VINCENT TARDIEU
2018
ROBOTIQUE AGRICOLE
UN PROGRÈS ? EN QUOI & POUR QUI ?
schématique du concept de l'élevage de précision
écision peut être défini par l'utilisation coordonnée d'automates, de capteurs pour mesurer des paramètres relatifs aux animaux ou aux bâtiments
l'information et de la communication (TIC) pour échanger, analyser stocker et restituer ces informations. Le couplage de capteurs avec des techn
des automates permet d'assister l'éleveur dans ses prises de décision et d'alléger la réalisation des tâches d'élevage.
ROBOTS D’ÉLEVAGE
IDELE
EN BRETAGNE, 1 FERME DE
PRODUCTION LAITIÈRE SUR 2
S’INSTALLE AVEC UN OU
PLUSIEURS ROBOTS DE
TRAITE…
FIN 2015, 3316
EXPLOITATIONS
ÉTAIENT ÉQUIPÉES,
SOIT 10 FOIS PLUS
QU'EN 2005 ET 2 FOIS
PLUS QU'EN 2010.
epuis le début des années 2000, le nombre d'exploitations équipées d'au moins un robot de traite a explosé, pour
teindre environ 4800 fin 2015.
rmi les adhérents au contrôle de performance officiel, le nombre de fermes équipées a été multiplié par 2 depuis 2010 et
r 10 depuis 2005.
évolution du nombre d'élevages adhérents au contrôle laitier et possédant un robot de traite a connu une croissance
asiment exponentielle depuis le début des années 2000, avec cependant une légère inflexion en 2009 en raison de la
ise laitière. En 2015, malgré une croissance de 10% par rapport à l'année précédente, un ralentissement est également
sible (la croissance 2014 était de 15 %).
in 2015, 3316 exploitations étaient équipées,
oit 10 fois plus qu'en 2005 et 2 fois plus qu'en
010.
EN 2013, 6 150 ROBOTS
DE TRAITE ÉTAIENT
INSTALLÉS DANS LES
FERMES FRANÇAISES…
un facteur motivant le
nouvelles technologies
iale sur les exploitations
e du travail
…CELA FAVORISE
L’AUGMENTATION DU
NOMBRE DE BÊTES ET LA
CONCENTRATION DES
FERMES
Parmi ces installations (chiffres 2013),
stalle, 26 % ont 2 stalles et seulemen
ou plus.
En moyenne, elles sont équipées de 1,
représente donc au total environ 6150
l'échelle de la France.
a quasi totalité des départements français sont désormais concernés par la présence d'au moins une e
un robot. Sans surprise, les départements du grand ouest sont les plus concernés (l'Ille et Vilaine en
épartements laitiers de l'est sont également de plus en plus équipés.
ne répartition sur tout le territoire
contactinra@sud-recherche.org décembre 2015 http://www.sud-recherche.org/ 1
extrêmement faible au regard de l’ampleur des emplois perdus en agriculture depuis 10 ans (voir
paragraphe suivant).
En s’appuyant, en partie, sur ces
estimations contestables, le rapport
dresse la vision d’une innovation en
agriculture dont la photo de drone en
couverture annonce la couleur. Par sa
puissance technique et par la science
mobilisée (et orientée) pour son
utilisation, c’est à un certain type
d’agriculture que le drone contribue :
celle qui privilégie l’apport technologique
agroindustriel contre la régulation
biologique autonome, celle qui a accès
financièrement à une telle technologie, celle qui robotise au détriment de l’emploi agricole, dans un
contexte où le nombre d’exploitations agricoles ne cesse de diminuer (698 450 en 2000, 514 700 en
1 Source citée : The rise of the bio-based economy, Friends of Europe & Novozymes, 2012.
2 Source citée : Heffner E.L., Lorenz A.J., Janninck J.L., Sorrells M.E., 2010. Plant breeding with genomic selection: Gain per unit time and
cost. Crop Science 50: 1681-1690.
ROBOT & PÂTURAGE…
ROBOTS DES CHAMPS
À QUAND LES
ROBOTS POUR
LES GRANDES
CULTURES ?
ET IL EST OÙ L’AGRICULTEUR…?!
Par ailleurs, si la politique d’innovation vise à résoudre de grands problèmes sociétaux, dans
l’action on s’aperçoit que systématiquement l’intérêt particulier des industriels en place s’est substitué à
l’intérêt général. A la confusion entre
innovation et technologie, s’ajoute celle
entre progrès social et compétitivité
économique. Nous en voulons pour preuve
le recours quasi systématique aux
consortia public-privé comme acteurs
futurs de ces recherches, étant bien
entendu que les partenaires privés
nommément cités ou affiliés aux pôles de
compétitivité sont déjà en position
dominante dans le paysage économique et
veilleront jalousement sur leurs propres
intérêts !
Certes, à la décharge des auteurs
de ce rapport, la lettre de mission était très
cadrée et demandait de l’opérationnel.
C’est d’ailleurs elle (p. 100) qui propose le vocable d’agriculture « numérique ». Mais n’est-il pas du
ressort de la recherche publique de prendre une certaine distance avec les considérations politiques,
plutôt que de jouer la bonne élève et de ne traiter que « les sujets explicitement mentionnés dans la
lettre de mission » (p. 7) ? Les auteurs n’ont d’ailleurs pas déployé la même investigation pour tous les
domaines identifiés dans la lettre de mission : ils n’ont ainsi pratiquement pas retenu la recommandation
« d’intégrer les questions sociétales afférentes » aux biotechnologies. Enorme illustration de cette
défaillance de vision systémique, l’absence totale de l’agriculture biologique comme souligné plus haut,
alors que celle-ci est, a minima, un laboratoire vivant de l’agroécologie.
On cherchera vainement des voies mobilisatrices pour des jours meilleurs tout au long des 132
pages du document. On s’étonnera aussi du décalage entre le discours grand public de la recherche
(cf. dossier de presse « L’INRA, l’agriculture et le climat ») et le choix de l’agriculture numérique
encore de précision préconisée dans le présent rapport. Peut-être que les modali
mise en œuvre pour préparer ce rapport l’expliquent en p
recherche, déplorons cette nouvelle occasio
de susciter face aux urgendes fut
DU TEMPS GAGNÉ… POUR EN FAIRE QUOI ?
▸ « La robotisation permet de dégager du
temps. Si ce temps libéré est utilisé pour
la production et permet de dégager de
la valeur ajoutée supplémentaire, alors
cette automatisation ne pose pas de
problème. En revanche, si le
développement des automatismes
vient seulement permettre de réduire
l’astreinte et le temps la rentabilité
et la marge de l’exploitation diminue.
Dans ce deuxième cas, l’agrandissement
est nécessaire. »
(Jean-Marie  Séronie, agro-économiste, auteur d’Un big bang
agricole ?, éditions La France agricole, 2016
– cité par Terre-Net Média, 03/11/2016)
15 ha en 1955=> 55 ha en
2010
ENDETTEMENT MOYEN
PAR EXPLOITATION (2009)
147 500€
VINCENT TARDIEU
AGRICULTURE
CONNECTÉE
ARNAQUE OU REMÈDE?
Une enquête exceptionnelle
dans les campagnes à l’ère du big data,
des drones, du GPS, des robots
et autres technologies de pointe.
JE VOUS
REMERCIE !
tardieu-vincent@wanadoo.fr
FIRA 2018 - Vincent Tardieu - Journaliste

FIRA 2018 - Vincent Tardieu - Journaliste

  • 1.
    VINCENT TARDIEU 2018 ROBOTIQUE AGRICOLE UNPROGRÈS ? EN QUOI & POUR QUI ?
  • 2.
    schématique du conceptde l'élevage de précision écision peut être défini par l'utilisation coordonnée d'automates, de capteurs pour mesurer des paramètres relatifs aux animaux ou aux bâtiments l'information et de la communication (TIC) pour échanger, analyser stocker et restituer ces informations. Le couplage de capteurs avec des techn des automates permet d'assister l'éleveur dans ses prises de décision et d'alléger la réalisation des tâches d'élevage. ROBOTS D’ÉLEVAGE
  • 3.
    IDELE EN BRETAGNE, 1FERME DE PRODUCTION LAITIÈRE SUR 2 S’INSTALLE AVEC UN OU PLUSIEURS ROBOTS DE TRAITE… FIN 2015, 3316 EXPLOITATIONS ÉTAIENT ÉQUIPÉES, SOIT 10 FOIS PLUS QU'EN 2005 ET 2 FOIS PLUS QU'EN 2010. epuis le début des années 2000, le nombre d'exploitations équipées d'au moins un robot de traite a explosé, pour teindre environ 4800 fin 2015. rmi les adhérents au contrôle de performance officiel, le nombre de fermes équipées a été multiplié par 2 depuis 2010 et r 10 depuis 2005. évolution du nombre d'élevages adhérents au contrôle laitier et possédant un robot de traite a connu une croissance asiment exponentielle depuis le début des années 2000, avec cependant une légère inflexion en 2009 en raison de la ise laitière. En 2015, malgré une croissance de 10% par rapport à l'année précédente, un ralentissement est également sible (la croissance 2014 était de 15 %). in 2015, 3316 exploitations étaient équipées, oit 10 fois plus qu'en 2005 et 2 fois plus qu'en 010.
  • 4.
    EN 2013, 6150 ROBOTS DE TRAITE ÉTAIENT INSTALLÉS DANS LES FERMES FRANÇAISES… un facteur motivant le nouvelles technologies iale sur les exploitations e du travail …CELA FAVORISE L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE BÊTES ET LA CONCENTRATION DES FERMES Parmi ces installations (chiffres 2013), stalle, 26 % ont 2 stalles et seulemen ou plus. En moyenne, elles sont équipées de 1, représente donc au total environ 6150 l'échelle de la France. a quasi totalité des départements français sont désormais concernés par la présence d'au moins une e un robot. Sans surprise, les départements du grand ouest sont les plus concernés (l'Ille et Vilaine en épartements laitiers de l'est sont également de plus en plus équipés. ne répartition sur tout le territoire
  • 5.
    [email protected] décembre 2015http://www.sud-recherche.org/ 1 extrêmement faible au regard de l’ampleur des emplois perdus en agriculture depuis 10 ans (voir paragraphe suivant). En s’appuyant, en partie, sur ces estimations contestables, le rapport dresse la vision d’une innovation en agriculture dont la photo de drone en couverture annonce la couleur. Par sa puissance technique et par la science mobilisée (et orientée) pour son utilisation, c’est à un certain type d’agriculture que le drone contribue : celle qui privilégie l’apport technologique agroindustriel contre la régulation biologique autonome, celle qui a accès financièrement à une telle technologie, celle qui robotise au détriment de l’emploi agricole, dans un contexte où le nombre d’exploitations agricoles ne cesse de diminuer (698 450 en 2000, 514 700 en 1 Source citée : The rise of the bio-based economy, Friends of Europe & Novozymes, 2012. 2 Source citée : Heffner E.L., Lorenz A.J., Janninck J.L., Sorrells M.E., 2010. Plant breeding with genomic selection: Gain per unit time and cost. Crop Science 50: 1681-1690. ROBOT & PÂTURAGE…
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  • 8.
    À QUAND LES ROBOTSPOUR LES GRANDES CULTURES ?
  • 10.
    ET IL ESTOÙ L’AGRICULTEUR…?!
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    Par ailleurs, sila politique d’innovation vise à résoudre de grands problèmes sociétaux, dans l’action on s’aperçoit que systématiquement l’intérêt particulier des industriels en place s’est substitué à l’intérêt général. A la confusion entre innovation et technologie, s’ajoute celle entre progrès social et compétitivité économique. Nous en voulons pour preuve le recours quasi systématique aux consortia public-privé comme acteurs futurs de ces recherches, étant bien entendu que les partenaires privés nommément cités ou affiliés aux pôles de compétitivité sont déjà en position dominante dans le paysage économique et veilleront jalousement sur leurs propres intérêts ! Certes, à la décharge des auteurs de ce rapport, la lettre de mission était très cadrée et demandait de l’opérationnel. C’est d’ailleurs elle (p. 100) qui propose le vocable d’agriculture « numérique ». Mais n’est-il pas du ressort de la recherche publique de prendre une certaine distance avec les considérations politiques, plutôt que de jouer la bonne élève et de ne traiter que « les sujets explicitement mentionnés dans la lettre de mission » (p. 7) ? Les auteurs n’ont d’ailleurs pas déployé la même investigation pour tous les domaines identifiés dans la lettre de mission : ils n’ont ainsi pratiquement pas retenu la recommandation « d’intégrer les questions sociétales afférentes » aux biotechnologies. Enorme illustration de cette défaillance de vision systémique, l’absence totale de l’agriculture biologique comme souligné plus haut, alors que celle-ci est, a minima, un laboratoire vivant de l’agroécologie. On cherchera vainement des voies mobilisatrices pour des jours meilleurs tout au long des 132 pages du document. On s’étonnera aussi du décalage entre le discours grand public de la recherche (cf. dossier de presse « L’INRA, l’agriculture et le climat ») et le choix de l’agriculture numérique encore de précision préconisée dans le présent rapport. Peut-être que les modali mise en œuvre pour préparer ce rapport l’expliquent en p recherche, déplorons cette nouvelle occasio de susciter face aux urgendes fut DU TEMPS GAGNÉ… POUR EN FAIRE QUOI ? ▸ « La robotisation permet de dégager du temps. Si ce temps libéré est utilisé pour la production et permet de dégager de la valeur ajoutée supplémentaire, alors cette automatisation ne pose pas de problème. En revanche, si le développement des automatismes vient seulement permettre de réduire l’astreinte et le temps la rentabilité et la marge de l’exploitation diminue. Dans ce deuxième cas, l’agrandissement est nécessaire. » (Jean-Marie  Séronie, agro-économiste, auteur d’Un big bang agricole ?, éditions La France agricole, 2016 – cité par Terre-Net Média, 03/11/2016)
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    15 ha en1955=> 55 ha en 2010
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    VINCENT TARDIEU AGRICULTURE CONNECTÉE ARNAQUE OUREMÈDE? Une enquête exceptionnelle dans les campagnes à l’ère du big data, des drones, du GPS, des robots et autres technologies de pointe. JE VOUS REMERCIE ! [email protected]