0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
5 vues84 pages

Université Québec

Cet essai de 3e cycle analyse le lien entre le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), l'impulsivité et les comportements violents chez 563 hommes incarcérés. Les résultats montrent que le TDAH prédit certains comportements violents, mais que le trouble de la personnalité antisociale et l'âge sont des facteurs prédictifs plus significatifs. L'étude propose des pistes de recherche pour mieux comprendre les relations entre ces troubles et la violence.

Transféré par

6w7j4gbh8b
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
5 vues84 pages

Université Québec

Cet essai de 3e cycle analyse le lien entre le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), l'impulsivité et les comportements violents chez 563 hommes incarcérés. Les résultats montrent que le TDAH prédit certains comportements violents, mais que le trouble de la personnalité antisociale et l'âge sont des facteurs prédictifs plus significatifs. L'étude propose des pistes de recherche pour mieux comprendre les relations entre ces troubles et la violence.

Transféré par

6w7j4gbh8b
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 84

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC

ESSAI DE 3E CYCLE PRÉSENTÉ À


L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES

COMME EXIGENCE PARTIELLE


DU DOCTORAT EN PSYCHOLOGIE
(PROFIL INTERVENTION)

PAR
CATHERINE AUDY-DUBÉ

LE TDAH, L'IMPULSIVITÉ ET LES COMPORTEMENTS VIOLENTS CHEZ LES


HOMMES INCARCÉRÉS

JANVIER 2018
Université du Québec à Trois-Rivières

Service de la bibliothèque

Avertissement

L’auteur de ce mémoire ou de cette thèse a autorisé l’Université du Québec


à Trois-Rivières à diffuser, à des fins non lucratives, une copie de son
mémoire ou de sa thèse.

Cette diffusion n’entraîne pas une renonciation de la part de l’auteur à ses


droits de propriété intellectuelle, incluant le droit d’auteur, sur ce mémoire
ou cette thèse. Notamment, la reproduction ou la publication de la totalité
ou d’une partie importante de ce mémoire ou de cette thèse requiert son
autorisation.
,

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES

Cet essai de 3e cycle a été dirigée par:

Gilles Côté, directeur de recherche Université du Québec à Trois-Rivières

Jury d'évaluation de l'essai:

Gilles Côté, Ph.D. Université du Québec à Trois-Rivières

Frédérick Dionne, Ph.D. Université du Québec à Trois-Rivières

Mélanie Lapalme, Ph.D. Université de Sherbrooke


Sommaire

Cet eSSai Vlse à analyser la contribution du trouble déficitaire de l'attention avec

hyperactivité (TDAH) en lien avec les comportements violents. Ces comportements

violents sont évalués grâce à une mesure auto-rapportée auprès de 563 hommes

incarcérés en pénitencier fédéral. Pour évaluer le TDAH auprès des détenus, le Conners'

Adult ADHD rating scale (CAARS) est utilisé. Par ailleurs, pour les aspects

d'impulsivité, le Barratt Impulsiveness Scale version II (BIS) est utilisé. Cette échelle

évalue l'impulsivité de façon continue. En plus du TDAH, l'impulsivité est un facteur

commun au trouble de la personnalité antisociale et au trouble des conduites. Ces deux

derniers troubles sont évalués à l'aide du SCID-II; ils sont associés aux comportements

violents. L'hypothèse que le TDAH cerne une composante spécifique de l'impulsivité

est vérifiée à l'aide d'une régression logistique. Cette méthode permet de contrôler les

variables d'impulsivité, le trouble de la personnalité antisociale et le trouble des

conduites pour évaluer la contribution du TDAH quant à l'occurrence du comportement

violent. Plus précisément, il est question de vérifier s'il existe une contribution

spécifique et directe du TDAH pour prédire la fréquence des comportements violents

hétéro-agressifs. Les analyses ont permis d'identifier une tendance du TDAH à prédire

de nombreux comportements violents sévères. Toutefois, le trouble de la personnalité

antisociale et l'âge possèdent la plus grande contribution à la prédiction des

comportements violents. Les limites de l'étude, notamment au niveau des analyses

utilisées et du cadre empirique choisi, sont présentées. Conséquemment, des pistes de

recherche sont proposées afin d'améliorer la compréhension du lien entre le TDAH,


IV

l'impulsivité et les comportements violents. Un cadre de recherche holistique au sein

duquel les analyses sont orientées vers l'analyse des profils de sous-groupes de

l' échantillon permettrait de poser un éclairage nouveau sur les processus sous-jacents

aux comportements violents.


Table des matières

Sommaire ................ ....... ........ ... ........... ..... ... ................. ...... ....... ........................... ........... iii

Liste des tableaux ...... ..... .... .... ... ...... .......... ... ... ... ....... .... ............................ ..... ................. vii

Remerciements ... .... ... ....... ... ... ........ ............... ....... .... ......... ..... .... .. .. .............. .. ..... ...... ... .. viii

Introduction ....... ...... ...... ................. ...... ..... ....... ............. .......... .. .... ........ ............................. 1

Contexte théorique ........ .. ... .. ... .... ....... .. .... ......................... .................... ....... ......... ...... ...... . 4

TDAH ....... .... ... ....... ...... ....... .......... .... ........ ................ .. ......................... ........... ....... ..... 5

TDAH chez l'adulte .............................................................................. ..... ..... ..... 7

Étiologie du TDAH ... ............... ....... ........ ........... ... ... ...... .......................... ............ 8

TDAH auprès d'une populationjudiciarisée ............. ..... ....... ...... .................. ..... .9

L'impulsivité comme facteur important dans la compréhension et la gestion du


risque de comportements violents ............... ............. ... ....... ...... .......... .......... .... ......... Il

Définition de l' impulsivité selon Barratt et ses collaborateurs .......... .... .......... .. 13

Mesure de l'impulsivité dans la PCL-R .... ...... .... ...... .... ....... ......... .. ....... .... ..... ... 14

Théorie de Gottfredson et de Hirschi ........ .. .............. .................. ................. ...... 15

Approche de Webster et de ses collaborateurs ........ .. ......... ....... ..... ......... .. ...... .. 16

Troubles de la personnalité associés aux comportements violents .......... ... ...... ...... .. 22

Trouble des conduites avant l'âge adulte .. .... .... ....... ... ......... .. ........... ...... ........... 22

Trouble de la personnalité antisociale à l'âge adulte ........... .... .... ..... ................. 27

TDAH et comportement violent ..... ...... ......... ...................... ..... ............. ... ...... ....... ... 30

Méthode ...... .... .... ......... ... ...... ................... ....... .................. ...... ........ ..... ..... .... .. .................. 34

Participants ... ..... .. ...... ..... .... ...... ..... .......... ... ................ .. ... .... .... ........ ........... ... .... ... ..... 35

Procédure d'évaluation .... ...... ...... ..... ...... ......... .......... ................. ..... ......................... 36
VI

Instruments .... ......... .... ...... .. ........ ........... ............. ........ ..... ........ ............. ..... ... ... .... ...... 36

Le Structured Clinical Interview for DSM Disorders (SCID) .............. ............ . 36

La Barratt Impulsivity Scale version II (BIS -II) .. ..... ........ ... ... .... ........ .... ........... 37

Le Connors' Adult ADHD Rating Scales (CAARS) ...... ...... ... ... ....................... 38

MacArthur Community Violence Instrument (MacCVI) ...... .... .... ..... ........ ...... . 38

Analyses statistiques .... ... ..... ............... ...... .................................... ....... ...... .... .... ... .... 40

Résultats ..... ...... ............................ ..... .. ......... .... ...... ......... ......... ... .... ...... ..... ...... ... ..... ..... ...42

Analyses descriptives ...... .... ........... ....... ................................................................... . 43

Matrice d' intercorrélations .... ............. ... ...... ..... .......... ..... ....... ...... .... ....... ..... ......... .... 44

' .
R egresslOns ··
1ogistiques po 1ytomiques
. ..... .... .... ......... ...... ...... ........ ......... ...... ...... ...... .45

Comportements agressifs non sévères ..... ........ ........... .... ...... ........ ........ ........... .. 45

Comportements agressifs sévères .... ...... .......... ........... .... .. ........... ........ .... ... ...... . 46

Discussion ........................................................ ........... .. ..... ..... ...... ... .......... .... ................. . 50

Forces et limites de l'étude .... ... ..... ..... ..... .................. .. ...... ...................... .... ........... .. 57

Perspectives futures ..... ........ ......... .... ... .. ..... ...... ....... .................................. ... .......... ... 59

Conclusion ...... .... ....... ... ......... .. ...... ....... .... ..... ..... ..... .... .... ... ............... .............. ......... .... .... 62

Références ................. .......... .......... ........ ..... ....... ............ ..... ....... ....... .......... .......... ......... ... 65
Liste des tableaux

Tableau

1 Tableau d'intercorrélations (coefficients Phi) entre les variables ..... ...... .............. 44

2 Régression logistique polytomique pour les comportements agressifs non sévères


........ ... .. .......... ........ ............. ...... ... ..... ..... ......... .. ....... ... ..... ..... ........... ............... ...... . 46

3 Régression logistique polytomique pour les comportements agressifs sévères,


incluant le TDAH .... .. .. ...... .. ..... ...... ..... .... .... ...... .. ...... .. ........ .... ... ...... .. .. .. .. .. .... ..... .. 48

4 Régression logistique polytomique pour les comportements agressifs sévères


excluant le TDAH .... .. .. ...... .. ..... .... ............... .. ................................................... ..... 49
Remerciements

L ' auteur désire exprimer de sincères remerciements à son directeur de recherche,

Monsieur Gilles Côté, Ph.D, professeur au département de psychologie de l'Université

du Québec à Trois-Rivières, pour son appui dans la réalisation de cet essai doctoral.

Ceux-ci s' adressent également aux professeurs qui ont accepté de joindre le jury

d' évaluation de cet essai. L ' auteur souhaite également ajouter que ce travail de

recherche a constitué un défi important dans le cadre de la réalisation de son doctorat en

psychologie clinique; les apprentissages faits, tant d' un point de vue professionnel que

personnel, sont significatifs. En terminant, l' auteur tient aussi à remercier sa mère pour

sa relecture du texte à la recherche de coquilles syntaxiques et grammaticales.


Introduction
Le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) fait l'objet de

nombreuses recherches depuis les dernières décennies. Jusqu' à récemment, les

chercheurs s' intéressaient presqu' exclusivement au TDAH chez l' enfant. Maintenant, le

TDAH est connu comme un trouble du développement persistant sur toute la durée de

vie. Depuis les dernières années, certaines études décrivent l'évolution de la

symptomatologie, de l' enfance jusqu' à l' âge adulte. Or, le cours du développement du

trouble est hétérogène; il résulte notamment de troubles concomitants variés. En effet,

certains diagnostics tels que les troubles anxieux, les troubles dépressifs, le trouble de la

personnalité limite, le trouble de l' opposition, le trouble d'utilisation de substances

psycho actives, le trouble des conduites et le trouble de la personnalité antisociale sont

fréquemment retrouvés chez un individu présentant un TDAH (American Psychiatrie

Association (AP A, 2015). Cela laisse place à des distinctions quant à certains groupes de

la population : selon les caractéristiques personnelles, les facteurs sociaux, familiaux et

environnementaux, la trajectoire de vie des individus atteint d'un TDAH sera nettement

différente. La présence de troubles souvent associés à une trajectoire délinquante est

fréquente chez des individus présentant un TDAH, surtout lorsque le trouble comprend

les symptômes d'hyperactivité et d' impulsivité.


3

Dans le cadre de cette recherche, l' intérêt est porté vers l' implication du TDAH

dans le lien qui existe entre la présence d' impulsivité depuis l'enfance chez des hommes

incarcérés et les comportements violents qu' ils ont manifestés.

Ainsi, afin de vérifier la contribution du TDAH au regard des comportements

violents, il est nécessaire de s' intéresser aux troubles fréquemment associés à la fois à la

violence et à l' impulsivité, notamment le trouble des conduites avant l'âge adulte et le

trouble de la personnalité antisociale chez l' adulte (Cumyn, French, & Hechtman, 2009;

Loeber, 1990; Lynam, Miller, Vachon, Loeber, & Stouthamer-Loeber, 2009; Mathieu &

Côté, 2009; Moeller, Barratt, Dougherty, Schmiz, & Swann, 2001; Sobanski et al. ,

2007).
Contexte théorique
Ce chapitre présente les perspectives théoriques et empiriques relatives au TDAH, à

l' impulsivité ainsi qu' aux troubles souvent associés à la fois au TDAH et aux

comportements violents, soit le trouble des conduites et le trouble de la personnalité

antisociale.

TDAH
Le TDAH est défini dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux

(DSM-5) comme étant « un mode persistant d' inattention et/ou

d' hyperactivité/impulsivité, plus fréquent et plus sévère que ce qu'on observe

habituellement chez des sujets d' un niveau de développement similaire » (APA, 2015 , p.

60). Il peut y avoir une prédominance de l' inattention, de l' hyperactivité, de

l'impulsivité ou des deux, ce qui, dans ce dernier cas, correspond au type mixte du

TDAH. La plupart (70%) des personnes atteintes présentent le type mixte avec le trio

distraction-agitation-impulsivité. Il s' agit d' un problème neurologique habituellement

diagnostiqué dans la première enfance ou au début de l' âge scolaire. Actuellement, il n'y

a pas de consensus quant à l' aspect neurologique du trouble. Les auteurs s' entendent

toutefois sur la nature développementale du TDAH.


6

Chez les enfants québécois d'âge scolaire, la prévalence du TDAH se situe entre 3% et

5% (Guay, Lageix, & Parent, 2010). Le sous-type hyperactif est neuf fois plus fréquent

chez les garçons que chez les filles. Le trouble persiste à l'adolescence; il est observé

chez 5% à 8% des adolescents (APA, 2015).

Les déficits attentionnels des jeunes manifestant un TDAH sont décrits par Barkley

(1997a) comme étant le résultat du déficit des fonctions exécutives particulièrement au

niveau de l'organisation, de la planification et de l'inhibition de la réponse. Au cours des

dernières décennies, il y a eu plusieurs études portant sur les performances à divers types

d'épreuves neuropsychologiques des jeunes présentant un TDAH. Les résultats de ces

études suggèrent que le déficit au niveau de l'inhibition de la réponse motrice et

automatisée (contrôle de l'interférence) serait central dans le TDAH. Ce déficit se traduit

par une difficulté à inhiber la première réponse ou la réaction, afin de fournir un moment

pour réfléchir à une meilleure action ou à une réponse adéquate. L' inhibition sous-tend à

la fois la capacité à contrôler ses impulsions, une propension à faire preuve d'attitudes

prosociales et conciliantes envers les autres, ainsi qu'à la capacité à respecter les normes

sociales, à planifier et à organiser (Barkley, 1997a; Schachar, Mota, Logan, Tannock, &

Klim, 2000). Enfin, Barkley soutient que le TDAH résulte d'une immaturité dans les

mécanismes permettant de gérer l' inhibition comportementale. Par exemple, un enfant

de sept ans manifesterait des comportements plus appropriés chez un enfant de quatre

ans. Ce retard diminue avec la maturation du cerveau, mais une immaturité persisterait

chez une grande proportion d'adultes atteint d'un TDAH.


7

TDAH chez l'adulte

Le TDAH chez l'adulte est de plus en plus étudié, mais il demeure difficile à

définir. Dans le DSM-5 sont décrits les symptômes comportementaux et cognitifs

généralement observés chez l'enfant de 6 à 12 ans (APA, 2015; Guay et al., 2010). Il

s'agit toutefois d'un trouble développemental chronique, pour lequel 50% à 70% des

enfants présenteront encore des manifestations à l'âge adulte. Le TDAH représente

environ 4% de la population générale adulte (Barkley, Fisher, Smallish, & Fletcher,

2002; Resnick, 2005; Wender, Wolf, & Wassertsetin, 2001).

Chez l'adulte, la symptomatologie apparaît moins spectaculaire que chez l'enfant,

puisque l'agitation motrice diminue et l'individu peut utiliser des techniques

compensatoires pour atténuer ses problèmes d'impulsivité et d'inattention. Ces stratégies

ne sont toutefois pas toujours efficaces (Wender et al., 2001). Les symptômes d'agitation

retrouvés chez l'enfant peuvent, chez l'adulte, se transformer en un sentiment subjectif

d'agitation ou en une difficulté à rester en place (Guay et al., 2010).

Conséquemment, les symptômes du TDAH chez l'adulte peuvent passer inaperçus,

ou encore, ne pas être pris au sérieux. Or, la distraction et l'impulsivité, caractéristiques

du TDAH chez l'adulte, entraînent une souffrance psychologique importante; elles ont

des implications sérieuses sur le fonctionnement occupationnel, personnel et social des

adultes. En effet, les adultes atteint du trouble ont généralement un plus faible niveau

d'éducation, un statut d'emploi inférieur marqué d'une instabilité sur le plan


8

professionnel (fréquence élevée de mises à pied ou départs soudains), des difficultés sur

le plan conjugal (taux de divorce plus élevé) et sont plus à risque d' être impliqués dans

de graves accidents de la route (Barkley, 1997a; Faraone, Biederman, Feighner, &

Monuteaux, 2000; Mannuzza, Klein, Bessler, Malloy, & Lapadula, 1993).

Quant à lui, Brown (2000) suggère que la gestion de la frustration et la modulation

de l'émotion (faible seuil de frustration, tendance à s'enflammer facilement) , ainsi que la

gestion et l' autorégulation des actions (difficultés à gérer et modifier les actions pour

convenir aux situations), seraient particulièrement problématiques chez l' adulte

présentant un TDAH.

Enfin, la compréhension de ce trouble dépend de la combinaison des

caractéristiques qui le composent, notamment du déficit de l' inhibition, de la faible

maitrise de soi, de l' immaturité affective et de sa chronicité. Dans la section suivante,

l' exploration des origines du trouble permet de mettre en lumière une autre

caractéristique spécifique au TDAH, soit la composante héréditaire du trouble.

Étiologie du TDAH

Bien que son origine soit multifactorielle et que son étiologie ne soit pas déterminée

avec certitude, le TDAH est l'un des troubles les plus reconnus susceptibles d'avoir une

base biologique. En effet, les résultats d'une méta-analyse de 70 études, incluant

notamment des études sur les jumeaux, permettent de conclure que la composante
9

héréditaire explique largement l'apparition du trouble, qu'elle est d'ailleurs le prédicteur

le plus important du TDAH (Smith, Barkley, & Shapiro, 2006; Lecomte & Poissant,

2006). Conséquemment, les résultats des études sur les jumeaux indiquent que les

facteurs génétiques contribuent en moyenne à 72,6% de la variance du TDAH tandis que

les autres facteurs, incluant l' environnement, ne contribueraient qu' à seulement 24,2%

de la variance (Barkley, 1997a; Lecomte & Poissant). Toutefois, les facteurs

environnementaux peuvent exacerber ou maintenir les symptômes du TDAH chez

l'enfant ainsi que les facteurs de risque de développement de troubles associés,

notamment du trouble des conduites (Smith et al., 2006). L'importance de l'hérédité

dans le TDAH est une caractéristique spécifique et apporte une distinction par rapport

aux autres troubles psychiatriques inclus dans les analyses. En effet, selon Lecomte et

Poissant, le facteur biologique explique un plus faible pourcentage de la variance pour

les troubles de consommation incluant l'abus et la dépendance à l'alcool, le trouble de la

personnalité antisociale, les troubles bipolaires, les troubles anxieux, le trouble des

conduites et le trouble de l' opposition.

TDAH auprès d' une population judiciarisée

Usher, Stewart, Wilton et Malek ont réalisé, en 2010, une étude sur le TDAH auprès

d'une populationjudiciarisée du Service correctionnel Canada. L'objectif de l'étude était

de dresser un profil des délinquants souffrant de TDAH. Cette étude menée auprès de

497 détenus a permis d'établir que 16,5% d'entre eux obtiennent un score élevé à la

version intégrale de l'Échelle d'auto-évaluation du TDAH chez l'adulte (ASRS), résultat


10

fortement corrélé avec les seuils cliniques du diagnostic du trouble. Une proportion de

25% des détenus obtient un score modéré à l'ASRS. Même avec ce score modéré, ces

hommes sont 1,8 fois plus à risque d'être confrontés à des placements en isolement et à

des accusations d' infractions disciplinaires (manquements aux règles de la sécurité;

actes violents ou préjudiciables) que les détenus présentant un score faible ou nul à

l'ASRS (Usher et al. , 2010). Les résultats obtenus dans l'étude de Usher et ses

collaborateurs indiquent également une difficulté au niveau de la remise en liberté chez

ces détenus. Les délinquants étaient réincarcérés plus souvent et dans un délai plus court

que ceux qui ne manifestaient pas le trouble. Le TDAH chez les hommes incarcérés

génère donc des défis sur le plan de la gestion des comportements impulsifs et agressifs.

Il devient important de s'intéresser à la contribution de ce trouble et au rôle de

l'impulsivité dans la prédiction du comportement violent.

Les résultats de la méta-analyse de Young, Moss, Sedgwick, Fridman et Hodgkins

(2015) indiquent, suite à une évaluation du TDAH par entrevue, le même taux de

prévalence (25%), chez un échantillon d'adultes incarcérés. Ce taux est dix fois

supérieur à celui retrouvé au sein de la population générale. Cet écart est encore plus

élevé lorsqu'il est question de la prévalence en centres de détention juvénile. Par

ailleurs, Young et ses collaborateurs précisent que les études utilisant un diagnostic

rétrospectif du TDAH, basé sur des outils de dépistage diagnostique, surestiment la

prévalence du trouble chez les hommes incarcérés.


Il

De plus, les comorbidités sont fréquentes chez les détenus ayant un TDAH. En

effet, Young et ses collaborateurs (2015) avancent que les détenus atteint du trouble sont

davantage à risque de présenter un trouble des conduites et un trouble de la personnalité,

en plus du trouble d'abus ou de dépendance aux substances psychoactives (SPA),

facteurs nettement associés aux comportements délinquants.

L'impulsivité comme facteur important dans la compréhension et la gestion du


risque de comportements violents

Pour certains individus, le comportement antisocial commence tôt dans la vie et,

pour une partie d ' entre eux, il va se poursuivre jusqu' à l' âge adulte. L'impulsivité

pourrait constituer une caractéristique des adolescents qui manifestent des conduites

délinquantes et pour qui celles-ci se poursuivent au-delà de l'âge de la majorité.

Fréchette et Le Blanc (1979), dans leur étude effectuée auprès de la population

générale québécoise, démontrent que ce ne sont pas tous les adolescents qui

maintiennent des comportements antisociaux à l' âge adulte. Dans leur échantillon

d' adolescents non judiciarisés, 2,4% ont été condamnés une fois adulte pour une

infraction violente (viol, voie de fait, homicide, vol à main armée) par rapport à 34,9%

des adolescents judiciarisés. En effet, selon l' intensité (sporadique, explosive, persistante

intermédiaire, persistante grave) de l' engagement dans la délinquance juvénile, les

pourcentages passent de 21 à 46% quant à la prévalence de la criminalité adulte violente

(Fréchette & Le Blanc, 1979). De tels résultats permettent de penser qu'il existe

différents portraits des individus qui commettent des actes de violence et ce, à partir de
12

l' enfance et de l'adolescence. Toutefois, il ne s' agit pas de tirer des conclusions

linéaires, mais bien de comprendre que, pour Fréchette et Le Blanc, il y a un agencement

de plusieurs caractéristiques de la délinquance de l' adolescent qui s' emboîtent et

demeurent associées de façon récurrente jusqu' à l'âge adulte; ces caractéristiques

permettent de dégager une compréhension de la dynamique de la criminalité adulte

(Fréchette & Le Blanc, 1979).

Dès lors, pmsque ce ne sont pas tous les adolescents qui maintiennent des

comportements antisociaux à l' âge adulte, quels adolescents poursuivent de tels

comportements ? L' impulsivité pourrait-elle constituer une des caractéristiques

évoquées par Fréchette et Le Blanc (1979)? Pour répondre à cette question, il est

essentiel de s'intéresser au concept de l'impulsivité.

Plusieurs auteurs suggèrent que l'impulsivité est un symptôme associé au TDAH,

observé chez l'individu tout au long de sa vie et fréquemment associé aux

comportements délinquants (Carroll et al. , 2006; Murray & Farrington, 2010; Romero,

Luengo, & Sobral, 2001). De plus, même si l' impulsivité n' est pas en soi un trouble

mental, elle est largement reconnue dans la littérature scientifique comme un facteur lié

aux comportements violents (Dassylva, 2012). L'impulsivité est perçue par plusieurs

auteurs comme un trait stable chez l' individu et peut être observée quel que soit son

diagnostic (Barratt, 1994; Barratt & Slaughter, 1998; Hare, 1991; 2003 ; Moeller et al. ,

2001 ; Webster & Jackson, 1997; Whiteside & Lynam, 2001). Aussi, l' impulsivité, en

13

interaction avec les troubles mentaux, peut permettre de distinguer des sous-groupes

particuliers d' individus qui posent, notamment, des gestes violents. Bien qu' il n' existe

pas de définition uniforme de l' impulsivité, plusieurs auteurs en ont identifié des

facteurs pour la définir (Barratt, 1994; Barratt & Slaughter, 1998; Rare, 1991 ; Moeller et

al. , 2001 ; Webster & Jackson, 1997; Whiteside & Lynam, 2001).

Définition de l'impulsivité selon Barratt et ses collaborateurs

La définition que fait Barratt de l' impulsivité est actuellement la plus reconnue dans

la littérature scientifique. La Barratt Impulsivity Scale version II (BIS-II; Barratt, 1985;

Moeller et al., 2001) est la mesure de référence. Elle est définie comme une

caractéristique comportementale, qui proviendrait de prédispositions biologiques et de

conditionnements en bas âge, entraînant, suite à des stimuli internes ou externes, des

actions rapides et non planifiées, sans considération quant aux conséquences négatives.

Selon Barratt (1994), l' impulsivité n' est pas reliée aux émotions en général. L' anxiété, la

recherche de sensation, de plaisir ou de soulagement et les mécanismes de défense ne

seraient pas impliqués dans sa perception de l' impulsivité (Dassylva, 2012).

Barratt (1994) a effectué des analyses factorielles de plusieurs versions de la BIS.

Celles-ci lui ont permis de diviser l' impulsivité en trois dimensions: l' impulsivité

motrice (agir sans penser), l' impulsivité cognitive (prendre des décisions rapides) et

l' impulsivité liée à l' absence de planification (une absence de considération pour le

futur). L'aspect cognitif de l' impulsivité est distribué dans toute l' échelle et ne constitue
14

pas un facteur en soi (Barratt, 1994). Ce dernier aspect est associé à des troubles de la

personnalité, notamment au trouble de la personnalité antisociale, à des troubles

mentaux tels que le TDAH et à des comportements problématiques comme les

agressions et les délits violents (Stanford et al. , 2009). Par contre, selon les résultats de

l' étude MacArthur (Monahan et al. , 2001), effectuée auprès de patients souffrant de

troubles mentaux, la dimension de l' impulsivité motrice de la BIS-II s' est avérée liée

très faiblement aux comportements violents.

Dans le même sens, Patton, Stanford et Barratt (1995) soutiennent que les processus

cognitifs sont à la base de l'impulsivité en général. Il s' agirait d' un problème de contrôle

cognitif impliquant certaines des fonctions exécutives qui sont affectées dans le

TDAH. C'est le cas de l' absence de réflexion (incapacité d' envisager les conséquences

d'un comportement), du manque de planification, du manque d'inhibition, déficits

auxquels s' ajoutent la difficulté à résister à ses pulsions, le besoin de gratification

immédiate et le manque de persévérance (l ' incapacité de persister dans une tâche malgré

l' ennui).

Mesure de l'impulsivité dans la PCL-R

Dans son Échelle révisée de psychopathie (PCL-R), Hare (2003) aborde

l' impulsivité au sens propre dans l' item 14 : la tendance à agir sur un coup de tête. Cet

item s' illustre par l'individu qui agit sur l' impulsion du moment, sans considération

quant à ses engagements, quant aux conséquences de ses gestes ou quant au futur en
15

général. La recherche d' excitation et la faible maitrise de soi (tendance à être prompt,

explosif) sont deux items également inclus dans la PCL-R mais qui se distinguent de

l' impulsivité à proprement dit, selon Rare (2003). Des analyses de régressions

logistiques ont permis de démontrer que la tendance à agir sur un coup de tête et la faible

maitrise de soi contribuent directement à l'explication du comportement violent chez des

patients atteints de troubles mentaux. Ces contributions directes vont même au-delà des

diagnostics de trouble de la personnalité antisociale et d' abus de SPA (Audy-Dubé &

Côté, 2012; Côté & Crocker, 2010).

Agnew (2009) porte également un intérêt particulier au concept de faible maitrise de

soi. Selon Agnew, la faible maitrise de soi se caractérise par une préférence pour les

récompenses immédiates, une recherche de sensations à travers la prise de risque, un

manque de motivation, d' ambition et de persévérance ainsi que par la présence de

croyances favorables au développement de la délinquance. La compréhension de cet

auteur s' éloigne de la perspective de Rare (2003) quant à la faible maitrise de soi et à

l' impulsivité au sens propre, mais permet d'identifier d' autres éléments liés à

l' impulsivité.

Théorie de Gottfredson et de Hirschi

L' aspect déficitaire des processus d'inhibition est commun à la plupart des théories

sur l' impulsivité. La théorie de Gottfredson et Rirschi (1990) ne fait pas exception. Ces

auteurs font aussi un lien avec la faible maitrise de soi et les problèmes de
16

comportements. Selon leur théorie, l'impulsivité comprend une difficulté à inhiber

certaines réponses comportementales et un faible niveau de contrôle de soi général. En

fait, pour ces auteurs, des niveaux élevés de désinhibition cognitive, de désinhibition

comportementale et de réactivité émotionnelle sont des manifestations de la faible

maitrise de soi. Cette dernière serait liée aux comportements antisociaux (Gottfredson &

Hirschi, 1990; Le Blanc, 2010). Plus précisément, Gottfredson et Hirschi comprennent

l'acte criminel comme procurant une gratification immédiate, une satisfaction simple des

désirs, une excitation, peu de bénéfices à long terme et générant de la douleur ou de

l' inconfort à la victime. Ils décrivent la personne impulsive comme une personne qui

présente un faible contrôle de soi et qui ne considère ou n'anticipe pas les conséquences

de ses gestes. Enfin, la propension des individus à commettre des actes criminels est

perçue comme étant stable tout au long de la vie.

Approche de Webster et de ses collaborateurs

La définition que fait Wishnie (1977) de l'impulsivité est à la base des travaux de

Webster et de ses collaborateurs. Wishnie suggère 14 éléments caractérisant les origines

des comportements d'impulsivité: (1) la faible estime de soi, (2) l' incapacité d'investir

des relations interpersonnelles (notamment intimes), (3) la manipulation, (4) l'adoption

de stratégies d'évitement du conflit interne (attribution de causes externes), par exemple:

« si mon père avait été plus présent dans ma vie, alors je ne serais pas devenu ainsi »

[Traduction libre] (p. 48), (5) l'absence de responsabilisation quant au comportement,

(6) la présence de plusieurs mécanismes de défense pour éviter l'auto-évaluation du


17

comportement (générant une résistance au changement), (7) l'évitement des émotions

(anxiété, tristesse, rage, humiliation) par l'engagement dans des activités distrayantes et

excitantes souvent non planifiées et en conflit avec l'environnement, (8) le déni des

sentiments et des besoins d'autrui, (9) l'absence de continuité dans les patterns

d'évènements (chaque évènement est traité séparément et indépendamment), (10) la

vision clivée d'autrui (tout ou rien) comme protection contre l'autocritique (validant la

position de la personne qu'il est impossible de changer, qu'il n'y a aucun espoir), (11)

l'absence de planification, (12) l'autodestruction, (13) l'incapacité de tolérer les délais

de gratification (associée à la croyance que le futur ne procurera pas de meilleurs

résultats) ainsi que (14) l'attente et la revendication d'obtenir la satisfaction des besoins

ou le soulagement de l'anxiété ou d'un inconfort par autrui pouvant générer des

réactions hostiles et explosives lors de refus ou de frustrations.

La vision de Wishnie (1977) s'inscrit dans une approche psycho dynamique, qm

amène une conception complémentaire aux théories évoquées précédemment, ajoutant à

la compréhension de l'impulsivité et du TDAH. Il s'agit d'une approche qui inclue

l'expérience subjective de la personne. Cette expérience subjective concerne la

régulation des relations interpersonnelles, notamment intimes, la régulation des

expériences émotionnelles, les spécificités au niveau de l'attention et les processus sous-

jacents au comportement impulsif de la personne qui présente un TDAH. Ainsi, les

personnes dites impulsives s'investissent peu dans la poursuite de buts à long terme,

mais font davantage le choix de résultats immédiats. Elles ont également une perception
18

du temps différente des personnes non impulsives. Elles réagissent aussi différemment

aux mesures punitives.

Webster et Jackson (1997) regroupent les éléments de définition de l'impulsivité de

Wishnie (1977) en sept caractéristiques: (1) un important doute de soi, (2) une

perception menaçante du monde, (3) une mobilisation de défenses psychologiques

contre la faible estime de soi et contre un sentiment de vide, (4) une difficulté à lier les

évènements continus, (5) des affects dépressifs, (6) une croyance de ne pas pouvoir

changer et (7) une victimisation (faible responsabilisation). L'approche de Webster et

Jackson s'insère dans une approche clinique d'évaluation et de gestion du risque de

récidive des comportements violents (Douglas, Hart, Webster, & Belfrage, 2013). Les

auteurs considèrent qu'il existe une grande variabilité des types de comportements

impulsifs chez un individu et entre les individus; ils suggèrent que l'impulsivité fait

référence à une large étendue de comportements et aux facteurs qui les sous-tendent.

Cela rend donc difficile la définition de ce trait de personnalité qui constitue un

problème d'ordre psychiatrique et légal. Effectivement, de nombreuses problématiques y

seraient associées, notamment l'abus ou la dépendance aux SPA, la colère explosive, les

troubles alimentaires ainsi que les comportements criminels violents et non-violents

(Douglas et al., 2013; Webster & Jackson, 1997).

Enfin, l'approche de Webster et Jackson (1997) est orientée vers l'interprétation

clinique des comportements impulsifs. Dans ce cadre de pensée, ces comportements


19

résident dans un mode d' organisation de la personnalité. L'histoire de VIe de la

personne, son idiosyncrasie et son environnement sont donc des facteurs à considérer.

Cette perspective demeure importante lorsqu' il s' agit de comprendre le mode

d'organisation des hommes incarcérés pour cause de comportements violents. Pour ces

auteurs, l' impulsivité se comprend sous l' angle d' une recherche de gratification

immédiate, d'une faible tolérance aux frustrations, de l'hostilité, de l' agressivité, des

compulsions, des problèmes interpersonnels chroniques et de la manipulation. Ces

facteurs sont considérés par ces auteurs comme sous-jacents aux comportements

impulsifs et devraient apparaître en bas âge, notamment à travers le TDAH. Moeller et

ses collaborateurs (2001) ajoutent qu' en considérant l' impulsivité comme une

prédisposition, comme un type de comportement qui apparaîtrait en bas âge, il est

justifié de penser qu' il se développe sous la forme d'un TDAH.

La perspective de Whiteside et Lynam (2001) correspond au même cadre de

référence que celle de Webster et de ses collaborateurs, où l'intérêt est porté sur la

combinaison des facteurs liés aux comportements violents et non pas sur des variables

de façon isolée. Cela dit, ces auteurs perçoivent l' impulsivité comme un comportement

superficiel issu de traits de personnalité spécifiques. Ils estiment donc essentiel de

distinguer les comportements des traits de personnalité qui les sous-tendent puisque,

selon la personnalité, l' impulsivité se manifesterait différemment. Whiteside et Lynam

ont toutefois identifié quatre facteurs associés aux comportements impulsifs : l'absence
20

de préméditation, l'urgence, la recherche de sensations et le manque de persévérance. Ils

soutiennent que :

L'absence de préméditation réfère à l' incapacité d'envisager les


conséquences de ses gestes avant d' agir [ .. .], l' urgence est définie comme
étant la difficulté à résister à de fortes impulsions, initiées par des affects
négatifs [ .. . ], la recherche de sensations constitue le besoin d'excitation et
de stimulation [ .. . ] et, finalement, le manque de persévérance réfère à
l'incapacité de persister dans une tâche malgré l'ennui. [Traduction libre]
(p.685)

Suite à leurs analyses, les auteurs suggèrent que l' absence de préméditation et la

recherche de sensations sont les indicateurs les plus importants du comportement

antisocial et du trouble d' utilisation de SPA. Le trouble d'utilisation de SPA est

effectivement souvent inclus dans les études traitant de comportements violents et

d'impulsivité, ce dernier trouble présentant un caractère hautement impulsif (Whiteside

& Lynam, 2001). Ces résultats sont corroborés par plusieurs autres études (Derefinko,

DeWall, Metze, Walsh, & Lynam, 2011; Lynam & Miller, 2004).

Les observations de Whiteside et Lynam (2001) ont fait l'objet d' une étude par

Miller, Flory, Lynam et Leukefel (2003). Ces derniers suggèrent que le modèle des

quatre traits de l'impulsivité de Whiteside et Lynam permet, effectivement, de prédire

une grande variété de problèmes de comportements. Ils précisent que l'absence de

préméditation est le plus consistant des quatre traits, dans la prédiction des

comportements externalisés. Miller et ses collaborateurs se sont aussi intéressés au lien

entre ces quatre facteurs de l' impulsivité et le TDAH. Les résultats révèlent que les

symptômes d' inattention, d'hyperactivité et d'impulsivité sont plus fortement corrélés au


21

manque de préméditation qu' aux trois autres facteurs . De plus, le facteur « urgence »

[Traduction libre] (p. 685), défini précédemment, prédirait significativement le

comportement hétéro-agressif. Or, selon les résultats de l' étude de Milller et ses

collaborateurs, ce trait n'est pas associé à d' autres problèmes externalisés. Une des

explications possibles réside dans la distinction entre agression réactive et proactive. En

effet, le comportement hétéro-agressif des individus manifestant des symptômes

d'inattention, d'hyperactivité et d' impulsivité aurait un caractère réactif, caractère

associé à l' absence de préméditation.

En résumé, la recension des écrits scientifiques sur l'impulsivité permet de constater

qu' il n' y a pas de consensus parmi les experts quant à une définition précise (Dassylva,

2012; Lynam & Miller, 2004). Toutefois, les différentes perspectives apportent des

visions importantes de l'impulsivité, difficilement dissociables de la vision de

l'impulsivité dans le TDAH et fortement associée aux comportements violents. Suite à

sa recenslOn des écrits, Dassylva avance que la compréhension des liens entre

l'impulsivité et les comportements violents est plus complexe que ce qui est

actuellement observé dans la recherche, entre autres parce que les facettes de

l' impulsivité peuvent être différemment interprétées selon les traits de la personnalité de

l' individu.

Quoi qu' il en soit, la personne impulsive présente plusieurs difficultés, notamment

un manque de régulation émotionnelle, des lacunes au niveau de l'inhibition, une


22

tendance à agir sur un coup de tête, un manque de considération quant aux conséquences

futures de ses gestes et une faible maitrise de soi. Ces caractéristiques sont liées aux

comportements violents. Elles sont aussi observées dans le TDAH ainsi que dans les

troubles extemalisés tels que le troubles des conduites et le trouble de la personnalité

antisociale.

Troubles de la personnalité associés aux comportements violents

L' impulsivité est une caractéristique commune à certains troubles mentaux et, plus

spécifiquement, à certains troubles de la personnalité qui sont associés aux

comportements violents. C'est effectivement le cas du trouble des conduites avant l'âge

adulte et du trouble de la personnalité antisociale à l' âge adulte (Curnyn et al., 2009;

Klein et al. , 2012; Le Corff & Toupin, 2014; Lundstrom et al. , 2014; Mannuzza, Klein,

& Moulton, 2008).

Trouble des conduites avant l'âge adulte

Le trouble des conduites est un trouble fréquemment associé à l'impulsivité et le

lien avec le TDAH est bien établi dans la littérature scientifique (Barkley, 1997a;

Biederrnan, Mick, Faraone, & Burback, 2001). Le trouble des conduites est un trouble

habituellement diagnostiqué durant l'enfance (AP A, 2015). Il se caractérise par une série

de conduites adoptées par l' enfant ou l' adolescent, de façon constante et répétitive, dans

lesquelles il n' y a considération ni d' autrui ni des règles sociales correspondant à son

âge. Quatre catégories principales existent pour classer les comportements du trouble
23

des conduites. La première catégorie inclut les conduites agressives au cours desquelles

des personnes ou des animaux sont blessés ou menacés dans leur intégrité physique. La

deuxième catégorie comprend les comportements qui visent à briser des biens matériels

sans agression physique. Les fraudes et les vols constituent la troisième catégorie. La

dernière et quatrième catégorie est constituée de la violation grave des règles établies

(APA, 2015).

Les enfants ou les adolescents ayant un trouble des conduites peuvent être enclins à

réagir fortement et agressivement envers les autres ou encore à déclencher les hostilités.

Les comportements agressifs présents dans le trouble des conduites peuvent aller de

l'intimidation, de menaces avec une arme, susceptible de blesser quelqu'un, jusqu' à des

contraintes de rapports sexuels, de viol ou encore, dans de plus rares cas, jusqu' à

l'homicide (APA, 2015).

Des sous-types ont été identifiés dans la dernière version du DSM selon des critères

de sévérité (léger, moyen, grave) et selon le niveau d' émotions prosociales manifestées

par le jeune. Les critères pour cette dernière spécification sont: absence de remords ou

de culpabilité, dureté (insensibilité) ou manque d' empathie, insouciance de la

performance et superficialité ou déficience des affects. Le début de l'âge d' apparition du

trouble a influencé les sous-types inclus dans le DSM-5. Les garçons présentant le sous-

type qualifié début pendant l 'enfance sont souvent agressifs physiquement. De plus, ils

ont, pour plusieurs, reçu un diagnostic de trouble oppositionnel et de TDAH pendant la


24

petite enfance. Les problèmes sont généralement susceptibles de persister dans le temps,

davantage que le sous-type qualifié début pendant l 'adolescence (APA, 2015). Dans leur

étude menée en 2009, Mathieu et Côté soulignent déjà l' importance de distinguer deux

types: les débutants précoces (présence d' un diagnostic du trouble des conduites avant

l' âge de 15 ans) et les débutants tardifs (présence d'un diagnostic du trouble des

conduites après 15 ans). Les résultats de leur étude révèlent que les débutants précoces

commettent plus de délits violents graves, sont plus impulsifs et ont davantage de

problèmes d'utilisation de SPA. D' autres études abondent en ce sens : plus tôt les

comportements violents apparaissent, plus ceux-ci sont associés à un trouble de la

personnalité antisociale et aux comportements violents à l' âge adulte (Klein et al., 2012;

Loeber, Farrington, Stouthamer-Loeber, & White, 2008; Loeber et al., 2005; Lynam et

al. , 2009).

Le Corff et Toupin (2014) se sont aussi intéressés à la perspective future des jeunes

ayant un trouble des conduites. Plus spécifiquement, à l' aide d' une régression logistique,

ils ont vérifié quels symptômes, entre les comportements antisociaux caractérisés par de

l' agressivité et des comportements antisociaux non agressifs, présents dans le trouble

des conduites, contribuent le plus à la présence d'un trouble de la personnalité

antisociale, trois années plus tard. L' échantillon à l' étude était constitué d' adolescents en

centres jeunesse présentant tous un trouble des conduites. Leurs résultats ont démontré

que la présence chez un enfant ou un adolescent de comportements d'agressions

ouvertes (agressions physiques) permettrait de prédire significativement la présence d'un


25

trouble de la personnalité antisociale à l' âge adulte. Toutefois, les comportements non

agressifs observés dans le trouble des conduites ne seraient pas associés à la persistance

d'un trouble de la personnalité antisociale ultérieur. Quant aux comportements violents,

Farrington et Hawkins (1991) soutiennent que les adultes ayant commis des actes

violents étaient significativement plus agressifs entre 8 et 10 ans. Plusieurs études

comparatives des comportements antisociaux agressifs et non agressifs ont permis de

tirer certaines conclusions: les comportements antisociaux agressifs sont davantage

influencés par des facteurs génétiques, sont liés à différents traits de la personnalité, sont

associés à la persistance des comportements antisociaux au cours de la vie et sont

associés à des déficits neuropsychologiques spécifiques (Burt & Mikolajewski, 2008;

Eley, Lichtenstein, & Moffitt, 2003; Miller, Flory, Lynam, & Leukefel, 2003; Moffitt,

1993; Moffitt & Caspi, 2001 ; Skeem, Miller, Mulvey, Tiemann, & Monahan, 2005).

Ainsi, il est essentiel d' aborder la question des comportements violents sous l'angle d' un

mode d' organisation spécifique, le TDAH pouvant y jouer un rôle particulier. En termes

d'organisation, le trouble des conduites serait significativement lié à l'hyperactivité

(Biederman et al. , 2001).

Par conséquent, selon Lecomte et Poissant (2006), le trouble des conduites serait le

trouble le plus fréquemment diagnostiqué en concomitance au TDAH. Le trouble des

conduites expliquerait d' ailleurs 12,9% de la variance du TDAH (Lecomte & Poissant,

2006). D ' autres auteurs estiment que 58% des enfants avec un trouble des conduites

présentent également un TDAH (Offord, Lipman, & Duku, 2001). Les études sur les
26

jumeaux et les familles suggèrent la présence d'un antécédent commun entre le TDAH

et les comportements antisociaux pendant l'enfance et l'adolescence (Nadder, Rutter,

Silberg, Maes, & Eaves, 2002). De plus, les résultats de certaines études démontrent que

la présence à la fois d'un TDAH et d'un trouble des conduites prédirait le

développement d'un trouble de la personnalité antisociale (Johansson, Kerr, &

Andershed, 2005; Lilienfeld & Waldman, 1990; Lynam, 1996). Toutefois, plusieurs

auteurs expliquent que cette association entre le TDAH et le trouble de la personnalité

antisociale est due aux facteurs communs existant entre le TDAH et le trouble des

conduites (Abramowitz, Kosson, & Seidenberg, 2004; Lahey, Loeber, Burke, &

Applegate, 2005; Lilienfeld & Waldman, 1990). Dès lors, il est important d'isoler le

TDAH afin de déterminer sa contribution dans l'explication du comportement, sans le

trouble des conduites avec lequel le TDAH partage une grande proportion de la

vanance.

En ce qui a trait au lien entre le trouble des conduites et les conduites antisociales

futures, l'étude de Robins effectuée en 1966 et plusieurs autres études (APA, 2015)

permettent de rendre compte de la nécessité d'inclure le trouble des conduites dans le

diagnostic du trouble de la personnalité antisociale. C'est également le cas de l'étude de

Sibley et de ses collaborateurs (2011). Ces auteurs ont, à partir de données

longitudinales en provenance de Pittsburgh aux États-Unis, comparé un groupe clinique

de 288 garçons ayant reçu un diagnostic de TDAH entre l'âge de 5 et 12 ans à un groupe

similaire sur le plan démographique, mais non clinique de 209 garçons. Les résultats de
27

cette étude révèlent que le TDAH est un facteur de risque associé à la délinquance qui

apparaît encore plus important lorsqu'il est en concomitance avec le trouble des

conduites. Au Québec, la chercheure Castellanos-Ryan et ses collaborateurs (2014)

arrivent à la conclusion suivante: le trouble des conduites et le TDAH présentent des

déficits cognitifs communs au niveau du lobe frontal (inhibition), particulièrement au

niveau des gestes impulsifs, des choix impulsifs (préférence pour les récompenses

immédiates par rapport aux récompenses à plus long terme) et de la sensibilité aux

récompenses.

Bien qu'il soit établi que le trouble des conduites et les symptômes du TDAH,

apparaissant en bas âge, soient associés à des comportements antisociaux futurs (Lynam

et al. , 2009; Simonoff et al. , 2004; Young et al. , 2015), tous les jeunes ayant un trouble

des conduites ne vont pas développer un trouble de la personnalité antisociale. Ainsi, il

devient pertinent d' aborder le trouble de la personnalité antisociale pour comprendre sa

contribution dans le comportement violent d'hommes adultes incarcérés.

Trouble de la personnalité antisociale à l'âge adulte

La personnalité antisociale constitue un facteur clé dans l' évaluation du risque de

comportements violents chez une personne présentant un trouble mental (Côté, Lesage,

Chawky, & Loyer, 1997; Douglas et al. , 2013; Guy, Douglas, & Hart, 2015; Joyal, Côté,

Meloche, & Hodgins, 2011). Le DSM-5 définit le trouble de la personnalité antisociale

comme une organisation cohérente de mépris et de violation des droits d'autrui qui
28

apparaît pendant l' enfance ou au début de l' adolescence et qui se poursuit à l'âge adulte

(APA, 2015). Il est question d'un trouble lorsque les traits de personnalité « sont rigides

et inadaptés et qu' ils causent une souffrance subjective ou une altération significative du

fonctionnement. » (APA, p. 761). Pour porter un tel diagnostic, la personne doit être

âgée de 18 ans ou plus et avoir déjà manifesté divers symptômes du trouble des

conduites avant l' âge de 15 ans (APA). Le DSM-5 se base principalement sur les aspects

comportementaux (majoritairement criminels et violents) d'un individu, pour établir le

diagnostic du trouble de la personnalité antisociale et fait fi des processus sous-jacents à

ces comportements. Ainsi, certains auteurs suggèrent de se questionner quant aux

critères de ce diagnostic et soulèvent le risque d' un nombre important de faux positifs

(Derefinko & Widiger, 2008; Ogloff, 2006).

L' étude épidémiologique de Bland, Orn et Newman (1988) révèle des taux de

prévalence du trouble de la personnalité antisociale dans la région d'Edmonton allant de

0,3% à 6,5%, selon le groupe d' âge et le sexe des individus. La plus forte prévalence du

trouble se situe chez les 18 à 34 ans et une plus faible prévalence s' observe chez les 65

ans et plus. Les hommes sont significativement surreprésentés par rapport aux femmes,

avec une prévalence respective du trouble de 0,8% et 6,5%.

Quant à la population carcérale, environ 60% des détenus présentent un profil de

trouble de la personnalité antisociale (Derefinko & Widiger, 2008 ; Robins, Tipp, &

Przybeck, 1991 ; Coid, Yang, Tyrer, Roberts, & Ullrich, 2006). Ces derniers sont décrits
29

comme des gens souvent agressifs, manipulateurs, irresponsables et impulsifs

(Bobadilla, Wampler, & Taylor, 2012; Derefinko & Widiger, 2008; Ullrich & Marneros,

2004). Ces caractéristiques sont étroitement associées aux actes criminels tels que la

violence envers les autres, l'abus de SPA, la vente de drogues, les crimes non violents.

De plus, ces détenus sont plus enclins à récidiver (Bobadilla et al. , 2012; Coid et al. ,

2006). Ces actes sont souvent impulsifs, non planifiés, réactionnels (Bobadilla et al. ,

2012; Derefinko & Widiger, 2008). En effet, l'individu présentant un trouble de la

personnalité antisociale est fréquemment décrit comme ayant un caractère hautement

impulsif (Hare, 1991, 2003 ; Moran, 1999). Cette impulsivité est fortement associée à

l' abus et à la dépendance aux SPA, au rejet des normes sociales ainsi qu'aux

comportements criminels (Coid et al., 2006; Derefinko & Widiger, 2008). L'impulsivité

constitue d' ailleurs une caractéristique commune des jeunes ayant un trouble des

conduites qui persisteront dans leurs comportements délinquants et développeront, à

l' âge adulte, un trouble de la personnalité antisociale. En effet, il est établi par plusieurs

auteurs que l' impulsivité est clairement associée au trouble de la personnalité antisociale

(Fritz, Wiklund, Koposov, Klinteberg, & Ruchkin, 2008; Komarovskaya, Loper, &

Warren, 2007).

D' ailleurs, plusieurs études suggèrent que le développement des personnes

présentant un trouble de la personnalité antisociale à l'âge adulte est empreint d'une

combinaison de symptômes du trouble des conduites et d'hyperactivité, d'impulsivité et

d'inattention en bas âge (Loeber, 1990; Simonoff et al. , 2004). En effet, il est fréquent
30

que les individus ayant un trouble de la personnalité antisociale aient également un

TDAH (Cumyn et al., 2009; Sobanski et al., 2007). Klein et ses collaborateurs (2012)

ont même démontré l'existence d'une corrélation significative du TDAH avec le trouble

de la personnalité antisociale et d'autres diagnostics associés aux comportements

antisociaux, voire à la violence. C'est le cas notamment de l'abus et de la dépendance

aux SPA, tous deux manifestant un caractère impulsif. Les résultats de leur étude

corroborent ceux de l'étude de Johansson et de ses collaborateurs (2005) : la présence

d'un TDAH chez un enfant augmenterait de quatre fois le risque de présenter également

un diagnostic de trouble de la personnalité antisociale. Ainsi, il est possible de penser

que la variable de l'impulsivité est commune à ces troubles et que la présence ou

l' absence d'un TDAH chez un détenu pourrait permettre de dresser des profils

d'individus commettant des gestes violents.

TDAH et comportement violent

À la lumière des résultats d'études évoquées, l'impulsivité est associée aux

comportements violents et au TDAH. Toutefois, l'impulsivité ne permet pas, à elle

seule, d'expliquer ou de prédire le comportement violent. Le TDAH, quant à lui, est un

syndrome distinct qui pourrait amener une précision supplémentaire pour mieux prédire

le comportement violent.

Par conséquent, Mannuzza et ses collaborateurs (2008) se sont intéressés à la

trajectoire délinquante de garçons présentant un TDAH. Ils soutiennent que même en


31

l'absence d'un trouble des conduites, le TDAH chez l'enfant pourrait permettre de

prédire les actes criminels chez l'adulte. En effet, les résultats de leur étude suggèrent

que les garçons ayant seulement un TDAH à l'âge de 8 ans commettaient davantage

d'actes criminels, notamment violents, entre 18 et 25 ans, que ceux ne présentant pas le

trouble. Le résultat de plusieurs autres études a permis de documenter le lien entre les

comportements criminels et le TDAH (Lundstrom et al. , 2014; Mannuzza et al. , 2008;

Nadder et al. , 2002); pour certains auteurs, le lien entre le TDAH et le comportement

violent à l' âge adulte est clairement établi (Satterfield et al., 2007).

Klein et ses collaborateurs (2012) révèlent également que trois fois plus de

participants de leur étude ayant reçu un diagnostic de TDAH ont déjà été incarcérés,

comparativement aux participants n'ayant pas reçu un tel diagnostic. Cela suggère à une

organisation distincte et spécifique des individus atteint du TDAH. Ces derniers

présentent d'ailleurs des difficultés d'adaptation sur les plans scolaire, social et

professionnel, qui seraient susceptibles d'augmenter les risques de problèmes

économiques, lesquels constituent des facteurs de risque pour les comportements

criminels. Parmi les participants présentant un trouble des conduites en plus d'un TDAH

durant l' adolescence, un quart ont reçu un diagnostic de trouble de la personnalité

antisociale à l'âge adulte. Selon cette même étude, parmi les participants du groupe

contrôle (sans TDAH), mais ayant reçu un diagnostic de trouble des conduites durant

l'adolescence, aucun d' entre eux n' aurait développé un trouble de la personnalité

antisociale. Dès lors, un diagnostic de TDAH à l' enfance, même en l'absence d'un
32

trouble des conduites, augmenterait le risque de développer un trouble de la personnalité

antisociale et de commettre des actes criminels (Klein et al. , 2012). Ce résultat corrobore

celui de Mannuzza et ses collaborateurs (2008). Le TDAH pourrait constituer un facteur

important associé aux comportements violents. L' importance relative de chacune de ces

composantes demeure cependant inconnue.

De plus, Barker et ses collaborateurs (2011) suggèrent que le TDAH est associé aux

comportements antisociaux de type agressif seulement et non pas aux comportements

antisociaux de manière générale. Les auteurs expliquent ce lien à travers les différents

déficits neurocognitifs associés au TDAH. Certaines études révèlent que le TDAH est

associé à des agressions impulsives et réactives (Retz & RosIer, 2009); il constitue un

facteur de risque important de violence conjugale (Buitelaar et al. , 2016). Ainsi, la

difficulté dans la régulation des émotions, notamment de la colère, accompagnée d' un

haut niveau d' excitation physique, d' une instabilité des affects et du manque

d' inhibition, pourraient contribuer à la prédiction des comportements violents de type

réactif et impulsif (Vitaro & Brendgen, 2005). Enfin, au terme de leur étude

longitudinale, Loeber et ses collaborateurs (2005) suggèrent qu' il existe un lien

significatif entre les comportements violents à l' âge adulte et la présence d' un TDAH

pendant l' enfance.

Actuellement, il y a très peu d' études portant sur le lien entre le comportement

violent et le TDAH qui tiennent compte de la trajectoire adulte. De plus, aucune n'a
33

isolé le TDAH pour comprendre la contribution directe de ce trouble sur le

comportement violent, au-delà de l'enfance et de l'adolescence. Ainsi, il devient

pertinent d'isoler le TDAH afin de déterminer la contribution de ce trouble dans le

comportement violent. Cela constitue d'ailleurs l'objectif de cet essai. Plus précisément,

l'objectif de cet essai doctoral consiste à vérifier la contribution spécifique et directe du

TDAH pour expliquer certaines formes de comportements violents d'hommes

incarcérés, en incluant les troubles co occurrents au TDAH et aux comportements

violents. Conséquemment à l' objectif, l'hypothèse selon laquelle il existe une

contribution particulière du TDAH à l'explication du comportement violent d' individus

manifestant ce trouble est formulée . Il est donc attendu qu'un homme incarcéré

présentant un TDAH sera plus à risque de commettre un nombre plus élevé de

comportements violents qu'un détenu n'ayant pas le trouble. La régression logistique

polytomique est la stratégie d'analyse utilisée pour rendre compte de cet objectif. Il sera

également pertinent de s'intéresser aux profils d' individus présentant un TDAH et ayant

une propension à commettre des actes violents.


Méthode
Ce chapitre présente la méthodologie utilisée dans cette étude. Celle-ci concerne les

caractéristiques des participants de l'échantillon, la procédure d'évaluation ainsi que les

instruments et les motifs qui justifient leur utilisation.

Participants

Les participants proviennent de l'étude épidémiologique de Côté et ses

collaborateurs (2007-2012) portant sur les troubles mentaux, les troubles de la

personnalité et la déficience intellectuelle en milieu carcéral. Les chercheurs intègrent

également à leur étude un ensemble de facteurs qui caractérisent les individus ainsi

identifiés, dont l' impulsivité, de par son importance dans la symptomatologie et la

gestion du risque de comportements agressifs. Les nouveaux détenus masculins,

francophones et anglophones, composent la population de l' étude. Ainsi, seuls les

hommes condamnés à une première ou à une nouvelle sentence de deux ans et plus sont

retenus pour l' étude. Les détenus devaient parler aisément le français ou l' anglais pour

être admis dans l' échantillon. La liste des entrées au Centre régional de réception (CRR)

du Service correctionnel Canada (SCC), région de Québec, a été utilisée pour effectuer

le recrutement. Le CRR est le pénitencier fédéral où les hommes québécois qui font

l' objet d'une sentence de deux ans et plus sont détenus au sein du SCC, avant d'être

redirigés vers des pénitenciers du Québec, suite à une évaluation institutionnelle. Sur la

base du nombre de nouveaux détenus entrant quotidiennement au CRR et la capacité de


36

l'équipe de recherche à évaluer un certain nombre de détenus parmi ceux-ci, il fut établi

qu'un détenu sur quatre faisant son entrée au CRR était retenu. Un chiffre aléatoire situé

entre 1 et 4 fut déterminé au hasard au départ; par la suite, chaque quatrième détenu sur

la liste fut approché pour participer. Le taux de participation est de 76%. Deux

participants se sont retirés au terme de l' étude.

Procédure d'évaluation

L' évaluation de l' état mental des détenus s' est effectuée lors de leur séjour de deux

à trois mois au CRR. Les participants sont rencontrés après les trois premières semaines,

lorsque l' évaluation par le SCC était complétée. Pour répondre à l' objectif visé, les

participants ont été soumis à l' évaluation des symptômes de troubles mentaux et des

troubles de la personnalité à l'aide d' une entrevue semi-structurée, alors que

l'impulsivité, la stabilité des tendances impulsives et le TDAH ont été évalués à l' aide

de questionnaires et d' entrevues. Les informations quant aux comportements violents

hétéro-agressifs ont été recueillies avec une mesure auto-rapportée, lors d' une entrevue

avec les participants.

Instruments

Le Structured Clinical Interview for DSM Disorders (SCID). Les symptômes de

troubles de la personnalité ont été évalués à l' aide du SCID-II (First, Gibbon, Spitzer,

Williams, & Benjamin, 1997). Ces instruments sont actuellement les plus utilisés en

recherche et ils sont valides pour la majorité des diagnostics de l' axe l et de l'axe II
37

présents dans le DSM-IV (APA, 2003). Dans la présente étude, la consistance interne est

excellente, avec un Alpha standardisé de Cronbach de 0,90. Un coefficient kappa

d' accord inter-juges de 0,93 a également été obtenu. Ce coefficient est basé sur

l' évaluation de 40 participants évalués par deux cliniciens ayant réalisé conjointement

l' entrevue; ceux-ci ont par la suite procédé à la cotation des indices de façon

indépendante.

L' évaluation finale suite à l' entrevue à l' aide du SCID est basée sur un jugement

clinique. La structure de l' instrument permet d' effectuer l' entrevue par module, selon les

symptômes présents chez le participant. La validité d'une pareille entrevue est soutenue

par le fait d'une faible probabilité que les détenus prétendent présenter des symptômes

de trouble mentaux pour en tirer avantage, les détenus ayant déjà été reconnus coupables

et condamnés pour leur infraction, en raison des préjugés négatifs associés à ces

symptômes ainsi qu' en raison de la tendance au charme superficiel et à la surestimation

de soi caractérisant les détenus les plus criminalisés (Hare, 2003). D' ailleurs, cette

question a longuement été étudiée par d' autres auteurs qui arrivent au même constat : la

très grande majorité des individus n' essaie pas de bien ou de mal paraître (Bossé & Le

Blanc, 1980; Hirschi, 1969, 2002, 2009).

La Barratt Impulsivity Scale version II (BIS-II). Les aspects reliés à l' impulsivité

sont évalués par la BIS-II (Barratt, 1985; Patton, Stanford, & Barratt, 1995). Il s' agit

d'un questionnaire composé de 30 items cotés sur une échelle en quatre points de type
38

Likert (rarement/jamais, occasionnellement, souvent, presque toujours/toujours). La

BIS-II présente une bonne validité; elle est actuellement la mesure de l' impulsivité la

plus utilisée en recherche (Standford et al. , 2009). Dans la présente étude, la consistance

interne obtenue est très bonne (as 0,84). Une version française de l' échelle est

disponible. L' impulsivité est évaluée sur la base d' un continuum (plus une personne

présente un résultat élevé, plus elle est considérée comme impulsive, donc portée à

commettre des gestes impulsifs).

Le Conners' Adult ADHD Rating Scales (CAARS). La version adaptée pour les

milieux correctionnels du CAARS (Conners, 2004) permet d' estimer la stabilité des

tendances impulsives présentes depuis l'enfance, notamment à travers le TDAH. Il s' agit

d' un questionnaire auto-rapporté de 26 items composé d' une échelle

d' impulsivité/labilité émotionnelle. Il permet d' évaluer les symptômes d'hyperactivité,

d' impulsivité et d' inattention chez les détenus. Dans cette étude, la consistance interne

de l'instrument est excellente (as 0,92).

MacArthur Community Violence Instrument (MacCVI). Le MacCVI (Monahan

et al. , 2001) permet d' obtenir les informations concernant les comportements violents

hétéro-agressifs. Le comportement violent hétéro-agressif se définit comme toute voie de

fait, soit un coup porté, tenté ou bien une menace envers une autre personne. Dans cet

essai, les termes « violents » et « agressifs » sont admis comme synonymes et sont tous

deux utilisés pour qualifier le comportement violent. Cela correspond à un geste qui
39

pourrait amener une mise en accusation formelle par le système de justice criminelle. Il

s'agit de la défInition généralement acceptée dans le domaine. Ainsi, le MaceVI permet

d'obtenir les informations auto-rapportés par le détenu, en cours d'une entrevue

d'environ 5 à 10 minutes, quant aux comportements violents sévères perpétrés au cours

de sa vie (ex. : avoir causé la mort ou l'hospitalisation, avoir blessé quelqu'un avec un

objet ou une arme) et quant aux comportements violents moins sévères manifestés dans

l'année précédant son incarcération (ex. : avoir lancé un objet à quelqu'un, avoir poussé

ou avoir frappé une personne). Une période de temps plus réduite, soit la dernière année,

est utilisée pour évaluer les comportements violents non sévères puisque les détenus

présentent plus de diffIculté à se souvenir de ce type de comportements de façon exacte.

Les comportements violents sévères commis par les détenus sont, quant à eux,

généralement bien mémorisés.

Les comportements violents sont catégorisés selon l'absence, la présence de peu de

comportements et la présence de nombreux comportements, au regard de la répartition

par quartile. Un nombre d'un à trois infractions sont regroupés dans la catégorie peu de

comportements violents non sévères tandis que quatre comportements violents non

sévères et plus constitue la dernière catégorie. Quant aux comportements violents

sévères, la présence d'un à deux comportements constitue la catégorie peu de

comportements violents sévères, tandis que trois infractions et plus au court de la vie est

considéré comme nombreux comportements violents sévères.


40

Enfin, les raisons qui justifient l'utilisation d'une mesure auto-rapportée ont été

explorées par Fréchette et Le Blanc (1979; 1987). L'approche basée sur l'analyse des

dossiers de police sous-évaluerait le volume et l' intensité de l'activité délictueuse. Cela

est explicable par le fait que, selon les auteurs, environ 75% à 85% des délits ne sont pas

connus des policiers et donc pas répertoriés dans les dossiers. Ainsi, l' aveu de l'individu

lui-même est privilégié par ses auteurs, avec la variabilité existante au niveau de sa

capacité à se remémorer fidèlement ses gestes et de sa volonté à les raconter. Monahan

et ses collaborateurs (2001) suggèrent également que les données auto-rapportées sont

une source valable d' information. Dans la présente étude, l'instrument obtient une

consistance interne excellente (as 0,93).

Analyses statistiques

L'hypothèse selon laquelle le TDAH possède une contribution spécifique quant à la

contingence des comportements violents, au-delà de l'impulsivité, du trouble des

conduites et du trouble de la personnalité antisociale est posée. Les variables

indépendantes (TDAH, impulsivité, trouble des conduites, trouble de la personnalité

antisociale) sont définies sur la base de l'absence/présence. Les comportements violents

sont divisés en deux groupes : les comportements agressifs sévères et les comportements

agressifs non sévères. Ces deux groupes constituent les variables dépendantes de l'étude.

Chaque groupe est divisé en trois catégories selon le nombre de comportements violents

auto-rapportés: aucune, peu, nombreux. · Deux analyses de régressions logistiques

polytomique seront effectuées pour vérifier la contribution des variables indépendantes


41

par rapport aux deux variables dépendantes. Une matrice d'intercorrélations permet de

vérifier la colinéarité entre les variables indépendantes et les variables dépendantes ainsi

qu' entre les variables indépendantes entres elles. Celle-ci permet de vérifier si les

variables indépendantes ont un lien avec les variables dépendantes et de s'assurer que les

variables indépendantes de l'étude mesurent chacune des concepts différents, qu'elles ne

sont pas excessivement liées entre elles. Au-delà de l'analyse des variables selon une

régression logistique polytomique, des profils d'individus seront considérés.


Résultats
Ce chapitre introduit d'abord les statistiques descriptives de l' échantillon. Il

présente ensuite les résultats de la matrice d' intercorrélations ainsi que des deux

régressions logistiques effectuées visant à vérifier les hypothèses de recherche.

Analyses descriptives

Les analyses descriptives permettent de connaître les caractéristiques de

l'échantillon. Celui-ci est composé de 563 hommes détenus, âgés de 18 à 84 ans; la

moyenne d'âge est de 39,18, avec un écart-type de 12,84. Parmi les 533 hommes ayant

commis des actes violents non sévères au cours de la dernière année, près du quart

(23%) en ont commis plusieurs et 26% en ont commis peu. Au sein de ce groupe

d'hommes, 16% sont atteints de TDAH, 46% présentent un trouble de la personnalité

antisociale et 27% répondent aux critères diagnostiques de l'impulsivité. Quant aux 525

hommes ayant commis au moins un acte violent sévère au cours de leur vie, un quart en

ont commis peu et 19% ont commis de nombreux comportements violents sévères.

Parmi les hommes ayant commis au moins un comportement violent sévère, 16% d' entre

eux présentent un TDAH, 46% présentent un trouble de la personnalité antisociale et

27% répondent aux critères de l' impulsivité.


44

Matrice d'intercorrélations

La colinéarité est évaluée à l' aide d ' une matrice d ' intercorrélations afin de

déterminer la force du lien entre les diverses variables à l' étude. Les résultats, présentés

au Tableau 1, révèlent que chaque variable indépendante est significativement liée à

chacune des variables dépendantes, ce qui justifie la pertinence de les inclure dans les

analyses futures. Le lien entre le TDAH, variable principale de l'étude et les

comportements agressifs non sévères est toutefois faible tandis que celui entre le TDAH

et les comportements agressifs sévères est un peu plus élevé.

Les résultats indiquent également que les variables indépendantes sont reliées, mais

non redondantes, outre le trouble de la personnalité antisociale et le trouble des

conduites qui sont fortement et significativement liés entre eux. Ainsi, il n'est pas

justifié de conserver les deux variables : le trouble des conduites est donc exclu des

analyses puisqu'il mesure les mêmes aspects que le trouble de la personnalité

antisociale.

Tableau 1

Tableau d 'intercorrélations (coefficient Phi) entre les variables

Impulsivité TC TPA Cpts violents Cpts violents


non sévères sévères
TDAH 0,396* * 0,193 ** 0,183 ** 0,120* 0,167*
Impulsivité 0,242** 0,255 ** 0,169** 0,136* *
TC 0,901 ** 0,407** 0,391 **
TPA 0,422** 0,433**
*Significatif au seuil de 0,05 ** Significatif au seuil de 0,001
45

Régressions logistiques polytomiques

Une première régression logistique polytomique consiste à vérifier le potentiel de

prédiction des variables indépendantes sur les comportements agressifs non sévères. Une

seconde permet de vérifier le potentiel de prédiction des variables indépendantes quant

aux comportements agressifs sévères.

Comportements agressifs non sévères. Le Tableau 2 présente les résultats de la

régression logistique polytomique des comportements agressifs non sévères. Seul le

trouble de la personnalité antisociale prédit significativement les comportements

agressifs non sévères. Lorsqu'il y a présence d'un trouble de la personnalité antisociale,

la probabilité d' avoir commis peu de comportements agressifs non sévères augmente de

2,6, par rapport à ne pas avoir commis de comportements agressifs non sévères. Pour les

hommes ayant commis de nombreux comportements agressifs non sévères, la présence

d' un trouble de la personnalité antisociale augmente la probabilité de 10,11, par rapport

à ceux qui n'ont pas commis pareils comportements. Il faut toutefois soulever l'écart

important au niveau de l' intervalle de confiance: la présence de ce trouble augmente de

6,05 à 16,87 fois la probabilité de commettre des actes violents non sévères.
46

Tableau 2

Régression logistique polytomique pour les comportements agressifs non sévères

Catégories comportements Erreur Wald Exp(B Intervalle de confiance à


MacCVI non sévères standard ) 95 % pour Exp(B)
Borne Borne
inférieure supérieure

Peu de Constante ,140 53 ,16


comportements 1
agressifs Présence ,217 19,44 2,600 1,700 3,975
deTPA 2
Nombreux Constante ,213 91 ,92
comportements 9
agressifs Présence ,261 78,25 10,105 6,053 16,870
deTPA 8

Variables retirées de l'équation car non significatives: TDAH, impulsivité

Comportements agressifs sévères. Le Tableau 3 présente les résultats de la

régression logistique polytomique pour les comportements agressifs sévères. Étant

donné que les comportements agressifs sévères sont répertoriés sur l' ensemble de la vie,

l'âge est considéré dans les analyses en tant que variable indépendante. Il est observé

que l' âge est une variable significative: plus l' âge augmente, moins il y a de

comportements agressifs sévères. Les résultats révèlent que la présence du trouble de la

personnalité antisociale augmente significativement la probabilité d'avoir commis des

comportements agressifs sévères. Le rapport de cote passe de 3,2 à 8,95 pour la

prédiction du nombre de comportements, respectivement pour ce qui est du fait d' avoir

commis peu et de nombreux comportements agressifs sévères. La présence du TDAH

augmente de presque de deux fois la probabilité d' avoir commis beaucoup de


47

comportements agressifs sévères. Toutefois, ce résultat n'est pas statistiquement

significatif; il marque cependant une tendance. Dans la catégorie peu de comportements

agressifs sévères, seuls le trouble de la personnalité antisociale et l'âge ont une

contribution significative dans la prédiction.


48

Tableau 3

Régression logistique polytomique pour les comportements agressifs sévères,


incluant le TDAH

Catégories comportements Erreur Wald Exp(B Intervalle de confiance à


MacCVI sévères standard ) 95 % pour Exp(B)
Borne Borne
inférieure supérieure

Peu de Constante ,406 ,236


comportements Présence de ,230 25,44 3,196 2,035 5,019
agressifs TPA 9
Présence de ,348 2,573 ,572 ,289 1,132
TDAH
Âge du ,009 7,484 ,975 ,957 ,993
répondant
Nombreux Constante ,516 2,529
comportements Présence de ,301 53,01 8,947 4,960 16,137
agressifs TPA 1
Présence de ,318 2,784 1,699 ,912 3,167
TDAH
Âge du ,012 12,25 ,959 ,937 ,982
répondant 6

Variable retirée de l'équation car non significative: impulsivité

Le Tableau 4 présente les résultats de la régression logistique polytomique en

excluant le TDAH. Par rapport aux comportements agressifs sévères, il est observé que

le TDAH vient prendre une partie des contingences du trouble de la personnalité

antisociale dans la prédiction d' avoir commis de nombreux comportements agressifs

sévères. En effet, le rapport de cote du trouble de la personnalité antisociale diminue

d' un point lorsqu' on ajoute le TDAH dans l' analyse.


49

Tableau 4

Régression logistique polytomique pour les comportements agressifs sévères excluant le


TDAH

Catégories comportements Erreur Wald Exp(B Intervalle de confiance à


MacCVI sévères standard ) 95 % pour Exp(B)
Borne Borne
inférieure supérieure

Peu de Constante ,401 ,423


comportements Présence ,224 24,35 3,014 1,945 4,671
agressifs deTPA 8
Âge du ,009 7,938 ,974 ,957 ,992
répondant
Nombreux Constante ,513 3,127
comportements Présence ,295 59,77 9,817 5,502 17,516
agressifs deTPA 4
Âge du ,012 10,92 ,962 ,940 ,984
répondant 7

Variable retirée de l'équation car non significative: impulsivité


Discussion
La présente étude poursuivait l'objectif de vérifier la contribution du TDAH dans la

prédiction des comportements violents chez des hommes incarcérés, en incluant les

facteurs associés. Ce chapitre est consacré à la discussion des résultats afin de mieux

comprendre le phénomène étudié.

L'hypothèse de recherche était que le TDAH contribue directement à la prédiction

des comportements violents chez une population d'hommes incarcérés. Les résultats ne

permettent pas de soutenir cette hypothèse; les résultats permettent seulement de parler

d'une tendance de la variable TDAH à contribuer aux comportements violents sévères.

Pour tenter d'expliquer ces résultats, il est pertinent de s'intéresser, dans un premier

temps, à la puissance statistique de l'étude. Avec plus de 560 participants à l'étude, la

taille de l'échantillon utilisé est suffisamment grande pour permettre d'établir des liens

statistiques significatifs. Les résultats ne permettent donc pas de s'expliquer par un

problème de puissance statistique.

Il y a lieu aussi de s'intéresser au choix des instruments utilisés, soit le SCID, le

BIS-II, le CAARS et le MacCVI. Ces instruments sont standards, grandement utilisés en

recherche, reconnus dans la littérature scientifique et présentent une bonne fidélité. Le


52

CAARS utilisé est celui qui est adapté pour une population carcérale. L'écart des

résultats avec l'hypothèse ne serait donc pas, à prime abord, lié aux instruments de

mesures sélectionnés. Il y a lieu peut-être alors de se questionner sur la nature de la

variable étudiée, le TDAH.

Le TDAH est un syndrome complexe à mesurer et à évaluer, tant du point de vue

empirique que clinique. Si le TDAH est complexe, il va sans dire que son lien avec les

comportements violents est difficile à cerner (Barker et al., 2011). Dans leur étude,

Barker et ses collaborateurs avaient utilisé un échantillon de jeunes hommes montréalais

connus comme étant hyperactifs et agressifs depuis l'âge de six ans, selon des

questionnaires remplis par des parents, des enseignants et par les participants eux-

'mêmes. Au terme de leur étude, les auteurs affirment qu'ils n'ont pas été en mesure de

comprendre la nature du lien entre le TDAH et les comportements violents. Ils suggèrent

que l'ajout des variables psychologiques, c'est-à-dire des mécanismes régissant les

conduites antisociales et violentes, permettraient de mieux comprendre le lien entre le

TDAH et les comportements violents chez leur population. Avec l'échantillon de la

présente étude, il est possible d'observer que le trouble de la personnalité antisociale

prend la majorité des contingences associées aux comportements violents. Dans la

population générale ou encore avec une population plus jeune, le lien du TDAH avec les

comportements violents est vraisemblablement observé du fait qu'il y a une plus grande

hétérogénéité des traits de personnalité. Or, dans un milieu carcéral, ce lien n'est pas

perceptible. Chez les détenus, le trouble de la personnalité antisociale vient combler la


53

majorité des contingences associées aux comportements violents. Ainsi, la sélection des

participants influence le lien entre le TDAH et les comportements violents.

Dans la présente étude, les outils utilisés ne permettent toutefois pas de cerner ces

processus relatifs aux conduites antisociales et violentes chez les participants. Les outils

choisis pour l'étude sont des outils comportementaux, comme c'est le cas dans la plupart

des études consultées; le CAARS cerne davantage les aspects comportementaux associés

au TDAH. Or, la définition du TDAH n'inclut pas seulement les aspects

comportementaux; elle inclut aussi les aspects liés aux traits de la personnalité, ces traits

étant plus difficiles à identifier. Plusieurs auteurs ont ajouté certaines variables

psychologiques dans leur définition du trouble. Parmi ces variables, rappelons les

difficultés au niveau de la gestion de la frustration et de la régulation émotionnelle, tout

comme la gestion et l'autorégulation comportementales, le sentiment subjectif

d'agitation, l'immaturité affective (Brown, 2000; Gottfredson & Hirschi, 1990; Guay et

al., 2010). L'impulsivité, composante du TDAH, est également un trait de la

personnalité, incluant les processus sous-jacents aux comportements impulsifs évoqués

par Wishnie (1977), puis par Webster et Jackson (1997), difficile à mesurer. Certains

outils, différents de ceux choisis pour cette étude, pourraient peut-être permettre de

mieux cerner ces variables psychologiques, qui sont susceptibles de se manifester

différemment selon les caractéristiques de l'échantillon à l'étude.


54

Quant aux variables comportementales, il est possible de penser que leur importance

puisse être différente selon l'échantillon. En effet, les comportements pourraient

ressortir davantage dans certains échantillons. Par exemple, chez une certaine population

carcérale, il est probable que les comportements d' impulsivité et de violence prennent

plus d' importance et soient plus facilement identifiables qu' en population générale.

Chaque échantillon présente des caractéristiques particulières et celui à l'étude n' en

fait pas exception. Par exemple, les caractéristiques d' un échantillon pris au sein de la

population générale diffèrent grandement de celles d'un échantillon issu d'une

population carcérale. Ainsi, les caractéristiques du présent échantillon pourraient

constituer une piste d'explication aux résultats obtenus. D' ailleurs, la plupart des études

consultées suggérant un lien statistiquement significatif entre le TDAH et les

comportements violents étaient effectuées auprès d' une population générale ou encore

d' une population d' enfants (Loeber et al. , 2005 ; Retz & RosIer, 2009; Satterfield et al. ,

2007; Vitaro & Brendgen, 2005). Dans la population générale, le TDAH est associé à

d' autres diagnostics, notamment au trouble des conduites, au trouble de l' opposition,

aux troubles anxieux, à l' abus et à la dépendance à l'alcool, aux troubles bipolaires ainsi

qu' au trouble de la personnalité antisociale (Lecomte & Poissant, 2006). La présence de

ces diagnostics comorbides dilue le lien spécifique entre le TDAH et les comportements

violents.
55

Tel que mentionné, le TDAH est souvent associé au trouble des conduites. Or,

même s' il y a une proportion importante de variance partagée par le trouble des

conduites et le trouble de la personnalité antisociale (Sibley et al. , 2011), il ne s'agit pas

de tous les adolescents présentant un trouble des conduites qui poursuivront leurs

conduites antisociales et développeront un trouble de la personnalité antisociale

(Fréchette & Leblanc, 1987). Effectivement, tel qu' observé par Fréchette et Leblanc, les

troubles de comportements diminuent grandement après 18 ans. Dans la présente étude,

le trouble des conduites n' apporte rien à la prédiction des comportements violents. Cela

justifie l' exclusion du trouble des conduites dans les analyses. Le fait que le trouble des

conduites et le trouble de la personnalité antisociale soient fortement corrélés entre eux,

dans l' échantillon, constitue une caractéristique particulière de ce dernier. Or, on peut

penser que la contribution du trouble des conduites pourrait être présente dans une étude

menée auprès de la population générale, puisqu' on y retrouve une faible prévalence du

trouble de la personnalité antisociale. Cette contribution pourrait être encore davantage

observée chez un échantillon d' enfant issu du milieu scolaire régulier.

Le pénitencier constitue vraisemblablement un milieu d'analyse particulier: une

proportion importante de détenus présentent un trouble de la personnalité antisociale

(Coid et al., 2006; Derefinko & Widiger, 2008; Robins, Tipp, & Przybeck, 1991). Tout

comme en population générale, le diagnostic de TDAH chez une population carcérale se

présente souvent en concomitance avec d' autres diagnostics. D'ailleurs, selon la

perspective de Klein et ses collaborateurs (2012), le TDAH pourrait jouer un rôle dans le
56

développement de ce trouble de la personnalité chez les jeunes adultes, ce dernier

augmentant fortement la probabilité de commettre des actes violents. Ces éléments

appuient la pertinence du contrôle effectué sur le trouble de la personnalité antisociale,

dans les analyses. Ces particularités de l'échantillon rendent toutefois difficile

l' émergence d' un lien entre le TDAH et les comportements violents.

Par ailleurs, le fait que les détenus plus âgés commettent moins de comportements

violents interroge. En effet, contrairement à ce qui était attendu, plus l'âge des

participants augmente, plus le risque d'avoir commis des comportements violents

sévères diminue. De manière générale, il y a une diminution des comportements

antisociaux et de la violence à partir de 35 ans (Landreville & Laplante, 1995), au regard

notamment du processus naturel de maturation (Ouimet & Leblanc, 1993). Cormier et al.

(1959) parlent de point de saturation, signifiant que le criminel vient à se demander s'il

peut obtenir de la satisfaction par une diminution de sa criminalité. Selon les études de

Landreville et Laplante (1995) et de Landreville (2001), environ les deux tiers des

personnes admises au pénitencier à 35 ans et plus le sont pour la première fois . Il y

aurait d' ailleurs très peu de récidivistes qui entrent au pénitencier passé l'âge de 35 ans.

En effet, la majorité des personnes de 35 ans et plus admises ne sont pas des délinquants

de carrière et en sont, pour plusieurs, à leur première infraction. Dans la présente étude,

les participants sont sélectionnés à leur entrée au pénitencier : l' âge des détenus de

l' échantillon correspond donc à l' âge auquel ils sont incarcérés.
57

De plus, qu'il s'agisse de penser à l'abus d'alcool et de drogues, aux overdoses et

aux activités criminelles aux cours desquelles ils peuvent être agressés, voire tués,

l'espérance de vie des délinquants les plus impulsifs, ayant une faible maitrise de soi et

des conduites à risque, est souvent réduite. On peut également penser au fait que

plusieurs vivent des symptômes dépressifs générant; des taux de suicide plus élevés sont

observés chez cette population (Bobadilla et al., 2012; Coid et al. , 2006; Derefinko &

Widiger, 2008) . Ainsi, en plus de la fin de la carrière criminelle après 35 ans, le rythme

de vie à risque des jeunes criminels contribue au fait qu'ils sont moins susceptibles

d' être représentés ultérieurement chez les détenus plus âgés.

Forces et limites de l'étude

La taille de l'échantillon constitue une force de l'étude, puisqu'elle permet une

puissance statistique suffisante pour l'interprétation des résultats. Celle-ci rend possible

la généralisation des résultats à d' autres populations de détenus en pénitencier. Sur les

plans de la fidélité et de la consistance interne des instruments utilisés, celles-ci sont

presque parfaites. Ces instruments possèdent des qualités psychométriques certaines. La

méthodologie des instruments et les stratégies d'analyse utilisées dans l'étude permettent

de cerner la force des prédictions entre les variables. De plus, les analyses de régression

logistique choisies sont des stratégies linéaires rigoureuses assurant un contrôle des

variables. Les auteurs suggérant un lien significatif entre le TDAH et les comportements

violents ont eux aussi utilisé les analyses de régression logistique (Loeber et al. , 2005;

Retz & RosIer, 2009; Satterfield et al., 2007; Vitaro & Brendgen, 2005). Par contre, dans
58

les études consultées, le trouble de la personnalité antisociale n' était pas contrôlé, cela a

rendu impossible de départager la prédiction appartenant à ce trouble de celle

appartenant au TDAH. En effet, le contrôle effectué sur le trouble de la personnalité

antisociale constitue une approche originale par rapport aux autres études consultées

(Loeber et al. , 2005; Retz & RosIer, 2009; Satterfield et al., 2007; Vitaro & Brendgen,

2005). De plus, dans ces études, les variables dépendantes étaient différentes de celles de

la présente étude: il n'y avait pas de distinctions claires entre les comportements

antisociaux de manière générale et les comportements violents.

L'étude présente aussi des limites. D'abord, il n'était pas possible d' avoir accès aux

processus sous-jacents ou aux motivations à la base des comportements violents, selon

les données disponibles. Si ces données avaient été accessibles, une distinction entre la

violence réactive et la violence instrumentale ou active aurait pu être faite et aurait été

pertinente. Avec ces informations, il aurait été davantage possible de cerner le lien entre

le TDAH et les comportements violents, ainsi que le lien entre ceux-ci et le trouble de la

personnalité antisociale. Celles-ci permettraient d' expliquer comment les participants

présentant un TDAH ou un trouble de la personnalité antisociale en sont venus à

commettre des comportements violents. Ces processus sous-jacents ont d' ailleurs été

mesurées dans plusieurs études consultées (Bobadilla et al., 2012; Derefinko & Widiger,

2008; Miller et al., 2003; Retz & RosIer, 2009; Vitaro & Brendgen, 2005).
59

Ensuite, malgré la qualité des instruments utilisés, certaines nuances devraient être

apportées pour la compréhension du TDAH. Ce dernier est un syndrome complexe

résidant dans un mode d' organisation de traits de personnalité et de comportements.

Dans la plupart des études consultées, l' évaluation du TDAH était basée sur des

manifestations comportementales, vérifiées selon les critères du DSM à l' aide de

questionnaires (CAARS , BRlEF, DISC) (Barker et al. , 2011 ; Lundstrom et al. , 2014;

Mannuzza et al. , 2008; Satterfield et al., 2007). Cela est également vrai pour l'évaluation

de l' impulsivité (Monahan et al. , 2001). Or, la définition du TDAH n' inclut pas

seulement les aspects comportementaux; elle inclut aussi les aspects liés aux traits de la

personnalité, ces traits étant plus difficiles à identifier. Plusieurs auteurs ont ajouté

certaines variables psychologiques dans leur définition du trouble. Parmi ces variables,

rappelons les difficultés au niveau de la gestion de la frustration et de la régulation

émotionnelle, tout comme la gestion et l' autorégulation comportementales, le sentiment

subjectif d' agitation, l' immaturité affective (Brown, 2000; Gottfredson & Hirschi, 1990;

Guay et al. , 2010).

Perspectives futures

Dans le cadre d' une recherche future, il pourrait être intéressant de revoir la

définition du TDAH ainsi que la mesure de ce trouble. Il pourrait être pertinent de

s'intéresser à certains outils permettant de cerner les variables psychologiques, qui sont

susceptibles de se manifester différemment selon les caractéristiques de l'échantillon à

l' étude. Or, dépendamment des auteurs dans le domaine, au regard de leur approche
60

théorique, psycho dynamique ou cognitive-comportementale, les traits de personnalité ou

les aspects comportementaux seront différemment privilégiés. De nouvelles stratégies

d'évaluation et d'analyse pourraient aussi constituer des avenues de recherche à

explorer.

De plus, des stratégies d'analyses centrées sur l'individu pourraient permettre de

distinguer des sous-groupes au sein de l'échantillon, selon les caractéristiques des

participants. Les analyses de correspondances multiples pourraient répondre à cet

objectif et constituer un choix d'analyses intéressant. Poursuivre la présente étude avec

ces nouvelles analyses dépasserait le cadre prévu pour un essai. Toutefois, leur

pertinence est indéniable. Les analyses de correspondances multiples demeurent des

analyses quantitatives mais fournissent des profils qui se distinguent de la moyenne des

caractéristiques de l' échantillon. Ce type d'analyses révèle des tendances de sous-

groupes d'individus. Cette stratégie permettrait d'apporter des nuances qu'il n'était pas

possible de saisir avec les analyses de régression logistique. Dans leur étude sur les liens

entre la schizophrénie et les comportements violents, Joyal et ses collaborateurs (2011)

ont procédé par l'analyse des sous-groupes. Les variables de l'étude joueraient des rôles

distincts en fonction des profils distincts de personnes schizophrènes ayant commis des

actes violents. Il s'agit alors d'une approche orientée vers les personnes plutôt que

centrée sur les variables (Côté & Pham, 2000; Joyal et al., 2011; Magnusson, 1998).

L'adoption de cette stratégie permettrait d'observer l'agencement des variables à l'étude

avec d'autres variables, dans l'analyse des profils. Ainsi, il serait peut-être possible
61

d'établir alors les distinctions entre les participants présentant un TDAH et les

participants ne présentant pas de TDAH.

Une autre avenue de recherche serait d' étendre l' échantillon à la population

générale afin d' apporter un complément et un point de comparaison au regard de la

population carcérale. Pour comprendre plus précisément le lien unissant les variables à

l' étude, l' analyse des distinctions et des similitudes existant entre les participants de

l' échantillon et ceux d'un échantillon différent (issue de la population générale ou d'un

autre milieu carcéral) serait une avenue intéressante. Le schème corrélationnel utilisé

dans cette étude pourrait ainsi devenir un schème quasi-expérimental, en comparant les

résultats obtenus auprès d' hommes présentant des similarités mais qui sont issus de

milieux différents. En effet, l'utilisation d' un seul échantillon n' a pas permis de saisir

toutes les nuances du TDAH dans son lien avec les comportements violents, considérant

que l'échantillon était trop marqué par la personnalité antisociale. Conséquemment,

l' adoption d' un schème de recherche quasi-expérimental pourrait amener des nuances

intéressantes.
Conclusion
Le lien entre le TDAH et les comportements violents est complexe. Les

caractéristiques particulières de l' échantillon ajoutent à la difficulté de saisir le lien entre

ces deux variables. En effet, il est possible de penser que le fait d' avoir choisi

uniquement des détenus ne permet peut-être pas de faire ressortir ce lien, alors que c' est

le cas en population générale.

Les résultats de l' étude au niveau de la moindre proportion de comportements

violents chez les détenus plus âgés confirment la diminution de la carrière criminelle au-

delà d'un certain âge. Ainsi, dans l' exploration de la relation entre le TDAH et les

comportements violents, les stratégies de sélection des participants de l' échantillon

jouent un rôle crucial. Celles-ci influencent grandement la portée des résultats.

Afin d'améliorer la compréhension du TDAH et de ses liens avec les

comportements violents, des analyses plus complexes, notamment l' étude des profils,

pourraient être envisagées. En effet, de telles analyses centrées sur les individus et leurs

caractéristiques
64

pourraient permettre de cerner des nuances quant au sens que prend le comportement

violent. Cela ouvre la voie à l' interprétation des processus psychologiques qui qualifient

les comportements et, ainsi, donner lieu à une meilleure compréhension du TDAH

relativement aux comportements violents.


Références
Abramowitz, C. S., Kosson, D. S., & Seidenberg, M. (2004). The relationship between
childhood Attention Deficit Hyperactivity Disorder and conduct problems and adult
psychopathy in male inmates. Personality and Individual Differences, 36, 1031-1047.
doi: 10.1016/S0191-8869(03)00198-3

American Psychiatric Association. (2015). Diagnostic and statistical manual of mental


disorders : DSM-5, version française. Washington, DC: Auteur.

American Psychiatric Association, (2003). DSM-IV-TR: manuel diagnostique et


statistique des troubles mentaux, 4e éd., texte révisé. Paris, FR: Auteur.

Audy-Dubé, C. & Côté, G. (2012, Mars). Impulsivité et comportements violents chez des
patients atteints de troubles mentaux graves. Affiche présentée au 34 e congrès de la
Société québécoise pour la recherche en psychologie, Sherbrooke, QC.

Barratt, E. S. (1994). Impulsiveness and aggression. Dans J. Monahan & H. J. Steadman


(Éds.), Violence and mental disorder: Developments in risk assessment (pp. 61-79).
Chicago, IL: University of Chicago.

Barratt, E. S. (1985). Impulsiveness substraits: Arousal and information processing.


Dans J. T. Spence & C. E. Izard (Éds.), Motivation, emotion and personality (pp.
137-146). North-Holland: Elsevier Science Publishers.

Barratt, E. S., & Slaughter, L. (1998). Defining, measuring, and predicting impulsive
aggression: A heuristic model. Behavioral Sciences and the Law, 16, 285-302.

Barker, E. D., Temblay, R. E. , van Lier, P. A. C., Vitaro, F., Nagin, D. S. Assaad, J.-M.
et al. (2011). The neurocognition of conduct disorder behaviors: Specificity to
physical aggression and theft after controlling for ADHD symptoms. Aggressive
Behavior, 37, 63-72.

Barkley, R. A. (1997a). ADHD and the nature ofself-control, New York: Guilford.

Barkley R.A. , Fischer, M. , Smallish, L., & Fletcher, K. (2002). The persistence of
attention-deficitlhyperactivity disorder into young adulthood as a function of
reporting source and definition of disorder. Journal of Abnormal Psychology, 111,
279-289.
67

Biederman, 1., Mick, E., Faraone, S. V., & Burback, M. (2001). Patterns of remission
and symptom dec1ine in conduct disorder: A four-year prospective study of an ADHD .
sample. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 40,
290-298.

Bland, R. C., Orn, H., & Newman, S. C. (1988). Lifetime prevalence of psychiatric
disorders in Edmonton. Acta Psychiatrica Scandinavica, 77(Suppl 338), 24-32.
doi: 1O.llll/j .1600-0447 .1988 .tb08544.

Bobadilla, L., Wampler, M., & Taylor, J. (2012). Pro active and reactive aggression are
associated with different physiological and personality profiles. Journal of Social and
Clinical Psychology, 31, 458-487. doi:10.1521/jscp.2012.31.5.458

Bossé, M., & Le Blanc, M. (1980), La délinquance officielle des anciens de Boscoville,
six ans après le début de la recherche, Université de Montréal: Groupe de recherche
sur l'inadaptation juvénile.

Brown, T. E. (2000). Attention-Deficit Disorders and Comorbidities in Children,


Adolescents and adults. Washington, D. C. : American Psychiatric Press.

Buitelaar, N. L., Ferdinand, R. F., Posthumus, J. A., & Buitelaar, J. K. (2016). Screening
for ADHD among offenders of intimate partner violence. The International Journal
of Forensic Mental Health, 15, 256-264. doi: 10.1 080/149990 13 .20 16.1160962

Burt, S. A., & Mikolajewski, A. J. (2008). Preliminary evidence that specific candidate
genes are associated with adolescent-onset antisocial behavior. Aggressive Behavior,
34,437-445. doi :10.1002/ab.20251

Carroll, A., Hemingway, F., Bower, J., Ashman, A., Houghton, S., & Durkin, K. (2006).
Impulsivity in juvenile delinquency: Differences among early-onset, late-onset, and
non-offenders. Journal ofYouth and Adolescence, 35, 519-529.

Castellanos-Ryan, N., Struve, M., Whelan, R., Banaschewski, T., Barker, G. J., Bokde,
A. W., & ... Conrod, P. 1. (2014). Neural and cognitive correlates of the common and
specific variance across externalizing problems in young adolescence. American
Journal of Psychiatry, 171, 1310-1319. doi: 10.1 176/appi.ajp.2014.13111499

Coid, J., Yang, M., Tyrer, P., Roberts, A., & Ullrich, S. (2006). Prevalence and
correlates of personality disorder in Great Britain. British Journal of Psychiatry, 188,
423-431.

Conners, K. (2004). Conners' Adult ADHD Rating Scales (CAARS): For use in
correctional settings. Toronto: Multi-Health Systems.
68

Côté, G. & Crocker, A. (2010). Troubles mentaux et comportements violents: de la


dangerosité à l'évaluation et à la gestion du risque. Dans M. Le Blanc & M. Cusson
(Éds), Traité de criminologie empirique : 4e édition (pp. 237-267). Montréal: Les
Presses de l'Université de Montréal.

Côté, G., Lesage, A. , Chawky, N., & Loyer, M. (1997). Clinical specificity of prison
inrnates with severe mental disorders: A case-control study. British Journal of
Psychiatry, 170, 571-577.

Côté, G. , & Pham, T. H. (2000). État des connaissances sur la psychopathie: mise en
perspective critique. Dans T.H Pham & G. Côté (Eds.), Psychopathie: Théorie et
recherche (pp. 205-233). Paris: Presses Universitaires du Septentrion.

Cumyn, L. , French, L. , & Hechtman, L. (2009). Comorbidity in adults with attention-


deficit hyperactivity disorder. Canadian Journal of Psychiatry, 54, 673-683.

Dassylva, J.-F. (2012). L 'impulsivité et sa mesure dans le cadre de l 'étude des


comportements violents. (Thèse de doctorat) . Université du Québec à Trois-Rivières,
Trois-Rivières, QC.

Derefinko, K. J. , & Widiger, T.A. (2008). Antisocial Personality Disorder. Dans S.H.
Fatemi & P.J. Clayton (eds.), The Medical Basis of Psychiatry (pp. 213-226).
Totowa, NJ : Hurnana Press.

Derefinko, K., DeWall, C., Metze, A. V. , Walsh, E. C., & Lynam, D. R. (2011). Do
different facets of impulsivity predict different types of aggression? Aggressive
Behavior, 3 7, 223-233. doi:l0.l002/ab.20387

Douglas, K. S., Hart, S. D., Webster, C. D. , & Belfrage, H. (2013). HCR-20V3 :


Assessing risk of violence - User guide. Burnaby, Canada: Mental Health, Law, and
Policy Institute, Simon Fraser University.

Eley, T. C., Lichtenstein, P., & Moffitt, T. E. (2003). A longitudinal behavioral genetic
analysis of the etiology of aggressive and nonaggressive antisocial behavior.
Development and Psychopathology, 15, 383-402. doi:l0.l017/S095457940300021X

Faraone, S. V. , Biederrnan, J., Feighner, J. A., & Monuteaux, M. C. (2000). Assessing


symptoms of attention deficit hyperactivity disorder in children and adults: Which is
more valid? Journal of Consulting and Clinical Psychology, 68, 830-842.
doi: 10.1037/0022-006X.68.5.830

Farrington, D. P., & Hawkins, J. D. (1991). Predicting participation, early onset, and
later persistence in officially recorded offending. Criminal Behaviour and Mental
Health, 1, 1-33.
69

First, M. B., Spitzer, R. L. , Gibbon, M. , & Williams, J. B. W. (1997) . User's guide for
the Structured Clinical Interview for DSM-IV Axis 1 Disorders - Clinician Version
(SCID-CV). Washington, D.C.: Arnerican Psychiatric Press.

First, M. B., Gibbon, M. , Spitzer, R. L. , Williams, 1. B. W. , & Benjamin, L. S. (1997).


User's guide for the Structured Clinical Interview for DSM-IV Axis II personality
disorders (SCID-II). Washington, DC: American Psychiatric Press.

Fréchette, M. & Le Blanc, M. (1987) Délinquances et délinquants. Chicoutimi: Gaëtan


Morin éditeur.

Fréchette, M . & Le Blanc, M. (1979) La délinquance cachée à l 'adolescence, cahier L


Inadaptation juvénile. Université de Montréal: Groupe de recherche sur
l' inadaptation juvénile.

Fritz, M ., Wiklund, G. , Koposov, R. A , af Klinteberg, B., & Ruchkin, V. V . (2008).


Psychopathy and violence in juvenile delinquents: What are the associated
factors? International Journal of Law and Psychiatry, 31, 272-279.
doi: 10.1 0 16/j .ijlp.2008.04.01 0

Gottfredson, M . R. & Hirschi, T. (1990). A general theory of crime. Standord:


Californie. Stanford University Press.

Guy, L. S., Douglas, K. S., & Hart, S. D. (2015). Risk assessment and communication.
Dans B. L. Cutler, P. A. Zapf, B. L. Cutler, P. A Zapf (Eds.), APA handbook of
forensic psychology, Vol. 1: Individual and situational influences in criminal and
civil contexts (pp. 35-86). Washington, DC, US: Arnerican Psychological
Association. doi: 10.1037/14461-003

Guay, M.-C. , Lageix, P. , & Parent, V. (2010). Proposition d'une démarche évaluative du
TDAH . Dans N. Chevalier, M.-C. Guay, A Achim, P. Lageix & H. Poissant (Éds.),
Trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité: soigner, éduquer, surtout
valoriser. (pp. 3-16). Sainte-Foy: Presses de l'Université du Québec.

Hare, R. D. (1991). The Hare Psychopathy Checklist: Revised. Toronto, Ontario: Multi-
Health Systems.

Hare, R. D. (2003). Hare Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R) 2nd edition: technical


manual. Toronto: Multi-Health Systems.

Hirschi, T. (1969; 2002; 2009), Cause of Delinquency. NJ: Transaction Publishers.


70

Johansson, P., Kerr, M., & Andershed, H. (2005). Linking Adult Psychopathy with
Childhood Hyperactivity-Impulsivity-Attention Problems and Conduct Problems
Through Retrospective Self-reports. Journal of Personality Disorders, 19, 94-10l.
doi: 10.15211pedi.19.1.94.62183

Joyal, C. C., Côté, G., Meloche, J., & Hodgins, S. (2011) . Severe mental illness and
aggressive behavior: On the importance of considering subgroups. The International
Journal ofForensic Mental Health, 10,107-117. doi:10.1080114999013.201l.577136

Klein, R. G., Mannuzza, S., Olazagasti M. A. R., Roizen, E. , Hutchison, J. A., Lashua,
E. C., & Castellanos, F. X. (2012). Clinical and Functional Outcome of Childhood
Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder 33 Years Later. Archive of Geneneral
Psychiatry, 69, 1295-1303. doi: 10.1001larchgenpsychiatry.2012.271

Komarovskaya, L, Loper, A., & Warren, J. (2007). The role of impulsivity in antisocial
and violent behavior and personality disorders among incarcerated women. Criminal
Justice and Behavior, 34, 1499-1515. doi:10.1177/0093854807306354

Lahey, B. B., Loeber, R., Burke, J. D., & Applegate, B. (2005). Predicting future
antisocial personality disorder of boys' delinquent group membership and facilitation
of violent behaviors during adolescence. Development and Psychopathology, 15, 183-
197.

Landreville, P. (2001). Le vieillissement de la population pénitentiaire du Québec:


réflexions à propos des théories et des paradigmes en criminologie: Les formes de la
pénalité contemporaine: enjeux sociaux et politiques. Sociologie et sociétés, 33, 53-
66.

Landreville, P., & Laplante, P. (1995). Le vieillissement de la population pénitentiaire


du Québec. Déviance et société, 19,237-254.

Le Blanc, M. (2010). La conduite déviante des adolescents: son développement et ses


causes. Dans M. Le Blanc & M. Cusson (Éds), Traité de criminologie empirique :
i ème édition (pp. 237-267). Montréal, QC : Les Presses de l'Université de Montréal.
Lecomte, S., & Poissant, H. (2006). Facteurs de risque du TDAH. Dans N. Chevalier,
M.-C. Guay, A. Achim, P. Lageix & H. Poissant (Éds.), Trouble déficitaire de
l'attention avec hyperactivité : soigner, éduquer, surtout valoriser. (pp. 17-36),
Sainte-Foy: Presses de l'Université du Québec.

Le Corff, Y., & Toupin, J. (2014). Overt versus Covert conduct disorder symptoms and
the prospective prediction of antisocial personality disorder. Journal of Personality
Disorders, 28, 864-872.
71

Lilienfeld, S. O., & Waldman, 1. D. (1990). The relationship between childhood


attention-deficit hyperactivity disorder and adult antisocial behaviour re-exarnined:
The problem ofheterogeneity. Clinical Psychology Review, 10,699-725.
Loeber, R. (1990). Development and risk factors of juvenile antisocial behavior and
delinquency. Clinical Psychology Review, 10(1), 1-41. doi:10.1016/0272-
7358(90)90105-J

Loeber, R., Farrington, D. P., Stoutharner-Loeber, M., & White, H. R. (2008). Violence
and serious theft: Development and prediction from childhood to adulthood New
York: Routledge.

Loeber, R., Homish, D. L., Wei, E. H, Pardini, D., Crawford, A. M., Farrington, D. P.,
... , & Rosenfeld, R. (2005). The prediction of violence and homicide in young males.
Journal of Consulting and Clinical Psychology, 73, 1074-1088. 1088.
doi: 10.103 7/0022-006X. 73.6.1074

Lundstrom, S., Forsman, M., Larsson, H., Kerekes, N., Serlachius, E., Langstrom, N., &
Lichtenstein, P. (2014). Childhood neurodevelopmental disorders and violent
criminality: A sibling control study. Journal ofAutism and Developmental Disorders,
44,2707-2716. doi:l0.l007/s10803-013-1873-0

Lynam, D. R. (1996). The early identification of chronic offenders: Who is the fledgling
psychopath? Psychological Bulletin, 120, 209-234.

Lynarn, D.R., & Miller, J.D. (2004). Personality Pathways to Impulsive Behavior and
Their Relations to Deviance: Results from Three Sarnples. Journal of Quantitative
Criminology, 20, 319-341.

Lynarn, D. R., Miller, D. J., Vachon, D., Loeber, R., & Stoutharner-Loeber, M. (2009).
Psychopathy in adolescence predicts official reports of offending in adulthood. Youth
Violence and Juvenile Justice, 7, 189-207. doi: 10.1177/1541204009333797

Magnusson, D. (1998). The Logic and Implications of a Person-Oriented Approach.


Dans R. B., Cairns, L. R. Bergman, & J. Kagan (Éds.), Methods and Models for
Studying the lndividual. 33-64.

Mannuzza, S., Klein, R. G., & Moulton, J. L., 3rd. (2008). Lifetime criminality arnong
boys with ADHD: a prospective follow-up study into adulthood using official arrest
records. Psychiatry Research, 160, 237-246. doi: 10.10 16/j .psychres.2007 .11.003

Mannuzza, S., Klein, R. G., Bessler, A., Malloy, P., & Lapadula, M. (1993). Adult
outcome of hyperactive boys: Educational achievement, occupational rank, and
72

psychiatric status. Archives of General Psychiatry, 50, 565-576.


doi: 10.1 00 1/archpsyc.1993 .01820190067007
Mathieu, C., & Côté, G. (2009). A modelization of difference between early-and late-
starter French-Canadian offenders. International Journal of Forensic Mental Health,
8, 25-32.

Miller, J. D., Lynam, D., & Leukefel, C. (2003). Examining antisocial behavior through
the lens of the Five Factor Model ofPersonnality. Agressive Behavior, 29, 497-514.

Miller, J., Flory, K. , Lynam, D., & Leukefeld, C. (2003). A test of the four-factor model
ofimpulsivity-related traits. Personality and Individual Differences, 34, 1403-1418.

Moeller, F.G., Barratt, E.S ., Dougherty, D.M., Schmitz, J.M., & Swann, A.C. (2001).
Psychiatric aspects of impulsivity. American Journal ofPsychiatry, 158, 1783-1793.

Moffitt, T. E., & Caspi, A. (2001). Childhood predictors differentiate life-course


persistent and adolescence-limited antisocial pathways among males and females.
Development and Psychopathology, 13, 355-275.

Moffitt, T. E. (1993). Adolescence-limited and life-course-persistent antisocial behavior:


A developmental taxonomy. Psychological Review, 100, 674-701.

Monahan, J., Steadman, H. J., Silver, E., Appelbaum, P. S., Robbins, P. C., Mulvey, E.
P., Roth, J.H., Grisso, T., & Banks, S. (2001). Rethinking risk assessment: The
MacArthur study of mental disorder and violence. New York: Oxford University
Press.

Moran, P. (1999). The epidemiology of Antisocial personality disorder. Social


Psychiatry Psychiatric Epidemiology, 34,231-242.

Murray, J. , & Farrington, D. P. (2010). Risk factors for conduct disorder and
delinquency: key findings from longitudinal studies. Canadian Journal of Psychiatry,
55, 633-642.

Nadder, T. S., Rutter, M., Silberg, J. L. , Maes, H. H., & Eaves, L. J. (2002). Genetic
effects on the variation and covariation of attention deficit-hyperactivity disorder
(ADHD) and oppositional-defiant disorder/conduct disorder (ODD/CD)
symptomatologies across informant and occasion of measurement. Psychological
Medicine, 32(1), 39-53.

Ouimet, M., & Leblanc, M. (1993). Événements de vie et continuation de la carrière


criminelle au cours de la jeunesse. Revue internationale de criminologie et de police
technique , 46(3), 321-344.
73

Ogloff, J.R.P. (2006). Psychopathy/Antisocial Personality disorder Conundrum.


Australian and New Zealand Journal of Psychiatry, 40, 519-528.
Offord, D. R. , Lipman, E. L. , & Duku, E. K. (2001). Epidemiology ofproblem behavior
up to age 12 years. Dans R. Loeber, D. P. Farrington (Éds.), Child delinquents :
Development, intervention, and service needs. Thousand Oaks, Califomia : Sage.

Patton, J. H. , Stanford, M. S., & Barratt, E. S. (1995). Factor structure of the Barratt
impulsiveness scale. Journal ofClinical Psychology, 51,768-774.

Resnick, R. J. (2005). Attention deficit hyperactivity disorder in teens and adults : They
don't aIl outgrow it. Journal ofClinical Psychology, 61 , 529-533.

Retz, W. , & RosIer, M. (2009). The relation of ADHD and violent aggression: What can
we learn from epidemiological and genetic studies? International Journal of Law and
Psychiatry, 32, 235-243. doi: 10.1016/j.ijlp.2009.04.006

Robins, L. N. (1966). Deviant children grown up: A sociological and psychiatrie study
of sociopathic personality. Oxford, England: Williams & Wilkins.

Robins, L. N. , & Regier, D. A. (1991). Psychiatric disorders in America. New York:


Free Press.

Robins, L. N. , Tipp, J. , & Przybeck, T. (1991). Antisocial personality. Psychiatrie


disorders in America, 258-290.

Romero, E. , Luengo, M. A. , & Sobral, J. (2001). Personality and antisocial behavior:


Study of temperamental dimensions. Personality and Individual Differences, 31 , 329-
348.

Satterfield, J. H. , FalIer, K. J., Crinella, F. M. , Schell, A. M., Swanson, J. M. , & Homer,


L. D. (2007). A 30-year prospective follow-up study of hyperactive boys with
conduct problems: Adult criminality. Journal of the American Academy ofChild and
Adolescent Psy chiatry, 46, 601-610.

Schachar, R., Mota, V. L. , Logan, G. D., Tannock, R. , & Klim, P. (2000). Confirmation
of an inhibitory control deficit in attention deficit/hyperactivity disorder. Journal of
Abnormal Child Psychology, 28, 227-235 .

Simonoff, E., Elander, J. , Holmshaw, J. , Pickles, A. , Murray, R., & Rutter, M. (2004).
Predictors of antisocial personality: Continuities from childhood to adult life. British
JournalofPsychiatry, 184,118-127. doi :l0.1192/bjp.184.2.118

Skeem, J. L. , Miller, J. D., Mulvey, E., Tiemann, J. , & Monahan, J. (2005). Using a
Five-Factor Lens to Explore the Relation Between Personality Traits and Violence in
74

Psychiatric Patients. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 73, 454-465.


doi: 10.1037/0022-006X. 73.3.454

Smith, B. H. , Barkley, R. A., & Shapiro, C. J. (2006). Attention-DeficitlHyperactivity


Disorder. In E. J. Mash, R. A. Barkley, E. J. Mash, R. A. Barkley (Eds.) , Treatment
of childhood disorders, 3rd ed (pp. 65-136). New York, NY, US : Guilford Press.

Sobanski, E., Brüggemann, D. , Alm, B., Kem, S., Deschner, M., Schubert, T., & .. .
Rietschel, M. (2007). Psychiatric comorbidity and functional impairment in a
c1inically referred sample of adults with attention-deficit/hyperactivity disorder
(ADHD). European Archives of Psychiatry and Clinical Neuroscience, 257, 371-377.
doi: 10.1007/s00406-007 -0712-8

Standford, M. S., Mathias, C. W., Dougherty, D. M. , Lake, S. L. , Anderson, N. E. , &


Patton, J. H. (2009). Fifty years of the Barratt Impulsiveness Scale : An update and
review. Personnality and lndividual Differences, 47, 385-395. doi:
10.1 016/j .paid.2009.04.008

Ullrich, S. & Marneros, A. (2004). Dimensions of Personality disorders in offenders.


Criminal Behaviours and Mental Health, 14,202-213.

Usher, A., Stewart, L., Wilton, G., & Malek, A. (2010). Profil et résultats des
délinquants souffrant de TDAH (Rapport No. R-226). Rapport de recherche adressé
au Service correctionnel Canada, Ottawa, ON.

Vitaro, F., & Brendgen, M. (2005). Pro active and reactive aggression : A developmental
perspective. Dans R. Tremblay, W. Hartup, & J. Archer (Éds), Developmental
Origins ofAgression (pp. 179-201). New York: Guilford.

Webster, C.D., & Jackson, M.A. (1997). lmpulsivity: Theory, assessment, and treatment.
New York, NY: Guilford.

Wender, P. H., Wolf, L. E., & Wasserstein, J. (2001). Adults with ADHD. Annals of the
New York Academy ofSciences, 931(1),1-16.

Wishnie, H. (1977). The impulsive personality. NY : Plenum.

Whiteside, S. P., & Lynam, D. R. (2001). The Five Factor Model and impulsivity: using
a structural model of personality to understand impulsivity. Personality and
lndividual Differences, 30, 669-689.

Young, S., Moss, D., Sedgwick, O., Fridman, M., & Hodgkins, P. (2015). A meta-
analysis of the prevalence of attention deficit hyperactivity disorder in incarcerated
populations. Psychological Medicine, 45, 247-258 . doi:1 0.1017/S0033291714000762
..

75

Young, S., Sedgwick, O., Fridman, M., Gudjonsson, G., Hodgkins, P., Lantigua, M., &
Gonzalez, R. A. (2015). Co-morbid psychiatrie disorders among incarcerated ADHD
populations: A meta-analysis. Psychological Medicine , 45, 2499-2510.
doi:10.1017/S0033291715000598

Vous aimerez peut-être aussi