Brian Kernighan, co-cr�ateur d'Unix, s'exprime apr�s avoir test� le langage Rust : � je ne pense pas qu'il va remplacer C tout de suite �
il juge l��cosyst�me de Rust � incompr�hensiblement vaste et lent �
Brian Kernighan, co-cr�ateur d'Unix, a partag� ses r�flexions sur les langages modernes tels que Rust, les distributions Linux et les descendants d'Unix. Il a soulign� que les solides fonctionnalit�s de s�curit� m�moire de Rust font des vagues dans la communaut�, offrant aux d�veloppeurs un moyen d'�crire du code plus s�r. Toutefois, apr�s l'avoir test�, Brian Kernighan juge l��cosyst�me de Rust � incompr�hensiblement vaste et lent �. Il n'a �crit qu'un seul programme en Rust, mais rapporte une exp�rience p�nible. Son avis contraste avec celui d'autres figures de l'industrie, comme Linus Torvalds, cr�ateur du noyau Linus.
Brian Kernighan, 83 ans, est un informaticien canadien de renom connu pour avoir co�crit le premier livre sur le langage de programmation C (avec Dennis Ritchie). Il est �galement le co-cr�ateur des langages Awk, avec Alfred Aho et Peter Weinberger, et AMPL. Il a travaill� aux Bell Labs et a contribu� au d�veloppement d'Unix aux c�t�s des cr�ateurs d'Unix, Ken Thompson et Dennis Ritchie. Il est aussi connu pour d'autres travaux pionniers dans l'informatique.
En 1969, il obtient un doctorat d'�lectrotechnique � l'universit� de Princeton, o� en 2004, il occupe un poste de professeur. � J'enseigne toujours � Princeton. Je n'ai pas encore pris ma retraite ! �, a-t-il d�clar� r�cemment, devant un public r�uni au InfoAge Science and History Museums de Wall, dans le New Jersey.
Brian Kernighan avait �t� invit� � prendre la parole lors du festival � Vintage Computer East �. Lors de l'�v�nement, il a partag� ses r�flexions sur ce qu'il pense du monde d'aujourd'hui, avec son abandon du langage C au profit de langages de programmation plus s�rs pour la m�moire. Il a mis l'accent sur le langage Rust, qu'il a utilis� pour �crire un programme. Mais alors que Rust jouit d'une popularit� croissant, Brian Kernighan n'a pas du tout �t� s�duit.
Brian Kernighan critique vivement les performances du langage Rust
� Pensez-vous que Rust ait un quelconque int�r�t � remplacer C ? Ou s'agit-il simplement d'un �norme battage m�diatique qui finira par s'essouffler ? �, a demand� un membre du public. Dans un monde qui �volue depuis des ann�es vers des langages plus s�rs pour la m�moire, la r�ponse d'un fervent d�fenseur du langage de programmation C depuis plus d'un demi-si�cle promettait d'�tre tout simplement embl�matique. Il s'est montr� tr�s tr�s critique.
Brian Kernighan a trouv� son exp�rience avec Rust � p�nible �. Selon lui, les m�canismes impos�s par Rust pour garantir la s�curit� m�moire sont trop lourds, surtout dans un programme o� la gestion de la m�moire n��tait pas un probl�me majeur. Il d�crit son unique essai comme � une douleur �, et juge l��cosyst�me du langage � avec ses crates, sa complexit� et la lenteur de la compilation � comme � incompr�hensiblement vaste et lent �.
� Ohhh, Rust �, a d�clar� Brian Kernighan, sous les rires du public. � Je n'ai �crit qu'un seul programme en Rust, vous devez donc prendre tout cela avec beaucoup de recul. Et j'ai trouv� cela p�nible. Je n'arrivais tout simplement pas � comprendre les m�canismes n�cessaires pour assurer la s�curit� de la m�moire, dans un programme o� la m�moire n'�tait m�me pas un probl�me ! �. Sa plus grande critique semble concerner ses performances de Rust.
� Et le compilateur �tait lent, le code qui en ressortait �tait lent... �, a-t-il d�clar�. � Quand j'ai essay� de comprendre ce qui se passait, le langage avait chang� depuis la derni�re fois que quelqu'un avait publi� une description ! Il m'a donc fallu plusieurs jours pour �crire un programme qui, dans d'autres langages, aurait pris peut-�tre cinq minutes... �
Le 15 mai 2025, le compte Twitter officiel du projet FFmpeg a publi� un message acerbe � l'encontre de Rust qui dit : � [Rust] est tellement bon que l'on peut �tre pay� 20 000 $ pour le rendre aussi rapide que C �. Cette remarque visait l'initiative de Prossimo, qui a propos� une prime de 20 000 $ � quiconque parviendrait � rendre son d�codeur AV1, rav1d, aussi rapide que dav1d, une impl�mentation en C largement reconnue pour sa rapidit�.
Cette d�claration a raviv� le d�bat sur les compromis entre s�curit� m�moire, performance et co�t dans le d�veloppement de syst�mes critiques. Il s'agit d'un d�bat de longue date dans la communaut� des d�veloppeurs. Certains ch�rissent les performances brutes, tandis que d'autres pr�f�rent la s�curit�.
Les limites du jugement de Brian Kernighan concernant le langage Rust
Dans l'ensemble, Brian Kernighan avait eu une mauvaise exp�rience. Il reconna�t qu�il n�a �crit qu�un seul programme en Rust et conseille de prendre ses critiques avec prudence. Il pr�cise que son exp�rience reste personnelle et ne doit pas �tre vue comme un rejet d�finitif du langage. Cela dit, il ne consid�re pas Rust comme un rempla�ant du C : � je suis probablement trop cynique. Mais je ne pense pas qu'il va remplacer C tout de suite, en tout cas �.
La position de Brian Kernighan sur Rust contraste avec celle de Linus Torvalds, cr�ateur du noyau Linux. Linus Torvalds est favorable � l'introduction de Rust dans le noyau Linus, ce qui constitue l�un des changements techniques les plus significatifs de ces derni�res ann�es. Le langage de programmation Rust, r�put� pour sa s�curit� m�moire et sa modernit� par rapport au langage C, a suscit� un d�bat tr�s intense parmi des d�veloppeurs du noyau.
Depuis l'annonce de la prise en charge exp�rimentale de Rust dans le noyau Linux, plusieurs mainteneurs ont exprim� des inqui�tudes quant � l'impact de ce changement. Parmi eux, Christoph Hellwig a pris une position ferme contre l'utilisation de Rust, mettant en avant des arguments relatifs � la complexit� et � la fragmentation du d�veloppement du noyau. Les critiques craignent que le m�lange de Rust et du C ne rende Linux impossible � maintenir.
Face aux pr�occupations soulev�es, Linus Torvalds a clarifi� sa position sur Rust. Il a affirm� qu'il n'est pas question d'imposer Rust aux mainteneurs qui ne souhaitent pas travailler avec ce langage. Linus Torvalds a expliqu� que les mainteneurs ne seront pas contraints d'interagir avec du code Rust s'ils n'en voient pas l�utilit�. Cependant, cela ne signifie pas qu'ils ont le droit de bloquer son int�gration dans des domaines o� il est jug� b�n�fique.
Linus Torvalds a pr�cis� que la demande d�int�gration d�un module en Rust, qui �tait � l�origine du d�bat, n�avait aucune incidence directe sur le code existant maintenu par Christoph Hellwig. D�s lors, il n��tait pas justifi� que ce dernier cherche � bloquer l��volution du noyau dans ce sens.
Linus Torvalds a �galement insist� sur un principe fondamental du d�veloppement de Linux : le pragmatisme et la flexibilit�. Selon lui, l'objectif n'est pas d'obliger quiconque � travailler avec Rust, mais de permettre � ceux qui veulent l�utiliser de le faire sans contraintes excessives. L'ann�e derni�re, Linus Torvalds a exprim� sa d�ception face au faible taux d'adoption de Rust, les principaux mainteneurs du noyau �tant plus habitu�s au langage C.
Pourquoi Rust dans le noyau Linux ?
L'adoption de Rust dans le noyau Linux repose sur plusieurs motivations majeures :
- s�curit� m�moire am�lior�e : l�un des principaux atouts de Rust est sa gestion de la m�moire s�curis�e par conception. Contrairement au C, qui repose sur une gestion explicite de la m�moire (et donc sujet � des erreurs comme les d�passements de tampon et les acc�s � des pointeurs invalides), Rust emp�che ces erreurs � la compilation. Cela permet de r�duire la surface d�attaque du noyau, particuli�rement pour les pilotes et modules de bas niveau ;
- fiabilit� et modernit� : Rust introduit des concepts modernes, tels que le syst�me de propri�t� et l�emprunt de m�moire, qui facilitent l��criture de code robuste. Pour un projet aussi critique que le noyau Linux, cela peut se traduire par une r�duction significative des bogues et des failles de s�curit� ;
- un d�veloppement plus modulaire : Rust permet de d�velopper des modules et pilotes isol�s qui peuvent coexister avec du code en C sans n�cessiter une r��criture compl�te du noyau. Cela signifie que les d�veloppeurs peuvent progressivement tester et adopter Rust sans perturber le fonctionnement global de Linux ;
- l�adoption croissante dans l�industrie : de grandes entreprises technologiques, comme Google, Microsoft et Meta, soutiennent l'utilisation de Rust pour des composants critiques de bas niveau. Google, par exemple, a d�j� commenc� � utiliser Rust dans le noyau Android pour renforcer la s�curit�.
Il faut noter que l'adoption de Rust soul�ve des d�fis :
- apprentissage du langage : certains mainteneurs ne sont pas familiers avec Rust, et il faudra du temps pour qu�une partie significative de la communaut� Linux se l�approprie ;
- support des outils et cha�nes de compilation : bien que Rust dispose d�un excellent �cosyst�me, son int�gration au sein des infrastructures existantes du noyau n�cessite un travail suppl�mentaire ;
- �quilibre entre conservatisme et innovation : Linux a toujours �t� un projet o� le pragmatisme prime sur la mode technologique. Torvalds veut s�assurer que Rust apporte une v�ritable valeur ajout�e avant de l��tendre plus largement.
Brian Kernighan revient sur son passage au sein des laboratoires Bell
Au cours de son intervention, Brian Kernighan a �voqu� avec �motion l'ambiance g�n�rale qui r�gnait chez Bell Labs, la qualifiant de coop�rative, coll�giale et agr�able... � C'�tait tr�s agr�able de passer du temps avec ces gens �. Mais il a ajout� qu'apr�s l'arriv�e de Microsoft Windows, � le monde de la technologie avait compl�tement chang� � et que beaucoup d'efforts, d'attention et de talents avaient commenc� � se concentrer sur le monde des PC...
Il se souvient que � les bonnes id�es et les personnes talentueuses se sont en quelque sorte �loign�es, dans une certaine mesure, voire beaucoup, d'Unix �. Et � l'accent �tait beaucoup plus mis sur l'interaction �, car Microsoft fabriquait des produits grand public (qui n'�taient pas destin�s � � une population technique �). Il a toutefois rappel� � l'auditoire que le monde avait ensuite assist� au d�veloppement de Linux, qui perp�tue l'h�ritage d'Unix.
Que pense-t-il donc de la d�mocratisation d'Unix aujourd'hui ? Les utilisateurs de Mac/iPhone utilisent les descendants d'Unix sans m�me le savoir. Le projet s'�loigne ainsi de la philosophie originale libre et open source. � Je pense que vous avez mis le doigt dessus �, a r�pondu Brian Kernighan, � quand vous avez dit que la plupart des gens ne le savent pas... �.
Il a fait remarquer que les iPhone fonctionnent avec une � version d'Unix assez �volu�e �, tandis que les t�l�phones Android fonctionnent avec une version diff�rente de Linux sous-jacente... � De mon point de vue, en tant que personne qui a �t� vaguement impliqu�e dans les d�buts et qui poss�de un t�l�phone, je trouve cela intrigant. Et je trouve aussi assez irritant qu'il y ait en dessous un syst�me avec lequel je pourrais faire des choses, mais auquel je n'ai pas acc�s ! �, a-t-il d�clar�.
Son public a de nouveau ri et applaudi... Un participant a m�me soulign� que � Brian Kernighan a effectivement �t� impliqu� dans le logiciel pendant toute la dur�e de vie du logiciel en tant que produit commercial �. Mais cela signifie aussi qu'il a v�cu pour voir sa commercialisation et sa productisation.
Il a �galement �t� invit� � r�pondre � la question suivante : � avez-vous des commentaires pertinents sur l'�tat actuel des logiciels tels qu'ils existent aujourd'hui... ? � Brian Kernighan a souri malicieusement � tandis que son public riait � nouveau � lorsque l'interlocuteur ajouta : � en dix mots maximum, si possible ! �.
� La plupart sont nuls... ! �, r�pondit-il sous les applaudissements du public. � Malheureusement, c'est tout � fait vrai �. Il a ajout� � l'intention de son interlocuteur : � je pourrais d�velopper, mais peut-�tre hors ligne... �.
Brian Kernighan contre le vibe coding
Au cours de sa pr�sentation, Brian Kernighan a d�clar� que l'un des h�ritages d'Unix r�side dans � les programmes qui �crivent des programmes �. � Un compilateur cr�e un langage d'assemblage... ? C'est un programme qui �crit un programme... Et une fois que vous avez compris le principe, les programmes qui �crivent des programmes font du bon travail. Ils le font souvent mieux que les humains �, a expliqu� l'informaticien.
Mais ensuite, en entendant ses propres mots, il a rapidement ajout� une mise en garde. � Je passerai sur ce qui se passe avec les grands mod�les de langage... � Alors que le public riait, il a poursuivi : � parce que mes quelques tentatives dans ce domaine ont en quelque sorte invalid� ce que je viens de dire ! �.
Avec l'essor d'outils d'IA tels que ChatGPT, il est d�sormais possible de d�crire un programme en langage naturel et de demander au mod�le d'IA de le traduire en code fonctionnel, souvent sans comprendre comment le code fonctionne. Andrej Karpathy, ancien chercheur d'OpenAI, a donn� un nom � cette pratique : le � vibe coding �. Elle gagne du terrain dans les milieux technologiques. Google a m�me d�clar� g�n�rer 25 % de son code par IA.
David Farley pour sa part affirme que le vibe coding est la pire id�e dans l'ing�nierie logicielle en 2025. Dette technique et illusion de productivit� sont des facteurs que le d�veloppeur doit int�grer de fa�on plus aig�e lorsqu�il opte pour l�utilisation de l�IA aux fins de codage. En gros, l�intervention de personnes avec un bagage cons�quent en d�veloppement informatique demeure n�cessaire comme le souligne Cendyne sur Developpez.com :
� Le "Vibe Coding" peut vous permettre d'obtenir un concept fonctionnel � 80 %. Mais pour produire quelque chose de fiable et de s�r, qui vaille la peine de d�penser de l'argent, vous aurez besoin d'humains exp�riment�s pour faire le travail difficile qui n'est pas possible avec les mod�les d'aujourd'hui �.
Alors que la conf�rence touchait � sa fin, quelqu'un a demand� � Brian Kernighan de donner un conseil aux futures g�n�rations de programmeurs. C'est une question � laquelle il a d�j� r�pondu, et sa premi�re r�action a �t� de reconna�tre que � la r�ponse � cette question, la vraie r�ponse, est je ne sais pas �.
Source : Brian Kernighan, cocr�ateur d'Unix
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous du retour d'exp�rience de Brian Kernighan sur le langage Rust ?
Brian Kernighan juge l��cosyst�me de Rust � incompr�hensiblement vaste et lent �. �tes-vous de cet avis ?
Pensez-vous que la complexit� apparente de Rust est un obstacle r�el � son adoption, ou bien seulement une difficult� passag�re pour les nouveaux venus ?
Selon vous, un langage de programmation doit-il viser d�abord la simplicit� d�usage ou la robustesse et la s�curit� ?
L�avis d�un pionnier comme Brian Kernighan a-t-il encore du poids pour juger les langages modernes, ou bien son exp�rience est-elle trop marqu�e par d�autres �poques ?
Selon vous, Rust pourra-t-il un jour remplacer le langage C dans les syst�mes critiques, ou restera-t-il un langage de niche ?
Avez-vous d�j� essay� d�apprendre Rust ? Si oui, quelles difficult�s avez-vous rencontr�es ?
Pr�f�rez-vous travailler avec des langages plus permissifs (comme C, Python) ou plus stricts (comme Rust, Haskell) ?
Que pensez-vous de l'�tat du projet Unix aujourd'hui ?
Voir aussi
Linus Torvalds clarifie sa position concernant l'int�gration du code Rust dans le noyau Linux, affirmant qu'il n'est pas question d'imposer Rust aux mainteneurs qui ne souhaitent pas travailler avec ce langage
Le vibe coding est la pire id�e en 2025, d'apr�s David Farley qui jette un regard sur cette tendance � accepter du code g�n�r� par l'IA, souvent sans le comprendre
FFmpeg : � Rust est tellement bon qu'on peut �tre pay� 20 000 $ pour le rendre aussi rapide que le C �, le framework multim�dia �crit en C r�agi avec sarcasme � une initiative de Prossimo
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