D4099
D4099
THÈSE
PRÉSENTÉE
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DU DOCTORAT EN PSYCHOLOGIE
PAR
LAURENCE DE MONDEHARE
NOVEMBRE 2021
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
Service des bibliothèques
Avertissement
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formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles
supérieurs (SDU-522 – Rév.04-2020). Cette autorisation stipule que «conformément à
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commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»
REMERCIEMENTS
Un immense merci à toutes les personnes qui m’ont soutenue durant mon parcours de
doctorat et qui m’ont permis d’y arriver. Cette thèse n’aurait pas été possible sans eux
et ces quelques mots ne représentent qu’une infime partie de toute la gratitude que
j’ai pour eux.
Je remercie également tous les membres du jury qui ont chaleureusement accepté de
participer à la lecture et l'évaluation de cette recherche ; la professeure Sophie
Meunier (UQAM), le professeur Francesco Montani (Università di Bologna) et la
professeure Karine Rondeau (UQAM). Merci d'avoir généreusement donné de votre
temps et vos connaissances pour enrichir ma thèse.
Un grand merci aux participant(e)s de ma recherche sans qui cette thèse n’aurait pas
pu être possible. Je souhaite remercier les gestionnaires qui ont cru au projet et nous
ont accueillis dans leurs milieux de travail ainsi que les participant(e)s qui se sont
lancés dans l’expérience des ateliers Kompass. Merci aux trois formatrices qui ont
iii
animé les groupes avec toute leur expertise, leur sensibilité et leur bienveillance
envers les employé(e)s.
ABSTRACT............................................................................................................... xiv
INTRODUCTION ........................................................................................................ 1
ANNEXE B Courriel utilisé pour le recrutement au CIUSS de l’Estrie- CHUS ... 105
Tableau 3.1 Normalité des données pour les variables dépendantes .................... 54
VD : Variable dépendante
VI : Variable indépendante
Une intervention basée sur l’ACT a été développée et offerte aux employé(e)s de
deux milieux de travail différents (un centre de réadaptation et un cégep) en plus
d’être évaluée à l’aide d’un devis mixte. L'intervention consiste en quatre ateliers de
deux heures et était basée sur six composantes de la souplesse psychologique, soit
l'acceptation, la défusion cognitive, le contact avec le moment présent, les valeurs, les
actions engagées et le soi-observateur. Un essai randomisé contrôlé a été utilisé pour
évaluer les changements au niveau du bien-être et de la détresse psychologique au
travail des participant(e)s. Les données ont été recueillies à l'aide de questionnaires
autorapportés auprès de 53 employé(e)s avant et après l'intervention. Deux groupes
de discussion ont eu lieu avec les employé(e)s deux semaines après les ateliers afin
d’explorer leur expérience et approfondir la compréhension des résultats quantitatifs.
Les analyses de la covariance qui ont été menées montrent qu’en comparaison au
groupe contrôle de type liste d’attente, les employé(e)s qui ont participé aux ateliers
ACT ont rapporté une augmentation significative pour l'une des sous-échelles du
bien-être psychologique au travail, soit l’harmonie sociale, et une diminution
significative pour l'une des sous-échelles de la détresse psychologique au travail, soit
l’anxiété/dépression.
En ce qui concerne les résultats qualitatifs, les employé(e)s ont mentionné qu'ils
avaient remarqué des bienfaits tels des prises de conscience à propos de leurs
comportements et de leurs valeurs, des changements d’habitudes et un sentiment de
mieux-être. Par ailleurs, ils ont également indiqué avoir vécu des difficultés liées à un
xiii
More than one fourth of Canadian workers reports high level of stress on a daily basis
and 60% identify work as their main stress factor (Institut de la statistique du Québec,
2010). Studies on workplace Acceptance and Commitment Training (ACT) (Hayes,
Strosahl, & Wilson, 2012) show that they help reduce symptoms of stress, anxiety,
depression and burnout and improve satisfaction and psychological flexibility (ex.
Flaxman, Bond et Livheim, 2013). However, most studies are based only on
quantitative results and rigorous studies (ex. randomized controlled trials, mixed-
methods designs) are scarce.
For qualitative results, employees mentioned that they had noticed benefits such as
greater awareness of their behaviors and values, changes in habits and a increase of
their well-being, although they also experienced difficulties related to a lack of
support and the integration of the meditation practice and other skills once the
intervention was over.
The study sheds light on the important changes that can take place when an employee
is exposed to the various processes of psychological flexibility. It also highlights the
xv
difficulty that such work can represent as well as the support needs of the
participant(e)s and the time necessary for integrating these changes into their daily
lives. It also underlines the importance of group dynamics in the context of an ACT
intervention as well as the various measures that can promote its smooth running.
Finally, the results of this study offer potential explanations about the different
backgrounds and characteristics of employees making them more or less willing to
fully experiment the workshops offered.
Au cours d’une même année, une personne sur cinq souffrira de problèmes de santé
psychologique au Canada (Commission de santé mentale du Canada, 2013). Au
Québec, les problèmes de santé psychologique ont notamment été étudiés auprès de 2
162 travailleur(-euse)s provenant de 63 entreprises différentes dans le cadre d’une
vaste enquête (Marchand et al., 2015). Les résultats de celle-ci montrent que près de
24 % des employé(e)s rapportent vivre de la détresse psychologique, 6 % souffrent de
dépression et 4 % d’épuisement professionnel. De plus, une enquête effectuée en
2010 révèle qu’un peu plus d’un(e) travailleur(-euse) québécois(e) sur quatre rapporte
un niveau élevé de stress au quotidien et 60 % d’entre eux identifient le travail
comme étant le principal facteur de stress dans leur vie (Institut de la statistique du
Québec, 2010).
Ceux et celles qui sont aux prises avec des problèmes de santé psychologique au
travail ont parfois de la difficulté à trouver de l’aide. D’une part, certain(e)s
soulignent que les dirigeant(e)s sont souvent mal équipés pour soutenir leurs
employé(e)s, peuvent se sentir sans ressource, ou ne pas savoir par où commencer
pour promouvoir leur mieux-être (Porter et al., 2019). D’autres soutiennent que les
stratégies pour évaluer, prévenir et traiter les problèmes de santé psychologique en
milieu de travail sont sous-développées et sous-utilisées (Gilbert et Bilsker, 2012).
D’autre part, les employé(e)s peuvent avoir de la difficulté à trouver de l’aide à
l’extérieur de l’organisation. Un vaste sondage mené en 2018 auprès de 20 904
professionnel(-le)s membres de huit ordres professionnels, dont l’Ordre des
psychologues du Québec, révèle que plus de la moitié (56 %) affirment que les
client(e)s doivent attendre trop longtemps avant de recevoir des services de santé
mentale dans le réseau public. En outre, 82 % des répondant(e)s trouvent que ces
problèmes d’accessibilité aggravent les difficultés vécues par les client(e)s et 57 %
3
ont l’impression que l’accessibilité aux services s’est détériorée depuis 2015 (Landry
et al., 2019).
1
L’acronyme ACT, de l’anglais Acceptance and Commitment Therapy ou Acceptance and
Commitment Training, sera utilisé tout au long de cette thèse.
4
L’ACT constitue une approche transdiagnostique qui vise non seulement à alléger la
souffrance, mais aussi promouvoir l’adaptabilité, soit la promotion de comportements
efficaces et adaptés au contexte. En combinant les habiletés liées à la présence
attentive (aussi appelé pleine conscience ou mindfulness) aux valeurs et actions
engagées, les interventions basées sur l’ACT aident les employé(e)s à mieux vivre
avec le stress et à tendre vers les valeurs qui sont importantes pour eux. Bien
qu’encore peu nombreuses, les études menées à propos de l’ACT en milieu de travail
suggèrent qu’elles permettent de réduire les symptômes de stress, d’anxiété, de
dépression et d’épuisement professionnel et d’améliorer la satisfaction et la souplesse
psychologique des employé(e)s (Flaxman et al., 2013).
Cela dit, les études rigoureuses (p.ex., essais randomisés contrôlés avec plusieurs
temps de mesure) sont peu nombreuses. Ajoutons que les études publiées à ce jour
utilisent principalement des devis quantitatifs ainsi que des indicateurs négatifs de
santé psychologique (p.ex. anxiété, dépression, etc.) pour mesurer les effets des
interventions. Les protocoles sont souvent de courte durée et les études effectuées
auprès de populations variées et dans différents milieux de travail sont rares.
Cette étude repose sur un devis de recherche mixte. Sur le plan quantitatif, elle a pour
objectif d’évaluer à l’aide d’un essai randomisé contrôlé « multi-sites » l’efficacité
5
d’une intervention novatrice (les ateliers Kompass) basée sur l’ACT et implantée en
milieu de travail à l’égard d’indicateurs de bien-être et de détresse psychologique au
travail. Sur le plan qualitatif, elle vise à explorer à l’aide de groupes de discussion
l’expérience des participant(e)s ayant pris part aux ateliers pour approfondir les
résultats quantitatifs et mieux comprendre les bénéfices qu’ils en retirent ainsi que les
difficultés qu’ils rencontrent.
Cette thèse se divise en cinq chapitres. Dans le premier, les notions de santé
psychologique et de santé psychologique au travail sont introduites et l’ACT est
présentée de manière détaillée. Les assises philosophiques et théoriques de l’ACT
sont notamment discutées, tout comme les processus d’intervention sur lesquels elle
s’appuie. Diverses études récentes portant sur l’efficacité de l’ACT en milieu clinique
et organisationnel sont aussi présentées dans ce chapitre. Dans le deuxième chapitre,
la méthode privilégiée pour la réalisation de cette étude est décrite. Les résultats
quantitatifs sont présentés de manière détaillée au troisième chapitre alors que les
résultats qualitatifs sont rapportés dans le quatrième chapitre. Le cinquième chapitre
vise, quant à lui, à discuter des principaux résultats issus de cette étude à la lumière
des écrits scientifiques. Les forces et limites, ainsi que les pistes de recherche futures
sont également abordées dans ce chapitre. Une conclusion générale de la thèse est
ensuite présentée.
CHAPITRE I
CADRE THÉORIQUE
Les problèmes de santé psychologique font référence, pour leur part, à « tout écart par
rapport à l’état de bien-être mental ou psychologique » (Gouvernement du Canada,
2006, p.17) et se manifestent entre autres par des symptômes de détresse
psychologique, de dépression et d’épuisement professionnel (Marchand et al., 2015).
Dans le présent travail, les appellations « santé psychologique » et « problèmes de
santé psychologique » seront utilisées puisqu’elles sont cohérentes avec la définition
de l’Organisation mondiale de la santé et l’approche d’acceptation et d’engagement.
Les approches basées sur la présence attentive et l’acceptation ont émergé au début
des années 2000 pour former la troisième vague des thérapies cognitives et
comportementales, laquelle est caractérisée par l’importance de la pleine conscience,
des émotions, de l’acceptation, des valeurs, des buts et de la méta-cognition (Hayes et
Hofmann, 2017). Cette troisième vague a émergé suite à des remises en question et
critiques à l’égard de la deuxième vague. Certaines de ces nouvelles approches
représenteraient des extensions de la deuxième vague des TCC telle la thérapie
cognitive basée sur la pleine conscience (Mindfulness-Based Cognitive Therapy ou
MBCT), alors que d’autres s’inspiraient en grande partie de principes de la thérapie
behaviorale (ou première vague des TCC), soit la thérapie d’activation
comportementale, la thérapie analytique fonctionnelle, la thérapie dialectique
comportementale et l’ACT. Les deux courants recommandent de retirer ou d’utiliser
avec prudence les techniques visant à modifier le contenu des pensées (Ngô, 2013).
En effet, les critiques de la TCC de deuxième vague soulignent que les efforts
10
pratique informelle quant à elle est lorsqu’on s’exerce à porter attention à ce qui se
déroule dans le moment présent tout en faisant une activité telle que manger ou
marcher.
La troisième vague met ainsi d’avantage l’accent sur les processus qui mènent à des
résultats empiriques que sur des protocoles pour traiter des troubles (Hayes et
Hofman, 2017b). On remarque qu’on s’intéresse davantage aux modérateurs et
médiateurs de changement et à la construction de modèles d’interventions qui
permettent des changements transdiagnostiques. Les approches de troisième vague
sont ainsi plus ouvertes à explorer et s’inspirer de différentes approches telles la
psychologie humaniste, existentielle, analytique et spirituelle. Les tenants la troisième
vague mettent de l’avant l’idée que se concentrer uniquement sur la psychopathologie
aurait un effet limitant, alors que s’intéresser aux processus favorisant le changement
renforci l’épanouissement de la personne dans son entièreté. On dit que la santé
mentale est ultimement la santé globale et non seulement l’absence de maladie
(Hayes et Hofman, 2017a), rejoignant ainsi la définition de l’Organisation mondiale
de la santé présentée plus haut. Les différences entre les différentes vagues et
générations de la TCC semblent ainsi plutôt philosophiques qu’empirique.
12
Afin de contrecarrer ces mécanismes, Hayes et ses collègues (2012) soutiennent qu’il
est essentiel de cultiver une plus grande souplesse psychologique, soit la capacité de
prendre contact avec le moment présent et d’agir de manière cohérente à ses valeurs
personnelles plutôt que sur la base d’actions automatiques, conditionnées, impulsives
et non fonctionnelles (Ciarrochi, et al., 2010). L’approche d’acceptation et
d’engagement vise la promotion du bien-être psychologique et la réduction de la
détresse psychologique par le biais de processus permettant d’augmenter la souplesse
psychologique. Ces mécanismes sont détaillés plus bas. Préalablement, les assises
philosophiques et théoriques de l’ACT (le contextualisme fonctionnel, la théorie des
cadres relationnels) seront présentées sommairement.
13
Figure 1.1 Processus de rigidité psychologique (tiré de Rolffs, Rogge et Wilson, 2016)
ont été effectuées en lien avec les processus du langage et des cognitions n’ayant pas
été expliqués par les principes d’apprentissage des thérapies comportementales
traditionnelles (Neveu et Dionne, 2009).
La théorie des cadres relationnels illustre donc la manière dont les évènements
psychologiques tels que les pensées peuvent créer de la souffrance, des inquiétudes et
l’évitement. De plus, elle illustre que la souffrance est normale car celle-ci est
16
L’ACT vise à développer la capacité d’accepter les émotions et les pensées difficiles
et l’engagement dans des comportements cohérents avec des valeurs personnelles.
Cela se traduit dans les protocoles d’intervention par un travail qui consiste à
diminuer l’influence du langage en aidant les participant(e)s à prendre une distance
par rapport à leurs pensées, à ramener leur attention sur le « ici et maintenant » et à
observer les conséquences de leurs comportements.
Les interventions basées sur l’ACT sont utilisées avec des populations non-cliniques
de même qu’auprès de personnes ayant des problèmes ou des troubles de santé
psychologique. L’ACT est reconnue par l’American Psychological Association
comme un traitement efficace de la douleur chronique et de la dépression (Veehof et
al., 2011). Une synthèse des principales études effectuées sur la souplesse
psychologique et de celles menées pour évaluer les interventions basées sur l’ACT est
présentée dans les sections suivantes.
De nombreuses études ont été effectuées afin de mieux comprendre, à l’aide de devis
corrélationnels ou expérimentaux, les effets de la souplesse psychologique, et plus
spécifiquement de l’évitement expérientiel. Tel que mentionné plus haut, l’évitement
expérientiel est une dimension de la rigidité psychologique et semble être
positivement relié à de nombreux symptômes psychologiques (p.ex., anxiété, détresse
émotionnelle) et négativement lié à des mesures de qualité de vie et de santé générale
(Hayes et al., 2006b). À titre d’exemple, 20 études indiquent des corrélations
positives entre l’évitement expérientiel et les symptômes dépressifs (corrélation
pondérée de r = 0,55) (Ruiz, 2010). De plus, 14 études portant sur la relation entre les
symptômes d’anxiété et l’évitement expérientiel rapportent des corrélations variant de
r = 0,16 à r = 0,76 (corrélation pondérée de r = 0,52) (Ruiz, 2010). Plus de 30 études
longitudinales et de médiation ont également analysé le rôle de l’évitement
expérientiel en lien avec différents types de symptômes (p.ex., douleur, stress) et de
troubles (p.ex., troubles de la personnalité). Les résultats de ces études montrent que
l’évitement expérientiel est impliqué dans de nombreux problèmes psychologiques
19
(p.ex. anxiété, dépression, détresse psychologique, stress, etc.) et son rôle médiateur
a été démontré à plusieurs reprises, par exemple, entre le fait d’avoir vécu un
évènement stressant ou traumatique et la présence de difficultés psychologiques
plusieurs années plus tard (Ruiz, 2010).
Étant donné que l’ACT a d’abord été développé en milieu clinique, elle a fait l’objet
de nombreuses études empiriques auprès de populations souffrant de troubles
mentaux, de problèmes de santé psychologique, ou de troubles somatiques et
quelques méta-analyses sont maintenant disponibles. Öst (2008) a répertorié 13 essais
randomisés contrôlés effectués auprès de populations souffrant de dépression (2
études), de symptômes psychotiques (2 études), de stress (2 études) ou de troubles
autres (p.ex., anxiété, dépendance aux opiacés, trichotillomanie, trouble de
personnalité bipolaire) (7 études). L’auteur conclue que l’ACT a une taille d’effet
moyenne de 0,68 (d de Cohen). Il note aussi que les tailles d’effet sont plus fortes
lorsque l’ACT est comparée à un groupe contrôle passif de type « liste d’attente » et
qu’elles sont modérées lorsque l’intervention est comparée à un traitement habituel
(psychothérapie) ou à un groupe contrôle actif (p.ex., thérapie cognitive et
comportementale de deuxième vague).
Ruiz (2012) a, quant à lui, effectué une méta-analyse et une revue systématique des
écrits afin de comparer empiriquement l’efficacité de l’ACT et de la TCC (de
20
Öst (2014) a publié une mise à jour de sa première méta-analyse dans laquelle il
inclut 60 études effectuées auprès de personnes souffrant de troubles mentaux, de
troubles somatiques ou de stress. Il y rapporte une taille d’effet générale de 0,42 (g de
Hedges), soit une taille nettement inférieure à celle obtenue dans sa première méta-
analyse. Lorsque l’ACT est comparée à un groupe contrôle de type « liste d’attente »,
la taille d’effet s’élève à 0,63, alors qu’elle est de 0,55 lorsqu’elle est comparée à un
traitement habituel et de 0,22 en comparaison à un traitement actif, telle la TCC. Öst
(2014) conclut avec prudence que l’ACT est probablement efficace pour la douleur
chronique et l’acouphène et, possiblement efficace pour la dépression, les symptômes
psychotiques, le trouble obsessionnel compulsif, l’anxiété mixte, l’abus de drogue et
le stress au travail.
Au terme d’une méta-analyse effectuée par A-Tjak et ses collègues (2015) à partir
d’essais randomisés contrôlés utilisant l’ACT auprès de populations souffrant de
problèmes de santé mentale (p.ex. anxiété, dépression, dépendance) ou de problèmes
somatiques, les auteurs concluent que l’intervention serait plus efficace que les
conditions de contrôle (g de Hedges de 0,57). Plus spécifiquement, l’ACT serait
supérieure à une condition « liste d’attente » (g de Hedges de 0,82), à un placébo
psychologique, soit une condition qui correspond aux autres groupes, mais qui ne
comprend pas d’intervention psychologique spécifique (g de Hedges de 0,51), et au
21
Hacker et ses collègues (2016) ont, quant à eux, analysé les études ciblant
spécifiquement l’ACT comme traitement de l’anxiété et de la dépression. Les
chercheurs utilisent des techniques de méta-analyse séquentielle (sequential meta-
analysis, SMA) pour minimiser le risque de faux positifs et négatifs dus à des
problèmes méthodologiques liés à la puissance et aux erreurs systématiques ou
aléatoires. Leurs résultats suggèrent que l’ACT aurait des effets modérés sur la
réduction des symptômes d’anxiété et de dépression (effet de groupe et pré-post).
Toutefois, les auteurs précisent que les résultats ne permettent pas de conclure que
l’ACT représente un traitement plus efficace que des traitements reconnus pour
l’anxiété. De plus, ils rapportent qu’en utilisant les techniques SMA, il n’y aurait pas
suffisamment d’évidences empiriques pour soutenir un effet modéré de l’ACT pour le
traitement de la dépression lorsque des groupes contrôle actifs sont utilisés. Avec
cette méthodologie différente, la méta-analyse de Hacker et ses collègues permet de
nuancer les études précédentes.
Finalement, dans la plus récente méta-analyse répertoriée, Bai et ses collègues (2020)
ont investigué l’efficacité de l’ACT pour la réduction de la dépression en plus
d’examiner la relation entre les différentes durées des suivis, les différents niveaux de
dépression ainsi que les différences d’âge des patients à l’aide d’analyses de sous-
groupes. Après avoir analysé 18 études, les auteurs concluent que l’ACT permettrait
22
Prises dans leur ensemble, ces méta-analyses rapportent des tailles d’effet modérées
et suggèrent que l’ACT est aussi efficace que des interventions bien documentées
comme la TCC pour réduire les symptômes de détresse psychologique. Il est
également important de préciser que plusieurs études suggèrent que la souplesse
psychologique constitue le principal mécanisme d’action de l’ACT (p.ex. McCracken
et Velleman, 2010; Luoma et al., 2007). Les résultats issus de ces méta-analyses
doivent néanmoins être interprétés avec prudence, notamment parce que la taille des
échantillons des études recensées est souvent restreinte, qu’il y a encore trop peu
d’essais randomisés avec groupe contrôle actif et que bon nombre d’études ne
reposent pas sur des analyses de puissance (Öst, 2008).
Au cours des quinze dernières années, des études corrélationnelles ont été menées en
milieu de travail afin d’explorer la relation entre la souplesse psychologique et
diverses variables organisationnelles. Des essais contrôlés randomisés ont aussi été
mis de l’avant dans les organisations afin d’évaluer l’efficacité d’interventions basées
sur l’ACT offertes à divers employé(e)s dans le but de les aider à développer leur
souplesse psychologique. Les interventions ont été adaptées au contexte
organisationnel de diverses manières. D’abord, puisqu’elles sont destinées à une
population non-clinique, elles introduisent la plupart du temps en premier lieu les
concepts liés aux valeurs plutôt que ceux liés à la souffrance, au contrôle et à
l’évitement expérientiel (Flaxman et al., 2013). Aussi, ces interventions sont
désignées comme de la formation, plutôt que de la thérapie. Elles s’adressent à toute
23
personne vivant du stress, contrairement aux études présentées plus haut dans
lesquelles les interventions étaient plutôt offertes à des participant(e)s souffrant de
troubles mentaux spécifiques. Elles s’inscrivent donc davantage, en milieu
organisationnel, dans une logique préventive, alors qu’elles ont une visée plutôt
curative lorsqu’elles sont offertes en contexte clinique.
Les principaux résultats de ces études ainsi que leurs limites sont mis de l’avant dans
les deux prochaines sections, en commençant par les études corrélationnelles portant
sur la souplesse psychologique, pour ensuite présenter les études expérimentales qui
ont porté sur les effets des interventions ACT.
Bien que peu nombreuses, les études menées sur la souplesse psychologique en
milieu de travail sont encourageantes. Elles montrent notamment que la souplesse
psychologique des employé(e)s est positivement corrélée et prédit longitudinalement
leur santé psychologique et leur rendement au travail (Bond et Flaxman, 2006) ainsi
que l’apprentissage de nouvelles connaissances au travail (Bond et Flaxman, 2006).
Ces effets ont été observés même après avoir contrôlé pour l’affectivité négative, le
locus de contrôle (Bond et Bunce, 2003), l’intelligence émotionnelle (Donaldson et
Bond, 2004) et les traits de personnalité du « Big Five » (Bond et al., 2013), soit des
facteurs étroitement liés à la santé psychologique au travail (Bond et Bunce, 2003;
Donaldson et Bond, 2004).
soit la capacité perçue d’influencer son environnement de travail pour le rendre moins
menaçant et plus gratifiant (Bond et al., 2008).
Premièrement, des auteurs ont montré qu’une intervention basée sur l’ACT offerte à
des fonctionnaires au Royaume-Uni permettait d’accroître de manière significative
leur souplesse psychologique et réduire leur niveau d’épuisement émotionnel en
comparaison à un groupe contrôle de type « liste d’attente » (Lloyd et al., 2013).
L’intervention comportait trois sessions de 3 heures, les deux premières ont eu lieu
lors de deux semaines consécutives et la troisième deux mois plus tard.
Flaxman et Bond (2010a) ont montré, pour leur part, qu’en comparaison à un groupe
contrôle de type « liste d’attente », les employé(e)s travaillant dans des organisations
gouvernementales au Royaume-Uni ayant pris part à une intervention ACT et à un
entraînement par l’inoculation au stress avaient des indices significativement moins
élevés de détresse psychologique. Les auteurs notent que les bienfaits de l’ACT
résultent d’une augmentation de la souplesse psychologique et non d’un changement
au niveau du contenu cognitif. Ces résultats suggèrent que l’intervention fonctionne
principalement en agissant au niveau du contexte psychologique dans lequel les
individus font l’expérience des pensées et des émotions (soit l’objectif de la souplesse
psychologique) plutôt qu’en modifiant le contenu ou la fréquence de ces expériences
25
Les mêmes auteurs ont évalué une intervention de réduction de stress basée sur
l’ACT en milieu de travail, cette fois pour vérifier si le niveau de base de détresse
psychologique des employé(e)s modérait la relation entre les effets de l’intervention
et la détresse (Flaxman et Bond, 2010b). Ils rapportent que l’intervention ACT serait
supérieure à la condition « liste d’attente » pour la réduction de la détresse des
employé(e)s, mais que les effets seraient significatifs que pour les travailleur(-euse)s
rapportant un haut niveau de détresse psychologique au départ. L’intervention
comportait trois sessions d’environ 3 heures. Les deux premières ont eu lieu à une
semaine d’intervalle et la troisième trois mois plus tard.
Plusieurs études ont aussi été effectuées auprès de travailleur(-euse)s ayant une
profession qui les rend plus à risque de vivre de la détresse psychologique. Par
exemple, trois essais randomisés-contrôlés ont évalué une intervention ACT auprès
d’une population présentant de hauts niveaux de stress lié au travail, soit les
employé(e)s travaillant avec des personnes ayant une déficience intellectuelle. Bethay,
Wilson, Schnetzer et Nassar (2013) ont comparé une intervention ACT d’une durée
de 6 heures, combinée à l’analyse comportementale appliquée (ABA) (3 heures) à
l’ABA seulement (9 heures d’intervention). Les auteurs rapportent que les
participant(e)s du groupe expérimental ayant un haut niveau de détresse
psychologique au départ démontrent la plus grande diminution au niveau de la
détresse psychologique et de la fusion cognitive (Bethay et al., 2013). McConachie et
ses collègues (2014) ont, quant à eux, comparé une intervention ACT à un groupe
contrôle de type « liste d’attente » et leurs résultats démontrent une réduction
significative de la détresse psychologique. Ces résultats étaient également
significatifs lors de la mesure de suivi six semaines plus tard. Les auteurs ont
également rapporté que les effets sont plus prononcés pour le sous-groupe de
26
Noone et Hastings (2009) ont également évalué une intervention ACT d’une journée
et demie (atelier d’une journée combiné à une séance de suivi d’une demie-journée)
auprès d’employé(e)s de soutien travaillant avec des personnes ayant une déficience
intellectuelle. Ils ont constaté une diminution du niveau de détresse psychologique
des employé(e)s prenant part à l’intervention lorsque comparés à un groupe contrôle
de type « liste d’attente », et ce bien que les participant(e)s aient rapportés que les
stresseurs dans l’environnement de travail avaient légèrement augmenté. De plus,
Noone et Hastings (2009) ont rapporté des changements positifs plus importants pour
le personnel n’ayant pas de qualification professionnelle en sciences infirmières ou en
travail social ainsi que pour ceux ayant un plus haut niveau de stress avant
l’intervention.
Dans un essai randomisé-contrôlé réalisé cette fois avec des travailleurs sociaux et
travailleuses sociales en Suède, les auteurs concluent qu’en comparaison aux
employé(e)s issus d’un groupe contrôle de type « liste d’attente », ceux qui
participent à une intervention ACT rapportent significativement moins de symptômes
de stress et d’épuisement professionnel et se disent être en meilleure santé mentale
(Brinkborg et al., 2011). Les auteurs précisent que les résultats sont significatifs que
pour les employé(e)s ayant un haut niveau de stress au niveau de base. Par ailleurs, ils
n’ont pas noté d’effet principal significatif pour le thérapeute, concluant ainsi que les
interventions ACT peuvent être guidées par des psychologues ayant peu d’expérience
avec l’approche tout en permettant des résultats positifs. Tous les thérapeutes ayant
offert l’intervention avaient moins de cinq ans d’expérience et deux d’entre eux
étaient des étudiants au baccalauréat en psychologie. L’intervention était composée
de quatre sessions de trois heures offertes aux deux semaines.
27
Waters et ses collègues (2018) ont évalué quant à eux les effets d’un atelier ACT
d’une journée sur la santé mentale de 35 professionnels de la santé vivant de la
détresse psychologique à l’aide d’un devis quasi-contrôlé avec groupe contrôle de
type « liste d’attente ». Les participant(e)s à l’atelier ACT rapportaient un niveau de
détresse psychologique significativement plus bas après l’intervention. Une
amélioration significative de la souplesse psychologique a également été rapportée,
en plus des processus plus spécifiques de défusion cognitive et de présence attentive.
Des analyses de médiation ont révélé que la réduction au niveau de la détresse
psychologique était associée principalement à l’augmentation des habilités de
présence attentive.
Finalement, Reeve et ses collègues (2018) ont publié une revue systématique des
études ayant évalué des interventions ACT offertes au personnel soignant en santé
mentale et dans le domaine de la déficience intellectuelle. Les auteurs rapportent que
les interventions seraient efficaces surtout auprès du sous-groupe de travailleur(-
euse)s présentant un plus haut niveau de détresse psychologique au départ. Ils
soulignent également l’absence de résultats significatifs au niveau de l’épuisement
professionnel et de la souplesse psychologique.
28
De plus, dans le cadre d’une thèse de doctorat, Archer (2018) a effectué une revue
systématique de quatorze études quantitatives évaluant des interventions ACT en
milieu de travail. Il rapporte que toutes les études ont été effectuées dans le secteur
public et que la majorité d’entre-elles ont été menées dans le domaine de la santé et
de l’éducation. Le format des interventions ACT le plus utilisé serait d’une journée,
avec une moyenne de 6 heures de formation directe avec les employé(e)s. Le
chercheur conclut que l’ACT semble efficace surtout pour les populations ayant un
haut niveau de stress et que les résultats semblent démontrer que la souplesse
psychologique expliquerait l’efficacité de l’approche. Il précise également que les
mesures de santé psychologique seraient les plus utilisées, mais que les mesures liées
au rendement obtiendraient de meilleurs résultats en termes de confirmation des
hypothèses. Par ailleurs, la revue systématique de Archer (2018) permet de mettre en
lumière quelques limites. En effet, l’auteur rapporte que seulement dix des quatorze
études sont des essais randomisés alors que les autres ont utilisé des devis quasi-
randomisés « pré-post ». Aussi, seulement huit études font référence à des exercices à
faire à la maison afin de mettre en pratique les habiletés acquises durant la formation.
Bien que quelques auteurs des études répertoriées dans la revue systématique
mentionnent qu’il serait difficile de discerner les effets de la structure des
interventions, de la durée et du nombre de rencontres, Archer (2018) souligne que la
plus courte étude est également celle qui a obtenu le moins de succès en terme
d’effets probants.
Par ailleurs, une seule étude qualitative a été répertoriée. Wardley et ses collègues
(2016) ont exploré l’expérience de huit intervenants en santé mentale ayant pris part à
une formation ACT offerte en milieu de travail à l’aide d’entrevues semi-dirigées.
Les résultats ont été analysés à l’aide de la méthode d’interprétation
phénoménologique et trois thèmes principaux ont émergé : « influence d’expériences
passées », « soi et les autres » et « impact et application ». Les participant(e)s ont
discuté de l’influence de leurs vécus personnels et professionnels sur leur expérience
29
de la formation, que ce soit au niveau de leurs raisons d’y prendre part, ou la façon
dont ils étaient engagés dans la formation. Plusieurs ont souligné que la formation
faisait sens pour eux et correspondait bien à leur cheminement tout en leur offrant une
nouvelle façon de voir leur situation. Les participant(e)s ont aussi apprécié avoir du
temps pour réfléchir à leur vie personnelle tout en acquérant des stratégies pour eux-
mêmes et des outils à utiliser avec leurs patient(e)s. Ils ont mentionné que les ateliers
leur avaient permis des prises de conscience importantes et que celles-ci avaient mené
à des changements au niveau de leur mode de vie et à un plus grand sentiment de
satisfaction. Ils ont aussi mentionné avoir apprécié la nature expérientielle de la
formation. Finalement, les participant(e)s ont rapporté qu’ils arrivaient à mieux vivre
avec le stress puisqu’ils parvenaient à changer la manière dont ils abordent leurs
pensées et émotions, soit avec plus d’ouverture, de lâcher-prise et d’acceptation.
organisationnel rapportée plus haut (Wardley et al., 2016), seulement quatre études
qualitatives explorant l’expérience de personnes souffrant d’un trouble psychotique
(Bacon et al., 2014), de troubles alimentaires (Fogelkvist et al., 2016), de douleurs
chroniques (Mathias et al., 2014) ainsi que des proches aidants (Williams et al., 2014)
prenant part à une intervention ACT ont été répertoriées. Par ailleurs, à notre
connaissance, seulement trois études avec un devis mixte ont été réalisées à ce jour.
Une première, portant sur l’expérience d’employé(e)s lors d’un processus de
changement d’un modèle de traitement de la douleur chronique de la TCC à l’ACT
(Barker et McCracken, 2014), une autre effectuée auprès de personnes souffrant de
fatigue chronique (Roche et al., 2017), et une étude dont les participant(e)s étaient
étudiants aux cycles supérieurs en psychologie (Pakenham et Stafford-Brown, 2013).
Pourtant, l’approche qualitative permet une compréhension profonde de l’expérience
des participant(e)s à l’aide de descriptions riches et détaillées (Paillé, 2009). Cette
exploration du point de vue des participant(e)s peut ainsi approfondir les résultats
d’études quantitatives et permettre de mieux comprendre les bénéfices perçus et les
mécanismes d’action permettant l’apprentissage en plus d’informer et guider d’autres
chercheurs et cliniciens afin d’améliorer l’implantation d’interventions futures.
De plus, la plupart des variables mesurées dans ces études quantitatives représentent
des indicateurs négatifs de santé psychologique (p.ex. stress, dépression, anxiété,
épuisement professionnel), et ce en dépit du fait que l’ACT vise non pas à réduire des
symptômes, mais plutôt à changer la relation que la personne entretient avec ceux-ci
pour lui permettre de vivre une vie riche de sens même en présence de difficultés
psychologiques (Monestès et al., 2009). Pour le moment, il demeure difficile de
savoir si ces interventions permettent d’augmenter le bien-être ou la satisfaction de
vie des travailleur(-euse)s, lesquels représentent des variables cohérentes avec les
objectifs thérapeutiques de l’ACT ainsi que la théorie sous-jacente.
31
Qui plus est, les études expérimentales existantes comportent plusieurs lacunes
méthodologiques, tels le manque d’analyse de puissance et les problèmes liés au
processus de randomisation (p.ex. effectué par une personne non-impliquée dans
l’étude, logiciel utilisé, quasi-randomisation). De plus, concernant les protocoles
d’intervention ACT, on trouve peu d’informations sur leur contenu (p.ex. format des
ateliers, types d’exercices, pratique suggérée entre les séances), et ils sont
généralement offerts en format condensé d’une journée ou de deux demi-journées
(p.ex. Flaxman et Bond, 2010a; Bethay et al., 2013). Or, il est généralement
recommandé dans les interventions basées sur la présence attentive et l’acceptation de
donner le temps aux participant(e)s de mettre en pratique au quotidien leurs
apprentissages et ainsi favoriser le transfert des connaissances (Roussel, 2014). En
effet, certaines habiletés comme l’acceptation ou la défusion cognitive sont plutôt
contre-intuitives et représentent des changements de posture importants. En ce sens,
elles nécessitent un certain temps avant d’être comprises de manière expérientielle et
intégrées au quotidien. Des auteurs suggèrent même que l’efficacité d’interventions
telles que l’ACT dépend de la quantité de temps que les participant(e)s consacrent à
la pratique à la maison (Reitz et al., 2016). Ajoutons en terminant qu’au niveau du
contenu des protocoles, Archer (2018) fait remarquer que seulement deux des
quatorze études répertoriées dans sa revue des écrits auraient utilisé des protocoles
d’intervention qui couvraient explicitement les six processus de la souplesse
psychologique présentés plus haut. Les autres protocoles comportaient une
combinaison d’habiletés liées à la présence attentive, au travail de clarification des
valeurs et aux actions engagées. Certains protocoles semblent avoir mis de côté des
processus centraux à la souplesse psychologique comme les valeurs (p.ex. Bond et
Bunce, 2000). Il semble problématique que les habiletés qui composent la souplesse
psychologique, bien qu’elles soient bien explicitées dans la théorie sur l’ACT avec le
modèle de l’hexaflex, ne soient pas toutes présentées systématiquement dans les
interventions étant donné que leur objectif principal est l’augmentation de la
32
Finalement, la grande majorité des études ont été effectuées auprès d’un seul type
d’employé(e)s (p.ex. intervenants dans le domaine de la déficience intellectuelle)
provenant tous d’un même milieu de travail. Ces échantillons plutôt homogènes
mènent à des résultats difficilement généralisables. Il serait donc intéressant pour
augmenter la validité externe de collecter des données auprès de population variées
ou d’effectuer des études de type « multi-sites », c’est-à-dire des études menées dans
divers environnements de travail.
Cette étude comporte deux objectifs. Le premier est d’évaluer à l’aide d’un essai
contrôlé randomisé multi-sites l’efficacité d’une intervention basée sur l’ACT à l’aide
d’indicateurs de bien-être et de détresse psychologiques au travail. À la lumière des
33
écrits scientifiques présentés précédemment, il est attendu que les employé(e)s qui
prendront part à cette intervention (groupe expérimental) rapporteront un niveau plus
élevé de bien-être psychologique au travail (H1) et un niveau plus bas de détresse
psychologique au travail (H2) que ceux qui seront mis sur une liste d’attente (groupe
contrôle).
MÉTHODE
Dans ce chapitre, la méthodologie utilisée dans le cadre de cette étude sera présentée,
soit une description des participant(e)s, de l’intervention, du devis de recherche et de
la procédure ainsi que les deux méthodes de collecte de donnée (quantitative et
qualitative) et leurs analyses respectives. Les considérations éthiques seront
également mises de l’avant.
2.1 Participant(e)s
Cinquante trois employé(e)s (n=53) ont pris part à cette étude. Ceux-ci proviennent
de deux milieux de travail différents, soit le Centre intégré universitaire de santé et de
services sociaux de l’Estrie- Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CIUSS
de l’Estrie- CHUS) et le Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu. Ces deux milieux de travail
nous ont contactés suite à la mise en ligne d’un site internet
(projetkompass.weebly.com) visant à promouvoir le projet et à recruter des milieux
de travail potentiels. Ces deux organismes étaient intéressés à offrir les ateliers à leurs
employé(e)s et nous permettaient d’implanter un projet de recherche. Il s’agit donc
d’un échantillon de convenance. Le Tableau 2.1 illustre les principales
caractéristiques sociodémographiques et certaines informations concernant le
contexte de travail des participant(e)s ayant complété le questionnaire au premier
temps de mesure (n=53) ainsi que pour ceux ayant complété au moins trois des
quatres ateliers et le deuxième questionnaire (n=44). La majorité des employé(e)s
35
sont des femmes (83% et 84,1 %) et leur âge se situe entre 25 et 68 ans (M= 44,98;
ÉT= 10,65 et M= 44,45; ÉT= 11,36). Une partie importante (n=24 et n=20) des
participant(e)s sont des professionnel(-le)s des soins de santé (ergothérapeutes,
orthophonistes, physiothérapeutes, psychologues, éducateur(-trice)s spécialisé(e)s,
audiologistes, travailleurs sociaux et travailleuses sociales, médecins), et près d’un
tiers (n=17 et n=14) occupe des postes de soutien administratif (agente administrative,
secrétaire, agente de communication, agente de programmation, planification et
recherche). Quelques employé(e)s occupent un poste d’enseignant(e) au collégial
(n=6 et n=5) et (n=2) deux occupent des postes de gestion (gestionnaire
administrative et directrice adjointe des études). De plus, quelques employé(e)s (n=4
et n=3) occupent des postes n’appartenant pas à une de ces catégories (conseiller
pédagogique en technopédagogie, conseiller, technicienne en organisation scolaire et
moyens d'enseignement et responsable informatique). Les employé(e)s qui ont
participé à cette étude ont entre 6 mois et 35 ans d’expérience dans leur milieu de
travail respectif (M=12,25; ÉT=10,54 et M=12,32, ÉT= 9,16) et travaillent en
majorité à temps plein (79,2% et 77,3 %).
Notons que les superviseur(e)s immédiat(e)s des participant(e)s n’ont pas été invités à
prendre part aux ateliers et par le fait même à l’étude afin d'éviter que les employé(e)s
se sentent inconfortables à l'idée de partager certaines expériences personnelles ou
professionnelles, d’autant plus qu’ils sont encouragés durant les ateliers à partager
des difficultés, des craintes, des émotions, souvent bien personnelles. La présence de
leur superviseur(e) immédiat(e) aurait pu s'avérer contre-productive et miner le climat
au sein des groupes.
36
Les employé(e)s invités à prendre part aux ateliers au CIUSS de l’Estrie- CHUS
étaient ceux qui travaillaient au Centre de réadaptation de l’Estrie et à l’Agence de
santé et des services sociaux de l’Estrie étant donné qu’ils occupaient les mêmes
bureaux. Ces deux établissements représentent un bassin de recrutement d’environ
500 employé(e)s (300 au Centre de réadaptation de l’Estrie et 200 à l’Agence de
santé et de services sociaux de l’Estrie), incluant les gestionnaires. Quant à lui, le
Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu compte près de 400 employé(e)s.
Les ateliers ont été développés à partir des six processus d’intervention décrits plus
haut et comportent diverses activités (capsules psychoéducatives, mises en situation,
exercices de méditation, échanges en dyades et en grand groupe, exercices écrits, etc.).
Ces activités sont contextualisées de manière à aider les employé(e)s à faire face à
des situations spécifiques liées à leur travail (p.ex. un conflit avec un collègue, une
situation particulièrement stressante). Les ateliers s’accompagnent aussi d’exercices
38
quant à lui, remis aux employé(e)s au début du premier atelier. Il contient des
exercices à faire durant les ateliers ou à la maison.
2.2.3 Formatrices
Les ateliers Kompass offerts aux employé(e)s CIUSS de l’Estrie- CHUS ont été
dispensés par une conseillère d'orientation membre de l'Ordre des conseillers et
conseillères d'orientation du Québec (OCCOQ). Les ateliers offerts au Cégep Saint-
Jean-sur-Richelieu ont été animés par deux psychologues du travail membres de
l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ). Les formatrices étaient toutes formées à
l’approche d’acceptation et d’engagement et avaient plusieurs années d’expérience
dans l’animation d’interventions de groupe en milieu de travail. Elles n'ont pas été
mises au courant des hypothèses de l’étude et l’auteure de cette thèse de même que
son directeur de thèse ont été disponibles pour répondre à leurs questions et
superviser leur travail tout au long du processus d’intervention. Cette procédure a été
mise en place pour favoriser l’animation des ateliers de manière standard et conforme
au protocole ainsi qu’aux principes de l’approche d’acceptation et d’engagement.
Une approche méthodologique de type mixte a été privilégiée pour cette étude. La
prémisse centrale de ce type de devis est que l’utilisation conjointe des approches
quantitatives et qualitatives permet une meilleure compréhension du sujet à l’étude
qu’une des deux approches utilisée individuellement (Robins et al., 2008). D’après
certain(e)s auteur(e)s, une analyse qui combine les méthodes quantitatives et
qualitatives permet de fournir un portrait plus complet de l’implantation d’une
intervention (Chen, 2005; Palinkas et al., 2011). D’une part, des données
quantitatives ont été recueillies par le biais d’un questionnaire rempli à deux reprises
afin de répondre au premier objectif de la recherche, soit d’évaluer les effets d’une
intervention (les ateliers Kompass) implantée dans différents milieux de travail sur le
bien-être et la détresse psychologiques au travail. L’intervention a été évaluée à l’aide
d’un essai randomisé contrôlé avec groupe contrôle de type « liste d’attente ». Les
41
employé(e)s souhaitant prendre part aux ateliers ont aléatoirement été répartis en
deux groupes, soit un groupe expérimental et un groupe contrôle. Ils ont été invités à
répondre au questionnaire à deux reprises : 1) une première fois avant l’intervention;
2) une seconde fois immédiatement après que le groupe expérimental ait terminé
l’intervention. D’autre part, l’approche qualitative, employée dans une perspective
descriptive-interprétative à l’aide de groupes de discussion, a été privilégiée afin de
répondre au deuxième objectif de recherche, soit d’explorer l’expérience des
participant(e)s ayant pris part aux ateliers pour mieux comprendre les bénéfices
perçus et les difficultés rencontrées ainsi que ce qui pourrait expliquer les différences
entre les expériences des participant(e)s. Ce volet qualitatif a été mis en place afin
d’approfondir la compréhension des résultats quantitatifs.
D’après la taxonomie des devis mixtes mise de l’avant par Palinkas et al. (2011),
notre méthodologie correspond à une collecte et une analyse séquentielles des
données quantitatives et qualitatives, en commençant par la collecte de données
quantitatives avec l’objectif principal de tester des hypothèses (QUANàqual).
L’utilisation des deux approches méthodologiques a pour fonction la
complémentarité, soit l’utilisation des données quantitatives pour évaluer les résultats
de l’intervention et les données qualitatives pour en évaluer le processus, soit
l’expérience des participant(e)s durant et après l’intervention. La recherche
qualitative est particulièrement appropriée pour explorer le processus pour plusieurs
raisons. Premièrement, décrire le processus requiert des descriptions détaillées de la
manière dont les gens s’engagent dans l’intervention. De plus, l’expérience du
processus varie généralement d’une personne à l’autre donc il est important qu’ils
puissent la décrire dans leurs propres mots. Par ailleurs, le processus est fluide et
dynamique et ne peut être résumé de manière représentative par une mesure
complétée à une reprise. Finalement, les perceptions des participant(e)s représentent
une considération essentielle pour bien comprendre le processus (Patton, 2001). Les
42
2.4 Procédure
2.4.1 Recrutement
Durant les séances d’information qui se sont tenues au CIUSS de l’Estrie- CHUS et
au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, divers renseignements ont été transmis aux
employé(e)s sur la nature et les objectifs des ateliers, mais aussi sur la recherche
destinée à évaluer leur efficacité et les aspects éthiques liés à celle-ci. Ces séances
d’information ont été animées par les formatrices ainsi que par des représentants de
l’équipe de recherche (la chercheure principale, le directeur de thèse et une assisante
de recherche). Au terme de la séance, un formulaire de participation et de
consentement a été remis aux employé(e)s. Seuls les employé(e)s qui ont signé ce
formulaire et qui ont consenti à participer à cette recherche de manière libre et
éclairée ont été invités à remplir le premier questionnaire décrit plus bas.
Une fois inscrits à l’étude, les employé(e)s ont été répartis aléatoirement en deux
groupes : le groupe expérimental et le groupe contrôle de type « liste d’attente ». La
randomisation a été effectuée par des personnes n’étant pas impliquées dans cette
étude à l’aide de la plateforme www.randomization.com. Le groupe expérimental au
CIUSS de l’Estrie- CHUS était formé de 14 participant(e)s, alors que le groupe
contrôle comportait 16 participant(e)s. Lors de la deuxième collecte de donnée au
Cégep St-Jean sur Richelieu, le groupe expérimental était composé de 11
participant(e)s, alors que 9 participant(e)s formaient le groupe contrôle. La manière
dont l’attrition s’est répartie tout au long des deux collectes de données est présentée
à la Figure 2.1.
Dans cette recherche, le même questionnaire a été utilisé à deux reprises. Au premier
temps de mesure (T1), il a été complété sous forme « papier-crayon » à la fin de la
séance d’information alors qu’il a été administré en ligne à l’aide de la plateforme
44
Le questionnaire utilisé au premier temps de mesure contient des questions qui ont
permis d’obtenir des informations concernant l’âge, le genre, la nature du poste que
les employé(e)s occupent, leur régime de travail (temps plein ou temps partiel) ainsi
que leur ancienneté au sein de l’organisation (voir Annexe D).
45
Les employé(e)s du CIUSS de l’Estrie- CHUS ayant pris part aux ateliers Kompass
ont été conviés à un groupe de discussion focalisée pour explorer leur expérience et
approfondir les résultats quantitatifs. Plus précisément, les groupes de disccussion
avaient pour objectifs d’explorer les bénéfices perçus et les difficultés rencontrées
ainsi que ce qui pourrait expliquer les différences entre les expériences des
participant(e)s. Un total de 11 employé(e)s ont pris part au volet qualitatif de l’étude
et deux groupes de discussion ont été créés. Ils ont été animés par la chercheure
principale, en collaboration avec son directeur de thèse et une assistante de recherche.
Les groupes de discussion ont duré entre 50 et 60 minutes. Ils ont été enregistrés et
les verbatims ont été retranscrits. Les questions qui ont été posées aux employé(e)s
sont les suivantes : 1) Comment décririez-vous votre expérience des ateliers? 2) Que
retenez-vous des ateliers?, 3) Comment décririez-vous votre expérience en lien avec
votre vie professionnelle?, 4) Comment décririez-vous votre expérience en lien avec
votre vie personnelle, 5) Quel(s) aspect(s) des ateliers vous semble(nt) le plus
bénéfique(s)? De quelle(s) façon(s)?, 4) Quel(s) aspect(s) des ateliers vous semble(nt)
moins bénéfique(s) ou plus difficile(s)? De quelle(s) façon(s)? Des sous-questions ont
aussi été incluses afin de permettre aux participant(e)s d’approfondir ou de clarifier,
au besoin, leurs réponses. Le canevas d’entrevue utilisé dans les groupes de
discussion focalisée est présenté à l’Annexe E.
2.6 Attrition
Soixante-trois employé(e)s (n=63) ont assisté aux séances d’information et dix (n=10)
se sont désistés après celles-ci. Cinquante-trois (n=53) ont été répartis aléatoirement
dans le groupe expérimental (n=24) et contrôle (n=29) et ont répondu au premier
questionnaire. Vingt-deux employé(e)s (n=22) du groupe expérimental ont complété
plus de trois ateliers (75% de l’intervention) et ont rempli le deuxième questionnaire.
46
Les ANCOVAS ont été effectuées selon les principes « d’intention de traiter » en
utilisant la méthode d’imputation multiple (Twisk et DeVente, 2002) selon le postulat
que les participant(e)s qui n’ont pas complété l’intervention ne présentent pas de
changements significatifs si les conditions d’utilisation de ces analyses sont
respectées. Les analyses ont également été effectuées pour les participant(e)s ayant
complété plus de trois ateliers puisque l’utilisation des principes « d’intention de
traiter » et « conforme au protocole » permettrait d’inclure un plus grand nombre
d’effets possibles de l’intervention sous différentes conditions (Del Re, Marisel,
Blodgett & Finney, 2013).
Les données issues des groupes de discussion focalisée ont été analysées en accord
avec les étapes de la recherche descriptive interprétative décrites par Gallagher (2014).
Premièrement, des discussions informelles entre l’animateur et les co-animateurs ont
eu lieu après chaque groupe de discussion pour partager les constats réalisés durant
les groupes de discussion. Deuxièmement, des fiches-synthèses ont été remplies par
l’animateur et les co-animateurs après chaque groupe afin de noter les éléments qui
avaient retenu leur attention. Troisièmement, une première écoute des
enregistrements audio et une lecture des notes prises durant les groupes de discussion
a été effectuée par la chercheure principale afin d’avoir une compréhension globale
du point de vue des participant(e)s. Par la suite, une première condensation des
données a été effectuée, soit un processus qui consiste à analyser les données afin de
trouver les extraits significatifs et extraire les thèmes. Un thème représente une courte
expression qui représente le sens des propos (Paillé et Mucchielli, 2012). Une grille
d’analyse a été construite au fur et à mesure que les thèmes ont été dégagés en
conformité avec la méthode de thématisation en continu (Gallagher, 2014).
L’approche mixte a été utilisée comme méthode d’analyse (L’Écuyer, 1987). En effet,
la lecture des données a été effectuée en fonction de deux types de catégories. D’une
part à l’aide d’un modèle fermé car certains thèmes proviennent des questions
prédéterminées comprises dans le canevas d’entrevue et découlent par le fait même
des objectifs de l’étude et du modèle théorique de l’ACT. D’autre part, à l’aide d’un
modèle ouvert puisque les thèmes ont également été déterminés à partir du discours
des participant(e)s avec le souci d’être le plus fidèle possible à leurs propos. Certains
thèmes se sont ainsi ajoutés ou en ont remplacés d’autres en cours d’analyse. Selon
L’Écuyer (1990), l’approche mixte est intéressante puisque « le chercheur possède
déjà un modèle qui lui sert de guide, mais qui reste souple, ouvert à toutes les
49
Par la suite, une deuxième phase de condensation a été menée pour établir les liens
entre les thèmes et pour construire progressivement l’arbre thématique, séparant les
thèmes en sous-thèmes plus spécifiques et regroupant les thèmes sous des thèmes
plus généraux (rubriques) (Gallagher, 2014). Paillé et Mucchielli définissent l’arbre
thématique ainsi :
Des notes ont été prises tout au long de cette étape pour documenter les décisions
méthodologiques et les réflexions à propos des hypothèses concernant les liens entre
les thèmes. Les données ont été analysées pour faire ressortir les relations entre les
thèmes afin de faire une analyse interprétative plus approfondie que la description.
Cette analyse s’est faite sous forme de regroupement conceptuel et explicatif
permettant la construction de sens entourant le phénomène étudié. Les conclusions
ont ensuite été élaborées et vérifiées. Celles-ci émanent d’une compréhension de
l’ensemble des données analysées et ont été vérifiées à l’aide de retours réguliers aux
verbatims pour assurer que les conclusions correspondent aux propos des
participant(e)s. De plus, des rencontres d’équipe tout au long du processus d’analyse
ont facilité les échanges constructifs et la co-analyse des données. Les membres de
l’équipe ont collaboré pour cerner les liens entre les thèmes, les regrouper en
rubriques plus générales, établir des ponts entre l’approche d’acceptation et
d’engagement et le contenu des entrevues et donner sens et profondeur à celles-ci. Le
découpage du matériel audio en thèmes a été effectué à l’aide du logiciel NVivo 10,
et ce, en respectant les nuances et en conservant le contenu pertinent à la recherche
50
pour chacun des participant(e)s. Les résultats seront présentés sous forme de schéma
expliqué dans la section résultats qualitatifs ainsi qu’à l’aide de tableaux détaillés
aussi appelés matrices (Miles et al., 2014) comportant des extraits de verbatim. Le
schéma permettra de présenter les données de manière condensée et organisée et de
mettre en lumière la relation entre les thèmes pour aller au delà de la description.
prendre part aux groupes de discussion, ce qui a permis de former deux groupes et le
constat a été fait que très peu de nouveaux thèmes ont émergés du deuxième groupe
suggérant une certaine saturation des données. De plus, plusieurs informations à
propos des caractéristiques socio-démographiques des participant(e)s et concernant
leur contexte de travail ont été recueillies. En ce qui a trait la constance interne, ce
critère réfère à « l’indépendance des observations et des interprétations par rapport à
des variations accidentelles ou systématiques (le temps, par exemple ou la
personnalité du chercheur) » et peut être satisfait de manière relative par la
triangulation des observateurs (Gohier, 2004). Comme mentionné plus haut, deux
autres chercheurs ont participé à des rencontres de groupes permettant de revisiter
chaque rubrique, thème et sous-thème ainsi afin d’en discuter et de vérifier les
interprétations de la chercheuse principale. Finalement, la fiabilité est définie par
l’auteure comme l’indépendance des analyses en lien avec l’idéologie du chercheur et
nécessite la transparence de ce dernier sur ses supposés et ses orientations théoriques
ainsi que par son implication sur le long terme sur le terrain et la triangulation des
données (Gohier, 2004). Bien que l’implication dans le milieu de travail après les
ateliers et les collectes de données n’ait pas été possible, la triangulation des données
fut possible avec la combinaison des données quantitatives aux données qualitatives.
Concernant l’orientation théorique de la chercheuse principale, cette dernière a suivi
plusieurs formations sur la théorie de l’ACT et les différentes techniques
d’intervention qui ont sans aucun doute influencé l’interprétation des propos des
participant(e)s. En effet, le modèle théorique de l’ACT, en particulier le modèle de
l’hexaflex, décortiquant la souplesse psychologique en six composantes a informé les
thèmes utilisés pour décrire les données recueillies lors des groupes de discussion.
Par ailleurs, lors des rencontres d’équipe ayant servi à réviser les thèmes et l’arbre
thématique, une des chercheuses présente était également familière avec le cadre
théorique de l’ACT alors que l’autre ne l’était pas. Cette dernière était formée à la
recherche et l’intervention en psychologie, mais n’avait pas de formation spécifique à
l’ACT ce qui amenait un point de vue complémentaire aux discussions et à l’analyse.
52
Des notes méthodologiques ont également été prises tout le long du processus afin de
documenter les décisions prises. Ces précautions permettent une plus grande
distanciation afin de favoriser une concordance entre les données recueillies et leur
interprétation (Laperrière, 1997).
RÉSULTATS QUANTITATIFS
Ce chapitre porte sur les résutlats quantitatifs de l’étude. Les résultats des analyses
préliminaires seront d’abord présentés. Ensuite, les résutlats des effets de
l’intervention au niveau du bien-être et de la détresse psychologiques au travail seront
mis de l’avant.
Avant de tester les hypothèses de cette étude, la normalité des données a été
vérifiée en utilisant les tests Kolmogorov-Smirnov et Shapiro-Wilk. Quelques cas se
sont révélés problématiques pour le test de Shapiro-Wilk. En effet, les valeurs p sont
inférieures au niveau alpha de 0,05 au T1 pour le groupe expérimental pour les
variables détresse psychologiques au travail (p = 0,02), irritabilité/agressivité (p =
0,02) ainsi que pour le T1 du groupe contrôle pour les variables irritabilité/agressivité
(p = 0,03), anxiété/dépression (p = 0,03) et désengagement au travail (p = 0,003), ce
qui indique qu’il est probable que les données ne soient pas issues d’une population
normalement distribuée. Par contre, les analyses utilisées (ANCOVAS) sont assez
robustes face à des violations modérées du postulat de normalité. De plus, les
statistiques descriptives de la variable désengagement au travail pour le groupe
contrôle, soit la sous-échelle ayant la plus petite valeur p, ne montrent pas de
54
Au niveau des données extrêmes, les patrons de réponses des questionnaires ont été
vérifiés afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de patrons de réponses aberrantes (p.ex. des
valeurs de « 1 » ou des « 5 » à tous les items). Aucun de ces patrons n’a été trouvé.
Ensuite, une vérification univariée à l’aide de la transformation en score Z a été
effectuée. Toute valeur supérieure à trois en valeur absolue a été considérée comme
55
extrême. Les scores au T1 et au T2 ont été vérifiés, de même que les scores de gain.
Une participante du groupe expérimental a été retirée de l’échantillon, mais
seulement pour les valeurs de détresse psychologique au travail, puisque ses scores de
gain entre le T1 et le T2 avaient un score Z supérieur à trois. Ses données au T1 et au
T2 ne sont pas considérées comme extrêmes, mais l’écart entre ceux-ci le sont. Elle a
donc été retirée de l’échantillon au T1 et au T2, mais seulement pour faire les tests
statistiques pour l’échelle de détresse psychologique au travail. Ses données ont été
conservées pour vérifier les conditions d’utilisation, soit la normalité et
l’homogénéité de la variance.
Étant donné que les données ont été collectées auprès d’employé(e)s travaillant dans
différents milieux de travail, nous avons vérifié s’il y avait des différences entre les
milieux par rapport aux variables sociodémographiques et dépendantes. Dans les
deux groupes, expérimental et contrôle, il y a présence de différences pour les
variables sociodémographiques selon le milieu de travail (voir Tableau 3.2). Bien que
les milieux de travail aient certaines similitudes (p.ex. organisme public et parapublic,
comportent tous des employé(e)s occupant des postes de soutien administratif, etc.), il
n’est pas attendu qu’ils soient équivalents en ce qui concerne, par exemple, l’âge et
l’ancienneté, soit les deux variables présentant des différences significatives. À titre
d’exemple, une enseignante au Cégep ayant obtenu une maîtrise ne commencera pas
sa carrière au même âge qu’une agente administrative au CIUSS.
56
Régime de Régime de
travail travail
Cégep Temps plein = 7 Cégep Temps plein = 7
St-Jean Temps partiel = 0 St-Jean Temps partiel = 0
CIUSS Temps plein = 10 CIUSS Temps plein = 10
Temps partiel = 5 Temps partiel = 5
Ancienneté Ancienneté
Cégep M = 14,5 Cégep M = 6,6
St-Jean ET = 12 3 St-Jean ET = 4,8
CIUSS M= 13,2 CIUSS M = 13,1
ET= 8,4 ET = 9,7 6*
1
p =0,002
2
Les fréquences attendues étant inférieures à 5 pour certaines cellules, le test du Chi carré ne peut pas
être utilisé.
3
p = 0,80
4
p = 0,84
5
Les fréquences attendues étant inférieures à 5 pour certaines cellules, le test du Chi-carré ne peut pas
être utilisé. Toutefois, il est possible d’estimer qu’il n’y pas de différence.
6
p = 0,05
* p <0,05
Tableau 3.4 Vérification de l’équivalence des groupes au T1 sur les VD et des effets
d’interaction prétest et post-test
Selon nos hypothèses, il est attendu que les employé(e)s du groupe expérimental
rapportent un niveau plus élevé de bien-être psychologique au travail (incluant les
sous-échelles d’harmonie sociale, de sérénité et d’engagement au travail) (H1) ainsi
que des indices de détresse psychologique au travail (incluant les sous-échelles
d’anxiété/dépression, irritabilité/agressivité et désengagement au travail) plus bas
(H2). Pour tester ces hypothèses, des ANCOVAS ont été utilisées permettant ainsi
d’examiner les effets de la randomisation sur les niveaux moyens des variables
dépendantes au post-intervention (T2) en contrôlant pour leurs mesures au pré-
intervention (T1). Les analyses de covariance révèlent un effet significatif positif du
groupe pour l’harmonie sociale [F (1,41) = 4,48, p = 0,04] et négatif pour
l’anxiété/dépression [F (1,40) = 4,31, p = 0,04] (voir tableau 3.5). Les tailles d’effet
sont considérées petites pour toutes les variables excepté la variable harmonie sociale
qui présente un effet moyen. De plus, les tailles d’effets varient entre 0,32 et 0,53 (g
60
de Hedges) pour sept des huit variables, alors que la variable irritabilité/agressivité a
une taille d’effet beaucoup plus faible (0,03).
Les ANCOVAS ont également été répétées en incluant tous les participant(e)s ayant
été randomisés (N = 53) selon les principes « d’intention de traiter ». Les analyses ont
mené à des patrons de résultats similaires (voir Tableau 3.5). Toutefois, les analyses
retenues sont celles utilisées selon le principe « conforme au protocole » pour
plusieurs raisons. Premièrement, pour les analyses « intention de traiter », il doit être
tenu pour acquis que les données manquent au hasard et que les participant(e)s ayant
abandonné ne diffèrent pas des participant(e)s ayant continué ou le tester à l’aide du
test de Little. Toutefois, étant donné la petite taille de l’échantillon (n=53), les
résultats de ce test ne seraient pas interprétables. Par ailleurs, les personnes ayant
abandonné après le prétest ont, de manière intéressante, un profil plus positif que les
44 participant(e)s ayant des données complètes.
Tableau 3.5 Résultats et comparaison des résultats selon les analyses « conforme au protocole » et « intention de traiter »
1. Bien-être Test t pour 1,23 0,23 0,18 De -0,12 0,36 De -0,24 à 0,27 0,14 De -0,11 à 0,31 De -0,25 à
les post- à 0,48 0,97 0,40 0,86
tests
1.1 Sérénité Test t pour 1,13 0,27 0,19 De -0,15 0,34 De -0,27 à 0,31 0,16 De -0,14 à 0,28 De -0,27 à
les post- à 0,52 0,94 0,46 0,84
tests
1.2 Harmonie ANCOVA 4,48 0,04* 0,26 De 0,01 à 0,53 De 0,01 à 1,05 0,05* 0,24 De 0,01 à 0,49 De 0 à 0,99
sociale 0,50 0,47
1.3 Engagement ANCOVA 1,76 0,19 0,23 De -0,11 0,32 De -0,17 à 0,19 0,22 De -0,10 à 0,3 De -0,16 à
au travail à 0,57 0,81 0,55 0,76
2. Détresse1 ANCOVA 3 0,09 -0,2 De -0,42 0,38 De -0,07 à 0,06 -0,22 De -0,45 à 0,44 De -0,03 à
à 0,03 0,82 0 0,9
2.1 Agression / ANCOVA 0,02 0,9 -0,01 De -0,23 0,03 De -0,49 à 0,91 -0,01 De -0,22 à 0,03 De -0,46 à
Irritabilité à 0,20 0,55 0,20 0,511
2.2 Anxiété ANCOVA 4,31 0,04* -0,27 De -0.53 0,42 De 0 à 0,85 0,04* -0,31 De -0,6 à - 0,47 De 0,03 à
/Dépression à -0.02 0,03 0,92
2.3 ANCOVA 2,33 0,14 -0,27 De -0,61 0,36 De -0,12 à 0,04* -0,37 De -0,7 à 0,51 De 0,02 à 1
Désengagement à 0,08 0,85 0,03
au travail
1
Calculé à partir d’un échantillon de quarante-trois participant(e)s (n = 43) pour les résultats « conforme au protocole » et cinquante-deux participant(e)s
(n=52) pour les résultats « intention de traiter »
g = taille d’effet mesuré à l’aide du g de Hedges
I.C. = intervalle de confiance
62
Les figures 3.1 à 3.8 présentent les résultats sous forme graphiques linéaires pour la
variable bien-être psychologique au travail et ses sous-variables (sérénité, harmonie
sociale et engagement au travail) ainsi que pour la variable détresse psychologique au
travail et ses sous-variables (irritabilité/agressivité, anxiété/dépression et
désengagement au travail). Les figures 3.3 et 3.7 représentent des effets significatifs.
expérimental contrôle
Figure 3.1 Graphique représentant l’effet de l’intervention sur le bien-être psychologique au travail
Sérénité
3.9
3.8
3.7
3.6
3.5
pré post
expérimental contrôle
Harmonie sociale
4.2
4.1
4
3.9
3.8
pré post
expérimental contrôle
Engagement au travail
3.8
3.6
3.4
3.2
pré post
expérimental contrôle
expérimental contrôle
Figure 3.5 Graphique représentant l’effet de l’intervention sur la détresse psychologique au travail
64
Agression/irritabilité
1.8
1.7
1.6
1.5
1.4
pré post
expérimental contrôle
Anxiété/dépression
2.6
2.4
2.2
2
pré post
expérimental contrôle
Désengagement au travail
2.5
1.5
1
pré post
expérimental contrôle
RÉSULTATS QUALITATIFS
Le schéma de la figure 4.1 présente les trois rubriques ainsi que les thèmes et sous-
thèmes sous-jacents. Des tableaux présentés en Annexe I représentent une version
détaillée du schéma en respectant la même structure et en incluant les extraits de
vermatims pour appuyer l’organisation des thèmes et sous-thèmes.
66
Mieux-être
Démarche personnelle
Disposition au changement
Application au travail et
dans la vie personnelle
Différences inter-individuelles Dynamique de groupe
La première rubrique regroupe les thèmes et les sous-thèmes concernant les bénéfices
perçus par les participant(e)s dans le cadre des ateliers, soit les prises de conscience
(thème 1) et les changements d’habitudes observés (thème 2), les outils ou les
stratégies utilisés (thème 3) ainsi que les bienfaits ressentis au niveau du mieux-être
(thème 4).
Durant les ateliers, les participant(e)s ont fait différentes prises de conscience, surtout
en lien avec les intentions qui motivent leurs comportements ainsi que les
conséquences qui en découlent. D’une part, ces prises de conscience semblent
découler des exercices portant sur les stratégies de contrôle et d’évitement et sur le
rôle de celles-ci dans le maintien du stress et des émotions difficiles. D’autres part,
ces prises de conscience semblent émerger des exercices liés aux valeurs et aux
actions engagées.
Pis là je l’essayais pis j’étais vraiment contente quand j’y arrivais, pis
j’étais contente de voir que ça n’avait pas fait en sorte que j’étais plus
68
anxieuse, tse c’était pas, c’est un peu une façon de gérer le stress d’arriver
à une réponse avec mon jeune, mais de ne pas l’avoir la réponse c’était
correct quand même parce que c’était bien satisfaisant la façon que ça se
terminait tse de juste être dans l’écoute, être dans l’écoute a permis qu’il
se confit d’avantage, qu’on aille un petit peu plus loin, pis ça se réglait
par lui-même, pis c’est ça qui faut, tse je le sais.
Ça faisait plusieurs fois que je remarquais que le lundi, mes collègues des
amis disaient, me posaient une question très spécifique sur quelque chose
que j’avais fait, que je leurs avais dit que je faisais et moi je ne me
souvenais plus de ce qu’ils faisaient, de ce qu’ils m’avaient dit qu’ils
faisaient durant la fin de semaine. Et là j’étais déçue et là je me disais que
je ne les avais pas écoutés. J’étais là, mais je ne les ai pas écoutés, je m’en
souviens plus. Qu’est-ce qu’ils ont fait en fin de semaine, s’il allait au
resto qu’est-ce qu’il faisait je ne m’en souvenais plus et ça me dérangeait
parce que ben c’est ça. Et là dans le fond quand j’ai mis mes valeurs, j’ai
réalisé que mes relations interpersonnelles étaient très importantes et là
j’ai fait ben là écoute-les!
Les participant(e)s semblent avoir non seulement pris conscience de leurs intentions,
de la fonction de leurs comportements et du niveau de cohérence entre leurs actions et
leurs valeurs, ils ont aussi remarqué que ces prises de conscience se traduisaient en
69
des changements concrets dans leur vie de tous les jours et par l’adoption de
nouvelles habitudes.
Les participant(e)s ont partagé des exemples de leur quotidien démontrant une autre
façon de faire face aux difficultés, soit une réponse plus consciente ou intentionnelle
plutôt qu’une réaction automatique visant à contrôler ou à éviter une situation ou des
émotions difficiles. Leurs propos démontrent qu’ils arrivent à faire face aux situations
avec plus de discernement et de flexibilité et ainsi se départir de façons automatiques
de réagir.
Mais moi j’ai trouvé quand même que ça m’a aidée, tse comme lundi
y’avait un évènement qui est arrivé pis d’habitude j’aurais réagi beaucoup
plus, pis je serais restée dans le cercle vicieux (la participante semble
faire référence au concept présenté dans les ateliers du cercle vicieux que
représentent les stratégies de contrôle et d’évitement qui contribueraient
au maintien des difficultés) pendant des semaines et des semaines, mais
j’ai quand même pu m’arrêter malgré que c’était quand même gros et je
suis revenue à la normale assez rapidement.
Moi j’ai un exemple au travail, c’est plus en lien avec les valeurs, des fois
avec les valeurs on en a des différentes, mais moi il y avait une valeur qui
ressortait c’était le leadership tant par moi que par d’autres, un moment
70
donné on vit des choses urgentes ou ambigües, c’est dans ces moments-là
que ça ressortait. En avril on ne savait pas, notre patronne on se
demandait elle part tu, ou elle ne part pas, elle est sur le bord de la retraite,
ça fait que je me disais on attendra pas une semaine avant pour organiser
quelque chose si jamais elle part, je me suis dit non non, pis c’est là que
j’ai réfléchis, c’est là que je me suis dit le leadership c’est important pour
moi, ça fait que je vais le prendre en charge pis c’est ça, je vais obtenir de
l’information.
En outre, plusieurs ont remarqué être plus présents et attentifs à leur expérience,
plutôt que d’être pris dans des pensées liées au passé ou au futur. Ils prennent
dorénavant l’habitude de s’arrêter dans leur quotidien pour se reconnecter à ce qui se
déroule dans le moment présent. Cela se traduit, par exemple, en prenant quelques
minutes pour porter attention aux différentes sensations corporelles qui sont présentes,
ou encore respirer en pleine conscience.
Je le fais plus souvent, avant j’en faisais, mais j’en sautais à chaque 4
jours là, mais maintenant je les fais presque à tous les jours ça fait que ça
m’a comme donné la permission de prendre 20 minutes par jour et de le
faire presque à tous les jours.
71
Les participant(e)s ont été nombreux à souligner la nature expérientielle des ateliers.
Ils semblent avoir apprécié les exercices et les stratégies mis de l’avant durant
l’intervention.
En effet, plusieurs participant(e)s ont nommé des exercices concrets présentés dans le
cadre des ateliers et ils en mentionnaient l’utilisation dans leur quotidien même une
fois les ateliers terminés. Certain(e)s contrastaient également l’aspect expérientiel de
l’intervention à d’autres ateliers plus axés sur la théorie.
Ben moi j’ai aimé que c’était concret. Je trouvais qu’on arrivait
rapidement dans des exercices à faire puis ça moi ça m’a accroché
beaucoup que des fois je trouve qu’on voit beaucoup de concepts, mais
qu’on ne sait pas trop qu’est-ce qu’on va faire concrètement avec ça.
Les participant(e)s utilisent des mots précis faisant référence à la matrice de l’ACT,
soit un tableau comportant quatre quadrants (valeurs, actions engagées, difficultés
ressenties et stratégies de contrôle ou d’évitement) utilisé dans le cadre des ateliers
afin d’organiser selon deux axes certains concepts, dont la clarification des valeurs,
les actions engagées, l’observation de ses difficultés et les stratégies de contrôle et
d’évitement. Les participant(e)s ont été invités à remplir une matrice avec des
exemples personnels et les propos partagés dans le cadre des groupes de discussion
démontrent l’intégration de cet outil spécifique dans leur quotidien. Certain(e)s
utilisent des termes faisant référence à cet outil, tel qu’« à droite » et « le cercle
vicieux » et ce sans même nommer la matrice.
Certain(e)s participant(e)s rapportent que ce qu’ils ont appris durant les ateliers, en
particulier grâce à la pratique de la méditation, semble permettre de diminuer le stress
et l’anxiété ressentis.
Ben moi je trouve que ça m’a permis d’être, en tout cas j’essaie, c’est sûr
que ce n’est pas encore acquis là, mais d’essayer d’être plus présente à ce
que je fais parce que je suis beaucoup en mode anticipation tse euh bon
qu’est-ce que je vais faire demain, après-demain pis tout ça là, c’est ça pis
finalement je ne vis pas l’instant présent pis ça, je trouve que ça en tout
cas ça me nuisait ça me rendait pas satisfaite pis ben malheureuse même.
Fac ça j’essaye beaucoup en tout cas ça m’a donné des bons outils pour
être mieux.
La deuxième rubrique regroupe les difficultés soulevées par les participant(e)s en lien
avec leur expérience des ateliers ainsi que la pratique ou le maintien des acquis après
l’intervention. Ces thèmes permettent d’apporter des nuances à la première rubrique
73
Les participant(e)s ont nommé des difficultés rencontrées durant les ateliers, ainsi que
des besoins non répondus qui auraient pu pallier ces difficultés. En effet, dans les
deux groupes de discussion, plusieurs participant(e)s ont soulevé le besoin d’avoir
plus de soutien. Par exemple, certain(e)s ont mentionné qu’il aurait été souhaitable de
bénéficier des rencontres individuelles avec la formatrice lors de moments difficiles
(p.ex., lorsqu’une personne vit quelque chose de confrontant dans le groupe et qu’il
n’est pas à l’aise de le partager).
Pis aussi je trouvais que la rencontre des valeurs il y a des affaires qui
sont très personnelles que je ne me sentirais peut-être pas très à l’aise de
partager devant tout le monde, ça fait que d’avoir la possibilité d’avoir 15
minutes pour réfléchir avec elle pour qu’elle nous guide un peu (…) si on
a besoin de parler les valeurs, ce n’est pas toujours confortable d’en parler
à 9-10 personnes que tu ne connais pas.
Bien qu’ils aient apprécié les exercices de méditation durant les ateliers, les
employé(e)s auraient souhaité avoir plus d’instructions et de soutien pour développer
et mieux intégrer cette pratique au quotidien.
Pour moi peut-être un petit peu plus de pratique sur la méditation, un petit
peu plus de temps sur la méditation. C’était nouveau pour moi et peut-être
pas évident à réussir. Ben pas réussir, car pas de méditation réussie ou
manquée, mais à développer l’attitude pour.
Moi j’ai aimé faire les petites séances de relaxation et de voir comment,
j’ai trouvé qu’à l’atelier ils nous ont donné quand même quelques-uns,
mais je pense que c’est quand tu commences à t’y intéresser il y a pleins
d’outils qui ressortent pis c’est un peu de choisir comment l’appliquer
dans la réalité. Tse moi 20 minutes par jour, là moi je me suis dit c’est
beaucoup, moi je vais le faire d’une autre façon.
Certain(e)s propos en lien avec les différentes façons que les participant(e)s se
seraient approprié la pratique de la méditation, soit en modifiant la forme ou la durée,
suggèrent leur volonté d’adopter cette pratique, mais également la présence de
difficultés liées à l’intégration et au maintien de la pratique telle que suggérée.
J’ai essayé des livres et des petites phrases. Je lis mes petites phrases
moment présent pis je suis ah ok c’est une phrase c’est moins long qu’une
méditation pis pour moi en ce moment-là ma phrase par jour pis je
commence tse. Fac que j’essaye d’appliquer ça mais je pense que c’est
important cette notion-là, c’est un travail tse. Mais je pense que l’idée que
vous avez quand même mis l’emphase tse on ne devient pas marathonien
du jour au lendemain, pis tse pour moi bon je suis sportive, c’est vrai je
ne peux pas devenir bonne fac que ça me remet dans c’est ça.
Quelques participant(e)s auraient souhaité avoir plus de quatre ateliers, ou encore que
ceux-ci soient espacés sur un plus grand nombre de semaines afin d’avoir plus de
soutien dans l’intégration des apprentissages. Une personne a également émis l’idée
d’avoir une séance de suivi en groupe avec la formatrice quelques semaines après la
fin des ateliers afin d’avoir du soutien supplémentaire et un bon nombre de
participant(e)s ont acquiescé à cette proposition.
75
D’autres difficultés ont été soulevées en lien avec le temps alloué aux discussions
durant les ateliers ainsi que les prises de conscience effectuées. Chacune de ces
difficultés est décrite avec plus de détails ci-dessous.
Dans les deux groupes de discussion, des participant(e)s ont mentionné que le rythme
des ateliers était parfois rapide et qu’il manquait de temps pour les discussions. Ils
auraient aimé avoir plus de temps pour approfondir leurs réflexions, que ce soit en
grand groupe ou en dyades. Un tel constat peut également être lié à la difficulté
mentionnée précédemment à propos de l’intégration des apprentissages.
En lien avec le premier thème de la première rubrique, soit les prises de conscience
observées par rapport à leurs comportements et leurs valeurs, les participant(e)s ont
76
Tse je n’exprime pas mon besoin fac que ça fait que je reste à gauche (la
participante fait référence aux différents axes de la matrice; à gauche
réfère à des comportements qui nous éloignent de nos valeurs) pis ça
quand j’essaie d’être à droite (en faisant référence aux comportements
alignés aux valeurs) ça dérange beaucoup, ça fait en sorte que j’ai comme
besoin d’être accompagnée là-dedans, d’être accompagnée, d’être validée.
La dernière rubrique contient des thèmes qui pourraient expliquer les différences
entre les expériences des participant(e)s. Elle permet aussi d’approfondir la
compréhension des résultats quantitatifs ainsi que les résultats qualitatifs mentionnés
précédemment puisque les différents propos partagés font écho à certaines
caractéristiques individuelles qui semblent avoir favorisé ou au contraire nuit au
cheminement des participant(e)s dans le cadre des ateliers. Différentes trajectoires ont
émergé des analyses qualitatives et celles-ci nous informent des divers processus
d’apprentissage qui ont pu se mettre en place durant les ateliers Kompass.
En effet, les propos de certain(e)s participant(e)s suggèrent que les ateliers s’insèrent
dans une démarche personnelle déjà amorcée, que ce soit par des lectures effectuées
dans le passé, des expériences en lien avec la pratique de la méditation ou une
certaine familiarité avec les concepts liés à l’ACT. Cela semble les disposer à faire les
exercices, à appliquer les stratégies proposées ainsi qu’à aller plus en profondeur dans
leurs réflexions et prises de conscience.
Ça fait que moi c’est arrivé à un bon moment dans ma vie, c’est là que
j’étais rendue, c’est ça que j’essayais de travailler pis ça c’est comme un
outil qu’on me donnait pour travailler ce que je tentais de travailler le plus
possible.
Les propos d’autres participant(e)s semblent plutôt démontrer qu’ils en sont au début
de leur démarche personnelle, qu’il s’agit de la première fois qu’ils sont en contact
avec les concepts et les exercices proposés dans les ateliers. Par conséquent, ils
ajustent par exemple la durée des pratiques de la méditation, se permettent moins
d’aller en profondeur dans leurs réflexions ou repartent avec l’impression d’avoir
appris des stratégies intéressantes, mais ne se sentent pas prêts à les mettre en
application au quotidien. Comme si les ateliers auraient permis de « semer une
graine » qui pourrait par la suite être cultivée lorsqu’ils seraient exposés à nouveau à
ces concepts ou lorsqu’ils se sentiraient réellement prêts à remettre certaines
habitudes en question et implanter des changements.
Moi aussi tse c’est au début c’était dans le fond d’aller chercher les outils
pis là il reste de les appliquer pis tout ça.
Les ateliers ont permis aux participant(e)s de réfléchir à leur quotidien au travail et à
la maison, en plus de les encourager à appliquer différentes stratégies dans ces deux
sphères de leur vie. Les groupes de discussion permettent d’en savoir plus sur leur
processus d’intégration des acquis au travail.
Par ailleurs, certain(e)s ont mentionné avoir trouvé quelques occasions d’intégrer au
travail ce qu’ils avaient appris, soit en l’utilisant pour eux-mêmes en prenant par
exemple une pause intentionnelle pour se reconnecter au moment présent entre deux
client(e)s, ou pour se questionner sur les valeurs importantes pour eux dans le cadre
de leur travail.
D’autres ont mentionné avoir pu intégrer certains aspects au travail dans un contexte
plus relationnel, soit avec leurs patient(e)s ou leurs collègues, en utilisant des outils
79
Ouais dans mes thérapies, dans mes suivies, j’utilise maintenant beaucoup
la matrice, euh j’utilise beaucoup des outils que j’ai appris dans la
formation pour en fait s’occuper de leur cheminement pour les aider à
vaincre ce qu’ils ont à vaincre.
Les exemples rapportés en lien avec le travail représentaient toutefois une part moins
importante des propos partagés par rapport à ceux liés à la vie personnelle.
Dans les deux groupes de discussion, on remarque que les participant(e)s ont vécu
des expériences différentes quant à la dynamique de groupe. En effet, certain(e)s ont
apprécié le soutien offert par le groupe, que ce soit par le partage d’expériences qui
résonnaient avec les leurs, les discussions en petits groupes qui auraient permis
d’approfondir leurs réflexions ou le fait qu’ils pouvaient en rediscuter avec leurs
collègues entre les ateliers et se soutenir dans l’intégration de nouvelles habitudes.
C’est ma collègue de tous les jours, avec qui je partage un bureau, elle me
voyait travailler ça et là j’avais comme un outil pour m’aider à le mettre
en pratique.
Au contraire, d’autres personnes ont mentionné que les discussions en groupe étaient
parfois difficiles puisqu’elles n’étaient pas toujours à l’aise de partager certaines
expériences personnelles avec des collègues. D’autres ont dit s’être sentis mal à l’aise
lorsque des collègues partageaient ouvertement leurs difficultés. Ces propos semblent
liés au besoin mentionné précédemment d’avoir une ou des rencontres de soutien
individuel avec la formatrice. Quelques-un(e)s ont rapporté s’être censurés lors des
exercices sachant qu’ils seraient ensuite invités à discuter entre collègues.
80
Les ateliers ont été offerts au CIUSS de l’Estrie- CHUS alors que les employé(e)s
vivaient des changements organisationnels importants et les participant(e)s ont, de
façon intéressante, discuté d’expériences très différentes en lien avec les ateliers.
Certain(e)s ont mentionné que les ateliers étaient offerts à un moment opportun
puisqu’ils avaient besoin plus que jamais d’outils et de soutien pour la gestion du
stress lié aux restructurations en cours et au climat d’incertitude qui régnait dans
certaines équipes.
Ben c’était dans un bon moment, je pense, pour ça. C’était un bon timing
c’était juste avant tous les changements et c’est des changements qui font
juste commencer. Je pense que ça nous donne des trucs pour nous
préparer à un certain point à ces changements-là, à ce stress-là qui va
peut-être apparaître ou empirer. Je ne sais pas on ne sait tellement rien
avec ce qui s’en vient.
Par ailleurs, d’autres ont mentionné que l’instabilité organisationnelle vécue durant
les ateliers rendait leur participation plus difficile. Ils ont soulevé un point qui
pourrait expliquer une part de l’attrition, soit le fait qu’une réunion importante
pendant laquelle des annonces liées aux postes abolis ait eu lieu en même temps que
le dernier atelier pour un des groupes. D’autres se sont sentis moins disponibles
mentalement pour faire un travail d’introspection puisqu’ils ne savaient pas s’ils
allaient être relocalisés ou perdre leur emploi.
DISCUSSION
Les analyses qualitatives révèlent, quant à elles, que les employé(e)s retirent divers
bénéfices de leur participation aux ateliers. Par exemple, ils disent avoir fait des
prises de conscience importantes à propos de leurs comportements et de la fonction
de ceux-ci. Ils rapportent aussi avoir changé certaines habitudes (p.ex., prendre le
temps de s’arrêter pour être dans le moment présent, mettre en place des actions
engagées et réduire leur réactivité). Plusieurs rapportent aussi avoir acquis des outils
expérientiels précieux (ex. la matrice de l’ACT, méditations guidées) et soutiennent
que les ateliers leur ont permis de mieux se sentir.
les séances. D’autre part, d’autres ont trouvé la dynamique de groupe parfois difficile
et nuisible à leurs apprentissages. Ils mentionnent avoir ressenti un malaise lors des
partages ou s’être censurés lors des échanges puisqu’ils ne se sentaient pas à l’aise de
discuter de leurs expériences et de leurs difficultés avec leurs collègues de travail. Ce
constat est également rapporté dans l’étude de Malpass et ses collègues (2012). Les
auteurs notent que certain(e)s participant(e)s ont vu leur anxiété augmenter en groupe
et ont vécu l’intervention comme « un espace incertain et difficile » (traduction libre).
Ces propos soulignent l’importance de mettre en place des conditions lors
d’interventions de groupe pour favoriser un sentiment de sécurité et de confiance au
sein du groupe. Il pourrait s’agir de rappeler l’importance de la confidentialité durant
et après les rencontres ainsi qu’inviter les participant(e)s à partager leurs expériences
tout en respectant leur rythme et leurs limites.
5.2.2 Anxiété/dépression
Par ailleurs, des études ont aussi documenté le lien entre l’évitement expérientiel et
les manifestations de la détresse psychologique telles l’anxiété et la dépression. À
titre d’exemple, 20 études indiquent des corrélations positives entre l’évitement
expérientiel et les symptômes dépressifs et 14 études portant sur la relation entre les
86
Lors des groupes de discussion, les participant(e)s ont rapporté des propos cohérents
avec ce résultat. En effet, le thème « bénéfices perçus », et plus spécifiquement le
sous-thème « mieux-être », documente la diminution de l’anxiété et du stress que
certain(e)s participant(e)s ont pu observer. Les résultats qualitatifs soulignent
également l’apport des prises de conscience liées aux stratégies d’évitement et les
changements d’habitudes qu’elles semblent permettre. Effectivement, les
participant(e)s ont observé que certaines de leurs stratégies d’adaptation étaient
motivées par l’évitement ou le contrôle d’expériences difficiles, et ont ensuite mis en
pratique de nouvelles façons de répondre aux difficultés empreintes de plus de
souplesse.
5.3.1 Irritabilité/agressivité
possibilités pour qu’un changement soit détecté. Il est donc possible que l’on soit ici
en présence d’un « effet plancher ».
Il est documenté que l’engagement au travail est lié à l’importance perçue du travail,
et donc à l’impression de pouvoir agir en cohérence avec ses valeurs. Bien que les
exercices proposés dans le cadre de l’intervention ACT invitaient les participant(e)s à
réfléchir à leurs valeurs dans différentes sphères incluant le travail, aucun
changement significatif n’a pu être détecté. Il semble y avoir quelques hypothèses qui
peuvent apporter des éléments de réponses.
D’abord, ces résutlats non-significatifs pourraient être expliqués par le fait que
l’intervention ne visait pas à agir au niveau de certaines dimensions influançant
l’engagement au travail. Il semble important de rappeler la définition de
l’engagement au travail pour mieux comprendre et interpréter ces résultats. Schaufeli
et Salanova (2011) définissent le concept d’engagement au travail comme étant la
relation entre la personne et son travail. Les auteurs ajoutent qu’il s’agit d’un état
affectif et cognitif relativement stable à travers le temps et influençable par les
caractéristiques du travail. Les auteurs précisent que les employé(e)s engagés dans
leur travail utiliseraient beaucoup de leurs ressources personnelles tels l’énergie,
l’implication et le dévouement. Gilbert, Dagenais-Desmarais et Savoie (2011)
abondent dans le même sens et soutiennent qu’une personne est engagée dans son
travail du moment où elle « apprécie son travail et ses réalisations, elle a le désir et
l’ambition de s’engager, de s’impliquer dans son travail ». Ces employé(e)s engagés
dans leur travail seraient toutefois enclins à l’épuisement professionnel s’il y a un
manque de réciprocité de la part de l’employeur au niveau par exemple de
l’appréciation démontrée, des possibilités d’avancement et des bénéfices offerts
(Schaufeli et Salanova, 2011). On remarque donc que les caractéristiques
personnelles de l’employé(e) ont un rôle à jouer dans son engagement au travail, et
88
que ce dernier est influencé par la nature de sa tâche, sa charge de travail, ses
capacités, le climat de travail et le soutien de son employeur. Dans le contexte de
l’intervention, nous n’avions ni la possibilité, ni l’objectif d’agir au niveau de ces
variables.
Par ailleurs, les résultats non-significatifs sur le plan de l’engagement pourraient être
tributaires du fait que dans le cadre de l’intervention, les participant(e)s étaient invités
à explorer les thèmes et les exercices dans divers domaines de vie, et pas uniquement
celui du travail. Il se peut donc que la présente étude n’ait pas mis un accent
suffisamment important sur l’application des apprentissages dans contexte du travail
pour percevoir des effets sur certaines variables particulièrement liées au travail. En
ce sens, des auteurs ont comparé une intervention MBSR (Mindfulness-Based Stress
Reduction) à une intervention basée sur la pleine conscience visant à cultiver les
forces (Mindfulness-Based Strenghts Practice, MBSP) étant donné que celles-ci sont
fortement liées au bien-être, à la satisfaction au travail et à la performance (Pang et
Ruch, 2019). En effet, lorsqu’un(e) employé(e) sent que ses capacités et ses forces
sont valorisées et mises à profit, il semble se sentir plus impliqué et engagé dans son
travail. Les résultats de l’étude révèlent que le MBSR serait efficace pour augmenter
le bien-être, réduire le stress perçu et augmenter la satisfaction au travail alors que le
MBSP serait efficace pour augmenter le bien-être, la satisfaction au travail ainsi que
la performance à la tâche. Ils ont aussi remarqué que les forces agiraient comme
médiateur entre l’effet du MBSP sur la satisfaction au travail.
5.3.3 Sérénité
Certain(e)s ont même mentionné ne pas s’être permis de plonger pleinement dans
cette démarche personnelle en raison d’un manque de disponibilité ou puisqu’ils
n’avaient pas l’impression d’être « rendus là » dans leur cheminement. À l’inverse,
d’autres semblaient avoir certaines dispositions qui leur permettaient de s’engager
pleinement dans la démarche et ainsi en retirer possiblement plus de bénéfices. Ces
différences inter-individuelles et la profondeur du travail visé par l’intervention
90
Par ailleurs, d’autres items tels « Je suis plutôt calme, posé » et « Je suis fonceur,
j’entreprends plein de choses » semblent plus de l’ordre du trait de personnalité ou
d’une disposition qui sont tous deux plutôt stables à travers le temps. Il n’est donc
peut-être pas surprenant que nous n’observions pas de changement significatif après
quelques semaines.
Par ailleurs, il est important de préciser que le volet quantitatif de l’étude porte
spécifiquement sur les retombés dans le contexte du travail, soit la santé
psychologique au travail, alors que les propos partagés lors des groupes de discussion
91
semblent surtout liés à leurs expériences dans le contexte de leur vie personnelle, hors
travail. Cela illustre la complémentarité des deux volets de l’étude.
Les résultats du volet qualitatif offrent des pistes de recommandations pratiques pour
quiconque souhaite implanter des ateliers ACT en milieu de travail. Premièrement, en
se basant sur les propos rapportés par les participant(e)s en lien avec les difficultés
vécues et les différentes recommandations effectuées, il serait aidant d’offrir une
intervention de plus longue durée ou d’ajouter une séance « booster » après les quatre
ateliers pour revisiter les notions apprises et mises en application et ainsi octroyer aux
participant(e)s un soutien supplémentaire. De plus, proposer l’option d’avoir un
soutien individuel avec le ou la formatrice répondrait à un besoin partagé par
plusieurs participant(e)s. Au niveau du contenu des ateliers, il serait recommandé de
favoriser le plus possible l’apprentissage expérientiel et le temps de discussion entre
les participant(e)s. Par ailleurs, il semble important de ne pas négliger le soutien
apporté au niveau de la pratique de la méditation puisque plusieurs ont partagé le
besoin de plus d’accompagnement pour s’initier et intégrer au quotidien cette pratique.
Il pourrait s’agir de consacrer plus de temps aux instructions et aux discussions
entourant la pratique de la méditation durant les ateliers ou offrir du matériel
supplémentaire (ex. lectures optionnelles, méditations guidées, etc.).
Aussi, les différents propos recueillis lors des groupes de discussion soulignent
l’importance de ne pas minimiser la difficulté que peut représenter le travail sur soi
que les participant(e)s à des interventions ACT sont amenés à faire. En effet, la
pratique de la méditation et les prises de conscience en lien avec la cohérence ou
l’incohérence entre les valeurs et les actions ainsi que celles en lien avec les stratégies
de contrôle ou d’évitement peuvent amener les participant(e)s à vivre des expériences
à la fois très riches et parfois inconfortables. Offrir un soutien de différentes façons
92
(p.ex. offrir un soutien individuel au besoin, diminuer la taille des groupes, favoriser
les échanges en dyades et les retours en groupe par la suite, rappel de la
confidentialité, invitation à la bienveillance envers soi-même et les autres,
encouragement à respecter ses limites et son rythme, etc.) favorise la création d’un
climat sécuritaire pour les participant(e)s dans lequel ils peuvent se sentir en
confiance et ainsi bénéficier pleinement de l’intervention.
Cette étude présente diverses forces. D’abord, elle repose sur des méthodes de
recherche mixtes (Creswell et Plano Clark, 2017) étant donné ses visées explicatives
et exploratoires et il s’agirait, à notre connaissance, de la seule étude de ce type
effectuée au sujet d’une intervention ACT en milieu de travail. Rappelons qu’une
seule étude utilisant un devis qualitatif en milieu organisationnel fut répertoriée
(Wardley et al., 2016) et que les autres utilisaient uniquement des mesures
quantitatives. Le volet quantitatif de la présente étude permet de mieux connaître les
retombés de l’intervention ACT en milieu de travail et le volet qualitatif vient
compléter et approfondir ces résultats en nous informant de manière exploratoire à
propos du processus vécu par les participant(e)s durant et après l’intervention. En
effet, les données qualitatives permettent d’émettre des hypothèses pour tenter
d’expliquer les résultats quantitatifs. Ce devis augmente la validité de contenu étant
donné que les participant(e)s ont pu eux-mêmes exprimer dans leurs mots comment
ils avaient vécu l’intervention. Les résultats qualitatifs capturent ainsi l’expérience
des participant(e)s selon l’angle des individus, dans une perspective expérientielle et
non pas uniquement d’un point de vue théorique imposé préalablement par les
chercheurs. Les résultats qualitatifs permettent également de fournir des
recommandations pratiques (p.ex. en lien avec les besoins de soutien des
participant(e)s) et scientifiques (p.ex. à propos des variables médiatrices et
modératrices à considérer) pouvant être utiles tant aux clinicien(ne)s qu’aux
chercheur(e)s.
travail. En effet, la majorité des interventions ACT ont été évaluées auprès d’une
population de travailleur(-euse)s occupant le même type d’emploi et travaillant au
sein d’une même organisation. L’échantillon hétérogène de la présente étude favorise
ainsi la généralisation des résultats. La randomisation complète des participant(e)s
effectuée par une personne non impliquée dans l’étude représente également une
force au plan méthodologique.
détection de tailles d’effet plus petites. La faible taille de l’échantillon n’a également
pas permis de vérifier la présence de variables modératrices tel le niveau de détresse
psychologique des participant(e)s afin de mesurer si par exemple l’intervention
semble plus efficace pour des employé(e)s présentant des niveaux de détresse plus
élevés.
Par ailleurs, il n’a pas été possible de mesurer la souplesse psychologique de manière
quantitative et donc de savoir si ce construit explique les bénéfices perçus au niveau
de la santé psychologique au travail. En effet, lors de la première collecte de données,
il existait qu’une seule mesure validée de la souplesse psychologique, soit le
Acceptance and Action Questionnaire (AAQ-II) (Bond et al., 2011) et cette dernière
est grandement critiquée. On souligne entre autres que le AAQ-II ne permet pas de
mesurer correctement les six processus de l’ACT (Gamez et al., 2011). À titre
d’exemple, aucun énoncé ne porte sur les processus relatifs au contact avec le
moment présent, à la défusion cognitive et au soi-observateur, lesquels sont pourtant
considérés comme étant au coeur de la souplesse psychologique (Hayes et al., 2012).
Lors de la deuxième collecte de données, une nouvelle mesure de souplesse
psychologique a été publiée et validée, soit le Multidimensional Psychological
Flexibility Inventory (MPFI). L’outil permet de mesurer la souplesse et la rigidité
psychologique ce qui aurait permis de vérifier la présence de différence entre les
différents mécanismes sous-jacents à l’ACT en lien avec l’impact sur le bien-être et la
détresse psychologique. Il aurait été intéressant de l’utiliser, mais puisque la première
collecte de données avait déjà eu lieu et que la deuxième collecte de données ne
comportait pas un échantillon assez grand pour analyser ces données séparément,
cette option a été mise de côté. D’autres recherches sont donc nécessaires pour
mesurer les changements au niveau de la souplesse psychologique parallèlement aux
mesures de résultats afin d’évaluer si ce processus agit comme médiateur. On ne peut
non plus exclure que d’autres mécanismes médiateurs aient pu jouer un rôle
significatif dans le cadre de cette étude. De fait, il est possible que des processus qui
96
En ce qui a trait le volet qualitatif, il aurait été intéressant de pouvoir entendre un plus
grand nombre de participant(e)s à propos de leur expérience des ateliers. En
augmentant la taille de l’échantillon des groupes de discussion, il aurait été possible
d’atteindre la saturation empirique des données, soit lorsque l’ajout de nouvelles
informations ne contribue plus à la compréhension d’un phénomène (Paillé et
Mucchielli, 2012). Un échantillon de petite taille est lié à une augmentation du risque
que les résultats soient seulement applicables au contexte propre à l’étude. Il aurait
été idéal d’organiser d’autres groupes de discussion jusqu’à ce qu’on puisse observer
qu’aucun nouvel élément utile à l’analyse n’apparaisse. En général, il est suggéré
d’avoir au moins trois groupes différents pour assurer une comparabilité (Desrosiers
et Larivière, 2014). Cela n’a toutefois pas été possible bien que l’invitation à
participer à ces groupes de discussion ait été lancée à tous les participant(e)s ayant
pris part aux ateliers lors de la première collecte de données et que différentes plages
horaires ont été offertes afin de réunir le plus grand nombre de participant(e)s
possible. Il est toutefois intéressant de noter que peu de nouveaux thèmes ont émergé
du deuxième groupe de discussion, suggérant une certaine saturation des données. Par
ailleurs, le contexte de la deuxième collecte de données (au Cégep St-Jean-sur-
Richelieu) ne permettait pas de rencontrer les participant(e)s après la tenue des
97
ateliers. En effet, la fin des ateliers coïncidait avec le début des vacances, rendant
ainsi les employé(e)s plus difficiles à rejoindre et à rassembler. Finalement, bien que
la transférabilité des données soit importante, plusieurs auteurs soulignent que la
recherche qualitative ne vise pas la généralisation des résultats, mais plutôt
l’acceptation interne, soit le niveau de concordance entre le sens attribué aux données
par le chercheur et sa plausibilité telle que perçue par les participant(e)s (Savoie-Zjac,
2004). Comme documentées dans le chapitre dédié à la méthode utilisée, plusieurs
conditions ont été mises en place afin de rester le plus près possible des propos des
participant(e)s.
Aussi, un changement de formatrice a eu lieu entre les deux milieux de travail étant
donné que la formatrice ayant animé les ateliers au CIUSS de l’Estrie- CHUS n’était
pas disponible lorsqu’ils ont été offerts au Cégep St-Jean-sur-Richelieu. Ce
changement a pu affecter la validité interne en amenant un certain biais. Par contre,
précisons que toutes les formatrices ont été tenues de suivre le même protocole
d’intervention.
l’intervention a des effets dans d’autres sphères (p.ex., sur le plan personnel). Cela
serait cohérent avec les propos recueillis dans le volet qualitatif de la présente étude
qui suggèrent que les participant(e)s ont eu moins d’occasions ou de possibilités de
mettre en application le contenu des ateliers au travail. Par ailleurs, une mesure telle
que l’échelle de bien-être mental de Warwick-Edinburg (Trousselard et al., 2016), par
exemple, serait plus représentative des objectifs d’une intervention ACT puisque les
items ne représentent pas des traits de personnalité ou des dispositions relativement
stables à travers le temps. La combinaison de mesures de santé psychologique
spécifiques au travail à des mesures plus générales dans le contexte de l’évaluation
d’une intervention ACT permettrait de comparer les effets différentiels et quantifier
ce que semblent suggérer les résultats qualitatifs.
Cette étude s’inscrit dans le courant des recherches menées au cours des dernières
années visant à évaluer l’apport d’interventions de prévention et de promotion de la
santé psychologique en milieu de travail étant donné la prévalence importante chez
les travailleur(-euse)s de difficultés tels l’épuisement professionnel et la détresse
psychologique. Elle se distingue du fait qu’elle évalue une intervention novatrice,
basée sur l’approche d’acceptation et d’engagement, à l’aide d’un devis mixte
rigoureux. Elle comporte des visées explicatives et exploratoires qui permettent de
mieux connaître les effets d’une telle intervention au niveau de la santé
psychologique au travail en plus d’approfondir les connaissances à propos de
l’expérience des participant(e)s, soit les bénéfices perçus, les difficultés qu’ils
rencontrent ainsi que les différences interindividuelles qui distinguent leurs parcours.
Les résultats de cette étude suggèrent qu’une intervention ACT implantée en milieu
de travail permettrait une amélioration de la santé psychologique des employé(e)s.
Les propos de ces derniers indiquent qu’ils en ressentiraient des bienfaits tels des
prises de conscience à propos de leurs comportements et de leurs valeurs, des
changements d’habitudes et un certain mieux-être, bien qu’ils aient vécu des
difficultés liées à un manque de soutien et au maintien de la pratique. L’étude permet
de mettre en lumière les changements importants qui peuvent se mettre en place
lorsqu’un(e) employé(e) est sensibilisé(e) aux différents processus de souplesse
psychologique. En outre, elle permet de mettre de l’avant la difficulté qu’un tel travail
peut représenter. Elle apporte ainsi un éclairage à propos du besoin
d’accompagnement des participant(e)s et du temps nécessaire pour l’intégration des
différents changements au quotidien et pour en détecter les bienfaits. Elle souligne
102
Nous souhaitons que cette recherche puisse contribuer aux réflexions entourant les
problèmes de santé psychologique au travail et les différentes façons d’y remédier.
Nous croyons que l’évaluation rigoureuse d’une intervention basée sur l’approche
d’acceptation et d’engagement implantée en milieu de travail visant à promouvoir le
bien-être des employé(e)s est un pas de plus dans cette direction. Nous espérons que
l’étude stimulera les recherches futures afin de mieux comprendre les effets d’une
telle intervention ainsi que l’expérience et les besoins des employé(e)s y prenant part.
ANNEXE A
Les séances sont offertes par des professionnels qui possèdent une expertise reconnue
en regard des interventions basées sur la pleine conscience. Le GRIPA, qui a conçu et
supervise les ateliers, est une équipe interdisciplinaire de chercheurs et d’intervenants
dont les travaux portent sur la présence attentive.
participant(e)s. Nous pourrons alors préciser les dates, lieux (au CRE) et heures des
séances. Date limite : 14 novembre
ANNEXE C
Encerclez le chiffre qui correspond le mieux à ce que vous avez vécu au travail au cours
des 7 derniers jours. Répondez spontanément et le plus honnêtement possible.
1 2 3 4 5
o Féminin
o Masculin
o Autre
o Je préfère ne pas répondre
_____________________________
(Notez que cette information est très importante, car elle nous permettra de vous faire
parvenir par courriel les prochains questionnaires. Une fois la collecte de données
complétée, votre adresse sera convertie en code alphanumérique de manière à
préserver votre anonymat lors du traitement des résultats de l’étude).
ANNEXE E
Question brise-glace : faire un tour de table, inviter les participant(e)s à dire leur
prénom, leur poste et le groupe auquel ils ont participé (1er ou 2e)
Questions de relance :
-Si réponses sont trop théoriques : comment est-ce que cela (p.ex.
l’acceptation) se manifeste dans votre vie de tous les jours?
-Tout au long des ateliers vous avez abordé les thèmes en lien avec la présence
attentive, l’acceptation, la défusion, le soi-observateur, les valeurs et les façons de
mettre ses valeurs en actions; pouvez-vous me décrire votre expérience en lien avec
ces différents thèmes?
-Quel(s) aspect(s) des ateliers vous semble(nt) moins bénéfique(s) ou plus difficile(s)?
De quelle(s) façon(s)?
-Est-ce que quelqu’un souhaite ajouter autre chose ou apporter une précision?
118
-Nous vous remercions encore une fois d’avoir participé à ce groupe de discussion.
ANNEXE F
Prises de conscience à Stratégies de contrôle et Je m’inquiète facilement, j’ai tendance à euh, pis mes grands quand ils me racontent quelque
propos des d'évitement chose euh ou la ils ont des décisions à prendre, c’est pas évident, ou ils se mettent dans une
comportements et de situation plus embêtante, naturellement j’ai tendance à les questionner pour essayer de voir un peu
leurs fonctions qu’est-ce qu’on peut faire, alors que tse là sont rendus grands donc euh tse, il y en a un qui va
avoir 17 ans pis l’autre est adulte la donc à droite (participant fait référence à la matrice de l’ACT,
côté droit; agir de manière cohérente avec ses valeurs) c’était plus de les écouter, d’être dans
l’écoute active, active oui mais de les laisser réfléchir à prendre leur propre décisions, de pas être
dans le mode questionner pour ne pas euh à tout pris régler la situation au moment qui m’en parle.
Et ça permet vraiment de comprendre le processus aussi je trouvais. De dire, juste d’en être
conscient tse on faisait toujours pareil l’échappement. Mais juste de dire ok là tu fais de
l’échappement mais c’est pas grave là tu en es conscient au moins que c’est ça que tu fais. Ça
j’avais pas le réflexe de le faire avant ça c’est sûr.
Pis là je l’essayais pis j’étais vraiment contente quand j’y arrivais, pis j’étais contente de voir que
ah ça avait pas fait en sorte que j’étais plus anxieuse, tse c’était pas, c’est un peu une façon de
gérer le stress d’arriver à une réponse avec mon jeune mais de pas l’avoir la réponse c’était
correct quand même parce que c’était bien satisfaisant la façon que ça se terminait tse de juste
être dans l’écoute, être dans l’écoute a permis qu’il se confit davantage, qu’on aille un petit peu
plus loin, pis ça se réglait par lui-même, pis c’est ça qui faut, tse je le sais.
C’est vrai euh moi euh moi aussi ça m’a confronté avec euh, ça m’a donné la chance de plus me
voir aller, parce que des fois on se met sur le pilote automatique mais pas juste des fois, souvent
tse, pis on prend pas souvent le temps de penser bon pourquoi je fais telle affaire et qu’est-ce que
je devrais faire dans telle situation, pis la ça permis vraiment de se regarder aller pis de se
positionner.
138
(in)cohérence entre actions Je trouve, j’ai remarqué pendant, pas pendant le cours, mais ça faisait plusieurs fois que je
et valeurs remarquais que le lundi, mes collègues des amis disaient, me posaient une question très spécifique
sur quelque chose que j’avais fait, que je leurs avais dit que je faisais et moi je ne me souvenais
plus de ce qu’ils faisaient, de ce qu’ils m’avaient dit qu’ils faisaient durant la fin de semaine. Et la
j’étais déçue et la je me disais que je ne les avais pas écoutés. J’étais là mais je ne les ai pas
écoutés, je m’en souviens plus. Qu’es-ce qu’ils ont fait en fin de semaine, s’ils allaient au resto
qu’est-ce qu’ils faisaient je ne m’en souvenais plus et ça me dérangeait parce que ben c’est ça. Et
là dans le fond quand j’ai mis mes valeurs, j’ai réalisé que mes relations interpersonnelles étaient
très importantes et là j’ai fait ben là écoute-les!
Ben c’était bien aussi avec les valeurs parce que je pense qu’on prend jamais le temps vraiment de
s’arrêter et de se remémorer c’est quoi nos valeurs et qu’est ce qu’on veut dans vie en réalité et ça
a vraiment permis ça aussi.
Changements d'habitudes Diminution des réactions Mais moi j’ai trouvé quand même que ça m’a aidé, tse comme lundi y’avait un évènement qui est
automatiques arrivé pis d’habitude j’aurais réagi beaucoup plus, pis je serais restée dans le cercle vicieux (la
participante semble faire référence au cercle vicieux des stratégies de contrôle et d’évitement qui
contribuent au maintien des difficultés) pendant des semaines et des semaines mais j’ai quand
même pu m’arrêter malgré que c’était quand même gros et je suis revenue à la normale assez
rapidement.
Le lâcher-prise juste de laisser ça aller, c’est quelque chose qu’on n’a pas le contrôle, de faire
confiance.
Actions engagées Moi j’ai un exemple au travail, c’est plus en lien avec les valeurs, tse des fois avec les valeurs on
en a des différentes, mais moi il y avait une valeur qui ressortait c’était le leadership tant par moi
que par d’autres, un moment donné on vit des choses urgentes ou ambigües, c’est dans ces
moments-là que ça ressortait. Tse en avril on savait pas, notre patronne on se demandait elle part
tu, ou elle part pas, elle est sur le bord de la retraite, ça fait que je me disais on attendra pas une
semaine avant pour organiser quelque chose si jamais elle part, je me suis dit non non, pis c’est là
que j’ai réfléchis, c’est là que je me suis dit le leadership c’est important pour moi, ça fait que je
139
Et depuis ça j’ai commencé à plus… J’avais comme un peu pas lâché la guitare mais tu sais je l’a
mettais plus de côté pour faire autre chose et là j’ai recommencé.
C’est vrai que ça met des mots sur admettons moi j’avais commencé des cours de peinture puis
j’aime vraiment ça puis ça m’a comme permis de voir que justement je pense que j’ai commencé
parce que j’avais le goût de développer ma créativité et développer quelque chose que j’avais
jamais fait.
Contact avec le moment Ben moi je trouve que ça m’a permis d’être, en tout cas j’essaie, c’est sur que c’est pas encore
présent acquis la,la,la mais d’essayer d’être plus présente à ce que je fais parce que je suis beaucoup en
mode anticipation tse euh bon qu’est-ce que je vais faire demain, après-demain pis tout ça là, c’est
ça pis finalement je vis pas l’instant présent pis ça je trouve que ça en tout cas ça me nuisait ça me
rendait pas satisfaite pis ben malheureuse même.
Il y a un entrainement qui fait qu’on a une présence davantage à soi quand on fait la méditation
donc pour moi c’est vraiment un travail de longue haleine, mais je persiste.
Je suis dans l’auto je m’en vais à domicile, ok j’éteins la radio, je me dis ok je m’en vais faire ça,
j’essaie de me grounder sur ce qui se passe, au lieu de me dire ok j’ai Kompass, après j’ai une
réunion, après j’ai tout ce qui va s’en venir après, pour être plus là réellement, essayer d’être plus
à l’écoute.
Euh la présence attentive, tse de me dire ah moi je m’en vais avec un client pis je me dis ok je m’en
va, je respire pis je me dis ok j’y vais.
Acquisition d'outils Ben moi j’ai aimé que c’était concret. Je trouvais qu’on arrivait rapidement dans des exercices à
expérientiels faire puis ça moi ça m’a accroché beaucoup que des fois je trouve qu’on voit beaucoup de
concepts mais qu’on sait pas trop qu’est-ce qu’on va faire concrètement avec ça.
140
Il y avait beaucoup d’exemples, d’images ou de réflexions. Je trouve que ça. Il y a des choses qui
nous accrochaient moins et d’autres qui nous accrochaient beaucoup et ça je trouve ça vraiment
intéressent et des fois c’est une image qui nous parle beaucoup et après c’est facile de l’utiliser et
de la garder.
Mais les exercices étaient vraiment pertinents. Là-dessus moi je suis vraiment d’accord.
Ouais et surtout les deux premiers exercices sur les valeurs avec le cadran. En tout cas, moi je les
ai tous faits les exercices puis j’ai découvert des choses sur moi là-dessus que je trouve pertinent.
(Matrice)
Sauf que je me suis mis rapidement en mode, là j’ai changé de colonne (participante fait références
aux différentes colonnes de la matrice), passer de la colonne droite pis je me suis rapidement mis
en mode ok on a 2 heures à nous, on n’a jamais 2h à nous quand on est parents, j’ai ok qu’est-ce
qu’on peut faire, pis la j’ai tout de suite commencé à trouver des idées à proposer à mon chum
quand il arriverait.
J’ai des inquiétudes, qu’est-ce que je fais, switch donc à droite tse, comment y aller à droite, c’est
quoi que tu veux vraiment comme relation avec tes jeunes, qu’est-ce qu’il faut que t’appliques pour
l’avoir, c’est surtout ça que je travaillais.
Mais euh pour moi un comportement que j’ai qui m’amène à gauche, c’est de pas m’exprimer, tse
j’exprime pas mon besoin fac que ça fait que je reste à gauche pis ça quand j’essaie d’être à droite
ça dérange beaucoup, ça fait en sorte que j’ai comme besoin de d’être accompagnée là-dedans,
d’être accompagnée, d’être validée dans le fait d’être à droite.
Je garderais aussi la matrice je la trouve intéressante. C’est simple à comprendre et c’est bien fait.
Moi aussi ça serait la matrice que je trouve que l’élément qui était nouveau et qui m’a accrochée
le plus. Je trouve que c’est simple ou que c’est concret. Ça part probablement de théories, de
141
concepts mais c’est facile l’utiliser. Ça fait qu’on a à plus tendance à y penser et à l’utiliser.
(Méditation)
Je le fais plus souvent, avant j’en faisais mais j’en sautais à chaque 4 jours là mais maintenant je
les fais presque à tous les jours fac que tse ça m’a comme donné la permission de prendre 20
minutes par jour et de le faire presque à tous les jours.
Mieux-être Moi c’est vraiment définitivement un moyen pour combattre l’anxiété. J’avais jamais connu
l’anxiété avant d’avoir mon enfant pis c’est comme vraiment la j’ai fait de l’anxiété pour la
première fois, ça a ressorti dans le groupe, tse c’était comme ah je me reconnais tellement. Pis
j’avais déjà commencé à faire un peu de méditation mais en tout cas je sais pas comment vous
pouvez l’appeler, mais tse de se concentrer dans le moment présent, de respirer pis je le faisais
souvent avant de dormir parce que ça m’empêchait de dormir là, mais vraiment j’appelle ça un
remède miracle, j’ai régler mon problème de sommeil, j’ai régler mon problème d’anxiété, c’est
jamais réglé réglé mais en ce sens que je suis sur la bonne voie, fac que je pense que la présence
attentive, la respiration, le temps d’arrêt, c’est vraiment le moyen le plus efficace que j’ai trouvé
jusqu’à maintenant.
Parce que justement je pense pas à tout ce que j’ai à faire qui va falloir que je fasse que je
pourrais faire, pis tse moi je rentrais facilement là-dedans tse fac que je devenais anxieuse pis tse
la ça sert à quoi de faire ça là. Fac que ça me fait du bien tse.
Justement en identifiant les valeurs finalement on réalise mieux pourquoi on fait des choix qu’on
fait. Des fois le beau frère, la belle sœur est comme ben la qu’est-ce que tu fais là. Tse la dans le
fond, je me dis ben la je me dis je fais ça parce que c’est ca ma valeur. Ca m’a rassuré sur
pourquoi j’agis et je suis comme je suis et non pas comme d’autres aimeraient que je sois. Ça fait
que ça, m’a faite du bien.
Ben moi je trouve que ça m’a permis d’être, en tout cas j’essaie, c’est sur que c’est pas encore
acquis là, mais d’essayer d’être plus présente à ce que je fais parce que je suis beaucoup en mode
anticipation tse euh bon qu’est-ce que je vais faire demain, après-demain pis tout ça là, c’est ça pis
142
finalement je vis pas l’instant présent pis ça je trouve que ça en tout cas ça me nuisait ça me
rendait pas satisfaite pis ben malheureuse même. Fac ça j’essaye beaucoup en tout cas ça m’a
donné des bons outils pour être mieux.
Manque de soutien Pis aussi je trouvais que la rencontre des valeurs il y a des affaires qui sont très personnelles que
durant les ateliers je ne me sentirais peut-être pas très à l’aise de partager devant tout le monde, fac que tse d’avoir
la possibilité d’avoir 15 minutes pour réfléchir avec elle pour qu’elle nous guide un peu pis après
ça faire la même chose que les autres, si on a besoin de parler les valeurs, ce n’est pas toujours
confortable d’en parler à 9-10 personnes que tu ne connais pas.
Moi j’ai pris un 15 minutes à la fin seule avec Colette, je suis certaine qui en aurait eu d’autres qui
aurait aimé ce soutien et peut-être quelques semaines après tse comme de nous revoir quelques
semaines après pour vois si ça a été appliqué.
Moi une petite rencontre avec Colette toute seule je l’aurais prise.
Ben moi j’ai trouvé qu’on était en groupe mais c’était quand même très personnel pis tse des fois
on échangeait en groupe de 2 pis moi je pense même qu’on a cheminé comme on a pu, des fois je
143
ne me suis pas sentie très guidée personnellement par la formatrice tse c'était des concepts
général, on échangeait un peu pis le retour était libre, les gens étaient libres de partager, pis si yen
avait qui voulait partager c’était comme un par plage parce qu’il y avait pas beaucoup de temps
non plus fac que j’ai pas senti qu’elle venait prendre le temps de me voir et me demander as-tu
assimiler, comment ça s’applique à toi, j’ai plus senti que j’ai assisté au cours, j’ai fait mes choses,
j’ai pris ce que j’ai été capable de prendre.
Pour moi peut-être un petit peu plus de pratique sur la méditation, un petit peu plus de temps sur
la méditation. C’était nouveau pour moi et peut-être pas évident à réussir. Ben pas réussir car pas
de méditation réussie ou manquée mais à développer l’attitude pour.
J’avais déjà suivi un cours moi de méditation moi pi on me disait qu’il fallait absolument s’ancrer.
Fallait faire ci, fallait faire ça. Et la il y avait pas ça. Et moi j’avais un malaise mais je sais pas si
c’est vrai qu’il faut s’ancrer et tout. Mais je me disais si c’est pas nécessaire je ne dois pas être la
seule qui a faite un cours de méditation avant. Je me dis si ce n’est pas vrai ça, moi j’aurais aimé
savoir que c’était pas nécessairement. Parce que dans les premières médiations moi j’étais comme
mal à l’aise là on ne commence pas raide de même. Je savais pas, j’avais un malaise fake si ça
peut être dit en tout cas moi ça m’aurait aidé.
Maintien de la pratique Moi j’ai aimé faire les petites séances de relaxation pis de voir comment, j’ai trouvé qu’à l’atelier
et intégration des ils nous ont donné quand même quelques-uns, mais je pense que c’est quand tu commences à t’y
apprentissages post- intéresser il y a pleins d’outils qui ressortent pis c’est un peu de choisir comment l’appliquer dans
ateliers la réalité. Tse moi 20 minutes par jour, tse là moi je me suis dit c’est beaucoup, moi je vais le faire
d’une autre façon.
Pis de l’expérimenter en fait moi ça m’a fait prendre conscience que ça fait tellement du bien tse je
me dis ok je vais trouver une façon de le faire quand je n’ai pas le temps, tse des fois j’essayais la
méditation mais en conduisant tse ben c’est vrai mais tse je fermais pas mes yeux tse mais de
respirer pis le calme pis je me disais regarde ça m’a pris 20 minutes en voiture au lieu d’écouter
de la musique pis de penser à plein d’affaires, j’ai juste respiré pis câline que ça a fait du bien.
J’ai essayé des livres et des petites phrases. Je lis mes petites phrases sur le moment présent pis je
144
suis ah ok c’est une phrase c’est moins long qu’un livre pis pour moi en ce moment là ma phrase
par jour pis je commence tse. Fac que j’essaie d’appliquer ça mais je pense que c’est important
cette notion-là, c’est un travail tse. Mais je pense que l’idée que vous avez quand même mis
l’emphase c’est qu’on ne devient pas marathonien du jour au lendemain.
C’est comme s’il avait trop de contenu pour le temps qu’on avait tse quand je dis que le rythme
était un peu rapide. Puis tse je pense que 8 rencontres de 1h ça nous aurait permis de cheminer un
peu plus, peut-être c’est un peu court mais ça nous aurait permis peut-être de voir plus de contenu
et de cheminer un peu plus.
Pour moi ça m’a permis de prendre conscience de pleins de choses mais pour l’appliquer
concrètement on dirait que j’aurais eu besoin d’être plus accompagnée et que les suivis tse au lieu
d’être très condensés en 4 semaines, tse si c’était euh plus espacé.
Autres difficultés Pas assez de temps de On donnait pas on avait pas beaucoup de temps pour donner des exemples, pour parler de nos
rencontrées discussion expériences, tse ça allait vite.
C’est ça peut-être qu’on ne devrait pas avoir un nombre supérieur de participant(e)s, tse la
dernière rencontre quand il avait moins de monde c’était plus facile pour réfléchir, discuter, au
début il y avait beaucoup de monde et ça allait vite un peu.
Prises de conscience C’était un peu confrontant au début, parce que ça divergeait un peu tse ma vie personnelle de mes
difficiles valeurs et ça m’a comme permis de me ramener à ce qui est important.
Tse j’exprime pas mon besoin fac que ça fait que je reste à gauche pis ça quand j’essaie d’être à
droite ça dérange beaucoup, ça fait en sorte que j’ai comme besoin d’être accompagnée là-dedans,
d’être accompagnée, d’être validée.
145
Disposition au Démarche personnelle Ça fait que moi c’est arrivé à un bon moment dans ma vie, c’est là que j’étais rendue, c’est ça que j’essayais
changement de travailler pis ça c’est comme un outil qu’on me donnait pour travailler ce que je tentais de travailler le
plus possible.
Pis j’avais déjà commencé à faire un peu de méditation mais en tout cas je sais pas comment vous pouvez
l’appeler, mais tse de se concentrer dans le moment présent, de respirer pis je le faisais souvent avant de
dormir parce que ça m’empêchait de dormir là, mais vraiment j’appelle ça un remède miracle, j’ai régler
mon problème de sommeil, j’ai régler mon problème d’anxiété, c’est jamais réglé réglé mais en ce sens que
je suis sur la bonne voie, fac que je pense que la présence attentive, la respiration, le temps d’arrêt, c’est
vraiment le moyen le plus efficace que j’ai trouvé jusqu’à maintenant.
Vs.
Je repars de là en disant j’ai des bases, des outils et si j’ai l’intérêt de poursuivre je suis un petit peu plus
comment l’appliquer, mais je suis un petit peu plus à ce stade-là moi.
Moi ça a marché mais c’est après de le poursuivre dans le quotidien, moi je suis plus là-dedans j’essaye de
le garder là.
Moi aussi tse c’est au début c’était dans le fond d’aller chercher les outils pis là il reste de les appliquer pis
146
tout ça.
Application au travail Mais de prendre le temps de vraiment l’appliquer dans ma vie, c’était vraiment intéressant cette occasion-là
et dans la vie que j’avais plus formelle, d’imposer, euh de m’imposer, de l’appliquer, je trouvais ça intéressant, pour ma
personnelle part c’est beaucoup plus facile actuellement dans ma vie personnelle qu’au travail j’ai pas encore de
créneaux dans mon travail pour bien appliquer ça.
Pis moi je l’ai plus appliqué aussi tse dans plus personnel qu’au travail.
(pour soi)
Euh la présence attentive, tse de me dire ah moi je m’en vais avec un client pis je me dis ok je m’en va, je
respire pis je me dis ok j’y vais.
Mais c’est vrai que des fois on avait des réflexions au travail, des situations qui nous fait vivre et là on sent
qu’on a, qu’on la voit différemment cet évènement-là pis je pense que c’est sûrement teinté parce qu’on a
vécu aussi (en faisant référence aux ateliers).
Ouais dans mes thérapies, dans mes suivies, j’utilise beaucoup la matrice, euh j’utilise beaucoup des outils
que j’ai appris dans la formation euh pour en fait s’occuper de leur cheminement pour euh les aider à
vaincre ce qu’ils ont à vaincre
Ben je pense pour gérer justement des fois les choses qui peuvent nous rendre plus stressé plus anxieuse tse
c’est des moyens qu’on a vus dans les ateliers qui peuvent nous aider. Puis moi aussi je fessais le lien un peu
en travail social je trouvais ça vraiment intéressant je me disais c’est une des choses que je pourrais utiliser
avec des usagers. Je trouvais ça intéressant aussi ce volet-là.
Parce que moi je suis persuadée que si je suis plus anxieuse eux ils le sentent aussi (en faisant référence aux
147
patients) fac que pour ça moi je dirais que ça m’a aidé à me dire bon, une chose à la fois.
Je trouve, j’ai remarqué pendant, pas pendant le cours, mais ça faisait plusieurs fois que je remarquais que
le lundi, mes collègues des amis disaient, me posaient une question très spécifique sur quelque chose que
j’avais fait, que je leurs avais dit que je faisais et moi je ne me souvenais plus de ce qu’ils faisaient, de ce
qu’ils m’avaient dit qu’ils faisaient durant la fin de semaine. Et la j’étais déçue et la je me disais que je ne
les avais pas écoutés. J’étais là mais je ne les ai pas écoutés, je m’en souviens plus. Qu’es-ce qu’ils ont fait
en fin de semaine, s’ils allaient au resto qu’est-ce qu’ils faisaient je ne m’en souvenais plus et ça me
dérangeait parce que ben c’est ça. Et là dans le fond quand j’ai mis mes valeurs, j’ai réalisé que mes
relations interpersonnelles étaient très importantes et là j’ai fait ben là écoute-les!
Dynamique de C’est ma collègue de tous les jours, avec qui je partage un bureau, elle me voyais travailler ça et là j’avais
groupe comme un outil pour m’aider à le mettre en pratique.
C’est vrai il y a quelqu’un de l’agence qui m’a passé 3 cds de relaxation que j’ai chez moi pis bon à un
moment donné elle n’était pu dans le groupe mais bon ahah mais oui effectivement c’était la personne à côté
de moi fac on a pu échanger.
Vs.
Ouais c’est ça. Ben dans le sens qu’admettons, la première fois que je l’ai fait c’était vraiment personnelle
de ma vie personnelle que j’aurais pas voulu nécessairement partager avec d’autres personnes mais il fallait
le partager avec notre voisin pour faire un peu un cheminement. C’est correct, c’est intéressant aussi sauf
que je pense que par la suite je me disais ahhh ben la il faut que je le partage je ne marquerai pas je vais
écrire cette valeur-là à la place pour ne pas aller aussi en profond.
Je suis d’accord là dessus parce que c’est des exercices qui réveillent des choses aussi et qui peuvent en
réveiller pour plusieurs. Je me disais ce n’est pas nécessairement la place ou un groupe pour régler ça ça
c’est clair mais peut-être que à la fin ou pendant qu’il y est référence que si vous voyez que ça réveille des
choses vous pouvez appeler ou référer au PAE (programme d’aide aux employé(e)s). Juste pour rappeler.
Car le PAE est souvent présent rapidement, le programme d’aide. Moi je le vois plus comme ça car il faut
juste qu’il y ait une perche qui se tend car c’est vrai que ça peut réveiller des choses.*Selon note manuscrits
148
Contexte de Ben c’était dans un bon moment je pense pour ça. C’était un bon timing c’était juste avant tous les
changement changements et c’est des changements qui font juste commencer. Je pense que ça nous donne des trucs pour
organisationnel nous préparer à un certain point à ses changements-là, à ce stress-là qui va peut-être apparaître ou empirer.
Je sais pas on sait tellement rien avec ce qui s’en vient.
Mais c’est sur que le niveau de stress augmentait dans ma vie personnelle ça adonne que là le taux de stress
est dans le plafond ce que j’ai pas d’habitude. Moi je suis assez zen d’habitude mais là c’est toutes des
situations qui sont hors de mon contrôle c’est ouf fake là j’étais comme ok je ni peux rien, je peux rien faire.
Relaxe. On respire puis on se concentre là-dessus car sinon ça n’arrête pas c’est fou. Fake ça j’aimais ça de
me dire, ok penser a rien ça ne marcher pas, penser à respirer, à mon ventre, à l’air, ça ça marche. Ça c’est
bon.
Et c’est vrai que ça teintait aussi dans le groupe 1 parce que c’est sur qu’il y avait des gens de l’agence qui
perdaient leurs emplois veut veut pas c’est sur que c’était des gros stress que eux vivaient quand on avait des
retours en groupe. Ça transparaissait aussi.
Vs.
Moi j’étais dans le groupe deux, c’était épouvantable la tension. À la dernière rencontre il y avait moins que
la moitié des participant(e)s parce que c’était le 31 mars (date d’une rencontre importante pendant laquelle
plusieurs pertes de poste ont été annoncées).
Moi je trouve que pendant qu’on était dans les ateliers pour la gestion du stress et c’est choses là ça allait
bien. C’était présent à l’esprit mais quand on a continué en mars c’était la fusion fake ça fait que là me
semble que c’était plus loin. C’était moins présent et c’était moins facile on se dit ouf, tu sais on passe
beaucoup de temps à être préoccupé par et peut-être moins attentif. On retombe rapidement là-dedans. Pour
ma part.
Ben moi en fait je partageais à France quand j’ai fait le 2e questionnaire j’ai dit mon dieu faut que je fasse
149
abstraction de la dernière semaine parce que le 2e questionnaire est arrivé dans un moment où on venait
d’apprendre que nos dirigeants s’en allaient, qu’on les perdait, pis ça a été une semaine j’arrivais, tse c’est
rare que je parle du travail à la maison pis la j’arrivais du travail pis la avec mon chum j’en parlais, c’était
prenant, les émotions, on avait gros à gérer, une AG super extra ordinaire pour reparler de tout ce qui a été
fait au centre, pis la j’avais vécu des émotions, pis la bang faut que je remplisse ce questionnaire-là euh
c’est parce que c’est ça a été une grosse semaine pis ça disait dans la dernière semaine vous êtes vous
senti… je me disais mon dieu je vais être pire que quand qu’au départ, fac que la je trouvais que le
questionnaire arrivait mal dans le contexte de ce qui se passe, fac j’ai dit à France je vais faire abstraction
de ce qui se passe dans la dernière semaine, pis essayer de me remettre plus avant…
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