les plus importantes au monde. La question des idées du mot
« sérieux/sérieuse » est l’une des idées importantes que l’auteur voulait proposer.
Selon la définition du mot-clé consultée sur Wikipédia « un mot ou un groupe de mots
qui a une importance particulière permettant de caractériser le contenu d’un document
et permettant une recherche d'informations2 », nous pouvons le considérer comme un
mot important ou un mot-clé qui est apparu tout au long du texte du fait qu’il est aussi
l’une des thématiques représentes.
Comme le mot « sérieux/sérieuse » est apparu dans plusieurs endroits différents
du texte, ont-ils le mêmes sens ou le mêmes usages dans le texte ? Est-ce que les
traducteurs emploient la même méthode pour les traduire ? Nous allons essayer de
répondre à ces questions dans le texte suivant.
Le premier endroit où il est apparu est dans la dédicace, l’auteur nous a expliqué
pourquoi il a dédié ce livre à une grande personne : « j’ai une excuse sérieuse : cette

1
L'une des plus célèbres pièces de William Shakespeare.
2
Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Mot_cl%C3%A9, consulté le 12 septembre, 2017.

23
grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. »1 Dans ce cas-là, l’auteur a
pris une attitude sérieuse pour nous donner ses excuses. Il espérait que les enfants qui
lisaient ce livre pourraient comprendre ce qu’il a fait. De ce fait, il a utilisé le mot «
sérieux » pour qualifier son « excuse ». De même, dans le chapitre IV, le mot «
sérieux » est apparu encore une fois. Cette fois-ci, c’est pour qualifier le mot « raison
»: « j’ai de sérieuses raisons de croire que la planète d’où venait le petit prince est
l’astéroïde B612. »2 Voilà les traductions de ces quatre traducteurs pour ce mot-clé.
Exemple 1 :
J’ai une excuse sérieuse: cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au
monde.3
Xiao : 我有一个严肃的能够得到谅解的理由:这个大人是我在人世上最好的
朋友。4
Zhou : 我有一个很认真的理由:这个大人是我在世界上最好的朋友。5
Liu : 我有一个正当的理由:该得到大家的谅解:因为这个人是我在世界上
最要好的朋友。6
Huang : 我有一个很充分的理由:这个大人是我在世上最好的朋友。7
Exemple 2 :
J’ai de sérieuses raisons de croire que la planète d’où venait de petit prince est
l’astéroïde B612.8
Xiao : 我有重要的理由坚信小王子的那颗星球是 B612 号小游星。9
Zhou : 我有很可靠的理由,足以相信小王子原先住的那个星球,就是 B612

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.9.
2
Ibid., p22.
3
Ibid., p.9.
4
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.4.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.1.
6
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.11.
7
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.3.
8
Saint-Exupéry, op.cit., p.22.
9
Xiao Man, op.cit., p.54.

24
号小行星。1
Liu : 我有充分的理由坚信,小王子那颗星球就是“B612 号小行星”。2
Huang : 我有充分的根据认为小王子来的那颗星球是小行星。3
Ces deux « sérieux » sont tous là pour faire emphase de la vérité et augmenter
la crédibilité de ce que l’auteur dit. Pour le premier exemple, Xiao Man l’a traduit
comme “严肃的”. En fait, en chinois “严肃的” est un adjectif pour décrire un air de
l’homme ou une atmosphère plutôt qu’une excuse.4 Ce n’est pas très convenable pour
qualifier le nom “ 理 由 ”. Au contraire la traduction de Zhou Kexi “ 很 认 真 的 ”
s’adapte mieux au contexte ainsi qu’au mot “ 理 由 ”. Liu Mingjiu l’a traduit
comme“正当的” qui manifestent la légitimité de l’excuse, c’est aussi mieux que celle
de Xiao Man. Pour la traduction de Huang Hong “ 很 充 分 的 ”, cet adjectif chinois
signifie “suffisant” et “assez de”. Si l’excuse donnée par l’auteur était assez pour
expliquer pourquoi il a dédié ce livre à une grande personne, il n’avait pas besoin
d’autres excuses. Mais en fait, il nous a donné trois excuses. De ce fait, ici “很充分
的” ne peut pas qualifier précisément “一个理由”. Dans l’exemple 2, Saint-Exupéry a
utilisé « sérieuses » pour qualifier « raisons », c’est pour vérifier sa supposition sur
l’origine du petit prince. La traduction de Xiao Man “重要的” met l’accent plutôt sur
l’importance. Elle manque d’une authenticité des raisons de l’auteur par rapport à la
traduction de Zhou Kexi “ 很 可 靠 的 ”. Liu Mingjiu et Huang Hong l’ont traduit
comme “充分的”. Dans cette phase, l’auteur a employé la forme plurielle. Cela veut
dire qu’il y a plusieurs raisons qui peuvent confirmer que le petit prince est venu de
l’astéroïde B612. De plus, l’adjectif “ 充 分 的 ” implique une crédibilité. Par
conséquent, c’est tout à fait raisonnable de traduire comme “充分的”.
En outre, le mot « sérieux » est apparu aussi à plusieurs reprises dans les

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.19.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.25.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.13.
4
Dictionnaire chinois moderne, éditée par le Bureau de rédaction de l'Institut des langues de
l'Académie des sciences sociales de Chine, Presse Commerciale,1983, p.634.

25
conversations du petit prince avec les adultes. Les compréhensions différentes pour ce
mot entre les enfants et les adultes se relèvent dans leurs dialogues. C’est aussi
totalement différente par rapport aux deux exemples ci-dessus. Citons des exemples :
Exemple 3 :
-Mais non! Mais non! Je ne crois rien! je répondu n’importe quoi. Je m’occupe,
moi, de choses sérieuses.1
Xiao : “不!不!我什么都不信!我是随便说的。我忙着呐,我,忙得是要
紧的事!”2
Zhou : “行了!行了!我什么也不认为!我只是随便说说。我正忙着干正
事呢!”3
Liu : “不,不,我什么都不信!我只是随便说说。我现在正忙着呢,我正
忙在要紧的事!”4
Huang : “不是,才不是呢!我啥也没以为!我随便答复你的,我正忙着呢,
我可有正经事要做!”5
Exemple 4 :
-…J’ai tellement de travail! Je suis sérieux, moi, je ne m’amuse pas à des
balivernes!…6
Xiao :“……我有那么多的事要做!我很严肃,我呀,我可没工夫说废话!……”
7

Zhou : “……我的工作太多了!我做的都是正事。我没有功夫闲聊!……”
8

Liu : “……我有这么繁重的业务!我,我这个人工作很认真,我可没有趣
说废话……”9

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.30.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.61.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.32.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.38.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.23.
6
Saint-Exupéry, op.cit., p.47.
7
Xiao Man, op.cit., p.73.
8
Zhou Keqi, op.cit., p.59.
9
Liu Mingjiu, op.cit., p.64.

26
Huang : “……我有那么多的工作!我是很正经的人,我可没有闲工夫跟你
聊天……”1
L’exemple 3 est la réponse de l’auteur pour la question des avantages des épines
des fleurs posées par le petit prince. À ce moment-là, l’auteur s’est concentré à réparer
le moteur de son avion et sur le fait que l’eau potable devient une denrée rare. Pour lui,
la chose sérieuse est de bien réparer le moteur d’avion le plus tôt possible. Xiao Man
et Liu Mingjiu l’ont traduit comme “要紧的”. Le caractère “要” signifie l’importance,
“紧” est de l’urgence. Exactement, la réparation d’avion est une chose importante et
urgente pour le pilote. C’est une question de vie ou de mort. Les traductions pour « de
choses sérieuses » de Zhou Kexi et de Huang Hong sont “正事” et “正经事”. Ici “正”
a le même sens que “正经”. Si on remonte à la signification originale de ce mot, “正
经 ” est l’abréviation de “ 正 式 的 经 书 ” (classiques formels confucéens). Le statut
noble et l’impact profond de ces classiques les rendent incomparables par rapport à
tous les autres classiques de l’histoire2. Aujourd’hui l’un des sens a évolué
progressivement pour qualifier un homme sérieux ou une chose sérieuse. Par
conséquent il n’y a aucun problème à traduire « de choses sérieuses » par “正事” ou
“正经事”.
Retournons dans le texte, après avoir entendu ce que le pilote disait, le petit
prince s'est mis en colère. Parlant de choses sérieuses, le pilote était comme le
monsieur cramoisi qui disait toujours qu’il était un homme sérieux. Citons les mots du
petit prince : « Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi…Et toute la
journée il répète comme toi : je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux !»3
Dans le chapitre XIII, l’auteur nous a raconté l’histoire de Monsieur cramoisi. De ce
fait, l’exemple 4 est étroitement lié à l’exemple 3. Le sens de « sérieux » de l’exemple
4 sont pareil que celui de « choses sérieuses ». Nous pouvons voir que Zhou Kexi et
Huang Hong ont continué d’utiliser les traductions précédentes. Cela maintient une

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.39.
2
http://www.360doc.com/content/15/1209/20/609179_519177894.shtml, consulté le 10 octobre,
2017.
3
Huang Hong, op.cit., p.208.

27
liaison du contexte. Pour les traductions de Xiao Man “严肃”et de Liu Mingjiu “很认
真 ”, il n’y a pas de problème pour le sens. Mais dans le texte, l’auteur a répété «
sérieux » à plusieurs reprises pour manifester la connotation de ce mot. Si on les
traduit de même façon, quand les lecteurs le lisent, ils vont remarquer l’intention
d’écriture de l’auteur, car la répétition peut produire un effet de renforcer le sens et
attirer l’attention des lecteurs.

2.2.3 La traduction des verbes : « montrer », « dire » et « répondre »

Pendant le processus de lecture, nous rencontrons des mots qui impliquent


souvent une certaine signification et laissent aux lecteurs (traducteurs) un espace à
imaginer et à interpréter. Cela va également créer des risques de sous-traduction1 ou
sur-traduction2. « Sans doute, toute traduction est quelque peu dangereuse par
l’intimité avec la pensée et l’écriture de l’autre qu’elle suppose, par le retrait du moi
qu’elle implique, par le contrôle et la censure de l’impulsion créatrice qu’elle exerce.
» 3
Donc dans Le Petit Prince, il existe aussi des mots qui ont des sens implicites.
Nous prendrons des verbes en exemple et voir comment ces traducteurs les ont traités.
Exemple 1 :
Et elle montrait naïvement ses quatre épines.4
Xiao : 于是她天真地显示她那四根刺。5
Zhou : 说着,她天真地让他看那四根刺。6
Liu : 说着,她亮出自己那四根刺。7

1
« Faute de traduction »qui consiste à omettre dans le « texte d’arivée »les « compensations », «
étoffements » « explicitations »qu’exige une « traduction idiomatique » et conforme au « sens »
attribué au « texte de départ » par le« traducteur ».
2
« Faute de traduction » qui consiste à traduire explicitement des éléments du « texte de départ »
qui devraient rester implicites dans le « texte d’arivée ».
3
Muguras Constantinescu, pour une lecture critique des traductions: réflexions et pratiques,
Paris : L’Harmattan, 2013, p.73.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.38.
5
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.66.
6
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.45.
7
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.50.

28
Huang :她天真地炫耀了一下她的四根刺。1
Exemple 2 :
« Approche-toi que je te vois mieux », lui dit le roi...2
Xiao : “你过来,好让我能更清楚地看看你,”国王对他说。3
Zhou : “你走近点,让我好好看看你,”国王说……4
Liu : “你走过来,好让我看清楚你。”国王对小王子说。5
Huang :“过来,让我好好看看你。”国王吩咐小王子。6
Exemple 3 :
Il ne comprit pas mon raisonnement, il me répondit...7
Xiao : 他不明白我的推理,他回答我说……8
Zhou : 他没明白我的思路,回答我说……9
Liu : 他不理解我的顾虑,回答说……10
Huang : 他没弄明白我的思路,反驳我说……11
Dans les trois exemples ci-dessus, nous soulignons trois verbes « montrer »,
« dire » et « répondre ». Nous considérons ces trois mots dans la plupart du temps
comme des mots neutres qui n’ont pas de couleur émotionnelle. Quand on voit ces
mots, les premières idées de ces traductions sont peut-être “展示”, “说”, “回答”. Mais
parfois, nous pouvons traduire ces mots de différentes façons selon le contexte
concrète.
Dans le premier exemple, le petit prince a exprimé son inquiétude de voir arriver
des bêtes qui vont blesser sa rose, elle lui a montré ses épines afin de le rassurer. Nous

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.30.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.39.
3
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.67.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.47.
5
Liu Mingjiu, op.cit., p.51.
6
Huang Hong, op.cit., p.31.
7
Saint-Exupéry, op.cit., p.79.
8
Xiao Man, op.cit., p.92
9
Zhou Keqi, op.cit., p.101.
10
Liu Mingjiu, op.cit., p.106.
11
Huang Hong, op.cit., p.68.

29
pouvons déduire de la conservation entre le petit prince et la rose, qu’elle était très
fière de ses quatre épines et qu’elle n’avait peur de rien même un tigre avec des
griffes. Lorsqu’elle lui a montré ses épines, elle le faisait avec un peu de vanité. Les
traductions de Xiao Man “显示”, de Zhou Keqi “让……看” et de Liu Mingjiu “亮出”
n’indiquent que l’action de « montrer ». Au contraire, Huang Hong l’a traduit comme
“ 炫 耀 ”, cela non seulement a exprimé l’action, mais a aussi impliqué le caractère
vaniteux de la rose.
La première planète où le petit prince est arrivé était habitée par un roi arbitraire
qui aimait toujours donner des ordres. Tous les hommes pour lui étaient ses sujets.
Dans l’exemple 2, le roi lui a parlé avec un ton impératif. Les trois premiers
traducteurs ci-dessus ont traduit « dire » comme “说” ou “对……说”. Et la traduction
de Huang Hong est “吩咐” dont la signification est de donner les ordres à quelqu’un.
C’est plus approprié au caractère du roi par rapport à celles des autres.
De même, pour l’exemple 3, Huang Hong a traduit « répondre » comme “反驳”
au lieu de “回答” de ces trois autres traducteurs. Dans cette partie, le pilote et le petit
prince ont parlé de la mort et de l’ami. L’auteur qui a craint de mourir de soif ne
s’intéressait pas l’histoire du renard, l’ami du petit prince, pourtant le petit bonhomme
a cru que c’était bien d’avoir eu un ami avant de mourir. Dans ce dialogue, il apparait
un désaccord entre eux. Ici le mot « répondre » a plutôt le sens de « répliquer », le
petit prince n’était pas d’accord avec l’homme. Ainsi nous pouvons comprendre la
raison pour laquelle Huang Hong l’a traduit comme “反驳”.
De ce trois exemples, nous voyons que les trois traducteurs sauf Huang Hong ont
généralement adopté les traductions plus littérales pour les verbes neutres. Mais
Huang Hong a utilisé des traductions qui peuvent bien représenter le caractère et
l’émotion du sujet ou de l’agent du verbe selon le contexte. C’est le plus important de
comprendre le contexte d’un mot qui indique ou une implique certaine signification.
Ainsi nous avons la possibilité d’éviter la sur-traduction ou la sous-traduction pour les
traducteurs dans le processus d’interprétation.

30
2.2.4 La traduction des propositions subordonnées

Comme nous avons déjà indiqué que Le Petit Prince appartient à la littérature
d’enfance, les paroles, les expressions et l’écriture sont simples et faciles à
comprendre. Cependant, ce qui nous mérite attention c’est la présence de propositions
subordonnées. Il existe des phases complexes avec des propositions subordonnées qui
sont conduites par le pronom relatif « qui » ou « que » dans le texte. Ce genre de
phrase est généralement à la fois plus long ou plus complexe. Mais en chinois, on
utilise rarement longues phases pour exprimer l’idée, surtout dans un livre pour
enfants. Alors quelles stratégies les quatre traducteurs ont adoptées -ils ? Nous citons
quelques exemples à voir ci-dessous.
Exemple 1 :
Le petit prince avait surveillé de très près de cette brindille qui ne ressemblait pas
aux autres brindilles.1
Xiao : 小王子曾经密切地注视着这株与众不同的嫩芽。2
Zhou : ……长出的嫩苗跟别的幼苗都不一样,小王子小心翼翼地观察着这
株幼苗。3
Liu : 小王子曾经密切注视过她的嫩芽,发现它的与众不同。4
Huang : 小王子一直留意着这株与众不同的小苗。5
Dans cette phrase, conduisant par le pronom relatif « qui », la proposition
subordonnée qualifie le nom « cette brindille » juste avant ce pronom. En observant
ces quatre traductions, nous pouvons les différencier en deux catégories selon la
structure des phrases. L’une est que la proposition subordonnée sont traduites en deux
propositions ponctuée par une virgule, comme les traductions de Zhou Kexi et de Liu

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.33.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.63.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.36.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.42.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.25.

31
Mingjiu ; l’autre est la présence d’un élément déterminant mis avant le mot « brindille
» pour le qualifier. Xiao Man, Liu Mingjiu et Huang Hong ont tous utilisé un même
mot “与众不同” comme la traduction de « qui ne ressemblait pas aux autres brindilles
». Mais Xiao et Huang ont ajouté un particule chinois “的” derrière “与众不同” qui le
fait devenir un déterminatif de « brindille ». Cela rend la traduction plus courte et plus
concise, en plus elle a aussi bien exprimé le sens de la proposition. Zhou a traduit
cette phrase en deux parties divisées par une virgule. Si on met toute la proposition
avant le “幼苗” (brindille), ce sera trop long pour une phrase chinoise, surtout dans la
littérature pour enfants. Il est plus raisonnable de la traduire en deux parties au cas où
la traduction de la proposition subordonnée est très lourde.
Exemple 2 :
Il était là, dressé vers le peit prince, un de ces serpents jaunes qui vous exécutent
en trente secondes.1
Xiao : 那是一条那种黄色的毒蛇,扬头朝着小王子,它可以在三十秒之内致
人于死地。2
Zhou : 只见一条半分钟就能叫人致命的黄蛇,昂然竖起身子对着小王子。3
Liu : 在我面前的是一条黄色的毒蛇。这种蛇奇毒无比,可在三十秒之内致
人于死地。它正翘着头朝向小王子。4
Huang : 就在那里,一条黄色的毒蛇直起身子对着小王子。这种蛇三十秒内
就能要了你的命。5
Dans cette phrase, la proposition subordonnée « vous exécutent en trente
secondes » conduite par le pronom « qui » qualifie « un de ces serpents jaunes ».
Parmi ces quatre traductions, selon les deux catégories de traduction de la proposition
subordonnée que nous avons classées ci-dessus, la version de Zhou Kexi (“一条半分

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.86.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.98.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.116.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.117.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.76.

32
钟就能叫人致命的”) appartient à la deuxième catégorie. Elle a été mise devant “黄
蛇 ” comme un élément déterminant. Les trois autres traducteurs ont la traduite en
deux clauses.
Si nous regardons cette phrase sans contexte, le sens des quatre traductions ne
pose pas de problème. Mais en réalité, lorsque les lecteurs lisent, ils les mettent dans
le contexte du livre. Voyons le contexte de la phase : au cours de la recherche du petit
prince, le pilote a trouvé qu’il parlait avec un serpent dangereux. Dans une telle
situation, l’homme devrait être très nerveux. En lisant ces traductions, la version de
Zhou Kexi et la plus courte. Le rythme court crée une atmosphère tendue et laisse les
lecteurs avoir presque la même expérience que le pilote. Quand on fait les critiques
des littératures, il faut comprendre le sens de la phrase sous le contexte du texte.
Exemple 3 :
Les seules montagnes qu’il eut jamais connues étaient les trois volcans qui lui
arrivaient au genou.1
Xiao :以前他见到过的唯一的山峦是那三座只及膝高的火山。2
Zhou : 他过去只见过那三座齐膝高的火山。3
Liu : 从前,他见过的山,只有他家乡那三座高不过膝的火山。4
Huang : 以前他见过的山,只有那三座及膝高的火山。5
Cette phrase qui ne semble pas très longue comporte deux propositions
subordonnées. L’une (« il eut jamais connues ») est conduite par « que », l’autre (« lui
arrivaient au genou ») est conduite par le pronom relatif « qui ». Voyons d’abord la
traduction de Xiao Man. Elle a traduit les deux propositions comme deux éléments
déterminant “见到过的”, “只及膝高的” et les a mis devant les noms « montagnes
»( “山峦” ) et « volcans »( “火山” ). En plus la traduction de « seules »( “唯一的” ),

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.65.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.84.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.86.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.88.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.57.

33
en ayant trois éléments déterminants qui ont le même suffixe “的” dans une phrase, la
traduction devient longue et perturbe le rythme de lecture. Comme l’écrivain et
l’éducateur taïwanais, Yu Guangzhong, l'a dit: « Si on ne contrôle pas l’utilisation de
“de ”(“的”), de sorte qu’il apparaît trop fréquemment. Ça conduira non seulement la
complexité d’écoute et de lecture, mais aussi à perturber le texte. »1 Dans les
traductions de Liu et Huang plus lisibles, ils ont ajouté une virgule pour séparer les
deux propositions. Alors, Zhou Kexi a ignoré la traduction de « montagnes » ce qui
rend la traduction plus concise.
Pour la proposition subordonnée, les traducteurs adoptent principalement deux
stratégies à traduire. Pour celles simples et courtes, ils les mettent devant le nom
qu’elles qualifient comme un élément déterminant. Pour celles plus complexes, ils les
divisent en deux phrases courtes pour que la traduction puisse être plus courant et
favorable à la lecture. Au cours de la traduction, en assurant la fidélité du sens original,
il faut encore faire attention à la relation entre la phase et le contexte ainsi qu’au
rythme du texte.
De ces quatre exemples ci-dessus, nous pouvons voir que les retraductions sont
améliorées de plus en plus. La vie du texte original est plongée grâce à ces
retraductions. De plus, au début de la première publication du Petit Prince, elle n’a
pas attiré beaucoup l’attention du peuple. Avec les apparitions des retraductions, cette
œuvre s’est fait connaître petit à petit par les lecteurs. En revanche, de plus en plus de
lecteurs apportent à des maisons d’éditions des opportunités d’affaires. Cela a entraîné
la prospérité de retraduction du Petit Prince sur le marché.

1
Yu Guangzhong, Sur l’abus de “de”, Sur la traduction, Société Chinoise d'Édition de
Traduction Étrangère, 2002, p.190.

34
Chapitre III Analyse de la traduction du Petit Prince de Li Jihong

Selon les informations disponibles, le livre étant entré dans le domaine public
depuis l’année 1995, le nombre des traductions chinoises a déjà atteint à plus de 200
jusqu’en 2016. Leurs versions différentes sur le marché est d’environ 5701. Parmi tant
de traductions du Petit Prince, quelle est la plus populaire et la meilleure vendue ? Le
21 octobre 2016, l’Institution de la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la
Jeunesse (FASEJ)2 a déclaré à Shanghaï que la version de Li Jihong publiée par la

Société de médias de culture Guomai3 est devenue la version chinoise la plus

populaire du monde, ce qui tient la première place du hit-parade de vente en Chine et


la troisième place à l’échelle mondiale. Sa traduction a été reconnue « officiellement »
par FASEJ comme la seule traduction en chinois simplifié en avril 20154. En
acquérant ces réputations, elle a reçu aussi beaucoup de critiques négatives. Nous
allons faire une recherche sur sa traduction ci-dessous.

3.1 Le traducteur Li Jihong et sa traduction du Petit Prince

Li Jihong est un jeune traducteur d’anglais né en 1980. Il est diplômé du


Département de sociologie de l'Université Sun Yat-Sen en 2003 et a commencé sa
carrière de traducteur depuis l’année 2007. Jusqu’à présent, il a traduit et publié plus
de 30 livres traduits dans les différents domaines qui sont la littérature, la philosophie,
l’économie et la théologie etc, dont la plupart sont traduites de l’anglais5. En janvier

1
Wuzi, La version du Petit Prince de Li Jihong qui ont des ventes cumulées de plus de 2000000
exemplaires devient le best-seller de la version chinoise du monde, China Publishing & Media
Journal (compte public de Wechat), le 21 octobre 2016.
2
Cette institution, sous l’égide de la Fondation de France, a été créée en 2008 par la famille de
l’auteur du Petit Prince et ses admirateurs du monde aéronautique et littéraire.
3
En chinois, 果麦文化传媒有限公司, une société crée par LU Jinbo en 2012 se consacre à la
publication de produits culturels sous la forme de multimédia dans le domaine de littérature,
d'histoire, de science et de religion.
4
Jiang Yan, Le Petit Prince provoque un cyclone sur “cette planète”, Beijng News, le 2 mai 2015.
Voir http://www.bjnews.com.cn/book/2015/05/02/362049.html, consulté le 5 novembre 2017,
consulté le 28 novembre 2017.
5
Voir https://site.douban.com/179084/, consulté le 5 novembre 2017.

35
2013, la Société de médias de culture Guomai a lancé une série de ses traductions, y
compris Le Vieil Homme et la Mer, Walden ou la Vie dans les bois, Gatsby le
Magnifique etc. Parmi ces traductions, il n’y a qu’un livre français qui nous intéresse
pour la rédaction de ce mémoire : Le Petit Prince. Au début des publications de ces
livres, on a écrit sur les couvertures: « la meilleure traduction jusqu’à présent ».
Notamment pour le Petit Prince, quand il était apparu sur le site Douban1 avant sa
publication, les points des internautes ont atteint à 9,3. Guomai a déclaré que cette
version avait corrigé plus de 200 erreurs des 56 autres traductions2. Mais peu après,
certaines internautes ont mis la vérité de la publicité en question. Le 9 janvier 2013,
He Jiawei, rédacteur du 99 Read ainsi que traducteur de français a publié un billet sur
Douban. Sur le billet, il a écrit: « Le slogan de ce livre ignore complètement les
traductions de traducteurs de français tels que Lin Xiuqing, Zhou Kexi, Ma
Zhencheng, Zheng Kelu et Huang Hong etc. »3 Il a appelé les internautes à donner à
la version de Li Jihong une étoile4. Pendant seulement une semaine, les points ont
dimunué à 3,7. Après la publication du Petit Prince le 16 janvier 2016, de plus en de
plus d’internautes qui avaient lu le livre ont répondu à son appel et ont participé au
boycott. Certains lecteurs émettaient des doutes sur le fait que la version de Li n’ait
pas été traduite du texte original comme il était un traducteur d’anglais. Face à des
doutes et des critiques négatives, le jeune traducteur ont répondu avec confiance : «
Pour le moment, il semble que ma traduction n'ait pas de défauts. La série de mes
traductions publiée par Guomai est particulièrement populaire. Cette série est
réimprimé presque tous les mois. J’aurais pu corriger les erreurs à tout moment, mais

1
Douban, lancé le 6 mars 2005, est un site chinois de services de réseautage social permettant aux
utilisateurs enregistrés d'enregistrer des informations et de créer des contenus liés aux films, livres,
musiques, événements récents et activités en chinois.
2
Li Fuying, “La meilleur traduction dans l’histoire” provoque des controverses, China Daily, le
28 janvier 2013. Voir http://www.chinadaily.com.cn/hqgj/jryw/2013-01-28/content_8148656.html,
consulté le 30 novembre, 2017.
3
Cui Hualin, He Jiawei: pourquoi j’ai lancé l’activité d’une étoile, China Writer, le 28 janvier
2013. http://www.chinawriter.com.cn/2013/2013-01-28/152984.html, consulté le 30 novembre
2017.
4
Sur le site Douban, les internautes peuvent juger d’un livre par le nombre des étoiles. Les
niveaux par un odre décroissant sont de cinq étoiles à une étoile.

36
à présent il n'y a pas de tel besoin1 ». Il a aussi déclaré plus tard que les controverses
étaient provoquées par certains traducteurs et éditeurs des éditions. À ceux qui ont
estimé qu’il a fait la traduction de la version anglaise, il a répliqué qu’il connaissait
l’anglais, le français et l’allemand et parmi ces trois langues, le niveau d’anglais est le
meilleur2.
Sur la déclaration de copyright que nous trouvons dans les dernières pages du
livre, le traducteur a indiqué: « Ce livre a été traduit selon la version du Petit Prince
publiée par des Éditions Gallimard en 2007. Dans le processus de traduction, on a fait
référence à la version anglaise de T.V.F. Cuff3, soit The Little Prince publiée en 2000
par Penguin Books, une maison d’éditions américaine. »4 Comme nous avons
mentionné dans le dernier paragraphe, Li Jihong connaît le français. Mais il est
incontestable qu’il s’est référé quand même à la version anglaise. Il s’agit d’une
catégorie de traduction que nous avons discuté dans le chapitre 1.3, celle traduite à
partir d’une traduction en langue tierce. On l’appelle aussi la traduction au carré ou la
traduction indirecte. « La traduction au carré ont une piètre réputation dans les études
traductologiques ».5 Li Jinjia a dit dans son étude sur les traductions de Liaozhaizhiyi.
Alors, est-ce que la traduction de Li Jinhong a rompu ce genre de réprobation pour la
traduction au carré et a réalisé ce qu’il a écrit dans la publicité qu’il a corrigé plus de
200 erreurs des 56 autres traductions ?

3.2 L’analyse sur des traductions indirectes dans Le Petit Prince de Li Jihong

Comme la traduction est influencée par de divers facteurs, y compris les facteurs
extérieurs tel que le contexte culturel et social, ceux intérieurs qui sont liés souvent
étroitement au traducteur comme leurs motivations et capacités de traduction etc, il

1
Shangguang Yun, Le traducteur, Li Jihong; Le Petit Prince est une œuvre classique avec une
structure complète, China News, le 13 mai 2015. Voir http://www:chinanews.com/cul/2015/05-13/
7273792.shtml, consulté le 1 décembre 2017.
2
Li Fuying, Li Jihong: Je ne suis pas une personne qui peut être calomniée, China Writer, le 29
janvier 2013. Voir http://www.chinawriter.com.cn/2013/2013-01-28/152983.html, consulté le 1
décembre 2017.
3
C’est une faute dans le livre, le traducteur s’appelle T.V.F. cuffe.
4
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple, 2016.
5
Li Jinjia, Le Liaozhaizhiyi en français(1880-2004), étude historique et critique des traductions,
Édition You Feng, 2009, p.123.

37
est inévitable de conduire des nuances, des écarts même des erreurs dans le processus
de traduction. Ainsi pour la traduction indirecte qui est faites à partir d’une langue
tierce, « elle s’écarte du texte original du même passage et de la même manière
qu’une traduction antérieure en langue tierce1 », voire commet des mêmes erreurs.
Citons des exemples de la traduction de Li.
D’abord, il s’agit de la traduction d’un nom de la personne. Dans la dédicace du
livre, l’auteur a indiqué : « à Léon Werth. »2 D’après la plupart des versions que nous
avons lues, presque tous les traducteurs l’ont traduit selon la prononciation française,
par exemple, les traductions des quatre traducteurs qu’on a mentionnées dans le
chapitre antérieur sont “雷昂·维尔特”(Xiao Man et Liu Mingjiu)3, ”莱翁·维尔特”
(Zhou Kexi)4, ”雷翁·维尔特”(Huang Hong)5. Pourtant Li Jihong l’a traduit selon
la prononciation anglaise comme “里翁·沃斯6”.
Voyons un exemple dans le texte qui se réfère à la traduction anglais :
J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan.7
Traduction anglaise : I was more isolated than a shipwrecked sailor on the raft in
a middle of the ocean.8
Traduction de Li Jihong (ci-après dénommé « Li » ) : 我简直比茫茫大海中遭
遇海难的水手更加孤立无援。9

1
Li Jinjia, Le Liaozhaizhiyi en français(1880-2004), étude historique et critique des traductions,
Édition You Feng, 2009, p.119.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.9.
3
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.46. Et
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Liu Mingjiu, Beijing : Édition Jincheng,
2011, p.11.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.1.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.3.
6
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple,
2013, p.2.
7
Saint-Exupéry, op.cit., p.13.
8
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par T.V.F.Cuffe, London : Penguin Books,
2000, p.8.
9
Li Jihong, op.cit., p.7.

38
Dans le deuxième chapitre du livre, nous savons que le pilote était obligé
d’atterrir dans le désert. Ce qui attire notre attention est la traduction du mot « un
naufragé ». Nous trouvons que l’explication de ce mot dans le dictionnaire est la «
personne qui a fait naufrage1 ». La « personne » ici peut indiquer tout être humain au
lieu de ne qu’être un marin qui a subi un naufrage. Pourquoi Li a fait une telle
traduction qui s’est écartée du texte original ? Nous pouvons trouver la réponse dans
la version anglaise, le traducteur d’anglais a traduit « un naufragé » comme «
shipwrecked sailor2 » dont le sens chinois est “ 遭 遇 海 难 的 水 手 ”. De ce fait, le
traducteur chinois qui a fait une référence à la version anglaise ont limité le sens d’«
un naufragé ».
Citons un autre exemple :
Où est-ce « chez toi » ?3
Traduction anglaise : What is this “where I live,” of which you speak?4
Li : 你刚才提到的“我住的地方”在哪里呀?5
C’est une question posée par le pilote au petit prince dans le chapitre III du livre.
En comparant la traduction de Li Jihong, nous pouvons voir que Li a changé « chez
toi » en « chez moi » et a ajouté “ 你 刚 才 提 到 的 ” qui n’existe pas dans le texte
original. Ces deux points correspondent exactement à la même phrase dans la version
anglaise. Le traducteur d’anglaise était obligé d’ajouter une proposition dernière «
where I live » pour éviter de provoquer un sens ambigu. En effet, cette phrase dans
l’original s'exprime très clairement. Elle est l’une des trois questions posées par le
pilote. L’auteur a utilisé trois interrogations courtes pour manifester la forte curiosité
de l’homme à connaître les mystères sur le petit prince. « D’où viens-tu, mon petit
bonhomme ? Où est-ce “chez toi” ? Où veux-tu emporter mon mouton ?»6 Poutant

1
Voir http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/naufragé/53908 ?q=naufragé#53553, consulté
le 5 décembre 2017.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par T.V.F.Cuffe, London : Penguin Books,
2000, p.8.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.18.
4
T.V.F.Cuffe, op.cit., p.13.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple,
2013, p.17.
6
Saint-Exupéry, op.cit., p.18.

39
les éléments ajoutés dans la traduction anglaise et celle de Li qui mettent la phrase
plus longue brisent le rythme pressé de trois interrogations et réduit la forte curiosité
du pilote. Dans ce contexte, il faut mieux garder la structure de la phrase originale.
Nous pouvons trouver pas mal d’exemples qui sont traduits de la version
anglaise. Par exemple, dans le chapitre XIX du livre, le petit prince est tombé dans la
Terre et est monté en haut d’une montagne, « Mais il n’aperçut rien que des aiguilles
de roc bien aiguillées1 ». Nous voyons dans la traduction anglaise, le traducteur a
ajouté une métaphore qu’il n’y avait pas dans l’orignal dans sa traduction : « But he
saw nothing, save picks of rock that were sharpened like needles. »2 Alors, dans la
traduction de Li Jihong qui était fondé sur la traduction anglaise, il apparaît aussi une
métaphore “但他只看见许多石头山的峰顶,像铁针那样尖尖的3”.
Ce genre d’erreurs, sont aussi appelées les « erreurs héréditaires4 ». Comme Li
Jihong a admis qu’il a utilisé à la fois la version française et la traduction anglaise
pour référence dans le processus de traduire, nous avons trouvé ces erreurs dans la
version anglaise qui sont commises encore une fois dans la nouvelle traduction.
Même si Li Jihong a déclaré qu’il connaît le français, il a commis quand même ces
erreurs. La raison pour laquelle nous citons ces exemples n’est pas seulement pour
critiquer les erreurs. Quand un traducteur qui fait une traduction à partir d’une version
en langue tierce, pour ceux qui ne connaissent que la langue tierce et ne peuvent pas
revenir au texte original pour effectuer des vérifications, ils lisent et traduisent
seulement selon le texte qu’il comprend, cela va conduire des erreurs héréditaires.
Comme nous avons mentionné dans le premier chapitre, parmi plus de 200
traductions du Petit Prince, il y en a beaucoup qui sont traduites à partir d’une autre
langue, dont la plupart sont de la traduction anglaise. De ces analyses que nous avons
faites, on voit que dans la traduction anglaise qui existent beaucoup d’écarts ou

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.65.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par T.V.F.Cuffe, London : Penguin Books,
2000, p.62.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple,
2013, p.84.
4
Li Jinjia, Le Liaozhaizhiyi en français(1880-2004), étude historique et critique des traductions,
Édition You Feng, 2009, p.121.

40
d’erreurs par rapport à l’original. En tant que traduction, elle est une compréhension
et une façon d’interprétation d’un traducteur pour le texte original. C’est impossible
d’avoir une traduction parfaite qui explique ou interprète complètement et exactement
l’original et qui est équivalente totalement à l’original. Quand on fait une nouvelle
traduction selon une autre traduction, le traducteur va faire une nouvelle interprétation
sur la base de la traduction précédente. Cela va peut-être conduire une traduction qui
s’écarte de plus loin du texte original et qui est difficile d’exprimer le sens original.

3.3 Est-il la meilleure traduction du Petit Prince ?

D’après les statistiques, parmi toutes les versions chinoises, la version du Petit
Prince de Li Jihong publiée par Guomai est devenue le livre qui a la meilleure vente
en Chine1. Est-ce qu’elle peut être prise pour la meilleure traduction d’aujourd’hui
dite dans la publicité ? En analysant sa traduction, à part les erreurs héréditaires, nous
pouvons trouver des endroits où il a fait une sous-traduction ou sur-traduction dont les
sens sont différents que ceux du texte ou l’intention de l’auteur.
Exemple 1 :
« Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que
j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe. Puisque c’est elle que j’ai
abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou
trois pour les papillons). Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter,
ou même quelquefois se taire. »2
Li : “但她比你们全部加起来还重要,因为我给她浇过水。因为我给她盖过玻
璃罩。因为我为她挡过风。因为我为她消灭过毛毛虫(但留了两三条活口,好让
它们变成蝴蝶),因为我倾听过她的抱怨和吹嘘,甚至有时候也倾听她的沉默。”3
Dans ce paragraphe prononcé par le petit prince, ce qui est particulier est que
l’auteur a utilisé cinq emphatiques qui sont toutes commencés par « puisque c’est elle

1
Wuzi, La version du Petit Prince de Li Jihong qui ont des ventes cumulées de plus de 2000000
exemplaires devient le best-seller de la version chinoise du monde, China Publishing & Media
Journal (compte publice de Wechat), le 21 octobre 2016.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.74.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple,
2013, p.95.

41
que… ». Li Jihong les a traduits comme “因为我给她……”, “因为我为她……” et
“ 因 为 我 … … ”, qui ont négligé l’élément emphatique du texte original. En fait,
voyons le contexte, le petit prince adresse ces paroles aux cinq mille roses dans un
seul jardin après avoir compris la signification spéciale de sa rose pour lui à l’aide du
renard. Parce qu’elle est la fleur unique pour laquelle il a perdu son temps. L’auteur a
mis « elle » entre « c’est…que » pour souligner l’importance de la rose qui est unique
du monde plutôt n’importe quelle autre fleur du jardin. En lisant l’original, les
lecteurs peuvent mieux sentir la particularité de la rose pour le petit prince ainsi que
son amour pour sa rose. Pourtant, dans la traduction de Li Jihong, par rapport au texte
original qui utilisent une série de la structure emphatique, il manque un sentiment fort
du petit prince pour sa rose lorsqu’il a parlé aux antres roses.
Exemple 2 :
C’est là un bien grand mystère. Pour vous qui aimez aussi le petit prince, comme
pour moi, rien de l’univers n’est semblable si quelque part, on ne sait où, un mouton
que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose…1
Li : 这真是个伟大的谜题。因为在某个我们不知道的地方,有只我们从来没
遇到过的绵羊,它有没有把一朵玫瑰花吃掉,会影响到同样热爱小王子的你和我
对整个宇宙的看法……2
Dans le dernier chapitre du livre, l’auteur veut exprimer que pour ceux qui
aiment le petit prince comme lui, rien n’est semblable dans l’univers en raison d’un
certain mouton. Quand on est convaincu que la rose n’est pas mangée par le mouton,
« toutes les étoiles rient doucement ». Au contraire, « les grelots se changent tous en
larmes ». Regardons la traduction de Li, il a traduit « rien de l’univers n’est semblable
» comme “……会影响到……对整个宇宙的看法” au lieu de le traduire mot à mot.
Mais il semble que cette traduction soit un peu ambiguë par rapport à l’original, car
l’expression “ 影 响 到 … … 对 整 个 宇 宙 的 看 法 ”(c’est-à-dire littéralement va
influencer l’opinion envers l’univers) est une expression générale qui peut comporter

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.95.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple,
2013, p.119.

42
des aspects différents. Cependant, dans le texte, l’auteur a indiqué précisément et
clairement que « rien de l’univers n’est semblable ». L’émotion exprimée par la forme
négative absolue « rien… n’est semblable » est beaucoup plus forte que “ 影 响 ”
(influencer). De ce fait , l’émotion de la traduction de Li est beaucoup plus faible que
la phase originale.
Exemple 3 :
Cette histoire de griffes qui m’avait tellement agacé, eût dû m’attendrir.1
Li : 那几句关于虎爪的胡话让我很生气,但她其实在撒娇,希望我能怜惜她。
2

Dans cette phase, il existe deux actions principales, l’une est « agacer », l’autre
« attendrir ». Mais dans la traduction de Li Jihong, il a ajouté une nouvelle partie qui
n’existe pas dans l’original, soit “但她其实在撒娇”. Il semble que cette partie ajoutée
est pour nous expliquer comment elle attendrit le petit prince à travers une histoire de
griffes. Pourtant, cette traduction nous fait réfléchir deux questions. Premièrement,
est-ce que c’est une façon de “撒娇” quand elle a dit cette histoire au petit prince ?
Deuxièmement, la rose veut-elle l’attendrir par la façon de “撒娇” ? En fait, chacun a
son idée. Certains peut-être pensent que c’est une rose délicate qui a peur du courant
d’air et des bêtes. Elle veut gagner l’attendrissement du petit prince par l’histoire de
griffes. Contrairement, aux yeux des autres, la rose est orgueilleuse et vaniteuse qui
veut attirer l’attention et l’affection du petit prince de manière stupide plutôt que la
façon de “撒娇”. Pourtant, la traduction de Li qui propose une possibilité très précise
limite l’imagination et la création des lecteurs sur l’action de la rose.
Exemple 4 :
Original : J’eus un geste de lassitude.3
Li : 我无可奈何的耸耸肩。4
La provision d’eau du pilote s’est épuisée, il a été obligé de chercher de l’eau à

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.35.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple,
2013, p.44.
3
Saint-Exupéry, op.cit., p.79.
4
Li Jihong, op.cit., p.102.

43
boire. Mais c’était absurde de trouver de l’eau dans un désert. Par conséquent quand
le petit prince lui a demandé de chercher un puits, il a fait « un geste de lassitude ».
Dans cette phase, l’auteur n’a pas indiqué clairement de quel genre de geste il s’agit.
Ce sera peut-être un geste avec les mains, avec la tête ou avec les épaules etc. Mais le
traducteur Li Jihong a été convaincu que c’était de hausser les épaules. Cette
traduction trop précise limite complètement l’imagination des lecteurs. Par exemple,
si on l’adapte au film, l’acteur agira de différentes façons au lieu de hausser seulement
ses épaules à jouer ce « geste de lassitude ». De plus, le mot « lassitude » n’est pas
exactement comme la traduction de Li “无可奈何的”. Il manifeste l’activité mentale
du pilote dans ce cas-là, c’était un état de fatigue, d’ennui ou de décourage. Ici,
l’interprétation du traducteur est un peu trop concentrée sur une seule émotion.
Qu’importe la sous-traduction ou la sur-traduction, il s’agit d’un espace
d’interprétation de la traduction. Il est indéniable que l’interprétation du texte possède
une subjectivité du traducteur. Chaque traducteur a sa propre capacité d’appréciation,
ses propres expériences sociales et ses connaissances générales etc. Tout cela va
conduire à des diverses traductions, surtout quand le traducteur rencontre un texte qui
implique un sens implicite ou laisse les lecteurs un espace d’imagination. Ce qui
donne l’espace d’interprétation pour la traduction d’une part peut également
provoquer des écarts même des malentendus. Comme nous avons analysons les trois
exemples de la version de Li Jihong ci-dessus, la sous-traduction et la sur-traduction
exercent un effet pour la qualité d’une traduction qui va affecter l’expérience de
lecture pour les lecteurs chinois. Un écrivain chinois qui écrit la littérature pour
enfants a dit après sa lecture du Petit Prince que ce livre ne méritait pas sa réputation.
Cependant, après avoir lu une autre traduction publiée par Éditions Yiwen de
Shanghai, il a perçu et a compris la beauté et l’essentiel du texte original1. Cette
histoire d'écrivain nous montre l’importance de la qualité d’une traduction pour un
livre étranger. Une traduction de qualité donne non seulement aux lecteurs une bonne
expérience de lecture, mais aussi aide à la diffusion du roman original. Au contraire ce

1
Voir Xu Jun et Song Xuezhi, Traduction et réception de la littérature française du XXe siècle en
Chine, Hubei : Édition d’Éducation, 2007, p.365.

44
qui ne peut pas bien exprimer la pensée et l’esprit de l’original, va consuire des
malentendus pour les lecteurs. Les lecteurs ne peuvent pas apprécier le charme de
l’original à travers une mauvaise traduction.
Dans la version de Li Jihong, à part ces sur-traduction et sous-traduction, nous
découvrons aussi des contresens ou des oublis qui pourraient créer des malentendus
du texte.
Exemple 1 :
« Les hommes de chez toi, dit le petit prince, cultivent cinq mille roses dans un
même jardin…Mais ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent…
- Ils ne le trouvent pas, répondit-je…
- Et cependant ce qu’ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose ou un
peu d’eau…
- Bien sûr » répondit-je.1
Li : “你这里的人,”小王子说,“会在花园里种五千株玫瑰……却找不到
他们想要的东西。”
“他们并没有去找,”我回答说……
“然而他们要寻找的东西,也许就藏在一朵玫瑰或者一点清水之中……”
“是啊,”我回答说。2
C’est un dialogue entre le pilote et le petit prince au sujet des choses que les gens
cherchent et de ce qu’ils pourraient trouver. Le traducteur a traduit la première
réponse du pilote comme “ 他 们 并 没 有 去 找 ”. Ces deux mots « trouver » et «
rechercher » ont le sens commun de “找”. L’une des différences importantes entre eux
est que le mot « trouver » est le résultat de découvrir alors que « rechercher » est
l’action. Dans la traduction de Li Jihong, il a confondu ces deux concepts “ 去
找”(action) et “找到”(trouver). En réalité, dans le chapitre XXII du livre où le petit
prince a rencontré l’aiguilleur, l’auteur a indiqué que les gens qui cherchent toujours
et n’étaient pas content là où ils sont, pourtant ils ne savent jamais ce qu’ils cherchent

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.83.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple,
2013, p.106.

45
et ne trouvent jamais. La meilleure traduction doit être “找不到”, un résultat, au lieu
d’une action “不去找”. Parce qu’ils sont toujours en train de chercher.
Exemple 2 :
Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre. C’est tellement mustérieux, le
pays des larmes.1
Li : 我不知道如何才能接近和抵达……这是个神秘的地方,这片眼泪的土
2
地。
Le petit prince s’inquiète de sa rose qui est en train de risquer d’être mangée par
les bêtes, alors que le pilote ne se concentre sur que son avion. Le bonhomme se fâche
contre lui et pleure pour sa rose. Mais le pilote ne sait pas comment le consoler. Dans
cette phrase, les deux pronoms personnels « l’ » et « le » réfèrent au petit prince. Le
pilote ne comprend pas comment atteindre et où rejoindre à son bonhomme. Dans la
traduction de Li Jihong, « atteindre » et « rejoindre » sont devenus “接近” et “抵达”.
Il a remplacé ces deux pronoms personnels par des points de suspension. Analysons
soigneusement cette traduction, elle n’est même pas une phrase complète, parce
qu’elle manque un complément d’objet après les deux verbes “接近” et “抵达”. Une
autre possibilité est que le traducteur a cru que le pronom « le » indiquait « le pays des
larmes ». Il a traduit comme ceux-là pour s’accorder à la phrase suivante. Mais peu
importe laquelle possibilité, sa traduction est un contresens qui rend les lecteurs
perdus.
Tant que nous comparons la traduction de Li Jihong avec l’original, nous allons y
découvrir beaucoup de contresens. Citons encore quelques exemples. D’abord, dans le
chapitre VIII où il raconte l’histoire de la rose, l’auteur a traduit le mot « coquelicot »
comme “ 罂 粟 花 3”. En consultant les informations, nous apprenons que le «
coquelicot » est l’un des divers genres de “ 罂 粟 花 ”4. Si on le traduit directement
comme “ 罂 粟 花 ”, pour la plupart des lecteurs chinois, ils se rappellent peut-être

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.32.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple,
2013, p.37.
3
Ibid., p.38.
4
Voir http://www.cvh.ac.cn/frps/Papaver%20rhoeas, consulté le 12 décembre 2017.

46
premièrement une composition principale de l’opium plutôt que d’une fleur fripée.
Dans le même chapitre, « Je ne suis pas une herbe, avait doucement répondu la fleur ».
Le traducteur a traduit « doucement répondu » comme “ 娇 滴 滴 地 说 1”. L’adverbe
« doucement » est pour décrire l’état de la rose qui parle en voix basse. La rose est à
la fois vaniteuse et fière de ses épines avec lesquelles elle ne craint même pas le tigre.
Elle réplique au petit prince qu’elle n’est pas une herbe. Le mot “娇滴滴” nous donne
l’impression que c’est une rose minaudière. Au contraire, c’est une rose orgueilleuse
et têtue. Bien que le petit prince veuille partir, elle ne lui demande de rester. Nous
pouvons supposer que la rose ne va pas lui parler d’une façon minaudière (“娇滴滴”).
D’ailleurs, nous pouvons trouver de petites fautes ou des oublis partout dans sa
traduction. Par exemple, l’« astéroïde 3252 » est devenu “ 第 3251 号 小 行 星 3”; «
chercher une occupation4 » est traduite comme “找到合适的职业 5”, alors que le but
du petit prince qui visite d’autres planètes n’est pas pour trouver un travail; le «
mouchoir à carreaux rouges6 » est transformé en “红手帕7” etc.
Après avoir analysé la traduction de Li Jihong, nous pouvons savoir si sa version
est la meilleure ou pas. Devant des doutes de certains lecteurs sur le titre de “la
meilleure version”, Li Jihong a répondu dans une interview de Jounal du soir de
Shenzhen : « Pendant le processus de traduction du Petit Prince, j’ai vu un grand
nombre de livres et d’essais, je travaillais tous les jours de six heures à vingt-trois
heures, peu de gens peuvent se lancer dans tel travail comme moi. Pour la série que je
traduis, y compris Le Petit Prince, Le Vieil Homme et la Mer etc, j'ai écrit un guide du
lecteur pour chaque livre, ainsi qu'un certain nombre de notes. Il est prouvé que ma
traduction possède une bonne qualité, peu importe qu’il s’agisse du marché ou dans le
domaine de recherche. »8 Cependant, le fait est que la quantité de ventes sur le

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Li Jihong, Tianjing : Édition du Peuple,
2013, p.41.
2
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.20.
3
Li Jihong, op.cit., p.20.
4
Saint-Exupéry, op.cit., p.38.
5
Li Jihong, op.cit., p.49.
6
Saint-Exupéry, op.cit., p.52.
7
Li Jihong, op.cit., p.68.
8
Li Fuying, Li Jihong: Je ne suis pas un homme qui peut être calomniée ,le 28 janvier 2013.

47
marché ne peut pas prouver la qualité d’une traduction. Bien qu’il ait fait tant
d’efforts, ce que nous devons reconnaître est tout ce qui ne peut pas devenir le critère
d’une traduction de qualité. Nous pouvons le confirmer grâce aux analyses ci-dessus.
Ces dernières années, de plus en plus de versions du Petit Prince apparaissent sur
le marché. Pour occuper une place favorable dans la concurrence, le Groupe Guomai
a fait une publicité sous le titre de « la meilleure version à ce jour » qui a réussi à
attirer l'attention des lecteurs, mais qui a aussi suscité des critiques négatives des
lecteurs. Comment considérons-nous le phénomène de la traduction indirecte
aujourd’hui ?

48
Chapitre IV Réflexions sur le phénomène de la retraduction du Petit

Prince

Depuis la parution du Petit Prince en 1943, ce conte est connu par de plus en
plus de lecteurs dans le monde entier. D’abord on ne peut pas nier le charme de ce
livre qui a rencontré un tel succès. Parce que pour un livre qui n’a pas de valeur ni de
signification, il sera bientôt oublié par les gens. Par contre, après presque 75 ans de sa
publication, le livre de moins de 100 pages est toujours vivante sur le marché. Comme
l’écrivain italien et philosophe, Italo Calvino le dit : « Les classiques sont ceux qui
entendent souvent les gens dire : ‹ je suis en train de relire ›, pas ‹ je lis ›1 ». Selon
cette définition, Le Petit Prince peut être classé dans la série des classiques. Il est
diffusé et recommandé sans cesse par des médias. Citons pour illustrer cela, un
commentaire prononcé par le Figaro. « Le Petit Prince de Saint-Exupéry paraît à
chaque lecture s'enrichir de significations inédites qui trouvent toujours échos dans les
consciences. »2
Dans le processus de diffusion du livre, la traduction joue un grand rôle. Grâce à
la traduction, le livre peut être lu par les gens qui parlent différentes langues au monde.
Grâce à la retraduction, la vie du livre peut être prolongée. Dans ce chapitre, nous
parlons des réflexions sur la retraduction après avoir fait des recherches descriptives
et comparatives. De ce fait, nous allons dans un premier temps réfléchir la nécessité
de la retraduction. Nous allons dans un deuxième temps analyser le phénomène de la
traduction indirecte et celui de “han yi han”. Ces phénomènes nous provoquent des
réflexions sur l’éthique du traducteur. Dernièrement nous reviendront sur Le Petit
Prince. En tant que livre qui a une grande quantité de version à présent, y a-t-il encore
besoin de retraduire considérablement même aveuglément pour cette oeuvre ?

1
Italo Calvino, Pourquoi lire les classques, traduit par Li Guimi, Édition Yilin, 2015, p.1.
2
Laurence Vanin, Derrière Le Petit Prince, une leçon de philosophie, Le Figaro, le 29 juillet
2015. http://www.lefigaro.fr/vox/culture/2015/07/29/31006-29150729ARTFIG00277-derriere-le-p
etit-prince-une-lecon-de-philosophie.php, consulté le 16 decembre 2017.

49
4.1 La nécessité de la retraduction

Comme on a déjà une traduction d’une œuvre, est-il nécessaire de dépenser du


temps et de l’argent pour faire la retraduction ? Pour cette question, Antoine Berman a
rédigé un article affirmant la nécessité de retraduire. Dans le texte, il a indiqué :
« Il faut retraduire parce que les traductions vieillissent, parce qu’aucune est la
traduction : par où l’on voit que traduire est une activité soumise au temps, et une
activité qui possède une temporalité propre : celle de la caducité et de
l’inachèvement.1 »
Dans le paragraphe référencé ci-dessous, Antoine Berman a mentionné la «
temporalité » de la traduction. Quand la traduction vieillit, elle « ne joue plus un rôle
de révélation et de communication des œuvres2. » Cela nous rappelle l’historicité de la
traduction dont nous avons parlé dans le chapitre II. Prenons l’exemple du Petit
Prince. Premièrement, en ce qui concerne la compréhension du texte original, en
raison de différents contextes historiques dans lesquels les traducteurs se trouvent, ils
ont, pour un même livre, leurs propres compréhensions et interprétations influencées
par les contextes sociaux à l’époque. La traduction de Xiao Man (publiée en 1979) est
apparue juste après la fin de la Grande Révolution culturelle. Nous pouvons trouver
dans le préface que la traduction fut influencée par la situation sociale à l’époque. La
traductrice voulait révéler aux lecteurs le côté obscur et nuisible du capitalisme. Mais
avec le développement de la société, l’interprétation et la traduction minimise ou
plutôt ne considère plus le sens politique du livre, ce à quoi ils donnent plus
d'attention, sont l'implication philosophique et l'attitude envers l'amitié et l'amour dans
le conte. Et les lecteurs présentes ont besoin d’autres angles à lire cette histoire.
Deuxièmement, du point de vue de la langue, la langue n’est pas immuable, elle se
développe. Dans la traduction de Xiao Man, il y a des expressions qui ne sont plus
utilisées dans la langue contemporaine. Par exemple, ce que nous avons cité dans le

1
Antoine Berman, La reraduction comme espace de la traduction, Palimpsestes [en ligne], avril
1990, mis en ligne le 22 décembre 2010. Voir http://palimpsestes.revues.org/596, consulté le 17
décembre 2017.
2
Ibid..

50
texte précédent, “游星” remplacé souvent par “行星”, “显像” par “现象”. Prenons
d’autres exemples. Dans la traduction de Xiao Man, il apparait souvent des phases
finies avec l’interjection “罗 ”, par exemple “ 当然 罗”, “那肯定 就是 有 用的罗 ”1.
Mais à présent, on utilise l’interjection “ 啰 ” au lieu de “ 罗 ”. De plus, l’expression
“象……”, par exemple celle dans la traduction “你们和我的玫瑰一点也不象”2, est
remplacée aujourd’hui par “像……”. Nous pouvons voir des exemples cités ci-dessus
que l’historicité et la temporalité fait vieillir une traduction. Par conséquent, il faut le
retraduire à se conformer au contexte contemporain et à la langue actuelle.
« La retraduction comme espace de la traduction ». Berman a expliqué que
l’« espace » est l’« espace d’accomplissement ». Il a exprimé de plus :
« Dans ce domaine d’essentiel inaccomplissement qui caractérise la traduction,
c’est seulement aux retraductions qui l’incombe d’atteindre de temps en temps
l’accompli. »3
Cela veut dire que les retraductions améliorent les traductions antérieures. Dans
les traductions précédentes, il existe toujours des mots mal traduits, par exemple la
sur-traduction et la sous-traduction, même des erreurs etc, à cause d’une variété de
facteurs. Alors, l’apparition des retraductions perfectionne peut-être les traductions
mal exprimées. À travers les comparaisons des quatre traductions du Petit Prince, ce
que nous pouvons voir c’est des progrès dans ces trois retraductions. Tout d’abord,
c’est l’enrichissement du para-texte de leurs traductions. Ce dont nous allons parler
est principalement la préface et les informations périphériques. Il n’y a qu’une préface
d’une et demi page rédigée par Xiao Man dans la première traduction. Les lecteurs
trouvent très peu d’informations sur l’auteur et le livre. Dans la version de Huang
Hong, à part la préface, nous pouvons aussi avoir des informations sur la vie de
l’auteur et du livre et le texte sur le processus de sa traduction. Dans la version de Liu
Mingjiu publiée par l’Éditions Haitian, il a ajouté des illustrations qui sont peintes par

1
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.74, p.76.
2
Ibid., p.89.
3
Antoine Berman, La reraduction comme espace de la traduction, Palimpsestes[en ligne], avril
1990, mis en ligne le 22 décembre 2010, voir http://palimpsestes.revues.org/596, consulté le 17
décembre 2017.

51
sa petite-fille. Les lectures de ces para-textes peuvent non seulement aider aux
lecteurs à mieux comprendre l’œuvre et la traduction, mais aussi réduire la distance
parmi les lecteurs, l’auteur et le traducteur. Deuxièmement, nous pouvons apprendre
que les retraductions s’améliorent beaucoup. Elles corrigent des expressions mal
exprimées en chinois comme “地理学为我很好的服务了”et “咳两三声嗽”1, ainsi
que des erreurs comme “法国很需要安慰”2.
Ces retraductions possèdent leurs propres particularités. Dans la préface de la
version de Zhou Kexi publiée en 2009, on peut apprendre qu’il modifie souvent sa
traduction et qu’il fait attention aux traductions des mots pour les rapprocher du texte
original, par exemple la traduction du mot « apprivoiser ». Prenons un autre exemple,
la traduction du mot « discipline3 » dans le chapitre V du livre. Il a utilisé “立规矩”4,
une expression plus orale au lieu de “ 纪 律 ”, le sens littéral du mot « discipline ».
Mais dans la version publiée plus récemment, il l’a remplacé par “严格的约束”5. Car
pour le petit prince, il est obligé d’arracher les arbustes des baobabs dans la matinée,
sinon sa planète sera encombrée par des baobabs. Cette expression peut mieux
exprimer la nécessité et l’urgence d’attacher les baobabs. De ce fait, la traduction de
Zhou Kexi est précise et fidèle au sens de l’original. En ce qui concerne la traduction
de Huang Hong, elle est plus orale. La traductrice utilise des expressions dans le
dialecte chinois comme “压根儿”, “玩意儿”, “稀巴烂”6, ceux qui rendent le texte
plus intéressant et lisible pour les lecteurs chinois. En 2015, l’Édition d’Éducation du
Peuple de Shanxi a fait paraître la version pop-up traduite par Huang Hong qui attire
les lecteurs à acheter et collectionner7. D’ailleurs, les illustrations peintes par Emma
Liu est une grande particularité de la version de Liu Mingjiu. Grâce à ces

1
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2012, p.31.
2
Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Xiao Man, World Literature, 1979 (3), p.46, p.48.
3
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999, p.26.
4
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2001, p.22.
5
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Zhou Keqi, Shanghai : Édition Yiwen,
2010, p.27.
6
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Beijing : Édition d’Écivain,
2015, p.9, p.10, p.23, p.29.
7
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, traduit par Huang Hong, Shanxi : Édition
d’Éducation du Peuple, 2015.

52
retraductions de qualité, Le Petit Prince acquiert de plus en plus de lecteurs en Chine
après la publication de la première traduction.
Avec l’exemple du Petit Prince, nous pouvons approfondir les connaissances de
la nécessité de la retraduction. Le processus de la traduction est dynamique et
historique. Les traducteurs doivent faire la retraduction d’un point de vue développé.
De plus, ses apparitions de qualité s’améliorent beaucoup dans le domaine de
traduction ainsi que de ses para-textes. Nous pouvons voir que la retraduction
promeut la diffusion du livre et aussi prolongent la vie de l’œuvre dans la langue
cible.

4.2 La traduction indirecte et "han yi han" (la traduction de plagiat)

Parmi des centaines de versions chinoises du Petit Prince, on a des traductions


qui sont traduites à partir d’un texte en langue tierce, dont la majorité sont traduites du
texte anglais. On a publié des versions qui ont des traductions avec texte anglais en
regard. Nous pouvons même voir dans certaines couvertures des livres ou sur des sites
internet qui vendent ces livres en tant que : version originale anglaise. Cela fait
considérer les lecteurs qui ne connaissent pas l’original, que le texte anglais est le
texte original. Pour une autre catégorie de traduction : "han yi han" qui est fait par des
moyens de plagiat et d’assemblage des mots, comment apparaît-elle ? Quelles sont les
influences de son apparition sur la diffusion de l’œuvre ? Comment on traite ces deux
traductions particulières ?

4.2.1 La traduction indirecte

Dans l’histoire de la traduction occidentale, il existe la traduction indirecte


depuis longtemps. Au milieu du Moyen Age, en raison de la perte de nombreux
canons originaux grecs et de l’introduction des versions arabes en Europe, des
traducteurs européens ont pris la traduction arabe comme l’original. Jusqu’au
XIIIe siècle, les originaux grecs sont entrés en Europe, ils ont commencé à faire la
traduction à partir du texte grec. Dans les traductions indirectes, il apparaît beaucoup

53
d’écarts et même d’erreurs. C’est difficile d’être fidèle au sens de l’original grec
quand on fait une traduction indirecte1.
Dans la période de la fin de la Dynastie des Qing et au début de la République de
Chine, une marrée haute de la traduction indirecte est apparue. À cette époque-là, la
Chine est à la recherche de la route de puissance et de prospérité du pays en apprenant
la culture et la science occidentales. Le gouvernement envoie de nombreux étudiants
au Japon, aux États-Unis et à la Grande Bretagne. Et en même temps beaucoup
d’œuvres étrangères sont introduites en Chine. Parmi ces livres, il y en a pas mal qui
sont traduites à partir d’une version anglaise ou japonais, pas de la version originale.
Prenons un exemple des Contes de Grimm. Sa version originale est en allemand. Mais
sa première version chinoise publiée en 1904 a été traduite à partir de l’anglais ou du
français dont le traducteur est Zhou Guisheng. La version de Mao Dun a été traduite
de l’anglais2. Au moment où personne n’avait pas traduit ou n’avait pas la capacité de
traduire du texte original, la traduction indirecte est devenue la meilleure façon
intermédiaire de répandre le livre. Grâce à ses traductions indirectes des Contes de
Grimm, la littérature allemande pour enfants a pu être introduite en Chine. Son
apparition influence aussi la littérature chinoise pour enfants3. De ce fait, la traduction
indirecte comble dans un certain sens une lacune dans le processus de traduction
d’une œuvre. En tant que phénomène dans la traduction historique, la traduction
indirecte a eu ses raisons d’existence et ses valeurs à l’époque.
Néanmoins, comme la conclusion à laquelle nous sommes arrivés dans le
premier secteur du chapitre III, la traduction indirecte va faire des erreurs héréditaires,
car elle ne peut pas revenir dans le texte original pour la vérifier. Ces erreurs vont
conduire une traduction qui s’écarte de plus du texte original. En plus, reprenons dans
l’exemple du Petit Prince, le nombre de ses versions traduites de l’anglaise dépasse

1
Tan Zaixi, Histoire brève de la traduction occidentale, révision, Commercial Press, 2004, p.39.
2
Fu Pinjing, Les contes de Grimm en Chine, Sichuan : Édition de Littérature et d’Art, 2010. Voir
https://books.google.fr/books?id=X3JDAAAQBAJ&pg=PT54&lpg=PT54&dq=%E8%,BD%AC
%E8%AF%91&source=bl&ots=cgMcHjVhvU&sig=ueSEvW2494Jt3GeSxm1j26uQ5x8&hl=zh-
CN&sa=X&ved=0ahUKEwjw-L3n7sbZAhXQxqQKHYRCD-k4ChDoAQgnMAA#v=twopage&
q&f=false, consulté le 20 décembre 2017.
3
Ibid..

54
celui traduites de l’original. En fait, il y a plusieurs traductions anglaises. D’après les
informations disponibles, au moins six traductions en anglais ont été publiées
jusqu’en 20141. Chaque traducteur a son propre style et sa façon de faire. Il est
difficile en traduction d’obtenir une équivalence complète. La traduction indirecte va
non seulement commettre les mêmes erreurs dans la traduction précédente, mais aussi
conduire des écarts de compréhension par rapport à l’original.
Nous ne pouvons pas nier l’influence positive et les contributions de la traduction
indirecte ni négliger ses problèmes. Mais à présent, avec les communications entre les
pays de plus en plus fréquentes, on a de plus en plus de traducteurs qui maîtrisent des
langues variées du monde. Afin de réduire les erreurs ou malentendus apportés par la
traduction indirecte et de faciliter la communication direct entre deux langues et
cultures, il vaut mieux que les traducteurs choisissent de faire la traduction
directement à partir de la langue originale. La première traduction sera remplacée par
la retraduction de meilleure qualité, la traduction indirecte sera substituée par la
traduction faite à partir de la langue originale qui est plus fidèle à l’esprit de l’original
et de meilleure qualité.

4.2.2 "Han yi han" (la traduction de plagiat)

Dans la présentation de la traduction du Petit Prince en Chine, nous avons


mentionné une nouvelle expression : "han yi han", soit en français la traduction du
chinois vers le chinois. C’est un terme apparu ces dernières années pour ironiser sur
un phénomène : les soi-disant traducteurs réunissent les passages des différentes
versions d’un classique étranger de sorte qu’une « nouvelle » traduction voie le jour.
Dans ce processus, ils remplacent seulement quelques mots par des synonymes ou
changent l'ordre de phrase. À part la version du Petit Prince traduite par Long Jing et
celle-là par Zang Aying, en 2006, la sortie d’un recueil d’ouvrage de Prix Nobel de
littérature a attiré l’attention de Li Jingduan, président d’honneur à l’époque de
l’Association des traducteurs de Chine. C’est un recueil qui comprend les traductions

1
List of the foreign editions of The Little Prince by Antoine de Saint Exupéry. Voir http://www.pat
oche.org/lepetitprince/gallima.htm, consulté le 23 décembre 2017.

55
de 26 ouvrages des lauréats du Prix Nobel en différentes langues dont le traducteur est
Li Si. Après la comparaison avec d’autres traductions, il est vérifié que c’est une série
de traduction "han yi han". Li Jingduan a appelé des maisons d’éditions à poursuivre
conjointement cette mauvaise action1.
D’après la présentation de Ouyang Tao, directeur du Bureau de rédaction de
littérature étrangère d'Éditions de Littérature du Peuple, en raison de l’ouverture du
marché de la publication ces dernières années, le phénomène du plagiat pour des
excellentes traductions d'Éditions de littérature du Peuple s'est intensifié2. Par exemple
la série de littérature classique étrangère publiée par cette maison d’éditions, certains
libraires emploient des personnes pour changer des phrases ou des mots dans des
traductions existantes et pour rajuster la structure des phrases. Ainsi des dizaines de «
nouvelles traductions » des chefs-d'œuvre littéraires étrangers sont populaires à bas
prix sur le marché3.
Après avoir vu les exemples ci-dessus, nous réfléchissons à pourquoi ce
phénomène apparaît souvent ces dernières années. Premièrement, nous remarquons
que les cibles des traductions "han yi han" sont généralement des œuvres classiques.
Ce genre de livres s’adressent principalement à une diversité de lectorat. Par exemple,
Le Petit Prince a des lecteurs dans tous les domaines et presque à tous les âges. Dans
ce cas, on obtient une grande quantité de consommateurs qui signifie une grande
quantité des intérêts comerciaux. Deuxièmement, d’après l’Universal Copyright
Convention, de nombreux d’œuvres classiques entrent dans le domaine public

aujourd’hui. C’est-à-dire on peut traduire ces œuvres sans payer la redevance de


droits d'auteur. Troisièmement il est déjà apparu pas mal de diverses traductions sur le
marché. Il est facile pour les soi-disant traducteurs à sélectionner des passages dans
différentes traductions et à former une « nouvelle » traduction.
« La décision de traduire tel texte de tel auteur étranger est prise par un éditeur

1
Li Jingduan, Li Si est Li Gui, Lecture hebdomadaire Wenhui, le 12 décembre 2008. Voir
http://blog.sina.com.cn/s/blog_4a1de3b70100bnl1.html, consulté le 23 décembre 2017.
2
Des faits sur la traduction, publié par Journal du soir d’Urumqi, le 5 mai 2014. Voir
http://news.163.com.14/0505/00/9REL5LUJ00014AED.html
3
Ibid..

56
en fonction de l’anticipation du profit maximal qu’il estime pouvoir en retirer. »1 Afin
de gagner des profits à court terme, certains éditeurs réduisent les normes de
publication et produisent de plus en plus de versions "han yi han". Les
consommateurs qui n’y voient que du bleu sont souvent trompés par ces versions "han
yi han" possédant une apparence exquise. L’apparition d’une quantité de versions
"han yi han" a certainement un lien direct avec les éditeurs. Ils cherchent à poursuivre
les profits temporaires en négligeant la qualité de la traduction. Ils n’ont pas respecté
l’œuvre originale et ni assumé la responsabilité pour les lecteurs.
Le vice-président d’Éditions Yiwen de Shanghai, Monsieur Zhao Wuping a
déclaré que « une traduction de bonne qualité devrait posséder trois éléments: un bon
auteur, une bonne version, un traducteur qualifié. Ils sont très stricts dans la sélection
des traducteurs. Un certain lecteur qui s’intéresse à un écrivain ou à un livre ne peut
pas jouer la responsabilité d'un traducteur. Le traducteur doit également avoir les
qualités académiques2 ». Dans le processus de traduction, le traducteur joue aussi un
rôle très important. Les qualités académiques, ce qu’il dit, concernent non seulement
la bonne capacité de traduction, mais aussi l’éthique du traducteur. D’après l’un des
principes conclus dans le livre Pour une éthique du traducteur, « Le traducteur est
responsable de sons produit dès qu’il accepte de le produire3 ». Cela signifie que dès
que le traducteur décide et accepte de traduire, c’est bien lui qui est responsable de la
traduction. En même temps, il est responsable de la tromperie et de ses lecteurs
lorsqu’il s’adonne au plagiat.

4.3 Faut-il continuer à retraduire Le Petit Prince ?

Jusqu’à présent, il est apparu de nombreuse versions chinoises du Petit Prince


sur le marché. Chaque année, il y a encore des nouvelles traductions qui voient le jour.
Certaines traductions ont été publiées juste pour obtenir plus d’intérêts économiques.
Il est difficile de garantir la qualité de ce genre de traduction. Des lecteurs qui ne

1
Jean-Marc Gouanvic, Sociologie de la traduction-La science-fiction américaine dans l’espace
culturel français des années 1950, Arras Cedex : Artois Presses Université, 1999, p.19.
2
Voir https://www.douban.com/group/topic/46142502/, consulté le 28 décembre 2017.
3
Anthony Pym, Pour une critique du traducteur, Artois Presses Université, 1997, p.136.

57
connaissent surtout pas la qualité d’une traduction sont probablement attirés par la
réputation du traducteur, la publicité exagérée ou la couverture exquise. S’ils achètent
les traductions de mauvaise qualité, par exemple les versions de "han yi han", ils ne
peuvent pas comprendre et apprécier la beauté et l’esprit du texte original. On dit que
la traduction de bonne qualité peut allonger la vie du texte original dans le pays de la
langue cible, de même celle de mauvaise qualité peut détruire la vie de l’original.
Pour laisser les lecteurs comprendre autant que possible l'original, il est nécessaire
d'éviter ce genre de « retraduction » qui est en fait une action de plagiat.
Par ailleurs, à part les versions de "han yi han", quelques nouvelles traductions
qui sont faites à partir de la langue française sont sorties encore ces dernières années.
Même si on l'appelle la nouvelle traduction, c'est rare de trouver des points nouveaux
dans ce genre de retraduction. S’il n’y a pas de points créatifs ou de progrès dans une
retraduction, dans ce cas-là, la « retraduction » n’est qu’une répétition. Allons plus
loin, qu’est-ce que la création pour une retraduction ? L’opinion de Xu Jun peut nous
aider à comprendre les points clés pour la création d’une retraduction :« La création
devrait être multidimensionnelle : de nouvelles façons pour l’interprétation du texte,
de nouveaux angles pour la compréhension de l’original ; en plus, les expressions de
la nouvelle traduction devraient être en accord avec la langue moderne et le style de la
traduction plus proche de l’original. Ainsi, la retraduction ne sera pas simplement une
répétition. »1
Comme une œuvre littéraire classique, Le Petit Prince mérite en effet d’être lu et
relu et aussi mérite d’être retraduit. Néanmoins, sur le marché présent, on dépense un
grand nombre d’argent et de temps pour les versions de plagiat et de répétition. D’un
côté, ces versions vont entraîner une perte de lecteurs puisqu’elles les empêchent
d’apprécier l’esprit de l’original. D’un autre côté, elles seront éliminées un jour par
les lecteurs à cause de la traduction de piètre qualité. Pourquoi nous ne pouvons pas
utiliser ces ressources pour traduire de nouvelles œuvres au lieu de faire les

1
Xu Jun, Répétition ou progrès-l’analyse sur la phénomène de retraduction des grandes œuvres,
Traduction en Chine, 1994(3), p.7.

58
retraductions de mauvaise qualité ?
En fait, non seulement pour Le Petit Prince que nous avons beaucoup discuté
dans ce mémoire, mais aussi pour les autres œuvres qui ont le même problème ou
similaire que celui-ci, nous devons arrêter la publication des retraductions qui n’ont
peu de nouveau et qui gaspillent des ressources comme de l’agent, du temps des
traducteurs ainsi que des lecteurs.

59
Conclusion

Grâce à la traduction, Le Petit Prince a pu être connu dans le monde entier.


Grâce à la traduction en Chine, Le Petit Prince est devenu le plus populaire parmi
toutes les œuvres de Saint-Exupéry pour les lecteurs chinois. En raison de sa
popularité, de plus en plus de traductions ont vu le jour surtout depuis qu’il est entré
dans le domaine public 50 ans après la mort de l’auteur. Parmi les trois catégories des
traductions que nous avons divisées, celles-ci qui sont traduites à partir du texte
original (de a langue française) peuvent mieux reproduire l’esprit et l’idée du livre
original.
Dans le deuxième chapitre, nous avons choisi quatre traductions qui ont été faites
par les traducteurs réputés dans le domaine de la traduction du français. Après les
avoir comparés entre elles sur des aspects tels que la motivation, le mot-clé « sérieux
», des propositions subordonnées etc, nous avons constaté que chacune porte ses
propres particularités et que les trois retraductions ont apporté beaucoup par rapport à
la première traduction. D’un côté, du fait de l’historicité de la traduction, nous avons
vu dans la première traduction qu’il existe des erreurs à cause du niveau de langue du
traducteur de l’époque et des mots qui ne sont plus usités par les gens aujourd’hui. Et
les retraductions ont compensé des imperfections causées par l’historicité ou la
temporalité de la traduction. D’un autre côté, à travers les comparaisons concrètes de
ces traductions, nous pouvons apprendre qu’il y a différentes façons de traduire pour
un même mot ou une même phrase. Ces différentes traductions ont aussi reflété les
compréhensions et les interprétations variées des traducteurs. Tout cela nous a permis
d’approfondir notre compréhension de la nécessité de la retraduction.
Parmi ces versions chinoises du Petit Prince, les traductions qui sont faites à
partir de l’anglais sont même plus nombreuses que celles traduites de l’original. Dans
le troisième chapitre, nous avons fait une étude sur la traduction de Li Jihong, celle
qui a suscité pas mal de controverses dès sa publication. « Aucune traduction ne

60
s’intercale comme un écran transparent entre le texte original et le lecteur. »1
Autrement dit, une traduction ne peut pas être complètement équivalente à l’original.
Dans la version anglaise, nous avons trouvé des endroits mal traduits avec des erreurs.
Comme le traducteur chinois n’est pas revenu dans le texte original pour les vérifier,
sa traduction recense les mêmes erreurs, soit des erreurs héréditaires. Mais en tant que
traducteur responsable, il « doit être vigilant vis-à-vis de la traduction première et
revenir chaque fois, qu’il y décèle un problème, à l’œuvre originale pour effectuer des
vérifications; il peut le faire avec l’aide2 ». Cela est très important pour un traducteur
qui pratique la traduction au carré. Mais ce que nous avons vu dans la traduction de Li
Jihong, il s’agit encore d’ erreurs héréditaires. Par ailleurs, de plus de plus de
traducteurs de français sont apparus. Pour être plus fidèle au sens du texte original, il
vaut mieux qu’on fasse la traduction directe à partir de la langue originale.
Au bout du compte, nous avons parlé du problème de “han yi han”, soit une
action de plagiat. Une grande quantité de lecteurs signifie de grands intérêts
économiques. Des éditeurs sautent sur une telle occasion pour produire des versions
plagiées. En premier lieu, la qualité des versions “han yi han” ne peuvent pas être
garantie. Parce que ce genre de versions sont principalement des “patchworks”. Cela
signifie que le soit-disant traducteur sélectionne des passages des différentes
traductions et puis les assemble comme une nouvelle traduction. D’abord, nous ne
savons pas que si les traductions ce qu’il a choisies ont celle de bonne qualité. Et puis
chaque traduction a son propre style. La discordance du style entre les traductions
choisies empêche les lecteurs d’apprécier l’esprit de l’œuvre original, ce qui nuit à la
fois à la diffusion de l’œuvre et au développement de la traduction. En deuxième lieu,
du point de vue de l’éthique du traducteur, le plagiat est une action de tromperie pour
les lecteurs. Le processus de traduire est aussi un processus de mis en lumière de la
morale d’un traducteur. En tant que traducteur vertueux, il faut d’abord respecter le
texte original et son auteur ainsi que prendre la responsabilité de sa traduction et de

1
Li Jinjia, Le Liaozhaizhiyi en français(1880-2004), étude historique et critique des traductions,
Édition You Feng, 2009, p.123.
2
Ibid., p.125.

61
ses lecteurs plutôt que de copier les autres.
Par conséquent, en ce qui concerne le plagiat, les gens qui font des critiques de
traduction ont la responsabilité de signaler le problème et de condamner cette action
immorale. Ainsi ils peuvent aussi orienter les lecteurs qui ne connaissent pas la vérité
de la traduction indirecte et la traduction copiée.

62
Bibliographie

Ouvrages de référence en français :


1. BALLARD, Michel : Histoire de la traduction, De Boeke, 2013.

2. DELISLE, Jean; LEE, Jahnke Hannelore; CORMIER Monique C. : Terminologie


de la Traduction, Amsterdam : John Benjamins Publishing Company, 1999.
3. CONSTANTINESCU, Muguras : Pour une lecture critique des traductions:
réflexions et pratiques, Paris: L’Harmattan, 2013.

4. GOUANVIC, Jean-Marc : Sociologie de la traduction-La science-fiction


américaine dans l’espace culturel français des années 1950, Arras Cedex: Artois
Presses Université, 1999.
5. ETIEMBLE, René : l’Ouverture sur un comparatisme planétaire, Paris : Christian
Bourgois, 1988.
6. PEDERZOLI, Roberta : La traduction de la littérature d’enfant et de jeunesse et le
dilemme en destinataire, Bruxelles : Éditions Scientifiques et Internationales, 2012.
7. PYM, Anthony : Pour une critique du traducteur, Artois Presses Université, 1997.
8. SAINT-EXUPÉRY, Antoine : Le Petit Prince, Paris : Gallimard, 1999.

Articles de référence en français :


1. BERMAN, Antoine : La reraduction comme espace de la traduction, Palimpsestes,
avril 1990.
2. VANIN, Laurence : Derrière Le Petit Prince, une leçon de philosophie, Tribune
FigaroVox, le 29 juillet 2015.

Mémoire de référence en français :


LI, Jinjia : Le Liaozhaizhiyi en français(1880-2004), étude historique et critique des
traductions, Éditions You Feng, 2009.

Ouvrage de référence en anglais :


SAINT-EXUPÉRY, Antoine : The Little Prince, translated by T.V.F.Cuffe, London :
Penguin Books, 2000.

63
Ouvrages de référence en chinois :
1. 卡尔维诺著,李桂蜜译,《为什么读经典》,南京:译林出版社,2015 年。
2. 付品晶,《格林童话在中国》,四川:文艺出版社,2010 年。
3. 刘桂兰,《重译考辨》,北京:光明日报出版社,2010 年。
4. 谭载喜,《西方翻译简史》(增订版),北京:商务印书馆,2014 年。
5. 圣埃克絮佩里著,周克希译,《小王子》,上海:译文出版社,2010 年。
6. 圣埃克絮佩里著,周克希译,《小王子》,上海:译文出版社,2001 年
7. 圣爱克絮佩里著,柳鸣九译,《小王子》,北京:金城出版社,2011 年。
8. 圣埃克絮佩里著,郭宏安译,《小王子》,北京:十月文艺出版社,2015 你
年。
9. 圣艾克絮佩里著,黄荭译,《小王子》,北京:作家出版社,2015 年。
10. 圣埃克苏佩里著,李继宏译,《小王子》,天津:人民出版社,2013 年。
11. 许钧,《翻译论》(增订版),南京:译林出版社,2014 年。
12. 许钧、宋学智著,《20 世纪法国文学在中国的译介与接受》,湖北教育出版
社,2007 年。
13. 余光中,《余光中谈翻译》,北京:中国对外翻译出版公司,2002 年。
14. 中国社会科学院语言研究所词典编辑室编,《现代汉语小词典》,北京:商
务印书馆,1983 年。

Articles de référence en chinois :


1. 崔华林,《何家炜:我为什么发起“一星运动”》,中国作家网,2013 年 1
月 28 日。
2. 李福莹,《李继宏:我不是一个能够被诋毁的人》,中国作家网,2013 年 1
月 28 日。
3. 李福莹,《史上“最优秀”译本惹风波》,深圳晚报,2013 年 1 月 28 日。
4. 李景端,《“李斯”原来是李鬼》,文汇报,2008 年 12 月 12 日。
5. 黄荭,《译事五章》,文艺报,2013 年 9 月 8 日。
6. 姜妍,《<小王子>在“这个星球上”再刮旋风》,新京报,2015 年 5 月 2 日。
7. 柳鸣九,《<小王子>试读:送给小孙女的一个译本—我译<小王子>》,豆瓣读
书,2016 年 5 月。

64
8. 上官云,《译者李继宏:<小王子>是一部结构完整的古典作品》,中国新闻网,
2015 年 5 月 13 日。
9. 圣埃克絮佩利著,肖曼译,《小王子》,世界文学,1979 年第三期。
10. 许钧,《<小王子>在中国的命运》,书界观察,2007 年第 10 期。
11. 许钧,《重复·超越——名著复译现象剖析》,中国翻译,1994 年第 3 期。
12. 许钧,《<小王子>与中国读者的不解情缘》, 人民网,2011 年 08 月 02 日。
13. 屋子,《李继宏版<小王子>累计销量超 200 万册,成中国版全球最畅销》,
中国出版传媒商报,2016 年 10 月 21 日。
14. 张中江,《李继宏版<小王子>号称最优秀译本引争议》,中国新闻网,2013
年 1 月 19 日。
15. 周克希,《<小王子>:有的书,永远年轻》,中国作家网,2015 年 7 月 13
日。

65
Annexe

Des traductions du Petit Prince de l’année 1959 à 1995


1. 《小王子》,圣艾修伯里著,许碧端译,基督教文艺出版社(港),1959 年
2. 《小王子》,安东尼·德·圣——埃克絮佩利著,肖曼译,《世界文学》,
1979 年第 3 期,第 45—105 页。
3. 《小王子》,圣·德克序贝里著,程学鑫、连宇译注,商务印书馆,1979 年。
4. 《小王子》,圣—埃克絮佩利著,胡雨苏译,中国少年儿童出版社,1981 年。
5. 《小王子》,圣儒伯著,思中译,中流出版社(港),1981 年。
6. 《小王子》,圣—埃克絮佩利著,张荣富译,浙江少年儿童出版社,1985 年。
7. 《小王子》,艾苏伯里著,曲爱林译,自华书店(台),1986 年。

Des traductions du Petit Prince de l’année 1995 à 2017


1. 《小王子 灰姑娘》,圣埃克苏佩里、夏尔著,林秀清、金龙格译,接力出版
社,1998 年。
2. 《星王子》,圣·圣埃克佩利原著,杨玉娘译,21 世纪出版社,1998 年。
3. 《小王子》,圣—埃克苏佩里著,倪维中译,中国文联出版公司,1999 年。
4. 《小小王子》,安东·圣·爱克苏贝著,毛旭太译,作家出版社,2000 年。

5. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,马振骋译,人民文学出版社,2000 年。
6. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,薛菲译,萧望图文编纂,浙江文艺出版社,
2000 年。
7. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,潘岳译,中国文学出版社,2000 年。
8. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,林珍妮译,译林出版社,2001 年。
9. 《小王子》,安东·德·圣艾修伯里著,艾柯译,哈尔滨出版社,2001 年。
10. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,周克希译,上海译文出版社,2001 年。
11. 《小王子 小红帽》,圣-埃克苏佩里、夏尔著,唐珍译,浙江少年儿童出版
社,2001 年。
12. 《小王子》,圣爱克苏贝里著,小意译,中国社会科学出版社,2002 年。
13. 《小王子归来》,安东尼·圣艾修伯里著,任之译,中国戏剧出版社,2002

66
年。
14. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,马振骋译,人民文学出版社,2002 年。
15. 《小王子》,安东尼·圣修伯里原著/绘图,吴淡如编译,新蕾出版社,2002
年。
16. 《小王子》,圣·爱克须佩里著,张璇译,中国华侨出版社,2002 年。
17. 《小王子》,圣爱克苏贝里著,程惠珊译,伊犁人民出版社,2003 年。
18. 《小王子》,安东·德·圣艾修伯里著,王宝泉译,延边人民出版社,2003
年。
19. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,郑闯琦译,金城出版社,2003 年。
20. 《小王子》,安东尼·圣埃克苏佩里著,戴蔚然译,文化艺术出版社,2004
年。
21. 《小王子》,安东尼·圣艾修伯里著,李思译,中国华侨出版社,2004 年。
22. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,刘文钟译,中国书籍出版社,2004 年。
23. 《小王子》,安东尼·德·圣艾修伯里著,樊成华译,人民日报出版社,2004
年。
24. 《小王子》,安东·德·圣艾修伯里著,曹琳,冯婧译,甘肃文化出版社,
2004 年。
25. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,王金编译,陕西人民出版社,2004 年。
26. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,吴群芳译,西苑出版社,2004 年。
27. 《小王子》,圣·德克旭贝里著,龙婧译,中国商业出版社,2004 年。
28. 《小王子》,圣·德克旭贝里著,白栗微译,春风文艺出版社,2004 年。
29. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,肖遥译,中国妇女出版社,2005 年。
30. 《小王子》,圣艾克絮佩里著,黄旭颖译,江苏教育出版社,2005 年。
31. 《小王子》,圣爱克苏佩里著,胥弋译,山东友谊出版社,2005 年。
32. 《小王子》,圣·埃克絮佩里著,吕明译,二十一世纪出版社,2005 年。
33. 《小王子:关于生命和生活的寓言》,安东尼·圣艾修伯里著,艾梅译,中
国对外翻译出版公司,2005 年。
34. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,陈建伟、火凤译注,东华大学
出版社,2006 年。

67
35. 《小王子》,圣艾修伯里,马爱农译,中国国际广播出版社,2006 年。
36. 《小王子》,埃克絮佩里著,大壮译,黑龙江人民出版社,2006 年。
37. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,八月译,北京连环画出版社,2006 年。
38. 《小王子》,圣爱克絮佩里著,柳鸣九译,沈宏绘,中国少年儿童出版社,
2006 年。
39. 《小王子》,圣爱克苏佩里著,紫陌译,哈尔滨出版社,2006 年。
40. 《小王子》,圣爱克絮佩里著,刘华,刘君强译,北京燕山出版社,2006
年。
41. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,郭宏安译,北京十月出版社,2006 年。
42. 《小王子》,安东·德·圣埃修贝里著,吴可译,内蒙古出版社,2006 年。
43. 《小王子》,圣·埃克苏佩里著,姚文雀译,新世纪出版社,2007 年。
44. 《小王子》,圣·埃克絮佩里著,黄天源译,漓江出版社,2007 年。
45. 《小王子》,安托万·德·圣艾克絮佩里著,黄荭译,作家出版社,2007
年。
46. 《小王子》,圣修伯里文,李懿芳译,核心文化事业有限公司,2007 年。
47. 《小王子》,安东尼·圣埃克苏佩里著,曲小月译,蓝天出版社,2007 年。
48. 《小王子》,安东尼·圣修伯理著,李淑真译,中国对外翻译出版公司,2007
年。
49. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,双鱼译,天津教育出版社,2007
年。
50. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,李继勇编译,内蒙古人民出版社,2007 年。
51. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,寿英孜译,浙江人民出版社,2007 年。
52. 《小王子》,圣·埃克苏佩里著,王佳,钱治安译,长江文艺出版社,2008
年。
53. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,成维安译,哈尔滨出版社,2008 年。
54. 《小王子》,安托万·德·圣埃克绪佩里著,青闰,冯建平,白秀玲译注,
中国宇航出版社,2008 年。
55. 《小王子》,安托万·德·圣埃克絮佩里著,王海波译,哈尔滨出版社,2008
年。

68
56. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,郑克鲁译,山海三联出版社,2008 年。
57. 《小王子》,安托万·德·圣埃克苏佩里原著,周国强译,上海人民美术出
版社,2008 年。
58. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,何嘉莉译,广州出版社,2008
年。
59. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,文慧静,雷丽赟,符亦文译,
东华大学出版社,2008 年。
60. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,周杜杰译,北京燕山出版社,2009 年。
61. 《小王子》,安东·德·圣埃克苏佩里著,辛慧译,万卷出版公司,2009
年。
62. 《小王子》,安东·德·圣艾克修佩利著,程玮译,长春出版社,2009 年。
63. 《小王子》,圣埃克苏佩里原著,(韩)徐章源改编,王宁译,二十一世纪出
版社,2010 年。
64. 《小王子》,安东尼·德·圣艾修伯里著,水清译,外文出版社,2010 年。
65. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,朱银译,江苏文艺出版社,2010 年。
66. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,臧阿影译,吉林人民出版社,2010 年。
67. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,郑好译,天津社会科学院出版社,2010 年。
68. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,谭旭东译,中国少年儿童出版社,2010 年。
69. 《小王子》,埃克苏佩里著,田伟华译,中国三峡出版社,2011 年。
70. 《小王子》,圣·埃克苏佩里著,李妮译,中国三峡出版社,2011 年。
71. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,金溟梅译,吉林出版集团有限责任公司,2011
年。
72. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,文若愚译,光明日报出版社,2011 年。
73. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,冯瑞贞译,湖南文艺出版社,2011 年。
74. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,娄硕译,云南人民出版社,2011 年。
75. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,李爽译,吉林大学出版社,2011 年。
76. 《小王子》,圣埃克苏佩里原著,张媛媛译,江苏少年儿童出版社,2012
年。
77. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,吴睿译,武汉出版社,2012 年。

69
78. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,李玉民译,漓江出版社,2012
年。
79. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,梅思繁译,少年儿童出版社,
2012 年。
80. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,罗雅琴译,华中科技大学出版社,2012 年。
81. 《小王子》,(法)安东尼·德·圣-埃克苏佩里著,刘华译,天津人民出版
社,2012 年。
82. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,吕延林译,浙江人民出版社,2013 年。
83. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,张晨光译,吉林出版集团有限责任公司,2013
年。
84. 《小王子》,安托万·德·圣埃克苏佩里著,李继宏译,天津人民出版社,
2013 年。
85. 《小王子》,圣·埃克絮佩里著,张慧,邵佳云译,贵州大学出版社,2013
年。
86. 《小王子》,圣-埃克苏佩里著,张小娴译,北京十月文艺出版社,2013 年。
87. 《小王子》,安托瓦尼·德·圣-埃克苏佩里著,王以培译,社会科学文献
出版社,2014 年。
88. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,李辉译,安徽师范大学出版社,2014 年。
89. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,尹丽丽译,中国言实出版社,
2014 年。
90. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,方晴译,吉林美术出版社,2014 年。
91. 《小王子》,埃克苏佩里著,张玲译,中国画报出版社,2014 年。
92. 《小王子》,埃克絮佩里著,达子译,黑龙江科技出版社,2014 年。
93. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,王之光译,北京联合出版公司,2015 年。
94. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,王海青译,花城出版社,2015 年。
95. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,蔡琳杉译,中国工人出版社,
2015 年。
96. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,吴云译,黑龙江科学技术出版社,2015 年。
97. 《小王子》,圣·埃克苏佩里著,唐吉译,中国纺织出版社,2015 年。

70
98. 《小王子》,圣·埃克苏佩里著,万婕译,崇文书局,2015 年。
99. 《小王子》,圣·德克旭贝里著,张春译,青岛出版社,2015 年。
100. 《小王子》,安东尼·德·圣艾克苏佩里著。方振宇,刘佳阳译,星球地
图出版社,2015 年。
101. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克絮佩里著,安然译,中国商业出版社,
2015 年。
102. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,周天语译,武汉出版社,2015 年。
103. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,刘芳译,江苏凤凰文艺出版
社,2015 年。
104. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,姚雁青译,新疆青少年出版社,2015 年。
105. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,郁菲译,化学工业出版社,2015 年。
106. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,姚树君译,时代文艺出版社,
2015 年。
107. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,张姗译,首都师范大学出版
社,2015 年。
108. 《小王子》,圣·埃克苏佩里著,郑志勇译,北京联合出版公司,2015 年。
109. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,罗成译,中国华侨出版社,2015 年。
110. 《小王子》,圣·埃克苏佩里著,刘薇译,西安交通大学出版社,2015 年。
111. 《小王子》,安东尼·德·圣-埃克苏佩里著,徐丽译,辽宁科学技术出版
社,2015 年。
112. 《小王子》,安东尼·德·圣·埃克苏佩里著,肖辑译,吉林出版集团有
限责任公司,2015 年。
113. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,文西译,江苏人民出版社,2015 年。
114. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,尹建莉译,新蕾出版社,2015 年。
115. 《小王子》,安托万德·圣埃克苏佩里著,张敏杰译,远方出版社,2015
年。
116. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,朱波译,台海出版社,2016 年。
117. 《小王子》,安东尼·德·圣·埃克苏佩里著,关宁译,陕西人民教育出
版社,2016 年。

71
118. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,王怡译,研究出版社,2016 年。
119. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,宋碧云译,哈尔滨出版社,2016 年。
120. 《小王子》,圣-埃克苏佩里著,秦海薇,满贵彦译,江苏凤凰文艺出版社,
2016 年。
121. 《小王子》,圣·埃克苏佩里著,杨风帆译,天津人民出版社,2016 年。
122. 《小王子》,埃克苏佩里著,唐玉清译,浙江摄影出版社,2016 年。
123. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克苏佩里著,贺鸿莉译,群言出版社,2016
年。
124. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,高格译,北京联合出版公司,2016 年。
125. 《小王子》,安东尼·德·圣-埃克苏佩里著,李鹏飞,耿小辉,徐长为译,
知识出版社,2016 年。
126. 《小王子》,安托万·德·圣·埃克苏佩里著,王亚娟译,文化发展出版
社,2016 年。
127. 《小王子》,圣埃克絮佩里著,张红玲译,哈尔滨出版社,2016 年。
128. 《小王子》,安东尼·德·圣-埃克苏佩里著,景海译,宁波出版社,2016
年。
129. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,李宇红译,煤炭工业出版社,2016 年。
130. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,李荣国译,北京工艺美术出版社,2016 年。
131. 《小王子》,圣埃克苏佩里著,孙源梁译,清华大学出版社,2016 年。
132. 《小王子》,安东尼·德·圣埃克絮佩里著,徐煜楠译,吉林文史出版社,
2017 年。
133. 《小王子》,安托万·德·圣埃克苏佩里著,树才译,浙江文艺出版社,
2017 年。
134. 《小王子》,安托万·德·圣埃克苏佩里著,刘云虹译,南京大学出版社,2017。
135. 《小王子》,圣·埃克苏佩里著,金祎译,文汇出版社,2018 年。

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